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Le temps est venu de revaloriser la boue des égouts : mangez de la matière résiduelle fertilisante !





L’aut’journal , juin 2006.


Au moment où vous lisez ces lignes, un agriculteur du Québec épand vos excréments sur ses champs pour les fertiliser, pour s’enrichir en évitant d’acheter des engrais traditionnels et pour produire de beaux gros choux juteux.

Est-ce possible ? Eh oui, avoue l’Union des producteurs agricoles, tout en cautionnant l’affaire du bout des lèvres. Indignés d’être confrontés à cette question, les représentants du ministère de l’Environnement et de l’INRS patinent devant la question posée par l’animatrice de l’émission Dussault débat : « Mangeriez-vous des légumes engraissés au compost provenant des usines traitant vos égouts ? ».

Tout ce questionnement et cette polémique sont provoqués par un film nommé Tabou(e) !, réalisé par Mario Desmarais, qui s’intéresse à l’alimentation depuis près de 30 ans. En 1999, il entend parler de l’épandage de fumier humain. Rapidement, il se demande si nous devrions nous inquiéter du fait que des résidus d’eaux usées servent à la culture des produits que nous consommons.

Le réalisateur se lance alors dans une longue enquête sur les effets de cette pratique sur la qualité de nos aliments agricoles. Rapidement il comprend que les boues usées sont un concentré de virus, de bactéries et de polluants de toutes sortes. Il découvre qu’on peut y retrouver des résidus de produits pétroliers, des substances chimiques, des bactéries dangereuses, des métaux lourds et des virus contre lesquels il n’existe aucun remède (SRAS, staphylocoque doré, virus du Nil).

Ce qui l’alarme encore plus c’est que « les statistiques disent que 80 % des boues d’épuration dans le monde ont des concentrations trop élevées de métaux lourds. Ces derniers sont ceux qui causent entre autres le cancer ».

Plus il avance dans sa recherche, plus il s’inquiète et constate que, sous une volonté de recyclage, nous risquons le pire. En effet, les fonctionnaires et certains environnementalistes affirment que la merde des égouts et les produits toxiques qui s’y retrouvent pourraient être revalorisés dans un processus de développement durable. Les boues d’égout dans nos champs sont-elles toxiques ou écologiques ? Il s’agirait tout simplement de prendre les boues les moins toxiques et de les mettre sur les terres qui seraient en manque de ce qu’il y a dans les boues ! Au Québec, il y a même eu une audience publique du BAPE sur la question.

Comment cela fonctionne-t-il ? Prenons l’exemple de la station d’assainissement du Haut-Richelieu, qui traite les eaux usées domestiques, industrielles, commerciales et institutionnelles de Saint-Jean-sur-Richelieu. Les eaux usées cheminent par le réseau d’égouts pour être traitées au moyen d’un procédé physico-chimique.

Ensuite, elles séjournent en moyenne trois heures dans un bassin pour être traitées et désinfectées par des rayonnements ultraviolets qui éliminent les micro-organismes pathogènes dans l’eau avant leur déversement dans la rivière Richelieu. Les égouts laissent donc sur leur passage près de 9000 tonnes humides de « boues ». Ces dernières font à leur tour l’objet d’un traitement à l’usine. Mais où va donc toute cette abondante matière organique ? Elle est dirigée vers deux endroits, un site de compostage et des terres agricoles.

Environ 50 % des boues traitées sont transportées au site de compostage de Victoriaville. Après un traitement d’environ six à huit mois, le temps de dégradation de la matière organique, les boues d’épuration risquent de se retrouver dans votre jardin. Le terreau à base de compost est utilisé en horticulture et en aménagement paysager.

L’autre moitié des boues municipales est utilisée en agriculture sur une douzaine de propriétés agricoles de grandes cultures (maïs-grain, soya, céréales) de la région.

Dans le cas de l’usine de Kazabazua en Haute-Gatineau, ce sont des camions qui transportent les solides provenant des fosses septiques. Ces boues seront transformées en compost grâce à un système permettant de les mêler à des copeaux de bois. Ce sont les bactéries contenues dans les boues qui vont faire le travail et créer un compost qui pourra être revendu sur le marché.

