Le sens commun
Dans quel monde vivons-nous ?
Dans un article précédent, (Vigile, « On nous "explique" la Grèce ! » ) je cite Monsieur Mikis Theodorakis disant : « ce que je dis, je le dis avec mon sens commun. »
Le sens commun. ça se perd, comme si ça ne valait plus rien. C’est comme si ça n’existait plus, comme si personne ne pouvait voir la réalité autrement qu’à travers les "études" et les yeux desdits "experts".
Le sens commun c’est le bon sens, le sens des réalités, le jugement, bref, la jugeote. Avec ce journalisme ne rapportant que les discours "d’experts" et les fameuses « études-qui-révèlent » au détriment de la simple réalité flagrante, on en vient à déconsidérer la saine jugeote. Ce simple bon sens qui est bien souvent désarmant de logique pragmatique.
Pour faire accepter l’inacceptable, pour étouffer le sens commun, on s’applique à faire lustrer les titres de ceux qui nous endorment. Combien de fois on pavane le titre en locomotive du propos comme pour justifier sans beaucoup d’efforts ce qui est bien souvent totalement aberrant.
Prenons simplement lorsqu’on "justifie" la hausse de l’essence à la pompe, on nous sort "l’expert" qui nous dit absolument n’importe quoi pour étouffer le sens commun. Imaginez qu’on nous sortirait le bilan financier des pétrolières ! Imaginez qu’on nous sortirait le tableau du cours du brut versus le prix à la pompe versus le profit réalisé. Je crois que le sens commun deviendrait en ébullition et "l’expert" au titre lustré aurait affaire à tenir des propos conséquents sinon, le lustre de son titre en prendrait pour son rhume.
On parle du prix à la pompe, mais on pourrait parler de bien des dossiers, entre autres, politiques où le bon sens est évacué.
Comme le notait monsieur Christian Lambert dans son excellent texte « Des mots pour le dire » :
" Je suis ni, ni, ni. mais, j’ai réussi quand même a atteindre une certaine maturité, je suis assez conscient et éveillé pour comprendre en parti la situation dans laquelle nous vivons sur cette planète."
Je crois que nous devons tous retrouver notre salutaire « sens commun ». Il faut utiliser ce que nous avons entre les deux oreilles, même si on ne cesse de nous répéter que les "experts", les "intellectuels" et les "études" sont là pour nous livrer la pensée-clef-en-main.
Il faut cesser de prendre cette opinion-clef-en-main que nous livre les canons médiatiques. Nous sommes en pleine guerre du bon sens où la bataille se fait entre les valeurs (sic) de l’église économique et les valeurs humaines élémentaires.
Plusieurs exemples illustrent cette guerre des valeurs qui se fait à l’aide des canons médiatiques et des spécialistes de l’image et de la perception.
- La crise virtuelle de la Grèce en est un excellent exemple.
- La crise du H1N1 en est un autre.
- La terrible (sic) crise économique de 2008 encore un autre.
Souvenez-vous de la crise "alimentaire" où le riz pourrissait sur les tablettes parce que l’utilisateur-payeur n’avait plus les moyens de manger. (Crise "alimentaire" qu’on disait ! Dans une crise "alimentaire" on manque d’aliments, mais lors de cette crise, on manquait "d’argent". Et où est-elle passée cette crise ? A-t-on mis de nouveaux territoires en culture pour nourrir les affamés ? Non, nous avons nourri les Nestlé de la planète pour qu’il "donne" (sic) leur maigre pitance aux affamés).
- Autre exemple : Les explications clef-en-main des 40 milliards disparues des coffres de notre caisse de dépôt. 40 milliards volatilisés. dans les poches de qui ? (Rien ne se perd rien ne se crée. En tout cas en physique.)
Beaucoup de dossiers méritent que nous dépoussiérions notre salutaire « sens commun ». Il faut suivre l’exemple de Monsieur Lambert et de Monsieur Theodorakis.
On nous endort. Il faut nous réveiller.
Que se passe-t-il en Grèce ?
Que se passe-t-il dans pratiquement toutes les économies des États du monde ?
Sommes-nous fatalement destinés à devenir des esclaves de la sainte trinité de l’église économique (FMI, BM et OMC) ?
L’Être Humain doit-il accepter de se faire mettre au pas en fonction des "commandements" de l’église économique ?
Ou si au contraire, l’Être Humain devrait se révolter et mettre à leur place ces dieux tout puissants de l’économie ? Ces dieux (sic) mus par la cupidité la plus totale et la plus abjecte.
Notre « sens commun » devrait nous guider vers l’économie RÉELLE et nous libérer de l’économie virtuelle qui nous assujettit. Cette économie où l’on transige du vide, cette économie où le jeu dépravé de la spéculation vise la cupide croissance infinie.
Partout on dit aux gens : vous n’avez plus les moyens de bien vivre. Vos États "providences" n’ont plus les moyens. Vous devez, en tant qu’utilisateurs-payeurs payer ou crever dans votre merde.
Les demandes syndicales sont présentées comme des absurdités, les citoyens qui protestent comme des anarchistes enragés. Bref, le monde nous est présenté uniquement à travers les yeux et les lunettes des prédateurs économiques.
Pourquoi donc nos États n’ont plus les moyens ?
Parce qu’ils nous donnent trop de services ou parce qu’ils n’ont plus le pouvoir de collecter et répartir la richesse ?
