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Crise à la CGT : Seul le retour aux positions de classe rétablira le rayonnement et l’unité de combat de la CGT

Sur fond de règlements de comptes au sommet, la crise s’aggrave au sein de la CGT alors qu’approchent d’importantes élections professionnelles. La question des frais exagérés engagés par ou pour certains dirigeants confédéraux n’est cependant qu’un symptôme. La maladie bien plus grave qui frappe la CGT depuis des années, c’est avant tout l’abandon par les dirigeants confédéraux, mais aussi par nombre de cadres fédéraux et départementaux, des positions de classe et de masse qui ont apporté tant d’avancées aux travailleurs salariés au fil des luttes du début du dernier siècle, du Front populaire, de la Résistance, des années cinquante, de mai 1968 et de décembre 1995, sans parler les milliers de grèves victorieuses menées localement pour l’emploi, les salaires et les conquêtes sociales. Ces conquêtes ont été le résultat de l’action, au cours des deux siècles précédents, non seulement des Gaston Montmousseau, Pierre Sémard, Jean-Pierre Timbaud, Benoît Frachon, etc., mais aussi des milliers de militants obscurs et anonymes qui ont compris le sens du mot solidarité et qui se sont organisés en conséquence. L’action a été menée non seulement pour obtenir des résultats concrets (salaires, conditions de travail) mais aussi pour changer la société – voire pour changer de société.

Il est grand temps de dresser enfin le bilan pluri-décennal de la prétendue « modernisation » de la CGT engagée dans les années 80, accentuée au milieu des années 90 (départ de la FSM, demande d’adhésion à la Confédération Européenne des syndicats favorable à Maastricht, « syndicalisme rassemblé » derrière les dirigeants jaunissants de la CFDT, refus de l’idée même de construire et de préparer le « tous ensemble en même temps » contre les attaques redoublées du MEDEF, des gouvernements maastrichtiens successifs et de l’UE). Alors que la CGT de classe a finalement gagné tous ses combats historiques, quitte à subir des revers et de dures répressions provisoires, l’orientation pseudo-moderniste engagée sous Louis Viannet n’aura conduit qu’à des défaites. De Thibault déclarant en 2003, au cœur de l’affrontement contre la loi Fillon sur les retraites « la CGT n’a pas vocation à bloquer le pays ! » à 2014, où Thierry Lepaon explique benoîtement dans Le nouvel Économiste qu’...

« ... il n’existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L’entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés – là encore, je regrette que les actionnaires fassent figures d’éternels absents – et ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l’intérêt de leur communauté »

... cette néfaste orientation vers la COLLABORATION DES CLASSES ne pouvait conduire, alors qu’existaient déjà tant de syndicats réformistes et complaisants dans notre pays, qu’à des déculottées historiques. D’autant que le patronat a radement été aussi brutal dans son orientation DE CLASSE et DE COMBAT qu’actuellement (Gattaz déclarant de manière fascisante que « les syndicats ont été utiles au 19ème siècle, partiellement utiles puis nuisibles au 20ème siècle, nuisibles au 21ème siècle ») !

Mais les dirigeants confédéraux n’ont pas seulement abandonné les orientations de classe qui fédéraient efficacement les travailleurs sur une plate-forme revendicative nationale de combat. Ralliés à la funeste « construction européenne » du capital, saluant comme un grand « bouleversement démocratique » ( !) le processus contre-révolutionnaire des années 80/90 qui a permis la remondialisation de l’exploitation capitaliste, acceptant ce dispositif continental contre tous les peuples souverains qu’est la zone euromark, ces dirigeants confédéraux à la dérive ont condamné comme « nationaliste » la défense traditionnelle par la CGT du « produire en France » et des avancées sociales gagnées dans le cadre national, notamment en 36 et en 45-47, à l’époque où les syndicalistes communistes, patriotes et antifascistes Marcel Paul et Ambroise Croizat mettaient en œuvre le programme Les Jours heureux du CNR signé sous l’Occupation par la CGT clandestine.

Le brillant résultat de cette euro-« modernisation » de la CGT, c’est que les salariés reculent gravement sur tous les terrains : salaires, pensions, indemnités chômage, logement social, jours fériés, code du travail, élections prud’homales, statuts, services publics, conventions collectives, emploi industriel, retraites, sécu, etc. ; délestée de toute opposition syndicale nationale franche et déterminée, la social-démocratie au pouvoir a désormais les mains libres pour ramper devant l’UE et le MEDEF et pour participer à toutes sortes de guerres néocoloniales sous l’égide de l’OTAN ; quant à la droite pseudo-républicaine des Sarkozy, Juppé, Fillon, elle a maintenant un boulevard devant elle pour surenchérir dans un sens thatchérien et fascisant.

