RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
28 
Un tiers des commissaires de l’ère Barroso sont désormais des cadres influents de grandes entreprises

Les membres de la Commission de Bruxelles : au service d’eux-mêmes et des mutinationales

Une enquête de l’ONG Corporate Europe Observatory, dont la raison d’être est d’étudier les groupes de pression qui sévissent à Bruxelles, a établi une liste des anciens membres de la Commission présidée par Manuel Barroso ayant retrouvé de juteuses situations dans les entreprises multinationales.

La porosité est telle entre la Commission et ces grandes entreprises qu’elles constituent un seul et même monde.

Ainsi, on a été à peine étonné d’apprendre que la Commission était parfaitement au courant des magouilles à grande échelle de Volkswagen et que le Parlement avait décidé de voter contre une commission d’enquête avant d’autoriser une marge de tolérance sur les émissions de diesel qui continueront à tuer environ 100 000 personnes par an en Europe.

Si l’on se penche sur la liste des anciens commissaires pantouflards, le conflit d’intérêt est quasiment la règle. Un tiers des commissaires de l’ère Barroso sont désormais des cadres influents de grandes entreprises privées. La luxembourgeoise Viviane Reding qui, du haut de sa grandeur morale, compara la politique de la France à l’égard des Roms à celle de l’Allemagne nazie, et qui fut commissaire à l’éducation et à la culture puis à la justice, a été autorisée par la Commission européenne à devenir membre du conseil d’administration de la compagnie minière belge Nyrstar, ainsi que du Kuratorium, une institution œuvrant pour la promotion d’un traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis.

Karel de Gucht, ex-commissaire au Commerce et négociateur du Traité transatlantique, exerce chez le gestionnaire de patrimoine Merit Capital. La femme d’affaires néerlandaise Neelie Kroes, responsable de la privatisation des PTT dans son pays, ancienne commissaire à la concurrence, est salariée par Merrill Lynch. Sa nomination avait été critiquée par le Parlement européen car elle avait détenu un mandat d’administrateur dans 43 grandes entreprises (dont Thales et PriceWater House Coopers, cabinet d’audit proche des services secrets étasuniens). Elle avait été également mise en cause aux Pays-Bas pour la gestion de son patrimoine immobilier : elle avait en effet omis de déclarer plusieurs immeubles lui appartenant à Rotterdam et avait juré ne plus se souvenir comment elles les avait financés. Enfin, on lui avait reproché ses relations d’affaires avec le sulfureux promoteur Willem Holleeder, précédemment condamné à 11 ans de prison pour l’enlèvement du magnat de la bière Heineken. C’est elle qui avait intimé au Premier ministre français Villepin l’ordre de ne pas s’opposer au rachat d’Arcelor par Mittal. Au nom de la concurrence libre et non faussée, une entreprise sidérurgique franco-luxembourgeoise devait devenir, tout affaire cessante, un conglomérat anglo-indien.

Tout aussi dérangeant est le cas de l’ancien commissaire à l’environnement, le Slovène Janez Potočnik. Cet ancien professeur d’université pantoufle désormais au sein du Forum for the Future of Agriculture, groupe de pression créé tout simplement par l’agrochimie Syngenta, leader mondial dans la recherche liée à l’agriculture, en particulier la production de produits phytosanitaires et qui ne nous veut que du bien.

Quant à José Manuel Barroso, il pantoufle dans 22 organisations, certes la plupart honorifiques mais néanmoins très influentes, comme les Bilderberg Conferences ou le European Business Summit.

Pour le Corporate Europe Observatory, le microcosme bruxellois « conduit à une proximité relationnelle malsaine entre législateurs et sujets de la législation ».
Ces élites économico-politiques n’ont que faire des peuples. La Commission est structurée pour que l’opacité règne, pour que la finance gouverne sans contrôle des gouvernements nationaux. Les commissaires sont les relais et les agents de la globalisation libérale, ce qui implique, concrètement, la fin des prérogatives des gouvernements et parlement nationaux. La Commission est au service de l’optimisation (évasion) fiscale, des paradis fiscaux, du moins-disant social.

Ces politiques sont mises en œuvre par des hommes – et des femmes – dont l’objectif de vie a été de servir les grands intérêts et qui sont donc récompensés par de formidables sinécures, quand il ne s’agit pas de simonies, au soir de leur vie professionnelle.

URL de cet article 29515
   
Même Auteur
Eric Hazan. Changement de propriétaire. La guerre civile continue. Le Seuil, 2007
Bernard GENSANE
Très incisif et très complet livre du directeur des éditions La Fabrique (qui publie Rancière, Depardon, Benjamin etc.), ce texte n’est pas près de perdre de son actualité. Tout y est sur les conséquences extrêmement néfastes de l’élection de Sarkozy. Je me contenterai d’en citer le sombrement lucide incipit, et l’excipit qui force l’espoir. « Dimanche 6 mai 2007. Au bureau de vote, la cabine dont on tire les rideaux derrière soi pour mettre son bulletin dans l’enveloppe s’appelle un (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Aucune femme en burka (ou en hijab ou en burkini) ne m’a jamais fait le moindre mal. Mais j’ai été viré (sans explications) par un homme en costume. Un homme en costume m’a vendu abusivement des investissements et une assurance retraite, me faisant perdre des milliers d’euros. Un homme en costume nous a précipités dans une guerre désastreuse et illégale. Des hommes en costume dirigent les banques et ont fait sombrer l’économie mondiale. D’autres hommes en costume en ont profité pour augmenter la misère de millions de personnes par des politiques d’austérité. Si on commence à dire aux gens la façon dont ils doivent s’habiller, alors peut être qu’on devrait commencer par interdire les costumes."

Henry Stewart, Londres

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.