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Le Pape François et Aristote exclus du Parti socialiste

Alors que le Premier ministre descendait du perchoir où il venait d’exposer la politique qu’il venait de concevoir grâce au banquier d’affaires qui servait de Ministre de l’économie et aux responsables du Medef toujours serviables et efficaces lorsqu’il s’agit d’intérêts financiers, un orateur prit la parole avec simplicité, humilité mais aussi résolution.

Socialiste « frondeur » ? Ecologiste ? Communiste ? De fait, la radicalité de son propos laissait effectivement prévoir qu’il ne se contenterait pas de s’abstenir mais manifesterait clairement que le discours qu’il venait d’entendre tournait le dos à toutes ses convictions.

Entre les sifflets et huées de la majorité des députés, on put entendre quelques phrases : « Alors que les gains d’un petit nombre s’accroissent exponentiellement, ceux de la majorité se situent d’une façon toujours plus éloignée du bien-être de cette heureuse minorité »... « Ce déséquilibre procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. L’argent doit servir et non pas gouverner ! »...

Et contre l’affirmation que la grande richesse finissait toujours par ruisseler sur ceux qui manquent de tout, l’orateur tourna en dérision cette « confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant » (1) . Bien entendu, ce député appelé François ne pouvait être qu’un partisan archaïque de doctrines dépassées, et à l’Elysée comme rue de Solférino on demanda la démission de cet élu qui n’était pas seulement « frondeur » dans les mots, mais proclamait qu’il ne craignait nullement de perdre son (saint) Siège.

Questionné par quelques journalistes, il admit être fort admiratif de textes anciens, de la Bible bien sûr qui condamnait la logique marchande si elle permettait d’oublier les humains et proposait de rétribuer chacun selon ses besoins, mais aussi d’Aristote qui, dès le IVe siècle avant JC, avait bien compris que jouer sur les gains monétaires se retournait nécessairement contre la véritable économie (2).

Si pour lui le troc ou l’échange médiatisé par la monnaie n’étaient certes pas « naturel » mais inventés par l’homme selon des règles conventionnelles, ce type d’échange demeurait « conforme à la nature » : le principe et la finalité de ces échanges restent la satisfaction des besoins de tous. En revanche, ajouta-t-il, dès lors que la monnaie existe, de moyen elle peut devenir une fin, c’est-à-dire « principe et fin de l’échange ».

Aristote prend pour exemples le prêt avec intérêt, ou la hausse artificielle des prix par la logique du monopole, mais son raisonnement a une plus grande portée : il est « anti-naturel » de réaliser un profit monétaire en utilisant autrui comme un simple moyen. La richesse est alors accumulée « aux dépens des autres ». C’est cette analyse, que certains commentateurs et responsables ont feint de découvrir lors de la dernière crise financière, que chrétiens et musulmans revendiquent depuis des siècles, que Rousseau approfondit au XVIIIe siècle (3) , et que Marx s’efforça d’explorer en profondeur. Il y a là, dans la diversité des engagements, des convictions et des doctrines, un patrimoine commun susceptible de fonder des pratiques communes.

Et par-delà les caricatures dont raffolent les médias (4) , en dépit de toute la métaphysique qui permettait à Emmanuel Kant de construire son système philosophique, tant de citoyens pourrait s’unir dans les actes autour de son fameux impératif catégorique : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais seulement comme un moyen » . Qu’on y pense un peu : il y a là de quoi rassembler, par-delà les étiquettes et les convictions intimes de chacun, toutes celles et ceux qui aspirent à une authentique révolution, non pas violente mais populaire, calme, irrésistible, essentielle, pleinement humaine.

(1) Citations extraites de Evangeli Gaudium, écrit par le Pape François.
(2) Aristote, Politique, Livre 1.
(3) Jean-Jacques Rousseau, Projet de constitution pour la Corse, par exemple.
(4) Je pense par exemple à France Culture qui cet été nous a servi quotidiennement les délires ignorants de Michel Onfray, rapprochant pêle-mêle Rousseau et le stalinisme, Kant et la servilité nazie, entre autres, avec des contre-sens qui justifient des notes humiliantes à tout élève de classe terminale.

 À lire également : http://www.humanite.fr/blogs/le-pape-francois-et-aristote-exclus-du-parti-socialiste-552277#sthash.lUmQd2YL.dpuf

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Je ne pense plus que les journalistes devraient bénéficier d’une immunité particulière lorsqu’ils se trompent à ce point, à chaque fois, et que des gens meurent dans le processus. Je préfère les appeler "combattants des médias" et je pense que c’est une description juste et précise du rôle qu’ils jouent dans les guerres aujourd’hui.

Sharmine Narwani

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