BETHLEHEM (Ma’an) - Le gouvernement néerlandais a affirmé jeudi le droit des individus et des groupes à promouvoir et à s’engager dans mouvement Boycott, Désinvestissements et Sanctions (BDS), en précisant que le mouvement relève des droits fondamentaux garantis par la Constitution néerlandaise .
Interrogé sur les menaces en cours d’Israël aux défenseurs des droits de l’homme et l’attaque concertée contre le mouvement BDS, le ministre des Affaires étrangères néerlandais Bert Koenders aurait déclaré que « les déclarations ou les réunions concernant BDS sont protégées par la liberté d’expression et la liberté de réunion, telle que stipulée dans la Constitution néerlandaise et la Convention européenne des droits de l’homme ».
Le ministre des Affaires étrangères a ajouté que le gouvernement néerlandais discute couramment du mouvement BDS avec Israël, mais a clairement indiqué que le gouvernement néerlandais « s’oppose à un boycott d’Israël, mais que le BDS relevait de la liberté d’expression. »
Le gouvernement néerlandais est le deuxième gouvernement européen à défendre le droit de ses citoyens à participer et à s’organiser avec le mouvement BDS, après la Suède qui a annoncé, en Mars 2016, que les gouvernements ne doivent pas s’engager dans le contrôle des mouvements de la société civile.
L’annonce a été perçue comme un coup porté aux efforts israéliens visant à criminaliser le mouvement à l’étranger, où il a gagné du terrain à travers l’Europe, les États-Unis et le Canada au cours des dernières années.
Au début de 2014, le fonds de pension néerlandais PGGM a retiré des investissements de dizaines de millions d’euros de cinq banques israéliennes, citant comme raisons de la cession des activités contraires à l’éthique et illégales des banques en Cisjordanie occupée.
Selon le fonds de pension, la décision de retirer les investissements intervient après un long processus pour tenter de convaincre les banques israéliennes à cesser leur soutien financier aux colonies illégales d’Israël en Cisjordanie.
Au début du mois de mai, deux partis politiques néerlandais ont officiellement appelé à des sanctions contre Israël et une suspension de l’accord UE-Israël si Israël maintient son refus d’arrêter la construction de colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés.
L’annonce par le ministre des Affaires étrangères néerlandais survient peu après la déclaration faite mardi par quelque 300 universitaires, appelant au boycott et l’annulation de la cinquième Conférence mondiale sur le génocide, qui doit se tenir à l’Université hébreu - une université détenue par Israël et construite sur des terres palestiniennes privées situées à Jérusalem-Est occupée.
Les universitaires pour la Palestine ont déclaré que le lieu de la conférence démontrait que les spécialistes du génocide « fermaient les yeux devant l’annexion illégale de la ville par Israël, unanimement condamnée par la communauté internationale, et devant la campagne actuelle de dépossession des Palestiniens dont Israël cherche à effacer par le pillage et l’expulsion la présence historique et diversifiée dans la ville ».
« Les actions d’Israël contre le peuple palestinien - de la Nakba aux expulsions des Palestiniens de leurs terres et des agressions militaires répétées contre Gaza sous blocus - sont de plus assimilables à un nettoyage ethnique et un génocide liés au colonialisme , » a ajouté le groupe.
La reconnaissance par le gouvernement néerlandais du droit à soutenir les activités BDS est tombée moins de trois semaines après que le gouvernement israélien a refusé de renouveler les documents de voyage de Omar Barghouti, co-fondateur du mouvement BDS, un geste que les militants voient comme une attaque contre le mouvement dans son ensemble.
La répression contre le mouvement BDS s’est intensifiée alors qu’il connaît une activité et un soutien croissant à travers le monde.
Le gouvernement français a rendu le mouvement illégal après une extension d’une loi « contre les discours de haine » pour y inclure les membres des groupes nationaux, et a confirmé la condamnation de dizaines de partisans de BDS pour leur participation au mouvement.
En Février, le Parlement canadien a adopté une motion condamnant massivement le mouvement BDS, conseillant au gouvernement de « condamner toute tentative par des organisations canadiennes, des groupes ou des individus pour promouvoir le mouvement BDS, aussi bien ici qu’à l’étranger » - le jour même où les étudiants de l’université McGill à Montréal ont réussi à faire adopter une motion visant à soutenir officiellement le mouvement.
Quelques jours plus tard, le président américain Obama a promulgué un accord commercial qui protège Israël du mouvement BDS, opposant les « actions politiquement motivées qui pénalisent ou limitent les relations commerciales particulièrement avec Israël, » en allusion aux activités de BDS.
En Janvier, la Knesset israélienne a tenu une conférence pour discuter des moyens de lutter contre le mouvement BDS, qui, selon eux, était un effort coordonné pour délégitimer l’Etat d’Israël, et a consacré 100 millions de shekels (environ 26 millions de dollars) de budget du gouvernement 2016 pour cette question .
Les préoccupations du gouvernement israélien concernant le mouvement BDS ont été amplifiées après la décision de l’Union européenne en Novembre d’étiqueter les produits en provenance des colonies israéliennes illégales. Cependant, l’UE a précisé que la nouvelle réglementation ne visait pas à un boycott des exportations israéliennes.
Le mouvement BDS fut annoncé en Juillet 2005 par la grande majorité de la société civile palestinienne en tant que mouvement pour rétablir les droits des Palestiniens, conformément au droit international par le biais de stratégies de boycott des produits israéliens et des institutions culturelles, de désinvestissements des entreprises complices de violations contre les Palestiniens, et de mise place de sanctions contre le gouvernement israélien.
Traduction VD pour le Grand Soir