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ONU : Quels sont les vrais buts des débats sur la situation humanitaire en Syrie ?
Bachar al-Jaafari

Sous le titre « Washington arme l’opposition syrienne et cherche à paralyser Al-Jaafari aux Nations Unies », le quotidien Al-Akhbar revient sur les déclarations de ces derniers jours témoignant de la volonté des USA, et de leurs alliés prétendument « amis de la Syrie », de passer à un niveau de violence supérieur contre le peuple et l’État syriens depuis que le « Tsunami électoral » du 28 mai d’abord, et du 3 juin ensuite, est venu confirmer la légitimité du Dr Bachar Al-Assad en tant que Président de la République arabe syrienne et, par conséquent, en tant que Commandant en chef de ses Forces armées qui vont d’exploit en exploit, malgré la monstruosité des terroristes, les ravages du vivant et de l’inerte, et la coalition des pays plus ou moins civilisés qui les soutiennent. Légitimité remise en question, sans complexe, par moins légitimes que lui, si l’on tient compte du critère premier des démocraties occidentales. Témoin en est le tableau des « résultats comparés », ci-dessous, avec le plus populaire d’entre eux et nobélisé de surcroit !

Après avoir rappelé la volonté déclarée d’Obama, à l’Académie de West Point, de travailler avec le Congrès américain pour accroître le soutien à la nébuleuse opposition syrienne qui offrirait « une meilleure alternative à un dictateur brutal », et le scoop sur CNN - en ce jour mémorable du 6 Juin - de Mme Susan Rice disant, là aussi sans le moindre complexe, que « Les Etats-Unis ont intensifié leur soutien à l’opposition modérée et certifiée comme telle, délivrant une aide létale et non létale là où ils peuvent soutenir l’opposition civile et militaire » [1], comme si elle n’avait jamais affirmé le contraire, Al Akhbar nous apprend de sources diplomatiques newyorkaises que Washington, Paris, Ankara, Riyad et Doha travaillent dans les coulisses de l’ONU dans le but d’obtenir une résolution de l’Assemblée générale qui interdirait à la délégation syrienne, et plus particulièrement au Dr Bachar al-Jaafari, de participer à ses réunions. Ceci, parce qu’il disposerait là d’une tribune bien trop importante et « qu’il faut faire comprendre au Président syrien que les élections ne lui confèrent aucune légitimité internationale » ! Il s’agirait évidemment d’une suspension et non d’une radiation puisque cela est « impossible », et il est prévu que les discussions à ce sujet aient lieu la semaine prochaine [2].

Ce même 6 juin, Monsieur Romain Nadal exprimait l’opinion du gouvernement français sur le vote massif de tout un peuple dont il prétend se soucier [3].Un peuple qui a clairement exprimé sa volonté sous les bonbonnes de gaz trafiquées par ses alliés jihadistes [4] à Alep, sous les obus de mortiers à Damas, au milieu des voitures piégées à Homs...

Reste à savoir pourquoi tous ces puissants démocrates chercheraient à écarter le Dr Bachar al-Jaafari. Est-ce parce qu’il n’est pas dupe des vrais buts de leurs débats sur la situation humanitaire en Syrie, et qu’il le leur a dit haut et fort, ainsi qu’à la TV nationale syrienne, à la veille même des élections présidentielles syriennes ? Ou, pire encore, est-ce parce les membres de la délégation syrienne, dont lui-même, se sont révélés être une force diplomatique tout aussi patriote que les soldats et les citoyens syriens qui refusent de plier devant la terreur déguisée en démocratie ? [NdT].

1. Demain, 28 mai, est le premier jour des élections présidentielles syriennes. Que se passe t-il dans les couloirs des Nations Unies devant cette initiative du gouvernement syrien ?

Vous savez que depuis l’annonce de la tenue des élections présidentielles à la date prévue, une véritable hystérie s’est emparée de certaines capitales occidentales, arabes, et régionales. C’est donc automatiquement qu’elle s’est propagée dans les couloirs de l’ONU où l’on s’est pressé de distribuer les rôles.

