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Pourquoi cinq cents personnes embarquent-elles dans un rafiot conçu pour deux cents passagers ?
De Lampedusa à la source de l’immigration clandestine
Robert BIBEAU

Voilà les faits tristes et dramatiques, mais qu’y a-t-il derrière cette façade d’indignation hypocrite ? Pourquoi cinq cents personnes embarquent-elles dans un rafiot conçu pour deux cents passagers ? Pourquoi ces migrants de la misère prennent-ils la mer mouvementée au péril de leur sécurité ?

Le drame de Lampedusa en Méditerranée

« L’incendie du 3 octobre, au large de l’ile de Lampedusa, d’une embarcation partie du port libyen de Misurata et qui transportait à son bord 500 réfugiés originaires d’Érythrée, de Somalie et du Ghana (a fait 360 morts… NDLR). Parmi les survivants, nombreux sont ceux qui témoignent de l’absence de secours, (…) de la part de bateaux de pêche qui auraient vu l’embarcation des migrants se retourner puis couler à pic sans pour autant intervenir comme conséquence de la législation anti-immigration qui empêche les embarcations civiles d’apporter de l’aide aux « clandestins » avant l’arrivée des garde-côtes ». [1]
« Honte et horreur » : ce sont les termes utilisés par le président de la république italienne à propos de la tragédie de Lampedusa. Ces termes devraient plus exactement être utilisés pour définir la politique de l’Italie à l’égard de l’Afrique, en particulier de la Libye d’où provenait le bateau de la mort. Les gouvernants qui aujourd’hui battent leur coulpe sont les mêmes qui ont contribué à cette tragédie. » [2]

Voilà les faits tristes et dramatiques, mais qu’y a-t-il derrière cette façade d’indignation hypocrite ? Pourquoi cinq cents personnes embarquent-elles dans un rafiot conçu pour deux cents passagers ? Pourquoi ces migrants de la misère prennent-ils la mer mouvementée au péril de leur sécurité ? Qu’est-ce qui pousse ces damnés de la Terre à cette transhumance vers une mort annoncée ? Ces malandrins n’ont-ils aucun instinct de survie ?

C’est parce qu’ils veulent survivre justement que ces gens affrontent les plus grands dangers. Il faut donc comprendre que là d’où ils viennent la vie est plus risquée et plus affligeante que sur ces bateaux rafistolés – troués – prêts à couler. Bien entendu, l’industrie des contrebandiers de la clandestinité a sa part de responsabilité. Mais les « passeurs de rêve » ne peuvent engranger les deniers que parce que le flot des réfugiés de la mendicité ne tarit pas malgré ces assassinats avérés.

Examinez le problème de la façon que vous le voudrez ; toutes les avenues vous renvoient aux pays d’origine d’où ces victimes ont entrepris leur odyssée.

Un mur électrifié, un rideau de fer, un escadron surarmé ?

Quelques loustics suggèrent de dresser aux frontières des barrières jusqu’au ciel. En Israël on l’appelle le Mur de séparation – qui sépare les palestiniens « pestiférés », de leurs geôliers de l’apartheid ostracisé. Tout a été tenté pour endiguer ces immigrés. Immerger des filets de sous-mariniers pour bloquer les traversiers. Essaimer des vedettes rapides remplies de douaniers suréquipés. Inonder les plages de la Méditerranée de garde côtier bien armés qui tueront les réfugiés avant que d’embarqués risquant de se noyer. Je puis vous l’assurer, tous ces crimes contre l’humanité ne stopperont jamais la marée des affamés désespérés.

La source de l’immigration illégale est en amont de la Méditerranée, du Sinaï et de la Mer Égée. Là-bas, au sud du Sud, à l’endroit d’où partent les sentiers empruntés par les richesses pillées, prenant leurs sources dans les puits de pétrole, les mines d’or, de diamant, d’argent, de coltan, dans les cratères de titane, de cobalt, d’uranium, les forêts de cyprès, d’acajou et d’ébène incrusté d’ivoire sculpté et spolié [3].

Ces routes remplies des caravanes de la mendicité prennent naissance d’aussi loin que l’Afrique du Sud, l’Angola, le Congo, le Gabon, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Nigéria, le Kenya et le Soudan, et d’aussi près que la Libye, la Tunisie, le Mali et l’Algérie. Elles serpentent à travers la jungle, la brousse et le désert desséché pour venir mourir dans les ports de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Tanger, le long des côtes de la mer vidées de ses ressources pélagiques, que les cargos usines frigorifiques, aux pavillons de complaisance, emmènent vers des marchés exotiques, ne laissant que peine et chagrin aux petits piroguiers côtiers africains. [4]

Les monopoles d’Occident et d’Asie saignent l’Afrique de ses ressources et de son fric alors que ses fils n’ont que l’exil en partage. Ils iront se noyer au large du Pirée, de Ceuta, de Gibraltar, de Malte et de Lampedusa. Ce n’est pas sur les plages d’Italie, de Grèce, de France ou d’Espagne qu’il faut stopper les autodafés de ceux qui refusent de mourir sans importuner les oligarques subventionnés de la charité intéressée.

