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La récession européenne dévoilée par la consommation d’énergie

Il est aisé de comprendre qu’énergie et économie évoluent ensemble. La production économique (sous toutes ses formes) est fortement dépendante de la consommation d’énergie. Par conséquent si une des composantes croît, l’autre devrait la suivre et vice versa. Si une baisse, l’autre aussi….

L’économiste Gaël Giraud. nous explique dans un excellent entretien rapporté par le journal du CNRS ceci : « Nos économies sont beaucoup plus dépendantes de l’énergie que les économistes « orthodoxes » ne veulent bien l’admettre« . Selon l’économiste, » lorsque la consommation d’énergie primaire augmente de 10 %, le PIB tend à croître de 6-7 % en moyenne, avec éventuellement un retard pouvant aller jusqu’à dix-huit mois« . Il poursuit en complétant la liste des variables nécessaires à la croissance. « L’énergie ne produit donc pas de la prospérité par magie : la technique, le capital et le travail lui sont complémentaires. C’est cette complémentarité qui, d’après mes travaux, est au cœur de la croissance économique que nous avons connue depuis deux siècles« .

Voici deux graphiques qui vont dans le sens de G Giraud et qui prouvent la corrélation entre consommation d’énergie et PIB. Nous voyons une tendance convergente plutôt fortement corrélée, même si elle se fait en décalage dans le temps…

Nous ne prenons donc pas trop de risques en prétendant que l’évolution de la consommation d’énergie est représentative de l’évolution économique d’une région.

Or, nous découvrons les chiffres de l’UE qui prouvent que la consommation finale d’énergie -c’est-à-dire expurgée de l’énergie utilisée par les producteurs d’électricité et dans les processus de transformation de l’énergie- atteinte en 2014 est inférieure à celle de 1990 !

Grâce à ces données, nous pouvons confirmer à quel point la politique économique européenne est en échec, récessionniste, voire morbide depuis les années de la crise des subprimes et la politique monétaire de la Banque centrale européenne… La Grèce en est juste la victime fétiche qui permet de détourner l’attention du reste !

Nous confirmons ainsi nos précédents papiers sur la récession qui frappe l’UE…

Qu’en est-il en Suisse ?

Eh bien en Suisse, nous observons une baisse aussi de la consommation d’énergie, et ce malgré une évolution démographique positive de l’ordre de 12% pour la période concernée (2000-2015). Nous voyons ainsi que pour certains, la politique migratoire est une quasi obligation pour éviter un effondrement économique !

Observations complémentaires

Voici deux graphiques supplémentaires dont l’intérêt est de montrer la répartition de la consommation par les moyens de transport.

Alors que l’on vous impose un trafic réduit dans certaines régions, nous observons une explosion de la consommation de carburants par l’aviation internationale. C’est le premier secteur polluant de la région dont personne ne parle. Il suffit de lever les yeux par beau temps pour être témoin de leur hyperactivité. Ce sujet est, sauf erreur (qui est possible), peu ou pas abordé par les défenseurs du climat !

Il faut dire que le transport international est l’outil de globalisation du monde. Il va pouvoir continuer de bénéficier d’une paix royale des tenants de la globalisation. Et vous pourrez continuer de consommer de la menthe soi-disant fraîche provenant d’Afrique du Sud en plein hiver…

Quant à la politique ferroviaire, nous pouvons constater là aussi son échec. Les responsables feraient bien de se poser la question de savoir si les prix pratiqués par les entreprises ferroviaires ne mettent pas ce moyen de transport hors de portée des consommateurs moyens ?

Tableau de Consommation d’énergie par mode de transport, UE-28, 1990-2014 (1990 = 100, sur la base des données en tonnes-équivalent pétrole)

Et voici un tableau (en pourcentage) intéressant sur l’évolution du bouquet énergétique au cours de la période de 1990 à 2014.

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COMMENTAIRES  

13/03/2017 23:48 par Assimbonanga

En effet. Beaucoup de "colibris" se croient vertueux du fait qu’ils ont fait quelques progrès dans leur cuisine, leur jardin, leur tri sélectif ou qu’ils ont éteint les ampoules inutiles ( ce qui est bien et fait baisser la consommation d’énergie) mais ils dilapident tous ces efforts pour partir en avion vers d’autres continents en touristes ou à des sommets pour la défense du climat.
Ce n’est pas le moindre des paradoxes chez l’humain.
Pour l’instant, peu de gens osent dire que les voyages en avion sont une des causes de la pollution et que le tourisme de masse est une arme de beaufitude massive.
Voilà. C’est fait.

