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Le prétexte des droits de l’homme

Les droits de l’homme sont devenus une idéologie de substitution qui permet de fermer les yeux sur les dysfonctionnements de notre société. La défense des droits de l’homme, c’est l’argument suprême pour obtenir l’assentiment du public, et pouvoir intervenir contre un autre pays de manière plus ou moins violente. Il sert à justifier notre droit d’ingérence au nom de prétendues valeurs dont nous serions dépositaires. La bonne conscience de l’occident est à géométrie variable.

Que se soit au Moyen Orient, en Afghanistan, en ex-Yougoslavie, à Haïti, ou au Tibet, les droits de l’homme ne servent souvent qu’à cacher des intérêts économiques ou stratégiques. Déjà les conquistadors et les colons américains ont massacré des millions de « sauvages » pour leur apporter la civilisation. On ne peut pas apporter la démocratie en ensevelissant des pays sous des tapis de bombes !

Les militants occidentaux des droits de l’homme sur la Chine, l’Iran, ou Cuba, devraient s’interroger sur les rapports de ces pays avec les puissances occidentales, et se demander pourquoi la mobilisation et les médias ne sont pas aussi virulents sur la Colombie, le Mexique, le Koweït, le Nigeria, …. Les droits de l’homme ne sont montrés du doigt que dans les pays qui n’adoptent pas l’idéologie libérale, qui ne veulent pas du contrôle des multinationales sur leurs ressources ou qui occupent une position stratégique. Et sans faire d’angélisme, s’il existe effectivement des problèmes dans ces pays, les droits de l’homme ne sont qu’un prétexte, car nous soutenons des régimes bien pires mais qui ne remettent pas en cause nos intérêts !

User des droits de l’homme pour se dédouaner de ce qui se passe dans nos sociétés est une manière de vouloir échapper à la réalité. Combien de détenus innocents attendent dans les couloirs de la mort aux États Unis ? Qui sont les prisonniers de Guantanamo ? Combien de palestiniens grouillent dans les cachots israéliens ? Et en France, combien de manifestants arrêtés, frappés, mis en garde à vue ? Combien de personnes perdent leur emploi pour avoir revendiqué ? Oh certes, ce n’est pas encore aussi violent qu’au Honduras, en Birmanie ou en Tunisie… mais ça se passe chez nous ! Et MAM avait même proposé l’assistance de la police pour aider le régime « démocratique » de Ben Ali !

Les défenseurs des droits de l’homme devraient manifester contre l’OMC et le FMI, qui par des « réformes structurelles » ont anéanti l’autosuffisance alimentaire de nombreux pays du sud en les livrant à des multinationales qui se sont appropriées les semences et ont détruit les services public au profit d’entreprises occidentales. Les défenseurs des droits de l’homme devraient demander l’annulation de la dette des pays, dettes qui ont déjà été remboursées plusieurs fois et soutenir l’accès aux médicaments génériques face à des firmes pharmaceutiques multimilliardaires qui bénéficient de la recherche publique et de nombreuses subventions versées gracieusement sans aucune contrepartie.

Aucune TV, aucun journal ne cautionnera une telle initiative, car s’il est de bon ton de critiquer un pays ou l’information est contrôlée par l’état, on oublie que chez nous l’information est contrôlée par des multinationales qui se servent du prétexte des droits de l’homme pour des intérêts partisans. En règle générale, les théories libérales du système capitaliste ne sont pas compatibles avec les droits de l’homme. La mondialisation « heureuse » a produit à travers la planète plus de pauvreté que l’on n’en a jamais connue. On ne peut défendre les droits de l’homme sans s’interroger sur les conséquences économiques du système capitalisme.

Article original publié sur http://2ccr.unblog.fr/

ROBERT GIL

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