Face aux inquiétudes des citoyens et citoyennes, les fonctionnaires des ministères minimisent les risques. Dans le documentaire, on entend un agronome dire : « il n’y a pas de risques à introduire les résidus d’eaux usées dans la chaîne alimentaire », et un autre d’ajouter qu’il n’y a rien de plus naturel que de « retourner la terre à la terre ». « Sauf que ce que l’on épand dans les champs, c’est tout sauf de la terre », rétorque Mario Desmarais. Le contenu des boues des stations d’épuration n’est pas homogène.

Il faut dire que le Ministère est juge et partie, étant le principal promoteur de l’épandage de cet engrais des villes. D’ailleurs, il préfère plutôt parler de « valorisation » des « matières résiduelles fertilisantes », ça fait plus propre. Sur le site du ministère de l’Environnement, on peut lire un paragraphe de pure langue de bois « L’univers des matières fécales est empreint de connotations psychologiques négatives, conscientes ou inconscientes. Il en va donc de même des boues d’épuration municipales. Cela influence indéniablement le débat de la valorisation des boues et tend à le rendre plus subjectif que d’autres débats de société. »

Le cinéaste a découvert que la simple présence d’un centre de compostage de boues de champs d’épuration et de boues de papetières est suffisante pour provoquer certaines maladies respiratoires chez les personnes plus fragiles vivant dans le voisinage et même chez les employés. « C’est encore pire quand il s’agit de boues d’abattage ». Il estime que la Direction de la santé publique devrait se pencher sérieusement sur cette question. « On prend la peine de traiter nos eaux usées, mais au bout du compte, les contaminants reviennent dans les cours d’eau », dit-il.

Dr Ellen Z. Harrison, directrice du Cornell Waste Management Institute (New York), a mené une étude décrivant les symptômes de 328 personnes liés à 39 incidents impliquant l’engrais des villes. « Les boues devraient être interdites immédiatement », soutient-elle.

Lors du débat d’une émission à Télé-Québec, un des agriculteurs déclare « jamais je n’étendrai ce compost sur mes terres », et un autre de dire : « Ce matin j’ai téléphoné à un agriculteur du Saguenay qui venait d’en recevoir deux camions. Je lui ai demandé ce qu’il en pensait et il m’a répondu, ben je vais voir ce que l’émission de télévision en dit »... Il ne savait rien du contenu des boues compostées qu’il venait de recevoir.

Dans le Val d’Oise (France), Mario Desmarais a découvert des terres ayant reçu un traitement aux boues d’assainissement qui sont contaminées pour 20 ans. « La Suisse interdit l’épandage des boues sur ses terres, dit-il, car elle veut conserver la réputation de ses aliments qu’elle vend dans le monde. » ¸

Pour les villes de Montréal et Québec, les boues sont brûlées dans un incinérateur, il n’y a donc pas production de compost.

Pourquoi ce film ? « L’épandage de ces matières résiduelles fait partie de la politique québécoise qui vise à valoriser 60 % des résidus récupérables, d’ici quatre ans. Je trouvais important que le débat soit lancé avant que l’on entre trop sérieusement là -dedans, dit Mario Desmarais. Il faut amorcer une réflexion et proposer d’autres solutions. »

Ouf ! Merci !

Note au lecteur : Afin de faciliter la lecture, chacune des références précises n’apparaît pas dans le texte. Les sources proviennent d’une revue de presse régionale et nationale et du site de référence d’ Eau Secours ! - La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau, à www.eausecours.org

André Bouthillier


- Source : L’aut’journal www.lautjournal.info



Le véritable coût d’une salade : vous payez 99 cts, l’Afrique paye 50 litres d’eau potable, par J. Laurance.


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[ Réalité dramatique : seul un petit 2,5% du total de l’eau existante sur la planète est douce et donc consommable par les êtres humains. Des prévisions catastrophiques : dans vingt ans, plus de trois milliards d’êtres humains - 80 % dans les pays « périphériques » - manqueront de ce liquide vital. Aujourd’hui déjà , 1,4 milliard de personnes - un quart des habitants de la planète - manquent d’eau. ]
La soif, une nécessité ou un luxe ? par Sergio Ferrari.




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