RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La guerre des diplomates

En juillet dernier, un événement est passé inaperçu. Le roi Abdallah d’Arabie a nommé à la tête de ses services secrets le plus américain de ses sujets.

A 63 ans, l’Altesse Royale et pilote de chasse Bandar Ben Sultan n’est pas un perdreau de l’année. Fils de Prince héritier défunt, riche à milliards, il fut pendant plus de vingt ans, ambassadeur à Washington. C’est un familier des lobbies néoconservateurs. Il dit « you » à tous les influents. Il est à tu et à toi avec tous les pontes républicains (et même avec quelques démocrates). Il fait partie de la famille père et fils au point d’avoir hérité du sobriquet de Bandar Bush. Enfin, last but not least, Bandar est le parrain des Sudairi la tribu dominante des Saoud, ce qui lui laisse entrevoir le trône dans un délai raisonnable car le Roi son oncle aura 89 aux prunes.

En attendant, il a pris la tutelle des affaires secrètes extérieures du royaume, ce qui n’est pas rien. Les services spéciaux saoudiens disposent de moyens considérables et d’une expérience inégalée des théâtres de guerre. La plupart des salafistes du monde sont sous influence. En principe, il suffirait que Bandar fronce les sourcils pour que les barbus du Caire, de Tunis, de Karthoum, de Benghazi, de Sanaa, de Paris et d’ailleurs retournent dans leurs mosquées. Il suffirait qu’il décroche son téléphone pour que les gouvernements du « printemps arabe » lui disent Sidi. Il suffirait qu’il lève le menton pour que « l’ex-police de Moubarak et de Ben Ali » cessent de bailler aux corneilles. Bandar peut tout, presque partout. Sauf en Syrie et en Iran c’est évident. Mais dans ces pays, on n’assassine pas les diplomates au premier prétexte bidonné.

Mais alors pourquoi BBS, le prince de l’internationale des barbouzes barbus ne protège t-il pas ses amis américains assiégés dans leurs chancelleries de Libye, d’Egypte, du Yémen…

A Tunis, l’attaque avec préavis de l’ambassade US n’a mobilisé qu’un pour mille des effectifs policiers, soit 150 hommes plus quelques militaires venus en renfort depuis la caserne d’en face. Ils n’ont pas pu empêcher que la première enceinte du bunker américain soit envahie par un millier d’excités. Le ministre de l’intérieur s’est déplacé fort tardivement. Le Premier ministre était en congé, le Président était à Carthage 6 kilomètres plus loin, mais il n’a rien entendu. Tous ont présenté leurs regrets pour la bannière étoilée brûlée.

Le gouvernement tunisien s’est fendu d’un communiqué « … cet incident (4 morts, 50 blessés) ne peut en aucun cas affecter les relations d’amitié et de coopération tuniso-américaines » (sic). Il a aussi réclamé une loi universelle punissant le blasphème et les cinéastes amateurs qui s’aviseraient de singer le « responsable » de tous ces désordres.

Ainsi, le pouvoir tunisien vient de rejoindre l’écho-système wahhabite qui considère que le battement des paupières d’un quidam islamophobe en Californie peut déclencher un ouragan de l’autre coté de la planète.

Mais revenons à notre super héros Bandar ben Sultan. Où est BBS ? Justement, personne ne le sait depuis qu’une explosion a secoué le siège de son administration une semaine à peine après sa prise de fonction. La rumeur de sa mort s’est propagée ; immédiatement suivie d’une contre-rumeur. Vrai faux ? Qui, pourquoi, comment ?

BBS est-il arrivé trop tôt ou parti trop tard, ou l’inverse ?

Ce qui reste énorme, c’est qu’un attentat ait pu secouer l’un des bunkers les mieux protégés d’Arabie de la même façon et en réplique à celui de Damas qui avait coûté la vie au ministre de la défense syrien quelques jours avant.

Le système saoudien aurait-il implosé « façon puzzle » ? Dans cette hypothèse, des pans entiers de l’appareil auraient fait sécession et se seraient affranchi de la tutelle états-unienne ? Des fractions joueraient-elles les électrons libres ? La lutte pour le pouvoir à Washington et à Riyad aurait-t-elle engendrée des alliances de circonstance contre-nature ? Brr ! Froid dans le dos.

Le tableau est surréaliste. Voici des salafistes de tous les pays armés et payés par les USA, l’Arabie, le Qatar pour aller faire le coup de feu en Syrie qui se retournent contre leurs commanditaires à Tunis. Voici les « libérateurs » de la Libye remerciés en assassinats. Voici le Pape à Beyrouth, fêté par le hezbollah. Voici un quidam auteur d’un clip qui fait un tabac sanglant en mondovision.

L’Orient compliqué ne pardonne pas aux naïfs.

Les Etats Unis sont entrés en campagne électorale, la période des pires dangers. Le Moyen Orient est l’une des lignes de démarcation de l’affrontement démocrates/républicains. D’abord en raison du niveau d’allégeance traditionnelle de la Maison Blanche à Israël - la brouille Netanyahu/Obama n’est qu’un épisode de circonstance - ensuite parce que les néoconservateurs sont soutenus par les lobbies gaz-pétrole-armement dont le monde arabe constitue la première source de profit, enfin et surtout à cause de la vision largement partagée par les Américains du rôle messianique que leur pays doit jouer dans la gouvernance de la planète.

En une semaine, la guerre des ambassades a réduit la politique arabe d’Obama à néant. Ses paroles du Caire et d’Istanbul sur un islam démocrate et tolérant sont oubliées. Sa posture électorale est compromise. L’Américain découvre que la guerre de Libye n’est pas finie, que la paisible Tunisie est à feu et à sang, que l’Egypte s’est dés-alliée, bref que les sionistes ont raison : « les musulmans sont des barbares ».

Israël jubile !

La marge de manoeuvre de la Maison Blanche est courte. Les auxiliaires « alliés » du Pentagone viennent de démontrer leur absence de fiabilité.

Reste que pour se prémunir des fourberies de ses amis, il vaut parfois mieux pactiser avec l’adversaire ! Mais peut-être est-il déjà trop tard ?

Hedy Belhassine

Palestine Solidarité

Lundi 17 septembre 2012

URL de cet article 17754
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Derrière les fronts : chroniques d’une psychiatre psychothérapeute palestinienne sous occupation
Samah JABR
EN LIBRAIRIE LE 22 MARS 2018 En coordination avec la sortie en salle du documentaire d’Alexandra Dols – Derrière les fronts : résistances et résiliences en Palestine – nous vous proposons en coédition avec Hybrid Pulse le premier livre de la psychiatre et écrivaine Palestinienne Samah Jabr. Le livre ne sera pas disponible en librairie pour le moment mais seulement sur notre site ou par demande par courrier à PMN Éditions. « Nous voulons une vie décente, pas n’importe quelle vie. Notre action pour (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Lesley Stahl :"Nous avons entendu dire que 500.000 enfants sont morts (en Irak). Ca fait plus qu’à Hiroshima. Et, vous savez, est-ce que cela en valait le prix ?

Secrétaire d’Etat US Madeleine Allbright : "Je pense que c’est un choix difficile. Mais le prix - nous pensons que cela en valait le prix."

Entretien télévisé sur CBS 60 minutes, Mai 1996

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.