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Journal de bord de Sarah, depuis la Flottille de la Liberté

Le ‘al-AWDA’ a dépassé la Crète, il est au sud-est. Le ‘Freedom’ est derrière.

On ne peut pas encore donner de date d’arrivée mais celle-ci approche.

Les journalistes d’Al Jazeera à bord ont pu envoyer leurs vidéos (en anglais). Sarah demande qu’on se bouge, qu’on bombarde l’ambassade israélienne de protestations, qu’on s’adresse aux élus et responsables politiques français et aux médias. Il ne fait pas de doute que la marine israélienne utilisera tous les moyens pour arrêter la flottille.

Faites monter la pression !
Faites des déclarations publiques !
Brisez le silence !

Yonatan Shapira que Sarah a interviewé, vient d’envoyer un message par le téléphone satellite :

« Le ‘Al-Awda’ est à 270 miles de Gaza. La mer est calme, c’est excitant de voir l’éclipse. A bord le moral est bon même si nous savons tous que dans quelques heures, les courageux gardiens du ghetto vont nous attaquer.

J’espère que vous savez tous qu’on a des gens formidables à bord. Nous transportons du matériel médical et notre principal but est de briser le blocus de Gaza. Les bateaux sont destinés aux pêcheurs de Gaza.

Je m’adresse aux soldats qui préparent leur action illégale de piraterie. Refusez d’obéir à vos commandants ! Vous avez ce choix. Nous sommes un groupe de militant-e-s non violent-e-s en route pour le port de Gaza. Il n’y a aucune raison morale à nous arrêter. Laissez-nous atteindre notre destination. »

http://www.ism-france.org/temoignages/Journal-de-bord-de-Sarah-depuis-la-Flottille-de-la-Liberte-article-20668

Interview de Yonatan Shapira par Sarah Katz, à bord du bateau Al Awda

Source (+ audio de l’interview en anglais) : http://www.ujfp.org/spip.php?article6533

Dans cette interview (en anglais), Yonatan Shapira, ancien capitaine de l’armée de l’air israélienne, explique comment il a pris conscience que ce qu’il faisait a priori avec plaisir, aboutissait à tout ce qu’il détestait.

C’est ainsi qu’il est devenu activiste et milite au sein du mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

Il est une nouvelle fois [*] à bord de la flottille pour Gaza.

Résumé traduit en français de l’entretien de Jonathan Shapira par Sarah Katz, à bord du Al Awda, le 22 juillet 2018

S : Jonathan, peux-tu te présenter ?

Je suis né en 1972 dans une base de l’armée de l’air israélienne. Mon père était pilote, ma mère prof et j’ai été élevé dans l’esprit de servir le pays et de le défendre. Après le lycée j’ai fait une année de volontariat dans le sud.

J’ai voulu être pilote, comme mon père ; je me suis engagé dans l’armée et j’ai fait l’école de pilotage dont j’ai été diplômé en 1993.

Je suis devenu pilote de sauvetage : mon rôle était de piloter des avions qui amenaient des gens à l’hôpital ou en lieu sûr, par exemple des blessés dans des attaques suicide, des accidentés de la route, des civils et soldats blessés au Liban. J’étais fier de ce que je faisais. J’aimais beaucoup contribuer à sauver des gens.
Mais petit à petit, j’ai pris conscience que je faisais partie d’une organisation terroriste. Très difficile de réaliser que ce que j’aimais faire était en réalité lié à ce que je détestais : tuer des innocents.

22 juillet 2002, l’armée de l’air a lancé 1 bombe d’une tonne sur la maison de Salah Shradeh, dirigeant du Hamas à Gaza : 15 tués dont 9 enfants, une femme enceinte. Ce fut pour moi comme la dernière pièce du puzzle. Je me suis mis à me poser des questions : où est-ce que je vis ? Qu’est ce que je fais ? Qui sont mes commandants ? Qui sont mes amis ? Qui sont mes dirigeants ?

Ce fut comme un coup dans la gueule, comme découvrir que votre père est un pédophile. Un processus d’éveil pour moi. J’ai eu à apprendre beaucoup sur une réalité que je refusais de voir.

L’histoire apprise à l’école ne disait pas ce qui était arrivé et ce qui arrive encore à des millions de gens. Cela m’a conduit à m’occuper de ce qui a été appelé la lettre des pilotes en 2003 : la lettre de refus de participer à l’occupation. J’ai le sentiment d’avoir eu d’énormes responsabilités même si je n’ai jamais tué. Je faisais partie du système. Ça a complètement changé ma vie.

