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Grèce :déception et réactions face au nouveau projet de loi santé

La commission exécutive de la Confédération des syndicats de la fonction publique (ADEDY) estime que, avec le projet de loi sur les soins de santé primaires, approuvé dans son principe jeudi 3 août, le gouvernement a pour but de mettre en pratique les engagements pris dans le cadre des mémorandums, qui concernent de nouvelles restrictions, tant des dépenses que du droit des citoyens à l’accès aux services de santé. Quant au conseil d’administration de l’Ordre des médecins d’Athènes (ISA), il juge que « une fois de plus, le ministère de la Santé a fait montre de sa faiblesse face aux groupes d’intérêt. »

L’ISA fait observer ce qui suit  :

« Jeudi dernier, le Parlement a voté une loi irréaliste et bâclée, qui est supposée mettre en œuvre la refonte du système de prestation de services de santé dans le domaine des soins de santé primaires. Nul ne sait si le nouveau système pourra être appliqué en l’absence des infrastructures indispensables et alors qu’il reposera sur le recrutement de médecins sur la base d’un programme à durée déterminée relevant du Cadre de référence stratégique national (ESPA).

Les problèmes qui se posent sont graves pour les médecins - qui sont depuis tant d’années la colonne vertébrale du système de sécurité sociale -, mais aussi pour le citoyen et patient grec lui-même, qui se voit totalement privé de son droit de s’adresser directement à son médecin spécialiste personnel. L’assuré social est privé du droit au choix de son médecin par l’introduction d‘un système de référents pour les patients, le « gatekeeping », étranger à la mentalité de la société grecque. Conformément à ce système, les citoyens s’inscriront auprès d’un médecin de famille, qui décidera s’il est nécessaire qu’ils consultent ensuite un spécialiste, et lequel.

Mais plus graves encore sont les problèmes de santé publique que posent les réformes introduites, lesquelles accordent le droit de rédiger des ordonnances à des scientifiques du domaine de la santé qui ne sont pas médecins. Et ce, alors que les normes scientifiques et la pratique internationale ont imposé à l’échelle mondiale la règle selon laquelle aucun médicament ne doit être délivré sans ordonnance rédigée de la main d’un médecin.

L’Ordre des médecins d’Athènes suivra avec toute l’attention et la circonspection requises toutes les mesures d’application qui pourraient être prises et agira, comme il l’a fait jusqu’à présent, en fonction de ce que lui impose son rôle institutionnel afin de défendre l’autorité de la fonction médicale et la santé publique. ».

Et voici le commentaire de l’ADEDY :

« Il ressort à l’évidence du projet de loi que non seulement les structures de soins de santé primaires déjà existantes (centres de santé, unités du Réseau national des soins de santé primaires (PEDY), etc.) ne seront pas revalorisées, mais qu’au contraire elles continueront de fonctionner à faible régime et de renvoyer les citoyens vers des médecins spécialisés exerçant en privé et vers des centres d’examens du secteur privé de la santé, à la voracité notoire.

La supposée nouveauté radicale que le gouvernement met en avant avec des accents de triomphe, à savoir la création des Groupes locaux de santé (TOMY) et l’institution du médecin de famille et de l’équipe de santé, a pour principal objectif de faire obstacle à l’accès des citoyens aux médecins spécialistes et aux hôpitaux. Si cette option s’ajoute en outre aux protocoles thérapeutiques - usage venu des Etats-Unis -, qui limiteront les possibilités d’accès des citoyens aux examens, aux médicaments et aux médecins spécialistes, alors il est évident que les citoyens auront beaucoup plus de difficultés à accéder aux services de santé.

De plus, le financement du nouveau système est une vue de l’esprit, puisque celui-ci ne reposera pas sur un financement public, mais sur les crédits obtenus au travers du Cadre de référence stratégique national (ESPA) pour une durée limitée. Il est révélateur que, faute de moyens, cette intervention soit limitée à une très faible partie de la population.

Si l’on ajoute à tout cela le fait que le personnel appelé à exercer dans les Groupes locaux de santé (TOMY) sera temporaire, doté de contrats à durée déterminée, on peut affirmer que l’intervention du gouvernement, qui est présentée comme une réforme, ne revalorisera pas les services de santé. Au contraire, elle y renforcera la tendance à la réduction des prestations, tendance que l’on a entrepris de pérenniser au cours des dernières années, et l’on aura affaire à un système de santé fournissant des prestations insignifiantes et de mauvaise qualité.

Le combat pour la revitalisation et la revalorisation du fonctionnement des structures publiques de soins de santé primaires, grâce à un financement suffisant et au recrutement de personnel permanent, ainsi que pour le fonctionnement effectif et le développement des unités de diagnostic en leur sein, est la condition majeure pour transformer la situation dans le secteur de la santé. Cet objectif ne peut être atteint dans le cadre des politiques mémorandaires néolibérales : cela exige une autre politique, qui place en son centre les citoyens et leurs besoins.

L’ADEDY poursuivra, en commun avec les Fédérations et les travailleurs du secteur de la santé, le combat pour l’annulation des projets du gouvernement et de la « Troïka », qui visent à opposer encore davantage d’obstacles à l’accès des citoyens aux services de santé. Elle continuera d‘exiger un système public de soins de santé primaires qui soit proche du citoyen et qui fournisse dans des délais convenables des services de santé de haut niveau.

traduction Sylvie Herold

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