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Déclaration des militants syndicaux initiateurs de la « Lettre ouverte aux états majors syndicaux »

Déclaration des militants syndicaux initiateurs de la « Lettre ouverte aux états majors syndicaux »

Unir les luttes contre le gouvernement, le Medef et l’UE du capital

Les élections prudhomales qui viennent de se tenir constituent un sérieux avertissement à l’ensemble des confédérations syndicales. Le premier enseignement de ce scrutin est en effet le niveau très important de l’abstention (75 %) qui se traduit, si l’on y ajoute les votes blancs ou nuls, par des votes exprimés qui représentent à peine 20 % du corps électoral, alors que les confédérations avaient fait de ces élections leur objectif central du deuxième semestre 2008. Certes, le patronat et le gouvernement n’ont rien fait pour favoriser l’expression des salariés (cela n’étonne personne) mais c’était déjà le cas en 1979 et la participation s’élevait alors à 65 % (et 42 % des voix pour la CGT). Cette abstention massive, lourde de conséquences pour le syndicalisme, traduit en grande partie le désenchantement des salariés vis-à -vis de confédérations qui ne semblent plus en mesure d’assurer la défense des salariés après un quart de siècle de régression sociale euro-formatée, accélérée brutalement par Sarkozy. Si les directions syndicales ne parviennent à redonner confiance en elles en redressant leur pratique sur la conduite des luttes, la rupture risque de devenir définitive entre les états-majors syndicaux et l’ensemble du monde du travail, syndiqué et non-syndiqué.

Parallèlement, les salariés ayant voté ont lourdement sanctionné les syndicats les plus marqués dans la collaboration active avec le pouvoir et ont marqué leur volonté de soutenir les organisations les ancrées dans la lutte. La CGT a en particulier profité de l’engagement très fort de ses militants à la base qui font tant pour les travailleurs et leurs luttes : c’est là où les syndicats de base impulsent la résistance des travailleurs que la CGT progresse le plus et que la participation est importante.

Ce constat corrobore ce que nous pouvons observer concernant le développement des luttes dans le pays contre les ravages occasionnés par la casse anti-sociale et anti-démocratique imposée par un gouvernement et une UE aux ordres des grands groupes capitalistes : mort programmée du code du travail, travail le dimanche, retraite à 70 ans, licenciements massifs et délocalisations, casse des services publics et des systèmes solidaires (retraites, sécu), baisse des salaires, .... alors que le pouvoir fait payer SA crise aux travailleurs et se sert de celle-ci pour accélérer le subventionnement des grands entreprises privées à coups de centaines de milliards d’euros.

Dans l’Education Nationale, la gravité de l’attaque du gouvernement appliquant la stratégie européenne de Lisbonne (suppressions à répétition de dizaines de milliers d’emplois et réformes de la Maternelle à l’Université qui sont en train de casser l’Ecole publique et d’interdire l’accès à une éducation de qualité pour les classes populaires) explique qu’après le grand succès de la grève du 20 novembre, les actions continuent de se développer au niveau local, alors même que les états-majors syndicaux ont décidé de renvoyer au mois de janvier un « éventuel » appel à la grève : blocages et manifestations de lycéens dans de nombreuses villes, .grèves locales reconductibles, occupation des établissement scolaires avec le soutien des parents, grève des IUT, AG dans les universités... le tout dans un silence organisé par les médias aux ordres.

Le même silence prévaut d’ailleurs concernant les mobilisations qui se développent dans le secteur automobile dont les grands actionnaires, qui ont accumulé des profits par milliards ces dernières années, profitent de la crise pour sacrifier les travailleurs de France avec le soutien du gouvernement. Chez Renault, Peugeot, Ford, Goodyear ou Michelin, chez les sous-traitants et les équipementiers, le chômage technique, les congés forcés, les suppressions d’emplois et les délocalisations sont à l’ordre du jour contre lesquels les grèves et les manifestations se multiplient.
Enfin, comment ne pas évoquer les luttes en cours à Météofrance, l’ANPE, l’ONF, l’hôpital, la Poste, Air France, la SNCF, la défense des retraites ou de la sécu, les sans-papiers,… Ou même celles de nombreux secteurs non-salariés comme les pêcheurs ou les petits exploitants agricoles ?

