Le légendaire Clint Eastwood, 82 ans, « invité-surprise » de la convention républicaine à Tampa, en Floride, a livré jeudi soir une prestation souvent incohérente. Il s’est lancé dans un étrange discours contre le président Obama, représenté par une chaise vide installée à ses côtés.
L’acteur et réalisateur américain, héros de L’inspecteur Harry, a dénoncé comme une « honte nationale » les « 23 millions de chômeurs » aux États-Unis, estimant qu’il était « temps que quelqu’un d’autre arrive et règle le problème ».
Il s’adresse à un Barack Obama imaginaire
« Quand quelqu’un ne fait pas le boulot, il faut qu’il s’en aille », a-t-il insisté, s’adressant directement à un Barack Obama imaginaire, représenté par une chaise vide délibérément installée sur la scène de la convention.
Clint Eastwood semblait par moments complètement incohérent, mais il a fait rire l’auditoire à plusieurs reprises. Son intervention a aussi fait les délices de la twittosphère, jusqu’au président Obama qui, selon son compte officiel, a ironisé : « Ce siège est pris. »
Des propos incohérents
« Alors qu’est-ce que vous dites aux gens ? Est-ce que vous… Vous savez, les gens se demandent… Vous n’avez pas bien géré ça. Eh bien, je connais des gens dans votre propre parti qui ont été déçus que vous n’ayez pas fermé Gitmo (le camp de Guantanamo, ndlr). Et j’ai pensé, fermer Gitmo, pourquoi, on a dépensé tellement d’argent. Alors j’ai pensé que peut-être, comme excuse… comment ça « tais-toi » ? »
« Ouh là ! », a tweeté pendant la prestation de Clint Eastwood la directrice adjointe de l’état-major de campagne d’Obama, Stephanie Cutter.
A un autre moment, s’adressant toujours à cet Obama fictif : « Vous êtes fou, complètement fou. Vous devenez pire que Biden », du nom du vice-président démocrate Joe Biden. « Bien sûr, nous savons qui est l’intellectuel du parti démocrate. Un sourire avec un corps derrière… »
Les Républicains parlent de « libre prestation »
Conscient des dégâts potentiels de cette étrange prestation, qui risquait d’éclipser celle de son candidat, l’entourage de Mitt Romney a rapidement réagi.
« Juger une icône américaine comme Clint Eastwood à travers le prisme politique ne marche pas. Sa libre prestation diffère des discours politiques et le public l’a appréciée », a déclaré un porte-parole de l’équipe de M. Romney tout en soulignant que Clint Eastwood avait « justement mis en exergue que 23 millions d’Américains sont sans emploi ».
Le vétéran hollywoodien parlait à l’heure de grande écoute à la télévision, juste avant le sénateur de Floride de Marco Rubio, chargé d’introduire le discours du candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney.
Clint Eastwood, républicain dans l’âme
L’acteur-réalisateur aux quatre Oscars était arrivé dans l’après-midi au Tampa Bay Forum, où se tenait la convention, pour repérer les lieux.
Celui qui incarna aussi le célèbre Inspecteur Harry est un républicain dans l’âme, qui a apporté son soutien à Mitt Romney début août, après avoir soutenu John McCain en 2008. Son dernier film comme acteur et réalisateur, Trouble with the curve, sort sur les écrans nord-américains le 21 septembre.
L’identité de « l’invité mystère » de la convention avait fait l’objet de nombreuses spéculations depuis plusieurs jours.
Hollywood, traditionnellement plutôt favorable au camp démocrate, a brillé par son absence à Tampa, à l’exception de l’acteur Jon Voigt, 73 ans, passé côté républicain après une jeunesse des plus subversives et des films comme Macadam Cowboy (1969) et Délivrance (1972).