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Constitution : le clergé ultra-libéral se dote de tables de la loi ... par Demencia vascula.


... pour un culte obligatoire au service de la dictature du marché.





D’où peut bien provenir la légitimité de ce nouveau culte qui supplante partout dans nos contrées les cultes anciens, ceux d’un dieu bienfaiteur comme ceux de l’humanisme éclairé ? Mammon revient parmi nous, en force.


Son culte doit être officialisé et rendu obligatoire par un texte constitutionnel, un de ces textes anciens qui dans un passé pas si lointain et par un été glorieux mettait fin à des siècles de privilèges éhontés et rendait illégale l’exploitation de l’homme par l’homme.

Aujourd’hui, un de ces textes fondateurs nous propose au contraire de rendre un culte obligatoire à Mammon, dieu libéral de l’argent, et à ceux qui tentèrent deux siècles plus tôt de restaurer ces privilèges qu’une révolution salvatrice avait balayé au son d’un hymne vengeur que les champions de la restauration veulent bizarrement nous imposer tantôt. Contre ce culte, le père Jaurès nous mettait déjà en garde il y a un siècle en nous avertissant qu’il portait en lui les ferments de la guerre et de la destruction. Jaurès fut lui-même la victime expiatoire de cette ubris, cette folie qui mena à la Grande Guerre.

Le dogme est désormais défendu par d’hargneux prophètes : leur grand maître [1] s’efforce d’occuper sans légitimité aucune la position de grand argentier planétaire après avoir été le plus fervent défenseur de la guerre de spoliation de Mésopotamie ; un autre de ces prophètes de malheur [2] préside aujourd’hui aux destinées des nations européennes après avoir accueilli sans honte en son pays ceux qui aiment la guerre de conquête, la guerre impériale. Que représente ce prophète qui a suscité dans son propre pays dégoût et rejet au point de perdre son mandat démocratique ? De partout, les comploteurs de la guerre, des puissances de l’argent, de l’imposition des inégalités entre les hommes se rassemblent et ne reculent devant aucune turpitude, devant aucun mensonge pour introduire de force le culte nouveau dans les consciences en vouant aux gémonies ceux qui s’empressent de dénoncer l’amalgame morbide de la guerre et d’un système économique instauré par et pour l’arbitraire du profit volé et sacralisé par la propagande. Des disciples nombreux vouent à l’idolâtrie nouvelle une adoration sans faille affermie par des politiques achetés ou des médias (sur)vivant aux crochets de l’argent des marchands d’armes...

De cet amalgame du pouvoir de l’argent et de la mort au service d’une minorité de privilégiés naît une période des plus dangereuses pour l’humanité, où, malgré l’avertissement du général D. Eisenhower, le complexe militaro-industriel jette toutes ses forces dans la bataille pour désenchanter le sens de l’être humain, pour en faire un instrument déshumanisé du profit. Au nom du « progrès », les adorateurs de Mammon inféodent l’homme à sa valeur économique et rejettent toute existence qui ne serait pas compétitive sur ce plan. Mais quel progrès peut donc résulter de cette aliénation de l’homme par son prochain ? On le voit bien, dans les laboratoires du néo-libéralisme institué en dogme sacré, les apprentis sorciers sont nombreux tels ce Bolkestein qui avec le soutien de la droite française part en guerre contre les protections sociales acquises les plus avantageuses pour n’offrir qu’un nivellement par le bas, véritable « dumping » social destructeur d’emplois et de liens sociaux, une semaine de travail à 65H minimum pour faire sourire le baron Seillieres, dont la famille s"est repue du trésor volé d’Alger [3]. Rien dans les laboratoires de ces « junkies » du profit ne rappelle de près ou de loin une recherche d’équité et de justice sociales ; tout y est soupesé, disséqué pour innover dans les moyens de renforcer le contrôle des puissants leviers économiques. Ceci pour écraser encore un peu plus l’homme esseulé et privé de ses références et de ses repères communs, dans un monde « globalisé » où prospèrent surtout les trafics humains et l’exploitation de la misère et du désespoir crées par un libéralisme « sauvage » dont le nombre de victimes dépasse déjà allègrement celui des deux autres totalitarismes passés du nazisme et du stalinisme.

Pour la sauvegarde de la dignité d’un être humain indépendamment de son compte en banque, nous pouvons encore dire non au culte imposé de Mammon ; l’être humain n’est pas de la chair à profit...encore moins de la chair à canon !

La victoire de Mammon, c’est la sur-exploitation des ressources naturelles, c’est l’acceptation du ravage de l’écologie humaine, de la destruction sans retour de la maison planétaire à la dimension des gens. Voter non à la constitution européenne de Giscard et de son clergé libéral, c’est imposer une réécriture d’une Europe des peuples au service de l’intérêt général et du bien commun. Personne n’est dupe ; même la « mise à plat » ou la « réécriture » de la fameuse directive Bolkestein - une directive qui trouve tout son fondement juridique dans la Constitution - n’empêchera en rien la nouvelle Europe de Mammon de progresser vers le pillage des services d’intérêt général ; menace de rupture du lien social et de guerre civile entre les européens sera la conséquence de cette casse généralisée de la protection des plus fragiles, pour le plus grand profit de ces financiers rapaces qui tirent les ficelles des Bush et autres mafia qui prospèrent autour de cette famille qui hier donnait le sein à A. Hitler. [4].

Demencia vascular, dimanche 27 mars 2005.



 Dessin : www.sudptt.fr


[1le « gentil » Paul Wolfowitz

[2Barroso ; ex-mao, il est aujourd’hui par défaut le président de la commission européenne et il a accueilli aux Açores le sommet des belliqueux contre l’Irak avec Blair et Aznar ; son pays le Portugal l’a mis en quarantaine aux dernières élections comme Aznar peu de temps avant lui !

[3Lire à ce sujet Main basse sur Alger de Pierre Péan

[4Il est de notoriété publique que Prescott Bush, grand père de W fut un des financiers les plus en vue du troisième Reich.


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