Plus gravement encore, le ralliement à l’euro de toutes les confédérations françaises ouvre un boulevard aux pseudo-patriotes du FN pour feindre de défendre la nation et de critiquer l’euro – qu’en réalité Marine Le Pen ne veut surtout pas quitter (comme le révèle une étude attentive du site du FN). Où est donc le temps où Henri Krazucki appelait à voter franchement non à l’UE de Maastricht et où il défendait le produire en France (condition même de l’existence de la classe ouvrière française et immigrée !) ? La défense du produire en France n’étant plus comme telle revendiquée par la CGT à l’échelle nationale, et les services publics à la française étant sacrifiés sur l’autel du fumeux « service public européen », le FN a toute latitude pour dévoyer le patriotisme de millions d’ouvriers exaspérés par les délocalisations liées à l’UE, cette « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (art. 6 du Traité de Maastricht) !

Bien entendu, la direction confédérale CGT n’est pas seule à avoir dérivé. La dérive euro-réformiste a d’abord frappé le PCF et sa direction qui, sous couvert de « mutation » et de « métamorphose », a renié les principes marxistes, répudié elle aussi l’indépendance nationale chère à Thorez, Duclos et Marchais, et rallié le « Parti de la Gauche Européenne » financièrement et idéologiquement inféodé à Bruxelles.

Comble d’hypocrisie, ces dérives parallèles des dirigeants mutants du PCF et des dirigeants « pragmatiques » de la CGT se sont abritées derrière un discours hypocrite tenu des deux côtés sur le thème de l’ « indépendance », voire de l’ « apolitisme » du syndicalisme. C’est au contraire quand le PCF militait sur des bases de classe et la CGT aussi, que le syndicalisme salarié était pleinement indépendant du patronat, de la social-démocratie et de l’UE ; depuis que le PCF-PGE feint de se désintéresser du syndicalisme et que la direction CGT fulmine contre « la politique », jamais le syndicalisme ouvrier n’a été plus DEPENDANT de l’UE, de la CES, du gouvernement PS et de la Confédération Syndicale Internationale (la CSI est pilotée par l’AFL-CIO américaine, la centrale liée à la CIA qui dans les années 50 a fomenté la scission « Force ouvrière » de la CGT !), voire du patronat (cf l’affaire des fonds secrets de l’UIMM, dont on n’a jamais su le fin mot).

Dans ces conditions, il est sain que de nombreux syndicats CGT, des fédérations, des Unions locales, départementales et régionales, se rebiffent contre la dégénérescence idéologique et stratégique des hauts cadres la confédération. Non seulement cette rébellion n’est pas « destructive », non seulement elle n’a rien à voir sur le fond avec un « complot », mais elle est salutaire comme le fut en 2005 le vote du CCN de la CGT imposant un « non » à la constitution européenne contre l’avis de l’européiste Bernard Thibault !

Il faut à cet égard saluer le rôle pionnier des cégétistes du Front syndical de classe qui, courageusement, ont dénoncé les dérives avant l’aube, à une époque où il ne faisait pas bon dans la centrale, s’opposer aux directions en place...

Plus que jamais, le secteur luttes, syndicalisme et entreprises du PRCF, dont tous les membres sont des syndicalistes actifs ou retraités, appelle les syndicalistes de lutte de classe à faire front ensemble dans l’intérêt de la CGT, de ses bases d’entreprise et de l’ensemble des salariés. Les critiques superficielles ou malveillantes visant les personnes (ou ne pointant que les « méthodes » de la confédération), et a fortiori les règlements de comptes entre dirigeants préférant les luttes de places aux luttes de classes, exaspèrent les salariés et les détournent de l’engagement syndical en faisant le jeu des « syndicats » proches du patronat et du gouvernement.

Plus que jamais, l’intérêt de la grande CGT, dont nous souhaitons vivement le succès aux élections professionnelles, est que les syndicalistes de classe, dans leur diversité, prennent rapidement toutes initiatives internes mais aussi publiques pour...

- réaffirmer et impulser dans l’action une ligne syndicale de classe et de masse,
- combattre la nuisible UE, sa Troïka dictatoriale et son destructif euro, tout en travaillant à l’Europe des luttes
- mettre en place une plate-forme revendicative nationale fédérant les luttes à l’échelle nationale, ainsi qu’un plan d’action et de mobilisation préparant l’affrontement « tous ensemble et en même temps » contre les contre-réformes patronales, européennes et gouvernementales de l’équipe Hollande-Valls-MEDEF.

Il est temps encore que renaisse, par l’engagement de ses militants de classe et de ses bases combatives d’entreprise, une puissante CGT fidèle à son histoire, à son drapeau rouge et à ses valeurs de progrès social, de défense des libertés et de l’indépendance nationale, une CGT d’opposition aux guerres impérialistes, d’antifascisme et d’antiracisme, une CGT de paix et de coopération entre les peuples, de rejet des discriminations, de solidarité de classe entre les travailleurs du monde entier..


Déclaration du secteur lutte, syndicalisme et entreprises du PRCF, le 27.11.2014

Pôle de Renaissance Communiste en France -PRCF- www.initiative-communiste.fr - @PRCF_

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