Emmanuel Macron a célébré jeudi soir le premier jour de la fête juive d’Hanoukka à l’Élysée, suscitant une vive polémique sur la laïcité.
Le président de la République a assisté à l’allumage d’une bougie de Hanoukka par le grand rabbin de France Haïm Korsia, au cours d’une cérémonie organisée par la Conférence européenne des rabbins.
Cette participation d’un chef d’État à une cérémonie religieuse a été condamnée par plusieurs figures politiques, de gauche comme de droite.
"C’est une faute politique impardonnable", a déclaré Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise. "Emmanuel Macron foule au pied la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État en organisant une cérémonie religieuse à l’Élysée."
"Aucun élu de la République ne devrait participer à une cérémonie de Hanoukka, comme toute manifestation religieuse", a renchéri Jérôme Guedj, secrétaire national à la laïcité du Parti socialiste.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a également exprimé son désaccord. "Je pense que c’est une erreur, et que cela n’aurait pas dû se produire", a-t-il déclaré.
"Se rend-on compte de la boîte de Pandore ainsi ouverte par Macron en contravention avec 145 ans d’histoire républicaine ?", s’est alarmé l’historien Eric Anceau.
Les soutiens de Macron ont défendu sa participation à la cérémonie, estimant qu’il ne s’agissait pas d’une atteinte à la laïcité.
"Assister à une manifestation cultuelle, ce n’est pas porter atteinte à la laïcité", a déclaré Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. "Le président a reçu le prix Lord Jakobovits de la Conférence européenne des rabbins qui récompense les gouvernants européens luttant contre l’antisémitisme."
"Je trouve ça tout à fait normal que le président de la République se mette à côté de nos compatriotes juifs", a ajouté le ministre.
La polémique a pris une tournure encore plus politique lorsque Macron a promis de fixer "dans les semaines à venir" la date d’un hommage aux victimes de l’attaque du Hamas le 7 octobre en Israël.
Cette annonce a été interprétée par certains comme une volonté de Macron de privilégier les victimes israéliennes par rapport aux victimes palestiniennes.
"Pour Macron, il n’y a que les bonnes victimes, celle du 7 octobre, tandis que les dizaines de milliers de victimes palestiniennes, dont plus de 6 000 enfants, n’existent pas, n’ont aucune valeur puisque ce ne sont que des animaux", a écrit le journaliste et essayiste Alain Badiou sur Twitter.
La polémique sur la laïcité est loin d’être terminée. Elle pourrait avoir des conséquences importantes sur la campagne présidentielle de 2027.
8 décembre 2023