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Machkévitch et ses complices blanchis par la justice turque

Surprenant épilogue pour un procès bouclé en à peine 4 audiences : un tribunal d’Antalya a prononcé la relaxe - et quelques peines de prison avec sursis - pour les amis du milliardaire israélo-kazakh Alexander Machkévitch qui lui avaient organisé une croisière agrémentée de prostituées, parfois mineures, sur un yacht de luxe. Commanditaire et financier de la croisière, M. Machkévitch a échappé à toute poursuite.

Il ne se serait donc (presque) rien passé sur le célèbre Savarona, prestigieux yacht où Atatürk termina sa vie et qui sert de villégiature flottante aux grosses fortunes du monde ! La presse turque ne cache pas son étonnement à la découverte du verdict de la 3e Haute Cour Criminelle d’Antalya, le week-end dernier. Le 28 septembre dernier pourtant, les eaux calmes de la baie de Göcek, petit paradis d’îlots et de criques couverts de pins sur la côte méditerranéenne turque, étaient secouées d’une véritable tempête : un raid de la gendarmerie découvrait à bord du grand navire blanc, au prestige aussi immaculé que le souvenir de son premier locataire, une brochette d’hommes d’affaires kazakhs et russes agrémentant leurs vacances d’une cohorte de prostituées russes et ukrainiennes, mineures pour certaines d’entre elles. Shocking !

La Turquie s’était surtout offusquée alors de ce que ce monument national acheté par Atatürk en 1938 ait pu devenir un lupanar flottant, et l’opinion publique s’était focalisée sur la personnalité de l’armateur turc qui avait rénové le Savarona et l’exploitait depuis des années comme hôtel pour têtes couronnées et célébrités d’Hollywood. Mais l’arbre cachait la forêt. Le véritable scandale, que la Justice turque vient d’absoudre, résidait dans la personnalité des hôtes de cette sulfureuse croisière, et notamment celle de son principal instigateur, un habitué des lieux. Gérant du yacht, Kahraman Sadikoglu l’a confirmé dans sa déposition écrite : ""Alexander Machkévitch loue le bateau tous les étés’’. Et d’ajouter qu’il ne lui revient pas de contrôler l’identité des invités de ses clients…

Le procès verbal de l’intervention des forces de l’ordre confirme d’ailleurs bien la présence de M. Machkévitch à bord du Savarona, le 28 septembre au matin. Et ce malgré les démentis formels de l’Euro-Asian Jewish Congress, dont il est le fondateur et qu’il préside. Il y déclare avoir fait connaissance des jeunes femmes à son arrivée, autrement dit : ce n’est pas lui qui les a fait venir, et précise qu’il n’a eu de relation avec aucune d’entre elles. La vérité ne sera jamais connue dans tous ses détails puisque les jeunes femmes ont été expulsées séance tenante, et que M. Machkévitch et ses amis, protégés par leur immunité diplomatique et leurs proximité avec le pouvoir kazakh, ont été laissés libres de quitter la Turquie sans poursuite. En revanche, une chose est sûre, avérée par les relevés bancaires de M. Sadikoglu : c’est M. Machkévich qui a payé la location du Savarona en deux virements de 125.000 dollars le 20-09-2010 et 175.000 dollars le 29-09-2010, soit 300.000 dollars en tout pour 5 jours.

Qui y avait-il donc - en dehors des jeunes femmes payées entre 3.000 et 10.000 dollars la journée - à bord du Savarona, pour ce que M. Machkévich présente à la fois comme des ""vacances’’ et une ""rencontre d’affaires’’ ? D’abord ses deux associés au sein de la puissante Eurasian National Resources Corporation (gérant une bonne partie des richesses minières, pétrolières et gazières du Kazakhstan, en plus d’activités banquières et financières) Alidzhan Ibrahimov et Fattakh Shodiev. Ensuite un homme présenté comme ""conseiller du Premier ministre’’ kazakh travaillant au Ministère des Affaires étrangères, Khanat Saudbaev.

