Nous avons perdu. Je crois qu’il est temps d’admettre ça plutôt que de se lancer pour la millième dans un combat beaucoup trop tard.
Désormais, Syriza a détruit la crédibilité et l’unité de la gauche radicale. Avec le recul, il aurait fallu dès la signature du memorendum crier à la trahison et vouer aux gémonies Tsipras de la manière la plus violente qui soit. Le virer de tout ce qu’il était possible de le virer et le déclarer persona non-grata partout. Seule une telle attitude aurait pu faire croire à une trahison isolée mais à une gauche radicale restant unie, d’un seul bloc et avec une réelle intention de réaliser son projet politique, et donc prête à agir vigoureusement contre tout traitre ou infiltré qui l’en empêcherait.
Malheureusement la dramatique "compréhension" à l’égard de Tsipras, et la catastrophique "déception" qui ne veut pas seulement dire qu’on n’est pas content, mais qu’en prime on ne s’y attendait même pas (!), comme de naïfs et nigauds incompétents... après une telle démonstration inutile d’attendre que beaucoup de gens censés croient en nous et votent pour de telle flèches !
Aujourd’hui le fer de lance électoral de cette Gauche radicale dans l’esprit du peuple se trouve dans une position dramatique. Premièrement il avait prédit avec certitude que Tsipras tiendrait tête jusqu’au bout. Il ne sait donc pas à qui faire confiance. Pire il avait prédit que Tsipras allait gagner "parce que le pire pour l’Allemagne serait une sortie de la Grèce de la zone Euro." En clair nous avons là la preuve d’une incompétence absolument effrayante. C’est en tout point l’exact inverse de la réalité, que ce soit sur le constat ou sur ses conséquence : la Grèce n’a jamais voulu ni menacé de quitter l’Euro et l’Allemagne a tout fait pour la jeter !
C’est désormais un fait que Mélenchon a été extrêmement incompétent sur ce coup là, et pas sur n’importe quel sujet en plus ! L’Europe, l’euro, la dette et l’austérité sont les points centraux de son discours qui ont amené 4 millions de personnes à voter pour lui, et ils semblent se révéler être faux ou à prendre avec des pincette ! Il n’y a pas d’autre issue possible à une telle catastrophe politique pour Mélenchon et ceux qu’il représente dans l’électorat à savoir le FdG, qu’un éclatement entre ceux qui suivront encore, ceux qui se sont laisseront décourager et ceux qui ont décideront de changer de train. L’espoir et donc le vote FdG, sont morts avec Tsipras.
Le problème c’est tout ce qui est vraiment de Gauche et qui se se trouve en dehors du FdG ne peut pas être qualifié d’autre chose que de groupuscules électoralement insignifiants et méconnus... et pas prêt de s’unir aux autres groupuscules de sitôt tant la peur du traitre ou de l’incompétent est grande.
Reste t-il le peuple ? Peut-il s’unir actuellement pour combler le vide politique qui s’offre à eux ? Oui... mais alors non seulement on assisterait probablement plutôt à un coup d’Etat de type Maidan, mais même si par miracle on assistait à un mouvement de type indigné, il nous faudra des années avant d’en voir émerger quelque chose de politiquement viable...
Le constat est donc clair. Il n’y aura pas d’alternative de gauche avant au minimum 2022. Étant donné la course folle à la fascisation que nous imposeront UMPSFN jusque là et le chemin que prend la politique internationale et ses conséquences chez nous, je ne vois pas comment on peut encore éviter l’avènement d’un régime fasciste à moyen terme.
Ceci peut paraitre dur mais il s’agit selon moi d’un constat "objectif". Quoi que j’en pense personnellement c’est la situation actuelle de la France. Seules mes conclusions sur ce que cela signifie pour l’avenir sont sujettes à interprétation. Selon moi la lutte pour empêcher le fascisme est perdue, il faut donc d’ors et déjà préparer les conditions qui nous permettront de lutter contre le moment venu.
Je pense qu’au lieu de nous voiler la face pour ménager nos camarades contre la démotivation, on ferait mieux de faire de vrais constats réalistes et sans concession. Il faut penser l’avenir sur des bases réelles plutôt que de nous draper dans des fantasmes de révolution populaire ou de victoire électorale possible avant très longtemps. L’épisode Syriza a tué ce qui existait et il faut reconstruire la Gauche depuis le départ, avec cette fois-ci un truc plus large, réaliste, compétent et solide que le château de paille qu’a été le Front de Gauche. Un truc capable de Résister pendant les heures sombres qui nous attendent.