Nul besoin de créer de la richesse, elle existe. Il n’y a qu’à dresser les bilans financiers des compagnies qui nous exploitent. En commençant par les pétrolières (Exxon-Mobil, Total, BP, etc.), puis les pharmacies (Pfizer, Merck La Roche, Aventis, GlaxoSmithKline, etc.), puis les banques (JP Morgan, Royal Bank, Citigroup, Goldman Sachs, etc.) et finalement l’industrie agroalimentaire mondiale (Monsanto, Nestlé et Cie).
Nos États n’ont plus les moyens parce qu’ils se font escroqués (avec leur propre aide) par les agences de cotations et les magouilles économiques mondiales (Moodys, Standard & Poor’s, Enron, Goldman Sachs, AIG, FMI, BM, OMC, etc.).
Nos États n’ont plus les moyens parce qu’ils offrent les pays sur un plateau d’argent aux prédateurs économiques mondiaux (ressources naturelles et main-d’ouvre bon marché).
Nos États n’ont plus les moyens parce qu’ils ferment les yeux et même « favorisent » les paradis fiscaux (se souvenir du G20 de Londres. Qu’a-t-on dit ? Et qu’a-t-on fait ?).
Nos États n’ont plus les moyens non pas parce qu’ils dépensent trop, mais plutôt parce qu’ils ne collectent plus.
Et de l’argent, il y en a (Exxon : 45 milliards de profits en 2008, Shell : 26 milliards, Chevron : 24, BP : 21. En voyant ces PROFITS, ça fait plaisir (sic) de payer son essence, avec une bonne taxe "pour sauver l’environnement" !).
L’argent existe, elle est tout simplement honteusement concentrée et ceux qui contrôlent le monde n’ont pas du tout l’intention de partager quoi que ce soit.
La réalité des choses c’est l’église économique qui asservit l’Être Humain tandis que ce devrait être l’Être Humain qui devrait dire aux prêtres économiques : Vos gueules. On en a marre de vos lois. Elles sont injustes, inhumaines et INJUSTIFIABLES. La réalité, ce n’est pas une cote de crédit. La réalité c’est notre sueur, NOS richesses naturelles, NOTRE créativité, NOTRE imagination, NOTRE productivité et cesser de nous faire chier avec la compétitivité à l’échelle mondiale. Nous allons remettre en place nos essentiels outils de protection (protectionnisme) pour compenser les différences propres aux régions aux cultures et à la RÉALITÉ du monde. Le monde N’EST PAS un grand village.
Les peuples et les nations devraient tous se reprendre en main et se réapproprier leur économie réelle. L’économie locale : protectionnisme, nationalisation.
On devrait envoyer notre armée, non pas en Afghanistan, mais saisir les comptes en banques dans les paradis fiscaux de ces fraudeurs légalisés.
Suis-je en plein délire ? Possible, mais il n’empêche que des milliards d’individus survivent à peine (1 ou 2 $ par jour : moins de 1000 $ PAR ANNÉE) et des prédateurs s’approprient les richesses du monde entier pour étancher leur soif insatiable de profit scandaleux, pendant que d’autres n’ont pas d’eau pour boire et se laver ni de chiottes pour chier.
Quand on regarde le monde. 1000 milliards pour sauver l’euro. L’an dernier c’était 1500 milliards pour sauver les banques et les "pauvres" compagnies.
Combien pour sauver Haïti ? Et pire, cet argent qui sauve Haïti, elle enrichit qui ?
Combien pour le Chili ? Vous aviez oublié le Chili ?
Non, c’est scandaleux ! Et pourtant certains coins du monde nous enseignent la sagesse et tentent de modeler plus humainement le monde. A certains endroits, l’économie n’est plus une église, mais un outil.
La création du "Sucré" par l’Union des pays sud-américains (UNASUR) est un exemple à suivre. Plusieurs de ces pays ont mis à la porte le FMI et ont repris leurs économies en main. Les ressources naturelles sont exploitées non pas pour servir la cupidité des prédateurs économiques mondiaux, mais pour servir les besoins des populations et le développement des pays.
Il faut prendre conscience que nous devons être maîtres chez nous en étant maîtres de nos ressources et de nos industries. Nationalisation et gestion publique des secteurs vitaux de nos sociétés (eau, énergie, ressources naturelles, éducation, santé). Il faut élire des dirigeants au service des citoyens et non au service de l’oligarchie mondiale.
Il ne faut pas nous laisser endormir par le discours de ces fourbes qui se foutent éperdument de la misère des gens et qui ne jurent que par la "croissance" de leur portefeuille.
Il faut se rendre compte que ces crises sont virtuelles et créer pour servir ce monde de la spéculation et de l’exploitation sans limites.
Il faut appuyer le courage des Grecs dans la rue, comme celui des Népalais ou encore ces chemises rouges qui demandent plus de justice sociale.
Partout les populations demandent plus de justice sociale, comme nous ici, suite au budget Bachand/Charest protégeant le capital des riches et vidant les minces portefeuilles de la classe jadis moyenne.
Il y a une constante partout à travers le monde capitaliste. Quelques-uns ont tout et des milliards d’individus n’ont rien. Et le pire c’est que cette situation qui semble inéluctable pourrait être corrigée rapidement si une volonté réelle de partage existait (prenons simplement le budget de la défense US : 800 milliards. Imaginez si on dépensait 2000 millions par jour pour corriger les inégalités. Ou si on utilisait les 1000 milliards servant à sauver l’euro ou ces 2000 milliards de l’an dernier.)
Et dire que l’on parle de la crise virtuelle grecque avec le plus grand sérieux !
Serge Charbonneau
Québec