14/03/2017 11:58 par Professeur Chitour

L’article répond à une question évidente. L’énergie et l’économie sont étroitement liiées
Jusquà un certain point . Le fait de dire que l’énergie consommée dans l’aviation ne subit pas de restriction au contraire elle ne fait qu’augmenter. Il aurait été profitable à tous de connaitre la part du transport aérien dans le bilan global. Peut être moins de 5% pour les 30.000 vols quotidiens.
Par contre dire que l’économie stagne parce que l’énergie consommée diminue ne me parait pas pertinent . Que faisons nous de toutes les technologies visant à diminuer l’iintensité énergétique Consommer moins en consommant mieux ?

Enfin il me semble que l’équation est erronée La droite devrait décrire une croissance , c’est un signe + qu’il faudrait mettre à la place du signe moins

Prof. Chems Chitour

14/03/2017 15:18 par Assimbonanga

Il n’y a pas que le carburant brûlé en vol à prendre en considération. Il y a aussi la construction des avions, des infrastructures aéroportuaires, des routes pour y accéder. Tout cela a un bilan.

14/03/2017 21:26 par Dominique

« L’énergie ne produit donc pas de la prospérité par magie : la technique, le capital et le travail lui sont complémentaires.« 

Nous avons là les 3 mythes de notre concept de civilisation.

 Le mythe du progrès, a savoir que le progrès résoudra tout nos problèmes. Or aujourd’hui ce progrès est industriel et il est la première cause de destruction du vivant.

 Le mythe du travail obligatoire, mythe auquel Coluche a très bien répondu dans sa Chanson à l’enfant qui vient de naître - ou Sois fainéant.

 L’argent qui permet de construire des routes, lesquelles permettent de construire la civilisation et d’amener toutes ses nuisances.

A propos des nuisances de notre civilisation, la civilisation industrielle, la pollution n’est pas la principale cause de destruction du vivant mais se trouve loin derrière la destruction pure et simple des écosystèmes par les constructions de tous types (routes, mines, industries villes, etc). Et tout commence par les routes.

Ceci implique que le véritable ennemi n’est pas le capitalisme, celui-ci n’est que l’outil économique. Le véritable ennemi est notre concept de civilisation expansionniste et basé sur l’exploitation généralisée du vivant et du non-vivant tel qu’il est décrit en page 2 de la bible : "Tu domineras la Terre et toutes ses créatures". Nous en sommes toujours là aujourd’hui. L’argent n’est que l’outil économique de ce concept de civilisation qui ne connait ni ses limites, ni celles de son environnement, ni celles des ressources de cet environnement. Nous voyons tous aujourd’hui où cela nous mène : à la destruction du vivant sur notre seule source de vie, la Terre. Et ce n’est pas l’écologie spectacle des médias, des ONG, des célébrités et des politiques qui nous sauvera !

16/03/2017 03:27 par yvan

"basé sur l’exploitation généralisée du vivant et du non-vivant tel qu’il est décrit en page 2 de la bible".
Le léger souci est que les religions ne visent aussi qu’un seul et unique but : le fric.
Certes, manipulé depuis la naissance, un humain ne craint plus la mort. Mais ... à quel prix.

16/03/2017 10:44 par Assimbonanga

« "Tu domineras la Terre et toutes ses créatures" »
Bon, OK, d’accord. Que des gens aient pu se dire ça aux temps bibliques, ça se comprend complètement. Les humains avaient fort à faire pour leur survie face aux dangers de la nature, des animaux, des famines, des intempéries. Mais on n’est plus aux temps bibliques. C’est ce que les consommateurs de bibles et autre coran devraient réaliser. C’est fini, ce temps-là. Faut atterrir. Les "problématiques" ( comme on dit de nos jours !) ne sont plus les mêmes. Les vieux grimoires sont utiles sur un plan anthropologique et pour connaître les civilisations rurales antiques, mais de nos jours, y a d’autres soucis. L’homme depuis a bien cru et multiplié. On est à l’étape d’après.
C’est une lapalissade que je viens d’exposer, une évidence, mais qui doit être dite.

18/03/2017 23:08 par Geb.

Pour avoir une petite idée du trafic aérien global en temps réel.

https://www.flightradar24.com/

Et ça ne concerne que les vols civils dont la majorité sont remplis à 50% ou/et bradés à 30 euros...

19/03/2017 12:52 par cunégonde godot

Professeur Chitour :
L’article répond à une question évidente. L’énergie et l’économie sont étroitement liiées

On s’en doutait ! Mais cela va mieux en l’expliquant à l’aide d’abaques.
Mais cet article dit aussi : contrairement aux idées reçues nous sommes en décroissance. Et pas l’inverse...

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