RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Jean-Claude Juncker et les (CAC) 40 voleurs

Le principe de l’optimisation fiscale des multinationales est bien connu depuis longtemps. Le jeu consiste pour ces dernières à trouver tous les moyens légaux pour éviter de payer l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IS).

Grâce à la libéralisation du marché des capitaux et à des artifices comptables autorisés, une multinationale a la possibilité de déclarer ses bénéfices dans des pays dits "paradis fiscaux" où le taux d’imposition des entreprises est dérisoire. Le Luxembourg, qui est l’un des 28 pays de l’Union Européenne, fait partie de ces paradis fiscaux.

Dans le cas du Luxembourg dont Jean-Claude Juncker fut le président durant 14 ans, une particularité de la législation locale est que les intérêts des prêts sont exonérés d’impôts.

La multinationale n’a donc qu’à transférer les bénéfices des pays à fortes impositions vers le Luxembourg, en les transformant au passage en intérêts, et le tour est joué.
Une taxe de 33% qui serait payée en France devient ainsi une taxe à 0% au Luxembourg.

Les preuves matérielles de ces combines légales viennent d’être révélées par le consortium de journalistes d’investigation ICIJ. Ces derniers ont eu accès à 28000 pages d’accords fiscaux secrets concernant 340 grandes entreprises.Tous ces documents avec les noms des entreprises par pays sont consultables ici [1].

Cette petite spécialité du Luxembourg intéresse donc au plus haut point les multinationales du monde entier et en particulier celles du CAC 40 Français.

Rappelons d’abord que le taux d’imposition français sur les bénéfices des entreprises est de 33%.

Pour ce qui concerne les PME, le fameux premier employeur français, il n’y a pas de problèmes. Ces dernières n’ont aucun moyen d’échapper au fisc et elles paient donc leurs taxes rubis sur l’ongle.

Rapprochons maintenant le système Luxembourgeois d’un rapport effectué par le député Gilles Carrez [2] sur les impôts 2009 des entreprises du CAC 40.
Article de Marianne ici [3].

On y apprend d’abord, chose relativement connue, que le taux d’imposition réel moyen de ces 40 multinationales n’est en France que de 8%, soit 4 fois moins que celui des PME.

Mais fait moins connu, les 8% d’impôts ne sont pas payés à parts égales par toutes les entreprises du CAC.

En effet, 4 d’entre elles paient à elles seules 40% de ces 8%. Il s’agit d’EDF, GDF, FT et Renault où l’état français reste actionnaire.

Pour les 36 autres, elles ne paient donc que les 60% restants.

Pour 2009, les 36 entreprises concernées ont réalisé un bénéfice de 60 milliards sur lequel elles n’ont payé que 2 milliards d’IS. Cela correspondant donc à un taux moyen de 3.3% (2/60).

Certaines de ces entreprises sont même à 0 impôt et plus fort encore, dans certains cas, l’état leur doit de l’argent grâce au crédit impôt-recherche ! [3]

Un petit calcul : puisque 36 entreprises ne paient que 3.3% d’impôts, soit environ 2 milliards d’€ en moyenne annuelle, cela correspond à un manque à gagner de 18 milliards pour l’état français, et c’est une estimation basse.

Pour rappel, le déficit de l’état en 2013 était de 87.6 milliards, soit environ 4.3% du PIB. Sont inclus dans cette somme les intérêts de la dette pour un montant de 51 Milliards. Le déficit primaire (hors intérêts) est donc de 36.6 Milliards.

Supposons maintenant que les entreprises du CAC aient payé normalement leurs impôts en France, alors le déficit total n’aurait été que de 69.6 milliards avec un déficit primaire divisé par 2 à 18.6 milliards. Le déficit total aurait finalement été égal à 3.41 % du PIB, beaucoup plus proche des 3% des accords de Maastricht.

De plus, n’oublions pas qu’il y a plus de 40 multinationales en France, cette évasion fiscale concerne en fait le CAC 50 ou le CAC 60 !

Et enfin, si l’on prend en compte les nombreuses années où l’état a du emprunter plus pour combler le manque à gagner lié aux "40 voleuses" (et aux autres), alors la baisse des intérêts (charge de la dette) correspondante nous aurait à coup sur fait descendre le déficit en dessous de la barre fatidique des 3% de PIB.

Et alors, adieu plans de rigueur et baisse des prestations sociales, adieu aux augmentations d’impôts pour le contribuable. Adieu aussi aux menaces des agences de notations sur le pays.

Passons maintenant au cas de M. Juncker, président (non élu) de la commission européenne depuis le 27 juin dernier.

En tant que chef du gouvernement Luxembourgeois entre 1999 et 2009, il était donc l’un des principaux acteur dans l’hémorragie fiscale des autres pays de l’UE au profit du Luxembourg.

Il ne l’a d’ailleurs jamais nié.

Dans un système démocratique et éthique, à la suite des révélations LuxLeaks, M. Juncker aurait été débarqué manu militari de son poste de président.

Mais nous sommes dans le petit monde de l’Union Européenne, entre bons amis, où l’on jette les référendums à la poubelle et où l’oligarchie est reine !

Et enfin, cerise sur le gâteau, notre ministre "socialiste" de l’économie, M. Macron [4], prend naïvement la défense de Jean-Claude Juncker.

Tout ceci serait à mourir de rire, sauf si l’on tient compte de la somme en bas de sa feuille d’impôts !

En final, après avoir sauvé les banques, le contribuable est il maintenant condamné à payer les impôts des multinationales sans broncher ?

La réponse est non, car même s’il est désinformé, il possède une arme très puissante à sa disposition qui terrifie tous ces grands groupes : le boycott de leurs produits...

Liens
[1] Explore the Documents : Luxembourg Leaks Database

[2] Rapport Gilles Carrez (Député Maire du Perreux)

[3] Article Marianne.fr :
"Scandaleux : l’impôt des groupes privés du CAC 40 n’est que de 3,3% !"

[4] "Le Contrarien Matin", édition du 12/11/2014

»» http://french-revolution-2.blog.fr/2014/12/01/jean-claude-junker-et-le...
URL de cet article 27496
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Un futur présent, l’après-capitalisme, de Jean Sève
Michel PEYRET
Une façon de dépasser le capitalisme Le livre de référence L’essai de l’historien Jean Sève intitulé Un futur présent, l’après-capitalisme (La Dispute, 2006). Ce livre propose une interprétation du mouvement historique actuel dans le sens du dépassement possible du capitalisme. Il énonce ce qu’il envisage comme des preuves de l’existence actuelle de « futurs présents » qui seraient autant de moyens de ce dépassement du capitalisme déjà à l’oeuvre dans le réel. Sur la question économique, la gauche est (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Quand je donne à manger aux pauvres, ils disent que je suis un Saint. Quand je demande pourquoi les pauvres sont pauvres, ils disent que je suis un communiste.

Dom Helder Camara

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.