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Commentaires autour de l’ouvrage "Sortir du nucléaire, c’est possible !"
René HAMM

Les signataires de l’accord frelaté du mardi 15 novembre, qui a fait
couler, pour presque rien, beaucoup d’encre et de salive (1) se sont
évidemment bien gardés de se référer aux analyses du Réseau qui fédère
924 groupes et 56052 membres. Pour le Parti socialiste, nul motif
d’étonnement. La formation de la rue de Solférino entretient
invariablement des « atomes très crochus » (2) avec le lobby de la
fission. Du côté d’Europe Écologie/Les Verts, comment Denis Baupin,
Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé and co assumeraient-ils la
contradiction flagrante entre l’adhésion à un désengagement rapide et
l’acquiescement à un texte formalisant la poursuite du chantier de l’EPR
à Flamanville (Manche) et renvoyant aux calendes grecques le
débranchement des derniers réacteurs ? Stéphen Kerckhove et Xavier
Rabilloud, les auteurs de l’opuscule susmentionné (3), synthétisent, de
manière limpide et didactique, l’essentiel des données afférentes à 
cette technologie contre-nature, qui entrave depuis au moins
cinquante-quatre ans (construction de Chinon A-1) le développement de
solutions "douces".

Les quatre cent trente-sept tranches qui fonctionnent dans le monde
émettent à peine 2,4% de l’énergie et 13,6% de l’électricité consommées.
Les cinquante-huit qui turbinent sur notre sol fournissent 13,8% de
l’énergie et 74,1% du courant. En quelques traits, les deux militants
susnommés désagrègent les mensonges officiels, plus énormes qu’une
enceinte de confinement. Le kilowatt/heure nucléaire relativement bon
marché, nous le devons aux subventions pharaoniques consenties par
l’État (4), à la non prise en compte, dans les tarifs, des
provisionnements (du reste nettement insuffisants) pour l’assurance, le
démantèlement futur des sites (5) et le stockage des déchets. De
surcroît, seuls 33% de l’énergie primaire issue d’un bloc alimentent le
réseau des lignes à très haute tension (6). Le reste fait plouf dans
l’eau ou "s’évapore" dans l’atmosphère. Ces neuf cents térawatts/heure
(900 milliards de kilowatts/heure) perdus dépassent des quatre-cinquièmes la consommation d’électricité nationale en 2010 (488,1 térawatts/heure).

Plus irrationnel, tu meurs sur-le-champ ! N’importe quel(-le) élève de
cours moyen 2 saisirait l’ampleur de ce gaspillage abyssal, lequel,
quantifié financièrement et rapporté aux "durées de vie" des
mastodontes, avoisinerait peu ou prou la somme cumulée des déficits
(publics et commerciaux) et d’une partie de notre dette souveraine.