Sarah : au début des années 1980 quand tu étais enfant, as-tu jamais vu un Palestinien ?

Quand j’étais enfant mon prof d’Arabe, Mr Mamdour Ej Hadj était du village de Wadi Arah près de la Galilée. Ma mère avait suggéré une excursion à son village. Les autres parents n’ont pas voulu. Ça ne s’est pas fait. Sinon je parlais à des ouvriers du bâtiment dans mon quartier. Mais je n’avais pas d’autres relations avec des Palestiniens.

Les quelques cracks dans la narration se produisent quand j’avais dans les 15 ans, j’étais encore genre sioniste de gauche. Je me rappelle avoir rencontré quelqu’un qui avait combattu dans la Haganah, à la bibliothèque. C’était une des premières fois que j’entendais parler des massacres perpétrés par la Haganah. J’étais dans un mouvement sioniste de gauche et les méchants c’était la droite. Dans ce mouvement on nous avait parlé de Kafr Kassem, mais la Haganah comme le Palmah avaient bonne presse, eux qui faisaient tout pour ne pas nuire à des innocents. Les mauvais c’était le Likoud, les colons, l’Irgoun. Il m’a fallu des années pour comprendre que le choix entre gauche et droite était faux.

S : est-ce que cette phrase selon laquelle dieu a donné cette terre aux juifs a joué un rôle dans ta compréhension quand tu étais très jeune ?

Je n’ai jamais été religieux. En famille, on faisait Shabbath et les fêtes et j’ai fait ma Bar Mitswah. Mais à l’école on étudiait la Thora. Un jour je me suis dit que j’allais poser la question suivante en classe et je me suis préparé pendant des jours : comment se fait-il que les tribus d’Hébreux tuent tout le monde et pillent en venant en Canaan ? Je pensais lancer un grand débat et que la prof allait dire : bonne question Jonathan. Mais elle a seulement dit : selon la Bible tout appartient à Dieu et donc il peut décider de prendre aux uns et de donner aux autres. C’est tout. Cette question m’est revenue des années plus tard. Ma grand-mère ne croyait pas en Dieu mais elle croyait fermement que la terre nous avait été donnée par Dieu. C’est ça le sionisme laïc de ceux qui ont quitté les shtetls en rejetant la tradition de la vie juive, en ne croyant pas en Dieu mais en acceptant de prendre cette terre donnée par cette créature en laquelle vous ne croyez pas. D’émigrée non croyante elle est devenue membre du mouvement pour le Mont du Temple, elle qui avait quitté sa famille à l’âge de 14, 15 ans en Pologne, était devenue pionnière, a construit des routes et tout ça.

S : étais-tu en contact avec d’autres anticolonialistes au moment de la lettre ?

Le processus de la lettre a été progressif. Quand je me suis mis à faire des recherches sur la situation, j’ai trouvé des livres, des gens, j’ai reçu un flot d’informations. Sous la surface, tout est frémissant. Commencé à rencontrer des gens. Le brouillon de la lettre a été fait avec un prof puis on l’a montrée à plusieurs personnes qui ont eu des suggestions. J’ai appris comme un cours d’université que je me suis fait pendant une année en histoire, socio, psycho, science politique, media. Ainsi j’ai trouvé des alliés. Mais j’ai toujours beaucoup à apprendre sur la Nakba, même après la lettre. Je ne savais pas que je vivais à l’emplacement d’un champ qui était cultivé par des Palestiniens du village de Kibliya.

Un an plus tard je parlais au FSE à Londres. C’était réconfortant d’être au milieu de gens bienveillants après les insultes et les accusations. Mais une question a été posée par une femme, dans cette assemblée de 4 000 personnes, une femme qui vivait en 1982 à Sabra ou Chatila et qui a dit : « le lendemain du massacre j’ai marché sur les cadavres des gens de ma famille. Qu’avez vous à dire à nous les millions de Palestiniens qui attendons de rentrer chez nous ? ». Oh, je ne savais pas quoi dire. Je n’étais préparé à ça. J’ai répondu selon mon cœur et dit que ne je ne me sentirais pas bien chez moi tant qu’elle ne se sentirait pas bien chez elle. Ce fut un début pour moi. Je n’étais pas comme aujourd’hui militant pour le droit au retour, occupé à apprendre aux autres Israéliens la Nakba, à être membre actif d’un petit nombre d’Israéliens qui réclament le droit au retour.

