La guerre (bellum en latin) c’est l’état au cours duquel deux ou plusieurs peuples mesurent leurs forces en se battant les uns contre les autres. On connaît la guerre depuis les temps les plus reculés. Dans la Bible, elle est très souvent appelée sainte.
Il y a des guerres de religion, des guerres de conquête, des guerres pour la vie, des guerres nationales, etc.
Dans l’Antiquité, lorsqu’il y avait une guerre, les dieux aussi guerroyaient. Les uns aidaient un camp et d’autres aidaient l’autre camp. Nous lisons cela chez Homère. Pendant que les peuples se battaient, les dieux restaient assis sur les collines et assistaient à la bataille. Lorsqu’ils se mettaient en rogne, ils s’assénaient de grands coups sur la tête les uns les autres.
C’est ainsi que les anciens se représentaient les choses. Mais aujourd’hui, ça nous fait sourire parce qu’il est puéril de croire qu’il y a des dieux qui se chamaillent entre eux.
Aujourd’hui, les humains ne croient qu’en un dieu unique et lorsque l’occasion se présente ils lui adressent une prière pour qu’il les aide.
Dans l’un et l’autre camp, les curés lui demandent qu’il soit de leur côté ce qui est impossible puisqu’il y a deux camps.
Savoir quel parti Dieu a choisi n’est possible qu’une fois la guerre terminée. Celui qui a perdu dit alors que Dieu n’a fait que le mettre à l’épreuve.
Lorsque la guerre est déclarée, la musique militaire retentit. Les humains chantent pleins d’ardeur dans les rues et pleurent.
On appelle cela les hymnes nationaux. Dans chaque nation le roi " ou le président " fait une apparition au balcon du palais ce qui porte l’enthousiasme de son peuple à son comble. C’est le moment de se mettre en marche. Et alors commence la partie de la guerre qu’on nomme à proprement parler la bataille.
On la commence par une prière. Ensuite, on fait feu avec les armes et on tue des gens. Lorsque c’est fini, le roi et ses généraux sortent à cheval (les soldats, eux, vont toujours à pied) et ils comptent le nombre de morts.
Tous disent que c’est une bien triste chose que la guerre soit nécessaire. Mais ceux qui en sont sortis sans une égratignure se consolent en clamant que mourir pour la patrie est la plus glorieuse des morts.
Après la bataille, on entonne à nouveau des chants religieux comme cela fut fait bien souvent auparavant. Les corps de ceux qui sont morts pour la patrie sont déposés dans des fosses communes. Ils reposent là jusqu’au jour où des savants universitaires les déterrent.
Alors les uniformes sont transportés au musée. Mais de la plupart de ces uniformes il ne reste plus que les boutons. Le lieu où on a tué les gens s’appelle le champ d’honneur.
Lorsqu’ils croient que ça suffit comme ça, les vainqueurs s’en reviennent chez eux. Partout règne l’allégresse de savoir que la guerre est finie. Et tous vont à l’église rendre grâces à Dieu.
Lorsque quelqu’un pense qu’il aurait été beaucoup plus sensé de ne pas la commencer, on le taxe de communiste et on le jette en prison.
Ensuite, c’est la paix au cours de laquelle l’être humain se gâte. Ce sont surtout les invalides qui se fanent les premiers parce qu’ils ne reçoivent aucune aide et qu’ils ne peuvent pas non plus gagner leur pain tout seuls.
Quelques-uns reçoivent un orgue de Barbarie ou un accordéon sur lesquels ils jouent des chansons patriotiques au coin des rues et des places. Avec ces chansons ils enflamment les jeunes-gens pour qu’ils ne ratent pas la prochaine déclaration de guerre. Tous ceux qui ont fait la dernière guerre reçoivent des médailles rondes qui tintent lorsque leurs récipiendaires se promènent. Beaucoup reçoivent aussi des rhumatismes et ils deviennent concierges ou bedeaux dans des lycées comme le nôtre.
Ainsi la guerre a aussi son bon son côté ; elle féconde toute chose.
Vicente Romano
(Le professeur Vicente Romano souhaite de Bonnes Fêtes et une bonne nouvelle année aux lecteurs de InSurGente en leur offrant cette version personnelle d’un travail de Ludwig Thoma)
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Traduit par Manuel Colinas Balbona pour Le Grand Soir