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#GazaHolocaust : comment Gaza fait-elle pour résister ? (Middle East Eye)

1er août 2014 - Manifestation à Gaza, pour le soutien à la Résistance

L’affirmation prétentieuse des responsables israéliens selon quoi le « Hamas était prêt à plier » a été démentie dès les premiers jours de la guerre, quand il est devenu clair que la résistance ne pouvait être défaite.

L’ancienne maison de ma famille dans le camp de réfugiés de Nusseirat dans la bande de Gaza avait été récemment reconstruite par son nouveau propriétaire et était devenue un joli petit immeuble de trois étages avec de grandes fenêtres ornées de cadres rouges. Dans l’agression la plus récente et la plus meurtrière d’Israël sur Gaza, la maison a subi d’importants dommages. On peut voir de loin un grand trou causé par des missiles israéliens, dans la partie de la maison où se trouvait autrefois notre cuisine.

Il semble que l’objectif initial n’était pas ma maison, mais celle de notre voisin si bienveillant qui avait eu une vie très laborieuse allant d’un travail manuel à l’autre en Israël, et travaillant plus tard comme concierge dans les écoles gérées par les Nations-Unies dans la bande de Gaza. Toutes les économies de cet homme ont été investies dans sa maison où vivaient plusieurs familles. Après que des roquettes « d’avertissement », aient fait sauter une partie du bâtiment, plusieurs missiles ont pulvérisé le reste.

Tout mon quartier a également été détruit. J’ai vu par hasard sur Facebook des photos de ce qu’il en restait Le terrain de jeu où nous avons joué au football alors que nous étions petits est maintenant plein de trous, laissés par les missiles et les obus. Le magasin où j’allais toujours acheter des bonbons avec mon argent de poche, a été également détruit. Même le cimetière où nos morts devaient « reposer en paix » était tout sauf paisible. Les signes de guerre et de destruction étaient partout.

Ma dernière visite remonte à environ deux ans. Sous le mur ombragé de mon ancienne maison, j’avais alors interrogé mes voisins sur les derniers développements politiques et sur les nouvelles de qui était mort et de qui était encore en vie. L’un se plaignait de ses derniers coups du sort, me disant que son fils Mahmoud avait été tué alors qu’il était un combattant de la liberté dans un des mouvement de la résistance palestinienne.

Je ne pouvais pas bien me représenter le fait que Mahmoud, l’enfant dont je me souvenais et qui courait à moitié nu avec un nez qui coulait, était devenu un courageux combattant avec un fusil automatique, prêt à tirer sur l’armée israélienne. Mais c’était bien ce qu’il était devenu, et il a été tué tout en combattant.

Le temps change tout. Le temps a changé Gaza. Mais ce territoire étroit n’a jamais été un lieu passif où les gens survivent en tendant la main ou avec un sentiment général de victimisation. Être un combattant de la liberté précédait toute pensée rationnelle sur la vie et tous les choix possibles dans un camp de réfugiés. Tous les petits enfants de ma génération voulaient se joindre aux fidayeen.

Mais les options présentées aux habitants de Gaza sont maintenant plus limitées que jamais, même pour ceux de ma génération.

Depuis qu’Israël assiège Gaza avec l’aide et le concours de l’Égypte, la vie des habitants de Gaza s’est réduite en grande partie à une simple question de survie. Le territoire a été transformé par Israël en un énorme terrain d’expérimentation pour le contrôle de toute une population. Les habitants de Gaza ne sont pas autorisés à sortir, à pêcher, ou à cultiver, et ceux qui s’y risquent malgré tout à proximité de « zones tampon » arbitrairement déterminées par l’armée israélienne à l’intérieur même des frontières de Gaza, sont attaqués et souvent tués.

Avec le temps, la population du territoire assiégé a bien compris qu’elle était seule. Le court passage de Mohammed Morsi au pouvoir en Égypte a offert à Gaza un peu d’espoir et un répit, mais ce fut de courte durée. Après le renversement de Morsi, le blocus est devenu plus serré que jamais.

La direction palestinienne à Ramallah a très peu fait pour aider Gaza. Afin d’assurer le renversement du Hamas, l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fait en sorte dans le cadre de sa « coordination de sécurité » avec Israël, que Gaza subisse un siège draconien. Il était évident - après que toutes les tentatives pour briser le siège aient échoué et que l’isolement de la bande de Gaza n’ait cessé de se renforcer - que les habitants de Gaza allaient devoir trouver leur propre moyen de sortir du blocus.

Quand Israël a commencé sa campagne de bombardement de Gaza le 6 juillet, puis deux jours plus tard a lancé officiellement l’opération dite Protection Edge suivie d’une invasion terrestre, on aurait pu croire que Gaza était prête à se rendre.

