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La grande recomposition stratégique

À sa façon, le 14 janvier 2015 aura été une date historique pour la bourgeoisie française. Alors que Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, était venu demander, de la part du gouvernement, l'autorisation de poursuivre les opérations militaires en Irak, les représentants des différents groupes parlementaires ont établi le bilan de ce qui leur sautait à la face comme un désastre pour l'Occident : le surgissement de Daesh.

Il faut dire qu’en France, depuis De Gaulle, nous avons donné carte blanche à nos différents présidents de la république, pour faire la guerre là où ils veulent, quand ils veulent, et avec des moyens que nous leur offrons d’année en année, et tout spécialement pour entretenir une force de frappe qui semble parfois leur offrir quelques aises... J’ai écrit "qui semble", car, effectivement, il est certain que cette fameuse "bombinette" n’est pas tout aussi indépendante des États-Unis qu’elle peut le paraître aux yeux des électrices et électeurs français. Jamais l’Allemagne, à commencer par celle de Konrad Adenauer, n’aurait pu l’admettre sans crier très fort.

De plus, elle connaissait bien son De Gaulle, c’est-à-dire pas celui de la légende.

Ici, j’ai montré le bilan établi par le porte-parole de l’Union des démocrates et indépendants, Aymeri de Montesquiou. Il s’achevait sur ce cri : "Il faut détruire Daesh pour faire cesser le massacre des minorités, les viols et le commerce de petites filles, mais aussi pour des raisons de sécurité intérieure."

Gros morceau, à ce qu’il paraît ! D’autant plus inquiétant, soulignait l’orateur, que les forces organisées sous la houlette des Occidentaux en Irak ou en Syrie se sont révélées à peu près inutilisables, tandis que les Britanniques sont "épuisés", les Étasuniens d’Obama craintifs, et les Français à bout de ressources...

Manifestement désemparé, Aymeri de Montesquiou s’engouffre dans la seule direction qui lui paraisse encore disponible : "Pour éliminer Daesh, nous devons remettre en cause un certain nombre d’a priori [...]."

De quoi peut-il bien s’agir ? Mais, tout simplement, d’un renversement complet du système d’alliance dans la région intéressée par les activités de Daesh.

Voici comment, selon Aymeri de Montesquiou, le problème se pose depuis le désastre de Mossoul, c’est-à-dire dans un contexte où il va falloir reprendre le problème par le début : la guerre terrestre. Où sont les forces qui pourront la faire ? Réponse : "Quelles sont les forces qui peuvent se battre au sol ? Les Kurdes... Nous aidons en armes lourdes et conseillons les Kurdes d’Irak, les peshmerga. Ils sont en phase de reconquête de leur territoire, mais depuis 2003, ils sont en état de paix, et ont perdu, hormis la garde présidentielle, une partie de leur efficacité."

Comme nous le constatons, cette nouvelle revue d’effectifs commence très mal... Considérons la suite : "En effet, sous la poussée de Daesh, après la prise de Mossoul, Erbil aurait pu et aurait dû tomber. C’est la garde présidentielle du président Barzani, appuyée par le PKK, renforcée par les armes lourdes iraniennes et les frappes américaines qui ont brisé l’offensive. Ce sont eux aussi qui ont évité, avec leur branche syrienne du PYD que Kobané ne soit prise."

Le PKK !!!... Instant de stupeur. Le parti des travailleurs du Kurdistan ! Une organisation terroriste d’origine marxiste-léniniste !

Or, manifestement, ce n’est pas cela qui pourra arrêter Aymeri de Montesquiou. Il poursuit sa démonstration : "Le PKK est la force la plus efficace sur le terrain, mais nous ne coopérons avec lui que de façon occulte, car il est considéré comme une organisation terroriste. Depuis trente ans, un conflit très meurtrier oppose le gouvernement turc et le PKK. Il a provoqué près de 45 000 victimes : des soldats turcs, des membres du PKK, mais aussi la destruction de 4 000 villages kurdes."

Comme on l’imagine, le PKK n’est pas l’ami de la Turquie... Mais, désormais, il y a Daesh... Il y a eu Mossoul... Il paraît qu’en Libye... Et toute une partie de la bourgeoisie française prend peur. Aymeri de Montesquiou avec elle, qui cherche des bras secourables là où il paraît y en avoir : "Le terrible danger que représente Daesh et notre objectif d’efficacité doivent amener notre diplomatie à oeuvrer pour que les négociations pour la paix qui se déroulent entre le PKK et la Turquie aboutissent. Nous devons aussi convaincre la Turquie de participer activement, ne serait-ce que du fait de sa longue frontière avec les théâtres d’opération. Ce sont là des éléments majeurs pour venir à bout de Daesh."

Il faut se pincer pour s’assurer de ne pas être assommé par cette conclusion momentanée : "Ayons en mémoire, pour contribuer à sortir le PKK de la liste des organisations terroristes, que la frontière entre résistant et terroriste s’efface souvent dans le temps."

S’agirait-il de rejouer Munich à l’envers ? D’accepter d’entrer dans une guerre étrangère en compagnie d’un parti représentatif de la classe ouvrière ? Ce à quoi la bourgeoisie française s’était refusée en 1938... pour pouvoir conduire, à sa guise, notre pays vers la déroute de 1940...

Une question revient nous marteler l’esprit : Daesh est-il donc si dangereux ?

Immédiatement suivie d’une autre. Les vrais pères fondateurs de ce nouveau monstre, Sarkozy en Libye, Hollande en Syrie, nous ont-ils vraiment condamnés à entrer dans une nouvelle guerre coloniale de grande dimension ?

N’y aura-t-il pas, pour eux et leurs complices, un prix à payer ? Et lequel ?

Pour la Libye, je redonne : http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr
Pour la grande bidouille qui a entraîné la défaite de 1940, je renvoie à mon ouvrage : Quand le capital se joue du travail – Chronique d’un désastre permanent, Éditions Paroles Vives 2012.

»» http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/autour-de-daesh-la-grande-164465
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Histoire du fascisme aux États-Unis
Larry Lee Portis
Deux tendances contradictoires se côtoient dans l’évolution politique du pays : la préservation des “ libertés fondamentales” et la tentative de bafouer celles-ci dès que la “ nation” semble menacée. Entre mythe et réalité, les États-Unis se désignent comme les champions de la « démocratie » alors que la conformité et la répression dominent la culture politique. Depuis la création des États-Unis et son idéologie nationaliste jusqu’à George W. Bush et la droite chrétienne, en passant par (…)
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