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Avancées et périls en Amérique latine (Blog do Míro)
Altamiro Borges

Élu avec 61% des voix en octobre dernier, le président Evo Morales a pris ses fonctions jeudi 22 janvier pour son troisième mandat. Lors de la cérémonie, le leader indigène a souligné les progrès de son gouvernement - une croissance économique de 5,5% en 2014, la réduction de la pauvreté (actuellement à 11%) et une plus grande souveraineté de la Bolivie (avec la nationalisation des ressources naturelles, tels que les hydrocarbures, et les étatisations dans des domaines stratégiques) [1]. Il a également critiqué les politiques de soumission aux États-Unis de ses prédécesseurs. La cérémonie d’inauguration a été honorée par la présence de la brésilienne Dilma Rousseff, du Vénézuélien Nicolas Maduro, de l’équatorien Rafael Correa ainsi que d’autres dirigeants d’Amérique latine. Evo Morales a confirmé que la région suit son cours progressiste, avec des présidents plus engagés envers la démocratie, le progrès social, la souveraineté et l’intégration régionale.

Le rapport préparé par la journaliste Théa Rodrigues, du Portail Vermelho, montre qu’en l’Amérique latine - composée de 20 pays et avec plus de 600 millions de personnes – ont eu lieu sept élections présidentielles en 2014. Dans la plupart d’entre elles, les forces progressistes ont été victorieuses. En voici un tour d’horizon :

Costa Rica

Le Costa Rica a organisé des élections présidentielles le 2 Février dernier. L’élection a donné la victoire à l’historien Luis Guillermo Rivera Solís, du Parti Action Citoyenne, qui arrive au pouvoir pour la première fois. Il a battu au second tour le candidat soutenu par l’ancien président, Laura Chinchilla, du Parti conservateur Libération Nationale.

El Salvador

Au Salvador, le leader guérillero historique Salvador Sánchez Cerén, du Front Farabundo Martí de Libération Nationale (FMNL), a remporté les deux tours des élections - le 2 Février et 9 Mars. Il succède au journaliste Mauricio Funes, du même parti, et maintient le projet populaire de gouvernement. Il a obtenu 50,11% des voix (1.495.815), en battant le candidat de la droite, Norman Quijano, de l’Alliance Républicaine Nationaliste (ARENA).

Panama

Au Panama, où il n’y a pas de second tour, la population a échangé un gouvernement de droite pour un autre, également conservateur. Le 4 mai, l’ancien vice-président Juan Carlos Varela a été élu avec 724 762 (39,1%) votes pour l’alliance El Pueblo Primero (Le Peuple d’Abord). Il a battu le candidat soutenu par le gouvernement, José Domingo Arias et l’écologiste Juan Carlos Navarro, du Parti révolutionnaire démocratique.

Colombie

Le Président Juan Manuel Santos a été réélu au second tour le 25 Juin, après une lutte serrée contre le candidat d’extrême-droite Oscar Zuluaga – poulain de l’ancien président Álvaro Uribe. Il a obtenu 50,95% des voix. Bien qu’il soit un politicien conservateur, sa victoire a été célébrée par les forces politiques qui défendent la paix dans le pays et la poursuite des négociations avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC).

Brésil

Le 26 Octobre, les brésiliens ont réélu Dilma Rousseff avec 54.501.118 votes, battant le tucano Aécio Neves (le toucan est le symbole du PSDB NdT), qui a obtenu 51.041.155 voix. « Le pays a connu une dispute très serrée et une réunification de la droite autour de la campagne pour vaincre l’avancée des forces progressistes. Ce fut la quatrième victoire consécutive de la gauche - processus qui a commencé avec la conquête de la présidence par Lula en 2002 », décrit Théa Rodrigues.

Bolivie

Le 12 Octobre, le président Evo Morales du Mouvement vers le socialisme, a remporté son troisième mandat en Bolivie, avec 61,04% des voix. Il a battu son adversaire Samuel Doria Medina, de l’Unité Nationale, qui n’a engrangé que 24,49% des voix. « Malgré une course électorale qui a compté 12 partis, aucun des candidats n’a eu assez de force politique pour contrer l’actuel président ».

Uruguay

L’année électorale en Amérique latine s’est terminée par la victoire du Frente Amplio en Uruguay le 30 Novembre. Au second tour, l’ancien président Tabaré Vázquez a été élu pour remplacer le populaire Pepe Mujica. Il a obtenu 1.226.105 votes (56,62% des voix) et a vaincu le conservateur Luis Lacalle Pou, du Parti national.