Il existe bien une corrélation entre les choix opérés par les
gouvernements successifs dans différents domaines et l’aggravation de la
"crise" qui frappe de plein fouet la majorité d’entre nous.
Contrairement aux allégations fallacieuses et aux vociférations débiles
des nucléocrates de tous bords (7), l’abandon du "fleuron de notre
industrie" ressortirait à une oeuvre de salubrité, au-delà même de toute
considération morale. Autre contre-vérité : le secteur emploie
quatre-vingt dix mille personnes (vingt-huit mille chez AREVA), et non
deux cent quarante mille, comme l’a clamé Nicolas Sarkozy, le 25
novembre au Tricastin. Je ne cesserai de réitérer ce leitmotiv : nous
avons loupé le coche de la "révolution énergétique" à l’été 1981, une
époque où le nucléaire ne représentait que 38% du mix et où les
aspirants au pouvoir avaient promis un vaste débat démocratique ainsi
qu’une réorientation des priorités. Pour écouler les surplus,
corollaires du surdimensionnement du parc, sous l’ère Mitterrand, EDF
avait promu massivement la chaleur électrique, une absurdité tant
économique que thermique, qui mobilise l’équivalent d’une dizaine de
réacteurs (8). Nullement neutre en CO2 (chaque kw/h en "contient"
jusqu’à six cents grammes, le double de la masse générée par une
installation classique au gaz), elle possède un rendement des plus
médiocres (28% emplissent radiateurs et convecteurs). Les deux
rédacteurs du livret exposent brièvement trois scenarii de sortie :
celui, sur vingt-deux ans, de négaWatt à Alixan (Drôme), l’échéancier
sur vingt ans de Global Chance à Meudon (Hauts-de-Seine), et une étude
de faisabilité maison, bien plus ambitieuse, sur cinq ou dix ans. Cette
hypothèse reposerait, selon moi, sur une logique résolument
"alternative" et une refonte des "logiciels" en vigueur quant aux
schèmes de production et de consommation. Eu égard au degré de
conscience politique dans notre société, quoique très pertinente, elle
me semble un brin utopique. Elle supposerait le recours, durant la phase
transitoire, à des vecteurs fossiles (une trentaine d’usines à gaz très
performantes), 60% pour la projection la plus audacieuse et 30% pour
l’extrapolation à moyen terme. Pour compenser les expulsions des
substances à effet de serre, le document préconise par exemple de
limiter l’usage des engrais et des pesticides, de ne plus assembler des
moteurs de voitures avalant plus de quatre litres de carburant aux cent
et de réduire de dix kilomètres/heure la vitesse admise sur les
autoroutes. Que l’efficacité et la sobriété, couplées au boom
volontariste des sources renouvelables (9), ne nous dispensent pas d’une
réflexion sur la notion de « progrès » et sur une certaine « 
décroissance », garante de bien-être, de respect de l’humain et des
écosystèmes. Malheureusement, aucun parti de l’establishment n’esquisse
les prémices de telles avancées...

René HAMM
Bischoffsheim (Bas-Rhin)

(1) Dans son texte publié, le jour même, sur Bellaciao, Stéphane Lhomme
a parfaitement pointé les tenants et aboutissants de cette magouille
purement électoraliste.

(2) Cf. mon article mis en ligne sur ce site, le 18 juillet 2011.

(3) Nova Éditions à Paris, septembre 2011, 144 pages, 11 €.

(4) Le Commissariat à l’énergie atomique a bénéficié, entre 1946 et
1992, de subsides à hauteur de 308 milliards de F, soit 76% de son
budget. 90% de l’enveloppe dévolue à la recherche en matière énergétique
sont engloutis dans le nucléaire, contre 1,8% pour le secteur des
renouvelables.

(5) Celui concernant la centrale de Brennilis (70 mégawatts ; 1967-1985)
dans le Finistère coûterait 482 millions d’euros, vingt-cinq fois plus
que les estimations initiales.

(6) 21 236 kilomètres de lignes à 400 000 volts et 26 726 kilomètres à 
225 000 volts.

(7) Dans un entretien au quotidien gratuit "Métro", publié le 25
novembre, Jean-Pierre Chevènement a traité les Verts de "secte
fanatique". Pourtant, il serait très exagéré d’affirmer que les
négociateur(-trice)s "écologistes" aient déployé une intransigeance
exacerbée. Une légère déviance à la doxa atomique, censée faire
consensus, suffit donc à déclencher des bordées d’injures. Selon un
sondage de l’IFOP pour le "Journal du dimanche", effectué entre le 1er
et le 3 juin, 62% de nos concitoyen(-ne)s se prononcent en faveur d’un
arrêt progressif en 25 ou 30 ans, 15% désirent que cette mesure
intervienne sans tarder. 14% des sympathisant(-e)s du PS et 13% d’EE/LV
avalisent la poursuite du programme et l’érection de fabriques
supplémentaires... Quels résultats les instituts enregistreraient-ils si
les antinucléaires jouissaient à la télévision et la radio d’un temps de
parole égal à celui octroyé aux partisans de la filière ?

(8) 35% des logements dans l’Hexagone contre 5% outre-Rhin. Au Danemark,
elle est interdite depuis 1985. En Suisse, elle est soumise à une
autorisation préalable. Ces trois pays, dépourvus, comme la France, d’or
noir, ne manquent pas d’idées intéressantes, ni des moyens de les
concrétiser.

(9) 97% du potentiel disponible à l’échelle du globe demeurent encore
inexploités.

 
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