Les Français, par exemple, ont pris sur eux de retourner l’opinion internationale, comme vous l’avez constaté lorsqu’ils ont présenté leur projet de résolution visant à envoyer le « dossier syrien » au procureur de la Cour Pénale Internationale [CPI], et qu’ils ont été déboutés par un double véto sino-russe [5]. Ce n’était d’ailleurs pas leur première manœuvre. Ils avaient déjà organisé des réunions parallèles à l’ONU avec invitation d’un groupe de juges, l’un d’entre eux ayant siégé au Tribunal spécial de la Sierra Leone. C’était déjà dans le but d’étudier les procédures susceptibles d’envoyer la Syrie devant la CPI. Ensuite, ils ont invité un groupe d’avocats appartenant à des organisations internationales dans ce même but.

Parallèlement à cette activisme français, il y a l’activisme des Britanniques, des Américains, des Arabes menés par l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie, les Émirats... Par conséquent, l’hystérie est collective et concerne plusieurs capitales et organisations.

2. Concernant le renvoi devant la CPI, pouvez-vous nous dire quelle a été la réaction de l’ensemble des États occidentaux dont les USA, avant de lire celle de la France ?

La vérité est que le délégué russe a informé les délégations occidentales de la décision d’user de son « droit de véto » la veille de la réunion du Conseil de sécurité. Donc, tous avaient été prévenus que la Fédération de Russie bloquerait ce projet de résolution initié par la France, mais soutenu par l’Occident et certains États arabes, comme vous le savez.

Maintenant, pourquoi l’ont-ils soumis au vote, malgré cela ? Je crois personnellement que c’est parce que l’Occident misait sur un autre projet de résolution, à ses yeux beaucoup plus important que d’envoyer le dossier syrien devant la CPI, car il légitimerait d’autres prétextes d’ingérence, notamment pour raisons humanitaires.

Ainsi, les Britanniques préparent un tel projet supposé être proposé prochainement. Autrement dit, ils ont sacrifié le projet de résolution français pour embarrasser les Russes et les Chinois par un prétexte humanitaire qu’ils voudraient utiliser comme cheval de Troie, ou tribune, les autorisant à court-circuiter la souveraineté syrienne.

Je crois que c’est leur but ultime car leur intense activité en témoigne, d’autant plus que nombre d’entre eux, dont les USA, n’ont pas adhéré au Statut de Rome qui définit le fonctionnement de la CPI.

3. Dans ces conditions, le projet de résolution français aurait donc été utilisé pour faire passer le projet britannique à venir ?

Oui, je le crois, puisque toutes les délégations savaient que le projet français serait débouté et que les délégations russe et chinoise ont consenti des amendements importants qui ont été refusés en bloc. Ce qui signifie que les États en question ont intentionnellement cherché à ce que les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité en arrivent au résultat que vous savez...

4. Comment expliquez-vous que le texte du projet français était vide de la moindre mention sur les États soutenant et finançant directement le terrorisme en Syrie ?

Ce sont justement les points sur lesquels ont porté les amendements sino-russes. S’ils ont été refusés, c’est bien parce que le projet français était taillé sur mesures pour la Syrie, comme il en a été pour d’autres projets de résolution concernant le Libéria, la Sierra Leone, la Yougoslavie, le Rwanda... D’ailleurs, l’un des délégués m’a textuellement dit : « Les français travaillent à la tête du client » ! Et, en effet, si l’on revient au texte du projet français il est clair qu’ils l’ont limité dans le temps et l’espace.

Ils l’ont limité dans le temps à une période allant de Mars 2011 jusqu’à ce jour, pour que la résolution ne puisse s’appliquer, ni aux Forces US qui ont assassiné tant de civils en Afghanistan ou en Irak et qui usent maintenant de leurs drones tueurs au Pakistan, ni aux Forces britanniques qui en ont fait autant en Irak, ni aux Forces turques qui assistent les terroristes tout le long des frontières syro-turques, ni aux autorités jordaniennes qui agissent comme vous le savez ou l’ignorez encore, ni au Qatar, ni à l’Arabie saoudite...

