@Cunégonde godot & autres
Vous êtes efficace dans la lutte idéologique et vous lui donnez des vertus comme beaucoup s’échinent à lui en trouver ou croient qu’elle en a et croient en plus qu’elles sont déterminantes. Sur un certain plan, vous avez tout à fait raison en disant que tout est ancien et date depuis toujours, que cela soit au niveau des constats ou au niveau des solutions préconisées. Par contre, pour peu que l’on souhaite sortir des sentiers battus, il est nécessaire qu’on s’attarde sur ses propres paradoxes de près avant toute chose. Les paradoxes, on n’en a tous, des pires au moins pires, mais peu acceptent d’en tenir compte. Dans votre cas, vous nous ramenez à la lutte idéologique qu’il y avait eu entre Marx et Hegel, et bien d’autres personnes et philosophes, avant et après eux.
En d’autres mots, vous êtes de ceux qui croient que l’idée dit et le réel obéit, alors qui c’est l’inverse. Le réel se fait et l’idée s’adapte ou meurt, exactement comme ses porteurs. Il est vrai que l’idée peut mener à l’action, mais elles se dissocient très vite par l’effet de la réaction que l’action peut provoquer et qui, souvent, peut ne pas être comme escomptée. Si l’idée est le reflet d’un réel, elle peut être juste comme elle peut être travestie. Dans une société aux rapports injustes, l’idée dominante ne peut être qu’une idée travestie qui ne peut vivre que sur la base d’un consensus dont nous faisons partie dans notre ensemble. Quant à savoir dans quelle mesure, tel ou tel individu est infecté par cette idée, relève quasiment de l’impossible. On peut croire qu’on n’est pas infecté, grâce aux subterfuges idéologiques de différentes natures sans que cela nous disculpe de quoi que ce soit.
Dans ce contexte, l’idée signifie une conception d’un vécu et se différencie de l’idéologie dans la mesure où cette conception peut transcender les idéologies en apparence contradictoires.
Il faut se convaincre, si on ne l’est pas, que la bêtise qui répond à la bêtise, ne mène nulle part, au mieux au statu quo au pire à l’aveuglement et à l’anarchie. Je ne m’exclus pas et je conçois bien que je peux répondre à la bêtise par la bêtise, mais il faut bien que le dialogue, le débat ou l’échange passe.
Le fou d’ubu est un exemple dans ce fil de commentaires. Il fait un bon constat, mais en tire des conclusions complètements absurdes en affirmant ceci :
… tout en feignant de défendre une lutte des classes (qu’ils savent obsolète) au lieu d’une lutte des peuples (qu’ils craignent par-dessus tout)…
Faire la distinction entre les peuples et la lutte des classes, c’est faire exactement comme ceux qu’on critique sans le savoir. Si le peuple est la portion importante de la population sur laquelle s’exerce le pouvoir par une minorité politique et économique (ils (politique et économie) sont indissociables), et si ce peuple lutte pour son émancipation de ce pouvoir, cela s’appelle la lutte des classes. Alors en quoi la lutte des classes est-elle devenue obsolète ? Elle est devenue obsolète ou vue telle parce qu’elle s’est mondialisé et s’est compliquée par la même occasion par les progrès techniques qui ont réduit les distances, amélioré les moyens de communication et les formes de production. Mais soyons-en sûrs, ce n’est qu’une vue et rien d’autre. Cette vue n’est pas si innocente qu’elle puisse paraître, elle exige réflexion quoique, de prime à bord, elle revienne inexorablement à la volonté d’imiter son voisin puissant et non pas de ramener ce voisin à plus de raison même sous la contrainte s’il le faut.
Pour terminer, relevons ce type de comparaison fallacieux :
Il n’existe pas d’autre alternative. M. Tsipras, en Grèce, a contrario l’a prouvé. M. Tsipras dont, autant qu’il m’en souvienne, vous avez approuvé et soutenu ici même les choix européistes dramatiques pour le peuple grec..
Comparer la France, principale initiatrice de l’Europe, à la Grèce, relève, soit de la mauvaise foi, soit de l’ignorance quoique dans les faits cela n’ait aucune importance. La France peut quitter l’Europe et peut rembourser ses dettes avec sa propre monnaie si elle opte pour un retour à sa monnaie ancienne, la Grèce ne le peut pas par contre. Si elle quitte l’Europe, soi-disant, pour avoir sa propre monnaie, elle se trouvera contrainte à rembourser ses dettes avec la monnaie de l’Europe ou des USA (euro ou dollar ) et non pas avec sa propre monnaie qui sera une monnaie de singe qui rendra ses dettes quasi ingérables au point de se faire ramasser à la petite cueillir ou sombrer dans la guerre civile.