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Fraude électorale à Montréal – PQ
Robert BIBEAU

Les plumitifs petits-bourgeois montréalais s’en donnent à cœur joie en ce lendemain de campagne électorale municipale. Ils ont une fois de plus fait la preuve que la classe ouvrière ne compte pas, qu’elle est totalement absente, électoralement parlant s’entend, de la politique municipale à Montréal.

Des mois d’une campagne électorale inintéressante, totalement déconnectée, hors de propos en ce qui concerne les problèmes réels, concrets et véritables de la population des quartiers déshérités, des quartiers ouvriers. Débranchée de la vie des chômeurs et des travailleurs menacés, à statut précaire, sous-payés, écrasés de taxes et de charges fiscales. Une campagne très éloignée des milliers d’ouvriers que les patrons malmènent ou jettent à la rue sans pitié. Et que dire des sans-abris, errant par les rues, de gourbi en taudis ; suivis par les travailleurs appauvris, attablés aux cantines charitables, fréquentant les comptoirs alimentaires dévalisés (140 000 pauvres chaque mois) et les friperies dépenaillées.

Au milieu de cette misère populaire, Denis Coderre, héros de la bourgeoisie, et juste derrière l’énergumène, une femme en peine, madame Joly prénommée Mélanie. Les Bobos-scribouilleurs, auteurs de pages de publicité et de propagande, que leur maison d’édition ont le culot d’appeler des « infos » (La Presse, Journal de Montréal, Gazette, Métro, 24 heures) et tous les autres affidés de la télé, ne retiennent plus leur joie affectée – « Le coup fourré a fonctionné ! ».

C’est que la campagne électorale s’annonçait fade au beau milieu de cette débandade de l’ancien Parti du maire Tremblay –l’effarouché, chef des trafiquants ployant sous les coups des enquêteurs de la Commission Charbonneau – enquête de probité publique qui est une véritable « valeur authentiquement québécoise des riches de souche » et qui se répète tous les vingt ans environ ; jusqu’à la prochaine dans vingt ans tout au plus.

Ce n’est pas tout de lancer une fraction de la petite-bourgeoise montréalaise aux trousses d’une autre faction qui s’en est mis plein les poches pendant des années sans partager avec l’opposition. Le risque dans ces guerres de clans étant de discréditer toute la gent politique – le cynisme ambiant risquant d’emporter le bébé « démocratique » dénudé avec l’eau polluée du bain trop plein de purin. Un certain décorum est requis au milieu de ce salmigondis, du moins si ces magouilleurs souhaitent que quelques badauds-électeurs croient toujours aux resquilleurs politiciens.

Derrière Denis Coderre, le rescapé de la politique fédérale (où ils ont leur charge de scandales), trottinait Marcel, le beau Brummell, sortit tout droit des officines de gestion occultes qui dirigent la politique municipale, provinciale et fédérale. L’un de ces hommes en gris, complet-cravate (qu’il retira le temps d’une campagne de fumisterie) se jetait donc dans la mêlée utilisant comme marche pied Madame Harel et son parti Vision Montréal désemparé et floué.

Un mois après le saut dans le vide électoral – la patente à Marcel Côté ne décollait toujours pas. L’homme d’affaire, beaucoup trop compromis avec les vieux partis ne parvenait pas à se donner une image de « virginité » fabriquée. Les stratèges, fins-politiciens, sont trop malins pour se décourager pour un rien. De leur chapeau de magicien ils sortirent une Joly prénommée Mélanie. Et ce fut le début de l’esbroufe. Une meute de faiseurs d’opinion, des paparazzis malappris, se jetèrent sur leur petite amie comme des vautours sur un cadavre flétri. La curée fut de courte durée, un sondage truqué, publié à point nommé, vint crédibiliser le petit minois de la politicienne roublarde avérée. Le frère de Justin vint même sacrer la prénommée du sceau des Trudeau… Même Coderre, et ses exfiltrés-libéraux, ne méritèrent pas cette intronisation au temple de la renommée du Parti Libéral tout puissant.

Car vous devez comprendre camarades ouvriers et travailleurs que ces malversations nous révèlent que le Parti québécois, la CAQ et Québec Solidaire comptent pour presque rien sur la scène politique montréalaise. Depuis quelques temps ce sont les différentes factions du Parti Libéral qui s’entredéchirent et mènent le bal municipal. C’est une contradiction dans leur camp que nous devrons exploiter. Nous, la classe ouvrière et nos alliés, ne sommes que les dindons de cette farce outrancière qu’orchestre des faiseurs d’élections et des groupies poltrons depuis leurs torchons, leurs studios de radio et de télévision où ces petits bourgeois des médias fabriquent l’opinion publique.

Le soir du 3 novembre 2013, il s’est avéré que la manigance électoraliste a fonctionné. Très peu de gens se sont déplacé pour voter, alors que les commentateurs obséquieux parlaient d’une campagne électorale passionnante – pour 40% des électeurs à ce qu’il semble – mais l’important pour eux c’est que les petits-bourgeois se soient déplacés pour voter et tracer leur croix au bon endroit.

Le vieux politicien Coderre l’a emporté (13% des droits de vote), suivi de la soubrette (un « raz de marée » de 11% des votants potentiels) réputation forgée de toute pièce par la publicité des médias à la solde, dans l’indifférence totale des masses populaires dont une majorité ne s’est pas déplacée pour voter (60%). Le lendemain du scrutin chacun d’entre nous peinait à son boulot sachant que rien d’important ne s’était produit la veille si ce n’est que la bourgeoise montréalaise venait de signer une trêve entre ses différentes factions qui devront maintenant se partager la dépouille municipale, les pots de vins, les enveloppes brunes, les dessous de table, les contrats juteux-véreux, mais comme le disait l’ex-maire Vaillancourt de Ville de Laval, seulement après avoir imaginé un nouveau stratagème de prévarication généralisée. Soyez patient ça viendra.

Que doit faire la classe ouvrière, les étudiants et les travailleurs ses alliés au milieu de cette galère dépareillée ? La classe ouvrière doit poursuivre son chemin de résistance. Poursuivre partout sa guerre de classe dans les usines, les bureaux et sur les lieux de travail. Faire grève chaque fois que nécessaire et chaque fois qu’avantageux pour elle. Défendre rageusement ses lignes de piquetage contre les assauts des « scabs », des petits cadres, de la flicaille et de la justice des riches. Refuser les hausses de tarifs ; exiger plus de services publics. Manifester souvent et bruyamment comme les étudiants nos alliés l’ont fait (plusieurs petits-bourgeois paupérisés se joindront à nous pour manifester) et surtout, les ouvriers doivent s’organiser dans les différentes « Assemblée Populaire Autonome » de quartier afin de se concerter pour résister à tous les assauts idéologiques, politiques et économiques que ces serviles politiciens et leurs sous-fifres journalistes organiseront pour le salut de leurs maîtres des Chambres de commerce locales et régionales.

Le résultat véritablement important de cette campagne électorale à Montréal-PQ c’est qu’en majorité les ouvriers, les étudiants et les travailleuses ne croient plus à la fraude électorale bourgeoise et cherche une véritable alternative à ce jeu de coulisse bancal.

Robert Bibeau

 
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