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« Solfériniens » : Vous êtes des « hommes seuls » !
Denis THOMAS

En qualifiant Jean-Luc Mélenchon d’ « homme seul », Jérôme Cahuzac - avant sa descente aux enfers, en janvier dernier - tentait d’ignorer que cette affirmation s’appliquait de fait à lui-même. Il était loin d’imaginer que cet anathème, terrible et prononcé avec mépris, allait frapper son propre parti politique. En tout cas sa branche la plus fournie : la « Solférinienne ».

Cette appellation va, sans nul doute, faire son chemin depuis qu’elle a été créée et utilisée par le même Mélenchon. Ceci s’est passé sur l’antenne publique France 2 alors que celle-ci le tenait une fois de plus, dans ses filets cathodiques. L’asticotant sur la forme avec une mesquinerie qui n’échappe plus guère à personne...

Mais le patron du Front de Gauche, qu’il est nullement besoin de qualifier de « bouillant » ou de « tribun » car ce serait faire injure à ce qu’il représente au fond, a pointé à l’écran précisément l’état dans lequel se trouve aujourd’hui le parti majoritaire. Et ce, sans même évoquer le désamour populaire dont souffre par ailleurs ce dernier.

Car contrairement à ce que font semblant de méconnaitre les « commentateurs » politiques de la chaîne de télévision, le solide distinguo entre Socialistes et « Solfériniens » se constate quotidiennement et, fait nouveau, à deux niveaux.

ACCOINTANCES

Tout d’abord, il est évident que l’électeur issu de la Gauche, c’est-à-dire en excluant celui qui a simplement produit un vote anti-sarkozyste, s’est rendu compte incroyablement vite que son espoir de changement n’avait aucune place ni dans le présent ni dans un futur s’inscrivant dans ce quinquennat.

Ensuite, ce qu’il reste de femmes et d’hommes de gauche au sein du PS - et d’élus partageant cet idéal - déstabilisés par les choix de l’actuelle gouvernance, prennent, si ce n’est une sérieuse distance avec celle-ci, à tout le moins une distance qui se doit être prise au sérieux.

Passons sur les renoncements Hollandais sur le vote des étrangers aux élections municipales, signes avant coureurs s’il en est. Mais gardons à l’esprit les relations « bienveillantes » que le nouveau Président a tenu à entretenir dès les premiers instants avec les grands patrons français. Ces accointances ont, depuis, donné lieu à une écoute précise des désirs du Medef. Et vont bien au-delà des adaptations nécessaires du monde du Travail à la nouvelle donne économique.

L’Accord national interprofessionnel (ANI) dit de « flexi-sécurité » ou, encore plus paradoxalement, de « sécurisation de l’emploi », conclu entre le Medef et des syndicats de salariés dont la représentativité peut être soumise à débat selon les comptages qu’on veut bien en effectuer, avait fait déjà tiquer l’aile gauche du PS.

Mais la loi d’« amnistie sociale » (concernant des délits perpétrés lors de luttes pour l’emploi), pourtant approuvée par des députés de la « gauche du PS » (c’est drôle qu’on en soit arrivé à employer ce terme là…) et par la majorité du Sénat, se retrouve retoquée avant sa deuxième lecture au Palais Bourbon. Et leur reste en travers de la gorge.

Le gouvernement ne veut plus en entendre parler au fallacieux prétexte « mani pulite - post Cahuzac » qu’il n’y aurait d’ « amnistie pour personne ».

Il faudrait peut-être alors que, par souci d’équité, les ministres et/ou élus impécunieux soient un jour traduits devant une justice aveugle. C’est-à-dire autre que la Cour de Justice de la République, devant laquelle, soit dit en passant, Cahuzac n’aura même vraisemblablement jamais à comparaître.

DANS LE DECOR

Pourtant, François Hollande avait promis la promulgation de l’amnistie sociale non seulement à ses propres élus mais aussi à ses partenaires du Front de Gauche, du Parti communiste ou encore des Verts. Qui s’insurgent à qui mieux mieux devant le manque de parole du chef de l’Etat.

Ainsi, le calcul vite fait bien fait de Pépère sur le renoncement (encore un…) au non cumul des mandats - qui aurait comme effet de dépeupler les bancs PS de l’Assemblée et de contraindre ainsi le gouvernement à tendre la main trop fréquemment à ses « alliés » pour faire passer ses lois – a pris du poids. L’exécutif a plus que jamais besoin de tout son monde.

C’est pourquoi la semaine passée, Jean-Marc Ayrault a réuni « ses » parlementaires en séminaires pour leur rappeler, ou les exhorter, à la discipline de vote … Pas question de voir l’esprit d’équipe partir dans le décor avec un coup de volant à gauche sous l’impulsion du « nouveau pacte majoritaire » appelé des vœux de la sénatrice socialiste de Paris, Marie-Noëlle Lienneman et du vice président du Conseil régional et membre du bureau national du PS, Emmanuel Maurel.

Encore plus fort : le président de l’Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartelone la ramène en plaidant « un nouveau temps du quinquennat » dans les colonnes du Monde. Coup de pied de l’âne ou dents de loup (rayant le parquet de Matignon) ? Les deux sans doute !

La corde à nœuds a de plus en plus de mou. C’est sans doute pourquoi, le député et vice-président du PS européen, s’était trouvé bien inspiré de pondre 21 pages de brûlot anti-austérité et pleines de reproches à l’encontre du « grand frère » allemand et de la politique ultra-libérale d’Angela Merkel. Elles étaient destinées à être lues à la Convention du PS sur l’Europe, le 16 juin prochain.

De plus, ce rétropédalage anti austérité présentait bien car légitimé par les propos du président allemand du parlement européen, le social-démocrate Martin Schultz. Il a en effet déclaré que les gouvernements de l’UE vont « beaucoup trop loin » dans ce domaine. Mais à rétropédalage, rétropédalage et demi. L’audace Cambadélienne a vite fait flop.

Devant l’inquiétude du PS mais aussi les attaques de l’UMP, estimant que le texte initial représentait un « péril mortel », Jean-Christophe Cambadélis a fissa « allégé » ce texte « des formules stigmatisantes vis-à-vis de Madame Angela Merkel ». Le parti majoritaire français de gauche est passé à deux doigts de l’incident diplomatique. Un grand merci à Juppé de lui avoir ouvert les yeux...

Voilà qui est assurément de nature à ressouder les rangs socialistes… de droite à gauche.

Donc, en résumé, les « Solfériniens » se retrouvent en moins d’un an coupés de leur électorat de base et de leurs alliés au Parlement tandis qu’ils ont réussi à dépiter une partie de leurs propres élus alors que l’affaire Cahuzac a jeté le discrédit sur ce que l’alternance proposait en campagne comme solution de retour à la « normale ».

Le résultat est qu’on est en train d’entrer dans l’ère si redoutée à l’Elysée : celle de l’anti-Hollandisme primaire. Un véritable exploit que les « Solfériniens » ont réalisé…tous "seuls".

Les socialistes auront-ils jamais été aussi divisés ?

Ce n’est pas rue de Solférino, à Paris, que devrait donc se situer leur siège, mais bel et bien sur les vestiges du champs de bataille de la défaite de Sedan.

Denis Thomas

 
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