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Un (D)Jeune
PCC Kevin

Je m’appelle Kevin et je suis né en 1990.

J’ai mal débuté dans la vie, car j’ai eu faim : c’était « la mode » de l’allaitement maternel à la demande. Remarquez j’ai quand même échappé à la mort subite du nourrisson ! Pourtant, c’était encore « la mode » de coucher les bébés sur le ventre du matin au soir, à la maison et dans les crèches. Contents ou pas. Mais maintenant, je l’ai vu dans la salle d’attente de mon médecin, on dit qu’il ne faut surtout pas le faire !!!

A l’école, j’ai appris qu’il ne fallait surtout pas bien travailler sous peine d’être traité « d’intello » par les autres. Aussi ai-je mis tout mon talent, qui est assez grand, je dois dire, à demeurer parfaitement nul en tout. Ce qui fait que j’étais très bien vu par les enfants de ma classe. Ceux dont les parents étaient à gauche aussi, car « l’éducation reproduit les valeurs bourgeoises », avaient-ils appris.

Si les instituteurs, puis les professeurs, trouvaient que je ne travaillais pas assez, je leur envoyais mon père. Il savait leur parler de programmes et de classes surchargées, de sacs d’école qui déforment le dos, etc... Mais, ensuite et surtout, du fait qu’ils ne savaient pas s’adapter et que c’était eux les coupables de mes mauvaises notes. Ils me mettaient alors des notes à peu près correctes.

Mes parents étaient persuadés d’avoir fabriqué un petit génie qui réussissait passablement tout en ne consacrant que très peu de temps à l’école. Un surdoué, quoi.

Je n’avais alors plus d’ennuis ni avec les enseignants, ni avec mes parents.

Ceux-ci m’offraient tout ce qui était « à la mode » et qu’ils n’avaient pas eu. Si ce n’était pas acheté assez vite, il suffisait que je leur dise que les autres se moquaient de moi parce que « tout le monde » avait cette console de jeux dans la classe. Et hop !

Au moment de l’adolescence, comme c’était « la mode » de la « crise d’adolescence » et qu’une « crise », c’est comme l’urticaire, ça passe tout seul, ils supportèrent sans broncher que je les insulte, que je me drogue, que je mente, que je ne dise pas où je vais ni quand je rentre, que je n’aille pas à l’école, en se disant que c’était pour mon bien, que « ça passerait ». Le directeur de mon « établissement scolaire », pour qui c’était aussi la mode de la « crise d’adolescence », était mécontent mais très indulgent. Lui aussi pensait que « ça passerait ».

Au tout début de la première maternelle, je chantais bien, et juste. J’ai vite appris que seules les filles chantent, et que chanter n’est pas digne d’un garçon. Par ailleurs mes oreilles ont été détruites progressivement par la « mode » de la « musique » au delà de 100DB, que ce soit dans un casque ou en public. Mes velléités pour faire de la musique se sont donc arrêtées très tôt. Je n’écoutais plus que de la musique « pour jeunes » et de plus en plus fort, au fur et à mesure que mon audition devenait plus faible. Je ne produisais bien sûr plus rien du tout.

J’ai déjà dit que je plaçais tout mon talent à être nul en tout de façon à être respecté dans ma classe. J’étais donc, aussi, nul en français, je lisais à peine. Point n’en était besoin d’ailleurs, puisque tous les organismes auxquels j’aurais affaire plus tard étaient désignés par une suite de lettres écrites en majuscules, qui n’avaient aucun sens, et qui changeaient tout le temps.

Par ailleurs, tout ce qui était « à la mode » était en anglais. J’étais nul aussi en anglais scolaire, évidemment, mais j’avais appris les « marques à la mode », qui n’avaient rien à voir avec le cours d’anglais, et leur prononciation. Et c’était bien suffisant pour me garantir le succès auprès des filles et l’envie auprès des garçons.

Inutile de dire que mes échanges par la parole se bornaient à l’essentiel : « Je t’aime » à la fille que je convoitais et « Enculé » aux garçons avec lesquels j’avais des différents. Je n’ai connu que plus tard le sens de cette injure que j’avais apprise dès le cours préparatoire. Cette injure, en effet, était et est encore employée très couramment pour tenter d’intimider son rival.

Je me droguais « à mort » et de plus en plus car ceux qui m’avaient fait goûter aux différentes substances, soi disant illicites mais moins chères que le tabac, m’avaient assuré qu’on écoutait mieux la musique avec et qu’on n’avait plus besoin de dormir, qu’on n’était jamais fatigué, qu’on se sentait toujours le plus fort, le meilleur, et était toujours de bonne humeur. Vous pensez, moi qui, malgré tout, avais quelques déconvenues sentimentales que j’avais quand même quelque mal à dissimuler, moi qui avais encore des émotions, vous pensez comme je me suis jeté dessus !

Finalement, je suis passé en jugement pour avoir dealé. Et il m’a été dit que je pouvais échapper à la prison si je montrais mon amour pour ma patrie en m’engageant pour la défendre, à l’armée ou dans une compagnie privée employée par l’état.

Compte tenu de ma scolarité déficitaire, de mon audition en baisse, de mes échanges verbaux très limités et, surtout, de la garantie qui m’avait été donnée de trouver sur place de quoi satisfaire mes « besoins », et même plus, cela me parut une solution tout à fait honorable. (Je n’ai pas eu l’habitude de prendre le temps de réfléchir - je cogne si je suis le plus fort et je me sauve si je suis le plus faible - car ce mot et son usage étaient très dévalorisés par « la mode »)

Par ailleurs, qui sait, la seule compétence que j’avais était dans les jeux vidéo guerriers étant donné le nombre d’heures que j’ai passées à exercer mon habileté à percevoir et atteindre rapidement des cibles avec eux. Peut-être pourrais-je par la suite monnayer cet art ? Et être employé dans le pilotage d’un drone, puisqu’ils se multiplient ?

Aujourd’hui, je suis mort.

J’ai retrouvé dans l’au-delà , outre mes parents qui s’étaient aperçu qu’on leur avait outrageusement menti concernant ce qui leur tenait le plus à coeur, leurs enfants, et étaient morts de chagrin, les mots qu’il faut pour dire succinctement ma vie.

C’est fort heureux que j’aie retrouvé les mots sans lesquels je ne pourrais vous livrer ce message, somme toute, d’espoir : la destruction de tout ce qui est humain a des limites.

 
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