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Mexique
Le narcotrafic : une arme de l’empire (La Jornada)
Gilberto LOPEZ y RIVAS

Argenpress, dans ses éditions virtuelles, a mis en vente le livre de Marcelo Colussi El narcotrafic : una arma del imperio (2010), dont la lecture s’avère indispensable pour l’analyse sur le sujet dans le cadre planétaire et, en particulier pour la compréhension de la tragique situation que vit actuellement notre pays (Ndt : le Mexique). Considérant son travail comme "un apport dans un domaine où il y a trop de mensonge" , l’auteur soutient qu’autour du narcotrafic il y a une version officielle, manipulée inlassablement par les moyens de communication massifs, et une réalité occulte.

Observant l’ampleur énorme du négoce de drogues illicites, il affirme que le circuit commercial brasse 800 mille millions de dollars annuels, plus que la vente de pétrole mais moins que celle des armes, qui reste le marché le plus lucratif au niveau mondial. L’hypothèse principale de Colussi consiste à exposer que le pouvoir hégémonique mené par les USA a trouvé dans ce nouveau champ de bataille un terrain fertile pour prolonger et adapter sa stratégie de contrôle universel. "Comme il l’a trouvé aussi avec le dénommé "terrorisme’, nouvelle "fléau biblique’qui a rendu possible la nouvelle stratégie impériale de domination militaire unipolaire avec ses initiatives de guerres préventives" .

Il est soutenu que les mêmes facteurs de pouvoir que suscite l’appareil social du capitalisme global ont créé l’offre de stupéfiants, ont généré la demande, et "sur la base de ce circuit tissèrent le mythe de mafias maléfiques super-puissantes opposées à l’humanité, cause des angoisses et de l’anxiété des citoyens honnêtes, motif pour lequel est justifiée une intervention militaro-policière à l’échelle planétaire" .

Suivant une méthodologie de questions et de réponses, notre auteur pose une question clé : à qui profite le trafic de drogues illégales ? Il répond à cela que pour les grandes majorités il n’y a aucun bénéfice : le drogué dépendant entre dans un enfer dans lequel pas plus de 10% de ceux qui le tente ne parviennent à guérir ; leurs familles portent une charge écrasante, car l’addiction empoisonne toute cohabitation ; les agriculteurs qui cultivent la matière première dans les pays du sud n’obtiennent que un pour cent des bénéfices totaux du commerce ; parmi les peuples indigènes le paiement en espèces, la répression et la culture délictuelle rompent avec les structures d’autogouvernement communautaires ; l’économie paysanne d’autoconsommation est remplacée par une marchandisation ; la culture de l’argent facile lié à la criminalité concorde avec une déchirure profonde de tout le tissu social, entrant dans un processus de décomposition et de guerre ; tout l’appareil des sicaires et celui consacré à la commercialisation, que ce soit la mule, le dealer ou le parrain, a une histoire de vies brèves et de fortunes éphémères (pour une minorité), dans lesquelles la mort ou la prison sont toujours au coin de la rue. Ce n’est pas une économie soutenable. C’est une histoire sordide de souffrance et de douleur. "Il reste aux latino-américains la crise, la guerre civile, les morts, les sociétés déchirées et seulement quelques dollars que brassent les mafias locales" .

Ces mafias-affirme Colussi-sans les dédouaner de leur part de responsabilité, ne sont qu’une petite partie de toute la chaîne. Les mafieux sont des commerçants qui font leur travail ; ils gagnent de l’argent, beaucoup d’argent sans doute, mais n’ont pas le pouvoir de décision sur les termes macro de l’affaire...Ceux qui font beaucoup d’argent, en définitive, sont les banquiers. "Cette masse énorme d’argent que procure le négoce-qui, en fait, se traduit en pouvoir, beaucoup de pouvoir politique et social-touche aussi d’autres sphères d’action : cet argent est "lavé" et entre dans des circuits acceptés... Il n’y a rien de nouveau dans le fait qu’il existe toute une économie "propre" , produit des opérations de blanchiment des capitaux du narcotrafic. Et ce sont des banques "propres" et honorables qui procèdent à ces opérations, les mêmes qui manipulent le capital financier transnational qui aujourd’hui contrôle l’économie mondiale et à laquelle le sud pauvre et dépendant est débité de chiffres astronomiques en terme de dette externe" .

Mais outre un énorme commerce, le trafic de drogues illégales a une autre signification : il est utilisé comme mécanisme de contrôle des sociétés. C’est un dispositif qui permet une supervision du collectif de la part de la classe dominante. Il sert à contrôler la société dans son ensemble, il la militarise, constitue l’excuse idéale pour que le pouvoir puisse montrer les dents. Une population effrayée est beaucoup plus maniable.

Pour sa part, l’impérialisme usaméricain vient à appliquer de manière soutenue un supposé combat au commerce des drogues illicites, dont l’objectif réel est de permettre aux USA d’intervenir où il le désire, a des intérêts et où ceux-ci se trouvent affectés. Là où il y a des ressources qu’il a besoin d’exploiter-pétrole, gaz, minéraux stratégiques, eau douce, etc., et/ou il y a des foyers de résistance populaire, là apparaît le "démon" du narcotrafic. Celui-ci est une politique inhérente à ses plans de contrôle global. Grâce à elle, le gouvernement des USA compte sur une arme de domination politico-militaire. En réalité, le prétendu combat contre le narcotrafic est le montage d’une sanglante oeuvre de théâtre. C’est un combat frontal contre le camp populaire organisé, dans lequel en Colombie, et maintenant au Mexique, par exemple, les oligarchies et ses gouvernements se sont soumis docilement aux stratégies des USA, étant la plate-forme pour la contre-insurrection, la criminalisation des résistances, la militarisation et la paramilitarisation de nos pays. La consommation induite de drogues est la partie médullaire du maintien du système capitaliste, tout comme l’est la guerre, au sujet de laquelle l’auteur pose dans sa conclusion la même alternative que Rosa Luxemburg : "socialisme ou barbarie" .

Par Gilberto Lopez y Rivas

La Jornada

Source : http://www.jornada.unam.mx/2011/08/19/index.php?section=opinion&article=021a1pol

Traduit de l’espagnol par GJ

 
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