La victoire historique de Cuba

Outre ses victoires électorales, les forces de gauche dans la région ont également célébré une réalisation importante à la fin de 2014. Après plus de 50 années de blocus criminel, les États-Unis ont reconnu la défaite de leur politique agressive et ont initié une reprise des relations diplomatiques avec l’héroïque Cuba. Dans un discours commun le 17 Décembre, les présidents Barack Obama et Raul Castro ont annoncé cette réalisation historique. Parmi d’autres facteurs, les avancées des forces progressistes en Amérique latine et la plus grande intégration régionale ont assuré cette victoire partielle.

Pour le journaliste Beto Almeida, conseiller de Telesur, la reprise des relations diplomatiques est l’un des événements les plus importants de ces dernières années. « Le peuple cubain a résisté pendant des décennies à l’isolement et a gagné. Cuba est devenu un pays très important dans le monde dans divers domaines tels que la santé et l’éducation. Cuba n’a jamais eu à renoncer à ses principes pour se rétablir dans le monde », dit-il. « L’Amérique latine a fait le contraire de ce que les États-Unis ont fait avec Cuba pendant tout ce temps. Elle a fait appel au pays pour construire ensemble une politique régionale indépendante et a remis le pays sur la carte de l’Amérique latine. Le port de Mariel, par exemple, reflète cette stratégie géopolitique victorieuse ». [2]

Des dangers à l’affût

Ces victoires, cependant, ne permettent pas une lecture glorificatrice des forces progressistes. La région reste confrontée à d’énormes défis. La pauvreté est un fléau sur le continent, le résultat de siècles de colonisation et de décennies de domination par les oligarchies soumises aux États-Unis. La crise économique qui affecte le système capitaliste sape les efforts des pays de la région, qui ne sont pas sur une île dans un monde en déclin. Les peuples de la région ont conquis des gouvernements progressistes, mais s’ils ont pris le pouvoir ; remporté des élections, il n’ont pas fait de révolution ; ils ont défait le néolibéralisme dans les urnes, mais il reste hégémonique dans la société.

En conséquence de ces limites (et d’autres), de nombreux pays d’Amérique latine passent par une période de difficultés et de bouleversements. Des risques existent de voir la droite revenir au pouvoir en Argentine cette année. Le pays est économiquement étranglé et sous intense pression déstabilisatrice [3]. Au Venezuela, l’oligarchie locale, soutenue par les États-Unis, mise sur la crise de l’approvisionnement pour user et faire tomber Nicolas Maduro. Au Brésil, malgré la récente et épique réélection de Dilma Rousseff, la situation est également instable. Les forces vaincues dans les urnes se sont regroupées pour imposer leur ordre du jour au nouveau gouvernement et pour « le saigner ». En bref, des victoires importantes et d’énormes défis pour les forces progressistes de la région.

Les dilemmes de Clovis Rossi

Avec sa vision droitière de tucano, le journaliste Clovis Rossi, de la Folha de São Paulo, résume les dilemmes de la prochaine période. « Les soi-disant gouvernements populistes ont vaillamment vaincu en 2014 les défis électoraux en Bolivie, au Brésil et en Uruguay. Mais c’est en 2015 que nous pourrons tester dans les sondages la santé du populisme ». Reproduisant la vision d’un secteur de la bourgeoisie, il affirme que les gouvernements progressistes de la région sont une catastrophe pour l’économie. Rossi va jusqu’à louer certains progrès sociaux, mais assure que ce « modèle est épuisé ». Il cite en exemple le Venezuela - l’une des cibles favorites de sa colonne quotidienne dans la Folha tucana.

« Le populisme chaviste a réduit la pauvreté de 51,7% en 2000 à 29% en 2012, selon le Programme de développement des Nations Unies. Cela a donné à une masse de Vénézuéliens, pour la première fois, le sentiment qu’ils étaient des citoyens et non des marginaux. Félicitations. Mais le modèle est épuisé. Le Venezuela de Nicolas Maduro est une ruine économique totale », dit-il. Pour lui, ou bien le président se « soumet au libre jeu du marché » ou bien il cheminera vers l’autoritarisme. « Les élections vénézuéliennes – qui, sous le chavisme, étaient assez libres mais pas justes (??? EdT - exclamation du traducteur) - perderaient ces deux caractéristiques, et le Venezuela cesserait d’être une démocratie ».

Bien que déformée, le diagnostic fait par le journaliste de la Folha confirme que l’Amérique latine est à la croisée des chemins.

Altamiro Borges

Pour ceux qui lisent l’espagnol (allez... un effort...), n’hésitez pas à aller faire un tour sur l’excellent site argentin Pagina 12.

Traduit par Lucien pour Si le Brésil m’était traduit...

 
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