Ils l’ont limité dans l’espace à l’État Syrien, ce qui implique que tous les autres États et notamment la Turquie, l’Arabie saoudite, la France, la Grande Bretagne, les USA, la Libye, la Jordanie... ne sont absolument pas concernés par le projet !

En résumé, le projet de résolution était formulé de telle sorte qu’ils servent les intérêts de ses concepteurs : exercer encore plus de pression politique sur la Syrie, et perturber les élections présidentielles syriennes pour aboutir à un vide politique et constitutionnel qui en ferait, à Dieu ne plaise, un État défaillant, comme en Somalie ! Auquel cas, les normes de l’ONU permettraient de passer outre la souveraineté syrienne et, par conséquent, de légitimer une intervention étrangère de tous ces États membres sous couvert d’une assistance humanitaire, ou de crimes relevant de la CPI, et même de lutte contre le terrorisme !

Le problème est donc de première importance et tout expert en politique peut réaliser que le projet de résolution français et tous les autres, passés ou en cours de préparation, visent la faillite de la Syrie, en tant que peuple, État, gouvernement, et institutions. Ils veulent nous précipiter dans le vide politique, constitutionnel, et sécuritaire. Ils veulent détruire notre pays.

5. Maintenant que ce projet de résolution a été balayé par le double véto sino-russe, que va-t-il se passer dans les coulisses de l’ONU ?

Avant de répondre à votre question, je voudrais ajouter que ce projet de résolution français a écarté aussi les mercenaires et terroristes étrangers, tout comme il a ignoré le terrorisme d’Israël qui les assiste sur la ligne de séparation au Golan occupé.

Quant à votre dernière question, je vous répondrais qu’immédiatement après le quatrième véto sino-russe l’Arabie saoudite a enclenché la rédaction d’un énième projet à soumettre au vote de l’Assemblée générale de l’ONU, sur la base de ce qu’on appelle l’ « Union pour le maintien de la paix » [Uniting for peace] [6], tel que cela s’est passé pour la Corée en1950 [7], quand le Conseil de sécurité a été incapable d’arriver à une résolution autorisant l’intervention américaine en Corée. À noter que ce n’est pas un mécanisme créé par la Charte de l’ONU, et qu’il n’a été imaginé qu’à la faveur de cette circonstance. Une procédure que l’Arabie saoudite cherche à recycler pour légitimer une intervention étrangère en Syrie sans passer par le Conseil de sécurité. C’est donc une autre façon pour poursuivre tous les contournements constatés depuis le tout début des événements en Syrie.

Britanniques et Saoudiens n’ont visiblement qu’un seul agenda en tête : l’« Ingérence humanitaire » inventée, entre autres, par Bernard Kouchner, ex ministre français des Affaires étrangères, pour justifier moralement un « devoir d’ingérence » en Afrique... Nous nous trouvons donc face à deux batailles rangées, l’une menée par le chef d’orchestre d’une coalition occidentale-arabe-turque, l’autre menée indépendamment par la Grande Bretagne et par l’Arabie saoudite, le Qatar, la Jordanie, le Koweït... pour ne citer que ceux là.

6. Et quel serait le contenu du projet de résolution saoudien ?

Question légitime tout autant que celles concernant les projets passés et futurs émanant des États ou des agences et organisations onusiennes, telles que l’OCHA, l’UNHCR, l’UNICEF, l’UNESCO...

Il faut savoir que toutes ces organisations bougent ensemble après s’être accordées sur ce qu’elles appellent le « Focal point » du moment. Et c’est ainsi que nous les avons vu lancer des dizaines de réunions et de déclarations versant toutes sur la situation humanitaire catastrophique en Syrie, au point que s’ils ne nourrissaient pas les Syriens, ils ne mourraient que de la faim !

Dr Bachar al-Jaafari
Délégué permanent de la Syrie auprès des Nations unies
08/ 06/2014

Transcription et traduction : Mouna Alno-Nakhal

Source : Vidéo YouTube / Al Akhbariya. Le Dr Al-Jaafari est interrogé par Mme Rania al-Zaloune [... 23’30’’] https://www.youtube.com/watch?v=XM1EeYRE0Xo

 
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