Les analystes politiques estimaient alors que le Hamas était à son point le plus faible avec la crise du printemps arabe, la perte de ses alliés égyptiens et naturellement la forte complication de ses rapports avec la Syrie et l’Iran. Le « Hamas est prêt à plier » était la théorie en vogue et qui semblait la plus logique au moment de l’accord d’unité entre le Hamas et le Fatah. Et cette unité a été largement considérée comme une concession du Hamas à l’égard du Fatah d’Abbas, lequel n’a jamais cessé de bénéficier du soutien politique et financier occidental.

Le meurtre de trois colons israéliens en Cisjordanie occupée à la fin juin a été l’occasion pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de vouloir exploiter cette théorie pourtant trompeuse d’une position fragilisée du Hamas. Il a lancé sa guerre, vite transformée en opération génocidaire, dans l’espoir que le Hamas et les autres groupes de la résistance seraient forcés de désarmer, voir même complètement éradiqués, comme l’avaient promis divers responsables israéliens.

Mais il a échoué. Dès les premiers jours de la guerre, il est devenu clair que la résistance ne pouvait pas être vaincue, du moins pas aussi facilement que Netanyahu l’avait prévu. Plus les troupes étaient lancées dans la guerre contre Gaza, plus le nombre de victimes dans l’armée israélienne augmentait. La réponse de Netanyahu a été d’augmenter le prix à payer pour la résistance palestinienne en infligeant autant de mal que possible aux civils palestiniens. Il a fait tuer près de 1900 personnes, blesser près de 10 000, dont une large majorité de victimes civiles. Il a fait détruire de nombreuses écoles, des mosquées, des hôpitaux, et des milliers de maisons, faisant ainsi fuir des centaines de milliers de personnes. Mais où peut-on fuir quand il n’y a nulle part où aller ?

Le discours politique habituellement plus précautionneux d’Israël s’est écroulé face au courage de la bande de Gaza. Les responsables israéliens et les médias ont commencé à appeler ouvertement à un génocide.

Comme le rapporte Jeremy Salt, commentateur pour le Proche-Orient, « les plus extrêmes parmi les sionistes disent haut et fort que les Palestiniens doivent être anéantis ou pour le moins expulsés dans le Sinaï », citant Moshe Feiglin, le député de la Knesset israélienne qui a appelé à « une conquête militaire totale de la bande de Gaza et à l’expulsion de ses habitants. Ils seront détenus dans des camps de tentes le long de la frontière du Sinaï en attendant que leur destination finale soit décidée. Ceux qui continueront à résister seraient exterminés ».

Le commentateur israélien Yohanan Gordon flirte avec l’idée de génocide dans « Quand le génocide est permis », tandis qu’Ayelet Shaked prône sur Facebook le meurtre des mères de ceux qui résistent et sont tués par Israël : « Elles doivent suivre leurs fils. Rien ne serait plus juste. Il devrait en aller de même avec les maisons dans lesquelles elles ont élevés les serpents. Sinon encore plus petits serpents grandiront ».

Les références au génocide, à l’extermination et à d’autres termes terriblement violents ne sont plus des « allégations » perçues par ceux qui critiquent Israël, mais une affirmation forte et quotidienne venant des Israéliens eux-mêmes.

Les Israéliens sont en train de perdre le contrôle de leur hasbara longue de plusieurs décennies , un système de propagande si bien tricoté et ficelé que beaucoup dans le monde ont pu s’y laisser prendre. Les Palestiniens, ceux de Gaza en particulier, n’ont jamais été dupes quant aux intentions génocidaires d’Israël. Ils se se sont solidarisés avec leur résistance, avec la pleine connaissance qu’un combat pour leur survie allait avoir lieu.

L’opération israélienne nommée Protection Edge est la marque incontestable du vrai visage d’Israël, celui du génocide. Et Israël accorde peu d’attention au fait que le monde entier le regarde. Le hashtag Twitter qui a commencé avec #GazaUnderAttack, puis #GazaResists, s’est rapidement transformé en #GazaHolocaust. Ce dernier a été utilisé par beaucoup qui n’auraient auparavant jamais imaginé faire un jour de telles comparaisons.

Gaza a réussi à maintenir Israël à distance dans une bataille aux proportions historiques. Une fois que ses enfants seront enterrés, elle reconstruira ses défenses pour la prochaine bataille. Pour les Palestiniens de la bande de Gaza, ce n’est pas un question de simples stratégies de résistance, mais de survie.

Ramzy Baroud

http://www.middleeasteye.net/columns/hashtag-genocide-why-gaza-fought-back-20945812

Traduction : Info-palestine.eu - Claude Zurbach

»» http://www.info-palestine.eu/spip.php?article14850
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L’illusion de la liberté se perpétuera tant qu’il sera rentable de maintenir l’illusion. À partir du moment où l’illusion deviendra trop coûteuse à maintenir, ils démonteront simplement le décor, ils écarteront les rideaux, ils déplaceront les tables et les chaises et vous verrez alors le mur de briques au fond de la salle.

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