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L’immigration, un génocide capitaliste

Les médias italiens annonçaient le 5 mai à cor et à cri que de très nombreux migrants étaient en passe de débarquer sur les côtes transalpines : ils étaient exactement 369 à Pozzallo, 496 à Palerme, 250 à Crotone, 194 à Catane, etc. C’étaient des hommes, des femmes, des enfants. Certains ont perdu la vie.

Des milliers meurent ainsi chaque année en tentant de rejoindre l’Europe. Ils fuient la pauvreté et le pillage auxquels est soumise l’Afrique. Il est faux en tout cas de dire qu’ils sont en quête du « rêve européen ». Ils fuient simplement le cauchemar qu’est devenue leur terre. Ils prennent au passage les mêmes chemins que les immenses richesses qui ont été soustraites à leur propre pays. Il est surprenant en effet que l’Union européenne veuille bien faire main basse sur les ressources de l’Afrique tout en déclarant persona non grata tout migrant africain.

Le 19 avril, 900 personnes avaient déjà péri en Méditerranée. Cette tragédie faisait suite à une autre survenue trois jours plus tôt. Un demi-million de migrants pourraient tenter cette année la dangereuse traversée, estime l’Organisation maritime internationale (OMI), une organisation de l’ONU et 22.000 migrants seraient morts en tentant de rejoindre l’Europe depuis 2000 selon les estimations d’un rapport émanant de l’organisation internationale pour les migrations relatif aux mouvements de migration dans le monde. Qui est responsable ? Où sont les coupables ?

Les médias pointent du doigt les trafiquants ou les passeurs, parfaits dans leur rôle de boucs-émissaires. Mais ces morts atroces ne sont que le résultat direct de l’invasion en Libye, en 2011. Une intervention militaire au service du capital international, effectuée par l’OTAN avec le soutien de mercenaires infiltrés en Libye par les services secrets, tant étasuniens qu’européens. Une guerre que l’appareil médiatique soutint à l’époque corps et âme... Les mercenaires ont rapidement été baptisés rebelles. Ne combattaient-ils pas la dictature de Kadhafi ? L’Occident ne pouvait donc pas rester les bras croisés. Une intervention humanitaire s’imposait ; elle allait de pair avec une intervention militaire. La « démocratie » ne devait pas rester aux portes de la Libye...

On a un peu vite oublié que la Libye était du temps de Kadhafi l’un des pays africains au plus haut niveau de vie. Beaucoup de travailleurs étrangers, originaires d’autres contrées africaines, s’y installèrent pour travailler. À la veille de la guerre civile, la population libyenne avait accès, en majorité, aux équipements de santé et aux médicaments de base. En 2009, la Libye était classée en deuxième position du continent africain sur l’index du développement humain (IDH) des Nations Unies, qui a progressé de 0.741 en 2005 à 0.760 en 2011. Le gouvernement dispensait gratuitement les soins de base dans les hôpitaux et les dispensaires publics du pays, les principaux se situant à Benghazi et Tripoli. Par ailleurs, la Libye était parvenue en 2007 à une scolarisation universelle dans l’enseignement primaire, et présentait un taux d’inscription de 94 % dans le secondaire. Le taux moyen d’alphabétisation de la population s’élevait à 87 % (94 % des hommes et 78 % des femmes). Bien entendu, de nombreux progrès restaient à faire.

Il n’empêche que le pays a des avantages qui n’ont pas échappé au capital international. La Libye est le deuxième producteur de pétrole brut en Afrique après le Nigéria et l’Algérie. Elle dispose de la plus grande réserve de pétrole d’Afrique ; ses réserves sont estimées à 46,4 milliards de barils en 2011. Le pétrole libyen est de qualité, peu cher à produire et proche des centres de production. Kadhafi a jugé en 2009 que « la nationalisation [du secteur pétrolier NDLR] était un droit légitime », ce qui n’a pas manqué de susciter la crainte des sociétés installées en Libye. La Libye dispose également de réserves importantes de gaz naturel (1.548 m3).

Enfin, c’est en marge des explorations pétrolières des années cinquante que l’on découvrit d’immenses quantités d’eau emprisonnées dans quatre grands bassins sédimentaires, deux à l’est du pays (Sarir et Koufra) et deux à l’ouest (Murzuq et Hamadah), totalisant des réserves de 120.000 milliards de m3. Ces réserves d’or bleu constituent à côté de l’or une véritable manne pour ce pays recouvert à 90 % par un désert aride. Entre le dessalement de l’eau de mer qui coûte très cher et dépendant de la technologie étrangère, et le pompage de l’eau des nappes, il ne fallut pas longtemps à l’ancien dirigeant de la Jamahiriya pour choisir : les Libyens ont pompé l’eau située entre 500 et 800 mètres de profondeur comme ils pompent le pétrole et ce, grâce aux pétrodollars. Et, en lieu et place de déplacer des populations, quelque peu réticentes, des côtes vers les nappes aquifères, on décida de leur acheminer l’eau grâce à des canalisations. La grande satisfaction apportée par ce projet de grande rivière artificielle, c’est qu’en plus d’apporter l’eau, elle a permis à la Libye d’être un pays phare en matière d’hydrologie, la rendant même à l’époque capable de vendre son expertise à d’autres pays.

Mais aujourd’hui, la Libye se décompose. Les rares structures politico-administratives mises en place après 2011 s’effondrent. La vie économique est à l’arrêt. L’une après l’autre, les grandes missions diplomatiques s’en vont, de même que l’ONU et nombre d’ONG. Tripoli, la capitale, et Benghazi et les grandes villes, celles qui hébergent la moitié d’une population de quelque sept millions d’habitants, sont le théâtre d’affrontements entre bandes armées rivales. Enlèvements, assassinats, mélange fréquent de grand banditisme et de règlements de comptes politiques, le tout entrecoupé de bombardements d’artillerie.

La Libye a été victime des bombardements « humanitaires ». Cette guerre, appelons les choses par leur nom, n’a pas apporté la démocratie (qui l’eût cru ?). Elle a en revanche permis aux multinationales occidentales de modifier les termes de leurs contrats et de ne plus payer que des droits d’exploitation symboliques. Elle a également contribué à mettre en place un gouvernement fantoche pour créer une apparence de légalité au vol des ressources libyennes. L’agression occidentale a par conséquent toutes les apparences d’une guerre coloniale classique.

L’Union européenne a toujours les valeurs de démocratie, de tolérance, d’ouverture et de liberté. Or, il est possible de rendre toute idée, même la plus noble, absurde... quand il ne s’agit pas de la falsifier.

»» http://www.resistance-politique.fr/limmigration-un-genocide-capitaliste/
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