C’est bien dans tout le pays et dans toutes les couches populaires que montent les résistances et les actions contre la régression sociale sans limite, mais de manière encore dispersée, par corporations ou par branches même si la base en appelle désormais ouvertement à la convergence des luttes. Début décembre, l’intersyndicale de Météo-France, mandatée par des AG massives, écrivait par exemple aux directions confédérales : « Nous sommes d’autre part convaincus que les journées d’action isolées ne peuvent être réellement utiles et positives que si elles offrent en perspective un mouvement unitaire et reconductible. Cela nous semble être l’attente majeure de nombreux secteurs, et considérons qu’il est de votre responsabilité en tant que structures nationales de travailler à cette dynamique commune. » De même, les luttes à la base cherchent à contourner l’inertie des structures nationales en développant des « tous ensemble » locaux entre salariés du public et salariés du privé. C’est ainsi que des manifestations interpro ont été organisées avec succès ces dernières semaines à Strasbourg ou au Havre, ou sont en préparation à Douai le 18 décembre et à Bordeaux le 20.

Or, quand les luttes se développent, les confédérations ont le devoir d’organiser au niveau national ce que les syndicats parviennent à organiser à la base. C’est ce qu’enseigne tout l’héritage du mouvement ouvrier et syndical, tout l’héritage du syndicalisme de classe qui a permis, de 1936 à 1968, de construire des rapports de force globaux et d’arracher les acquis sociaux du peuple de France. C’est ce que Benoit Frachon expliquait de façon si claire : « le syndicat doit organiser et diriger la lutte de millions de prolétaires qui comptent sur lui. ».

Le problème est que ces enseignements du syndicalisme de classe sont aujourd’hui reniés par des directions regroupées au sein de la très officielle Confédération Européenne des Syndicats qui, intégrée aux institutions officielles de l’UE, est chargée d’accompagner la construction européenne capitaliste. Sous cette tutelle, les états-majors syndicaux ont adopté une stratégie de collaboration entre « partenaires sociaux » et s’opposent à toute construction d’un rapport de force contre la régression sociale. Elles commencent même dans certains cas à attaquer à leurs propres organisations qui résistent à cette dérive comme c’est le cas de l’UL CGT de Douai ou de nombreux syndicats d’entreprises.

Néanmoins, la pression est aujourd’hui telle que les directions confédérales ont été contraintes d’annoncer une « mobilisation » pour le mois de janvier. Les expériences passées incitent à ne pas se faire d’illusions quant à leur volonté d’engager la lutte ou de défendre les revendications qui montent du terrain, alors qu’il s’agit avant tout pour elles de donner des gages à une base combative qu’il serait suicidaire de se mettre définitivement à dos.

Mais il est indispensable dans ce contexte d’amplifier la bataille pour le tous ensemble afin d’arracher dans un premier temps un appel à la grève interprofessionnelle permettant d’approfondir les convergences et de préparer la suite en posant clairement la question de la reconductibilité.

Pour cela, il faut défendre les principes gagnants du syndicalisme de classe et rappeler notamment que l’unité dont les travailleurs ont besoin n’a rien à voir avec le « syndicalisme rassemblé » au sommet qui met en réalité le mouvement populaire à la remorque des organisations syndicales les plus jaunissantes (et en particulier de la CFDT dont le principal dirigeant répète à qui veut l’entendre qu’il est contre la globalisation des luttes). La véritable unité qui permet de gagner, c’est celle des travailleurs sur la base de leurs revendications et pour l’action. C’est pourquoi, alors que tous les salariés sont menacés par une même politique appliquée par un même gouvernement, les travailleurs du public doivent massivement soutenir les actions des salariés du privé menacés de licenciements et à l’inverse, ceux du privé doivent refuser le discours de Sarkozy qui présente le démantèlement des services publics comme une nécessité pour "sauver" les emplois du privé.

A partir de revendications unificatrices portées par les luttes en cours (augmentation des salaires, arrêt des suppressions d’emplois et des délocalisations, défense des services publics, de la Sécu et des retraites, défense de l’Ecole et de université en liaison avec la jeunesse, nationalisations des grandes entreprises…), nous appelons à renforcer les liens pour la défense du syndicalisme de classe et le développement d’un Front Syndical de Classe et à multiplier les contacts dans les communes et les départements entre travailleurs, jeunes, militants, syndicats de base pour construire le « tous ensemble en même temps » seul capable d’arrêter Sarkozy, le MEDEF et leur Europe du Capital et d’imposer la satisfaction des aspirations populaires. Avec, sans ou contre les directions syndicales.

Le 7 décembre 2008

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