La migration de la survie se poursuivra tant que ces multinationales ayant pignon sur rue à Paris, Londres, Rome, Washington, New-York, Toronto, Tokyo, Berlin et Shanghai continueront la spoliation des déshérités pour le bénéfice des pieds nickelés et de leurs héritiers.

Quand des monopoles internationaux de l’alimentation spéculent à la bourse de Chicago ou de Toronto sur les denrées de base (café, cacao, thé, sucre, blé, huile, riz, sorgho, mangues), ils font s’effondrer le prix du kilo d’attiéké à Tombouctou et à Abidjan où les paysans ne parviennent plus à survivre de la vente de leur marchandise – ils ne peuvent semer ni récoltés alors ils meurent affamés ou ils empruntent les chemins de l’exilé. Quand le Congrès subventionne le coton étasunien, il condamne le fellah égyptien, les paysans nigérians et éthiopiens à la mort assurée même si ces derniers s’échinent à cultiver le sol pour deux dollars par jour. Même chose pour les céréales et le blé canadien.

Quand les bureaucrates de Bruxelles soutiennent frauduleusement la production de poulet en Italie, de lait en poudre aux Pays-Bas, de fromage au Danemark, des métayers africains, leurs fils et leurs cousins quittent leur terre laissée en jachère et se mettent en marche sur les chemins de traverse à la poursuite des richesses spoliées, exportées, sans transformation, via les quais de la mendicité, transbordées vers les usines des Cités capitalistes qui ne leur ont rien laissé que leurs yeux pour pleurer. Ils se révoltent, ils hurlent et ils tuent, qui les a entendu ?

Quand Elf-Total, Shell, Mobil-Exxon et les autres monopoles exproprient les puits et le pétrole et l’expédient, brut-non transformé, vers l’Europe, le Japon, la Chine, ne laissant sur place que des miettes pour engraisser le Président d’opérette, ses généraux et leurs adjudants chargés d’écraser toute velléité des révoltés. En ces temps de disette, derrière les trains, les cargos et les tankers des pilleurs de richesse, voyez les petits chalutiers poussifs des expropriés s’accrocher à leur destin, à la poursuite de leur pain quotidien qu’on leur exproprie et que l’on expatrie.

Comment stopper la marée humaine des affamés ?

Que les prolétaires africains remettent en question cet échange inégal, aussitôt les Rafale, les hélicoptères de combat, la Légion étrangère de la Françafrique et les escadrons de tueurs de l’Africom, de la DGSE, de la CIA s’abattent comme des vautours sur ces insurgés enragés. La stabilité recouvre aussitôt le pays de sa chape de plomb et les convois sont rétablis en direction des ports en eau profonde, vidant le continent de sa chair, de son sang et de ses enfants.

Les oligopoles des milliardaires volent les richesses d’Afrique puis repoussent les esclaves salariés africains vers leurs terres saccagées. Pire encore, ces brigands monopolistiques répriment ces exploités-volés-vilipendés qui osent s’indigner et réclamer l’usufruit de leurs richesses usurpées.

Les prolétaires africains ont une immense responsabilité pour stopper cette saignée et la destruction de leur postérité. Grâce au travail acharné de ses ouvriers la Terre-mère africaine peut parfaitement nourrir tout son peuple à condition qu’un mode de production socialisé et planifié soit implanté et imposé. Seul le prolétariat a la capacité d’ériger cette nouvelle société ; quand les ouvriers prendront cette tâche en main la marée des immigrés va s’épuiser, car le premier choix de l’africain c’est son patelin, son quartier, sa plaine, sa brousse, sa jungle et son jardin. L’africain ne vient mourir dans ces froides et mornes villes du Nord que contraint, le cœur étreint.

L’Afrique socialiste réservée aux africains, et vous n’aurez plus de jardinier encombrant vos jardins chers européens, américains et canadiens. Rapatriez vos soldats et vous verrez diminuer l’afflux des réfugiés de la mendicité. [5] Il en est de même pour les étatsuniens et leur mur de ségrégation, d’exclusion et d’exaction le long de la frontière du Texas-Californie et du Mexique. Idem dans les ports et les aéroports canadiens.

Robert Bibeau

 
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