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"El Maizal" : comment naquit notre Commune
Ernesto Cazal

Place La Mora, à Barquisimeto. Des communards venus de tout l’État Lara savourent leurs retrouvailles : conversation, café, mégaphone. “Commune ou rien” est le slogan d’une nouvelle histoire. Une femme marche avec peine, presque en larmes, lance un appel à l’unité. Dans sa communauté “Artilleros del Norte”, en particulier dans les conseils communaux, on n’a pas la force de mener de concert tout ce qui reste à faire. Elle demande à être écoutée. Dans la marche, de plus en plus serrée, les communards de “El Maizal” se font remarquer. Parmi eux Bernarda Pérez, au poing levé : “grâce à l’organisation nous ne sommes plus des étrangers les uns pour les autres, nous avons tissé des liens de fraternité”.

La commune “El Maizal” est née de l’expropriation en 2009 du grand domaine du même nom. 320 hectares semés, 240 hectares de pâturages (300 têtes, selon Ángel Silva, éleveur local), c’est la moyenne de production annuelle. La Corporación Venezolana Agrícola (CVA) et l’entreprise socialiste “Pedro Camejo” ont aidé à récupérer les terres mais ce furent les communards qui ont bataillé le plus pour sauver ce qui aujourd’hui leur appartient.

Les terres appartenaient au lieutenant Orlando Alvarado. La perte de ces 600 hectares n’ont pas égratigné le bourgeois : il lui reste 34.000 hectares et même un peu plus disent les communards. Les barbelés s’étendent de Sarare jusqu’à Chupa La Flor. Un rugissement court la plaine : “tenaille, tenaille”.

Ils se sont assis pour boire un café à l’ombre d’un “samán”, arbre énorme qui surplombe les autres. Chávez leur a remis personnellement les terres. Le porte-parole de la commune, Ángel Prado, parle avec fierté de ce qui fut le moment fondateur de leur lutte. Hilda Sánchez raconte comment le comandante insista auprès d’eux pour qu’ils organisent la commune et “qu’on améliorerait la route pas pour faciliter le transport de marchandises au service des riches, non. Pour qu’elle permette au peuple de l’État de Lara de construire une nouvelle économie productive”. L’immense massif Miranda, partagé avec l’Araure, façonne le paysage de cette étendue de terre située en bordure de la route et des villages de la municipalité Simón Planas.

La Commune Socialiste El Maizal s’est constituée à cheval sur deux états, Lara et Portuguesa, qui unissent aujourd’hui leurs forces pour détruire le régime politico-territorial imposé par l’oligarchie contre laquelle s’était rebellé le général des “hommes et terres libres” Ezequiel Zamora au 19ème siècle. Les habitants de Portuguesa ont commencé à voir le mouvement, la commune, Chávez, ils ont commencé à migrer jusqu’ici. Douze conseils communaux de cet état font partie de la commune — dit José Gregorio Bermúdez, plus connu comme Chegolo.

Les deux états sont séparés par le fleuve Auro, qui traverse les collines de Palmita, Montañuela, Payara, Castañeda, et “se perd dans les plaines de l’ouest” explique-t-il en ajustant sa casquette.

Faute d’appui de la mairie et du gouverneur de l’État de Lara, la commune sert à résoudre les problèmes cruciaux. Les communards sont nombreux et travaillent ensemble. Chegolo explique qu’ils sont restés sans eau pendant cinq ans et sans électricité jusqu’il y a peu, que pendant quarante ans les gens ont habité des baraques qui s’écroulaient à tout bout de champ jusqu’à la révolution et la décision de s’organiser pour obtenir des ressources destinées à un projet d’auto-construction. La commune développe plusieurs projets d’infrastructures et possède plusieurs jeeps et unités de transports collectif. Dans l’entreprise de Propriété Sociale (EPS) “Gaz Communal Camilo Cienfuegos” qui fait aussi partie du projet socio-productif de la commune, dix personnes travaillent. Sur les terres, il y en a 18, auxquelles se joignent six autres pour les semailles, comme travail volontaire. Des machines allègent les grands mouvements que doivent faire les communards pour travailler la terre.

Ils sont conscients des tragédies de la macro-production en matière paysanne. Il faut employer des machines, des produits agro-toxiques et même des semences OGM pour pouvoir affronter la concurrence. Ce n’est pas faux : la sacro-sainte industrialisation risque d’empêcher un processus réellement révolutionnaire dans l’agriculture. Pour la germinaison du maïs on utilise les Semences Hybrides du Venezuela (Sehiveca), filiale d’Agropatria (entreprise publique de distribution d’intrants agricoles). A quoi s’ajoutent des semences hybrides importées du Mexique, entre autres de la corporation Pioneer.

La paysanne afro-descendante María Ochoa, une communarde au corps maigre, récemment diplômée en production agro-alimentaire à Sarare, privilégie l’option de la petite échelle : “il faut profiter de chaque terrain disponible pour créer desconucos” (lopins productifs traditionnels), nous devons produire pour nous-mêmes. Cette terre est bonne, fertile”.

Il y a quelque chose de grave dont tous se plaignent. Julio Álvarez, qui travaille au sein de la commune “Negro Miguel” (municipalité Simón Planas) : “ce qu’il y a ici, surtout dans les plantations de café, dans les montagnes et dans les collines, c’est beaucoup de délinquance, ce ne sont pas de petites frappes, non, des gros poissons, toute une mafia organisée”. Il y a des paramilitaires installés derrière les collines qui embrassent le territoire de la commune, qui volent et qui menacent constamment la vie des communards. Des paramilitaires qui travaillent de concert avec des secteurs corrompus de la garde nationale et du gouvernement régional de Henri Falcón. Pour l’heure, l’impunité règne : ces dernières semaines ils ont tué deux jeunes compagnons d’El Maizal, sans oublier des vols de véhicules de la commune et un attentat contre le dirigeant communard Ángel Prado.

Photos : Veronica Canino

Source : http://www.comunaadentro.blogspot.com/2014/01/de-entre-las-espigas.html

Traduction : Thierry Deronne

 
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