Il faut se rappeler qu’on ne sait jamais même si on pense avoir fait un grand pas important, on peut être plus ignorant que ce qu’on pense. Je pense à ça alors que nous voguons vers Gaza pour briser le blocus. Peut-être y a-t-il encore beaucoup de choses que je ne sais pas en tant qu’homme blanc privilégié.

S : En 2018 comment vois-tu la situation et comment te situes tu par rapport à ce mouvement pour le droit au retour ?

Pour moi, l’enjeu ce n’est plus l’occupation, la solution à 2 États (qui est devenu le problème de 2 États et non la solution) toutes ces choses. Je fais partie des gens qui, dans le monde, et en Israël, croient que la solution à un État est la voie à suivre même si le chemin est long. Je crois en l’égalité des droits. La démocratie israélienne est comme celle d’Athènes (ni les femmes ni les esclaves).

Je suis proche de Zohrot lancé par Eytan Bronstein. Maintenant, avec Decolonizer lui et Eleonore travaillent pour enseigner aux Israéliens la Nakba et décoloniser les esprits et mener des actions telles que les visites des ruines des villages avec un réfugié de l’intérieur. On sait que le droit au retour ne sera pas gagné l’an prochain mais c’est une revendication porteuse. Processus essentiel de revenir sur le lieu des villages

Abou Sita, un prof d’histoire, a fait une recherche selon laquelle plus de 90% des lieux dont les réfugiés ont été chassés en 1948 sont encore terrain ouvert : agriculture ou réserves JNF. Donc la réponse au droit au retour est possible.

Je suis dans le mouvement One State pour des droits égaux pour tous, pas de supériorité de quelque groupe de que ce soit. Je sais que ce sera difficile mais c’est notre objectif et aller dans la bonne direction peut aider à se battre mieux. On aura surement des tas de problèmes à cause de l’inégalité économique parmi les juifs et parmi les Palestiniens mais l’idée c’est : égalité des droits, droits humains ; ce sont les principes de base.

S : Dernière question sur la toute nouvelle loi. Une partie du mouvement de solidarité pense que c’est un premier pas vers la légalisation de l’apartheid. Comment expliques tu qu’il y ait eu si peu de réactions en Israël ?

La nouvelle loi n’apporte pas beaucoup de changement mais elle institutionnalise l’apartheid, ce qui a peut-être un côté positif, car ce qui est difficile c’est de convaincre des pays comme la France, la Grande Bretagne, qu’Israël n’est pas une démocratie. L’apartheid est conduit par un groupe de suprématistes juifs. Ils fêtent le vote de la loi parce qu’il n’y a pas d’opposition interne. Ce qui se dit opposition est sioniste aussi. Ils peuvent mettre dans la loi ce qui est pratiqué depuis des années. Donc ça a aussi un côté positif.

Traduction SF pour l’UJFP


Ci-dessous le début d’un article (en français), publié dans Médiapart (l’article en entier et une interview de 2016 par Hassina Mechaï), qui donne également une idée du parcours de Yonatan Shapira.

Yonatan Shapira est un « refuznik » israélien, un de celles et ceux qui refusent ouvertement de servir l’armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés. En 2003, il publiait avec 26 autres pilotes de l’armée une lettre ouvertedénonçant les attaques « illégales et immorales que l’État d’Israël effectue dans les territoires palestiniens ».

Depuis, l’ancien capitaine de l’armée de l’air, membre de l’élite militaire, fils d’un pilote de la guerre de 1973 et petit-fils de victimes du génocide juif est devenu un activiste de la paix.

Indigné par le sort de Gaza, il tentera, avec d’autres, de pénétrer par trois fois dans l’enclave palestinienne par voie maritime, avec une simple cargaison de jouets et de fournitures scolaires. En 2010, à bord de L’Irène violemment arraisonnée par l’armée israélienne à 20 milles de Gaza, il sera touché par trois tirs de taser par ses ex-camarades de l’armée.

Depuis, il milite au sein du mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

Refuznik très actif, il est aussi l’un de ces « smolanim » ou gauchistes honnis par la droite et l’extrême-droite israéliennes.

(*) La première fois, c’était à bord de l’Irène en 2010 lire sur journal de bord

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Christophe OBERLIN
L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige (…)
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Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

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