Il faut noter que la chambre des mises en accusation de Bruxelles se prononcera prochainement sur l’affaire impliquant Patokh Chodiev, le Belge le plus riche, qui a interjeté appel contre son renvoi devant le tribunal correctionnel pour usage de faux, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs dans le but de commettre des délits, a confirmé mardi le chef de la section financière du parquet de Bruxelles, Walter Quirynen.

La chambre du conseil avait décidé le 18 février de renvoyer M. Chodiev devant le tribunal correctionnel après une enquête longue de 10 ans. La plainte avait été déposée en 1999 par Tractebel après le payement d’une commission de consultance suspecte d’un montant de 35,4 millions d’euros. Les parquets de Bruxelles et Genève avaient alors entamé une enquête sur ce payement.

Patokh Chodiev risque une peine de prison de cinq ans. Six autres personnes ont également été renvoyées devant le tribunal correctionnel. Il s’agit notamment du milliardaire Alexander Mashkevitch, président de l’EuroAsian Jewish Congres, qui s’était fait connaître des médias lors d’un scandale à caractère sexuel en septembre 2010.

Et puis on doit indiquer parmi les personnes qui ont été présentes sur le yacht 2 diplomates dont l’identité reste jusque là inconnue. Ainsi que les businessmen russes (d’origine kazakhe) Arbi Garaïbekov et Musa Bazaev. Et enfin une ""représentante du monde de la mode’’, Ekaterina Maisuradze, et l’homme d’affaires kazakh naturalisé turc Tevfik Arif.

Seuls ces deux derniers, avec une dizaine de complices qui n’étaient pas sur le bateau, ont eu à rendre des comptes à la Justice turque. Tevfik Arif, ami de longue date d’Alexander Machkévitch et par ailleurs partenaire du magnat américain Donald Trump, a investi en Turquie dans l’industrie hôtelière, où il ne se serait pas fait que des amis. Selon un observateur du dossier qui connait bien la région, c’est probablement un règlement de comptes par un concurrent qui a amené la police à s’intéresser de plus près à ses affaires, et à en découvrir la face cachée, la prostitution. Dans cette région très touristique, cette activité est florissante, explique cet observateur, difficile à enrayer car les réseaux qui l’organisent sont puissants ; la police ne cherche qu’à empêcher la prostitution des mineures. M. Machkévitch est donc tombé dans un piège qui ne lui était pas destiné, son interpellation était plus embarrassante qu’autre chose.

C’est donc sans lui, et sans aucune mise en cause par ses amis inculpés, que s’est déroulé le procès du Savarona. Un procès mené ""à la vitesse d’un avion à réaction’’, ironise la presse turque, et finalement la montagne accouche d’une souris, puisque tout le monde se retrouve libre. Sur écoute et suivi par la police depuis le printemps dernier, Tevfik Arif aura été quitte pour quelque semaines de détention préventive, et ses 4 plus proches collaborateurs n’écopent que d’un avertissement sans frais : 1 an et 8 mois de prison avec sursis pour ""inciter, faciliter, et organiser une activité de prostitution’’. Il n’est plus question de bande criminelle, ni de trafic d’êtres humains et encore moins de mineures, comme le décrivait l’acte d’accusation. Circulez, il n’y a rien à voir ! Et la réputation de M. Machkévitch est sauve, ou presque…

J.B.

http://www2.bianet.org/bianet/toplum/129537-adaletin-akladigi-machkevitch-ve-ortaklari

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Frédéric Rousseau. L’Enfant juif de Varsovie. Histoire d’une photographie.
Bernard GENSANE
Paris, Le Seuil, 2009 Nous connaissons tous la photo de ce jeune garçon juif, les mains en l’air, terrorisé parce qu’un soldat allemand pointe sur lui un fusil-mitrailleur. En compagnie de sa mère, qui se retourne par crainte de recevoir une salve de balles dans le dos, et d’un groupe d’enfants et d’adultes, il sort d’un immeuble du ghetto de Varsovie. A noter que ce que l’enfant voit devant lui est peut-être plus terrorisant que ce qui le menace derrière lui. Au fil d’un travail très (…)
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