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Syndicalisme international et lutte des classes

Comment le syndicalisme international se détermine face à une situation aussi inédite que celle que nous connaissons ? Le seul constat qui s’impose, c’est qu’il est en partie hors jeu, inopérant, atone, sans ressort et surtout dépendant d’évènements qu’il subit.

Il est un fait qu’en France, en Europe et internationalement, le syndicalisme dominant, c’est-à-dire le syndicalisme occidental de conception réformiste, n’entend pas mettre en cause le fond des choses, c’est-à-dire la contradiction capital/travail. En fait, il ne cherche pas à contester le système capitaliste qui à ses yeux fait figure de sujet intouchable, indépassable et tabou. Il s’en accommode, pire, il s’y est rallié. Par ses orientations, ses décisions et son fonctionnement il entend accompagner celui-ci et le soutenir comme vient de l’illustrer le long conflit de l’automobile aux Etats-Unis ou le syndicat UAW affilié à l’AFL-CIO a volé aux secours des grands groupes comme Stellantis, Ford, General Motors mais aussi du candidat Joe Biden qu’il faut aider à sauver par un bel élan d’indépendance syndicale.

C’est d’ailleurs ce que font la plupart des forces syndicales affiliés à la Confédération Européenne des Syndicats (CES) et à la Confédération Syndicale internationale (CSI, ex CISL) dans leurs pays respectifs à travers une rhétorique partisane éloignée de la réalité et du vécu de millions de travailleurs. Pour elles, la recherche du dialogue social doit primer sur l’action. L’institutionnalisation du syndicalisme est devenu la règle à travers un partenariat où il s’associe avec les institutions et les partis politiques. Cette approche qui brade l’indépendance, la liberté de parole et d’action des syndicats, elle conduit à l’attentisme, à l’amertume, à la lassitude et aux désengagements de la vie sociale et politique d’une majorité des travailleurs tout particulièrement en Europe.

Pourtant, quand la richesse des milliardaires explose, les salaires réels et les avantages sociaux diminuent, c’est ainsi ! Les orientations et décisions du capital conduisent partout au pillage aggravé de la force de travail et donc à un recul social sans précédent à l’origine d’une pauvreté de masse et d’une paupérisation qui ne cesse de grandir. La cause en sont les politiques réactionnaires comme l’illustrent les récentes annonces de Gabriel Attal à travers la destruction du système d’indemnisation des chômeurs, le blocage des pensions et retraites, l’accélération de la casse des services publics avec de nouveaux projets de lois de démantèlement en route, des centaines de milliers de pertes d’emplois, un système éducatif plus sélectif que jamais et que l’on dégrade plus encore par un autoritarisme désuet, un système des soins et de santé réduits au point d’être arrivé à un état de non fonctionnement permanent. Face aux résistances, la répression syndicale de masse est sans précédent, plus d’un millier de militants de la CGT font l’objet de procédures devant les tribunaux, dont Jean Paul Delescaut, condamné à un an de prison avec sursis pour apologie du terrorisme, en fait pour avoir affirmé sa solidarité avec le peuple palestinien. Beaucoup d’autres le sont comme lui.

Face à cette situation lourde de périls, la plupart des confédérations syndicales en Europe sont à l’exemple de la CES, dans la position d’un spectateur passif. Face aux conflits et tensions qui s’intensifient leur tâche principale semble être de préserver la paix sociale, c’est-à-dire d’étouffer en fait la lutte des classes. On ne saurait les taxer de négligence, d’incompétence ou d’insuffisance, il s’agit de choix délibérés cohérents avec leurs orientations. La CES contribue ainsi à paralyser le monde du travail, c’est-à-dire la seule force sociale capable d’affronter l’état autoritaire en forme de néofascisme.

Attentisme et dialogue social ?

Cette situation est préjudiciable en tout premier lieu aux travailleurs, laissés ainsi sans perspectives, ni alternative véritable. C’est, entre autre, pourquoi un grand nombre d’entre eux se détournent du syndicalisme et de l’action collective ou s’apprêtent dans les prochaines semaines à se réfugier dans l’abstention politique à l’occasion des élections européennes dont d’ailleurs ils ne voient pas l’utilité puisqu’en dernière analyse on ne tient pas compte de leur vote et de leurs opinions.

Malgré l’attentisme du syndicalisme « de dialogue social » l’action rendue nécessaire exprime une colère, une exaspération et des exigences de justice, de liberté et de respect. Nombreux sont ceux qui font grève face à la baisse de leurs revenus, à l’accélération des cadences de travail ou encore pour protester contre le génocide à Gaza, comme c’est le cas dans de nombreuses universités en Europe et aux Etats-Unis. Ces mouvements d’une grande diversité dans les entreprises et les quartiers populaires, dont l’importance ne saurait échapper, sont aussi révélateurs de perspectives et de profonds changements des consciences. Il se développe malgré les violences policières, et les campagnes politiciennes de discrédit médiatique et de répression de la parole autant que de l’action, mais aussi indépendamment de la plupart des confédérations syndicales. C’est le cas au sujet de la solidarité avec la résistance palestinienne et de la critique du génocide mis en œuvre délibérément par Israël, que l’on laisse assimiler dorénavant à une apologie du terrorisme, voir à de l’antisémitisme.

Les intérêts géopolitiques des États, le commerce, le contrôle, et le pillage des richesses, les conditions de leur accès, le soutien aux entreprises transnationales, la mainmise sur les communications et les technologies du futur, les conflits asymétriques qui se multiplient son autant de sujets qui sont au cœur des préoccupations de chaque État et gouvernement.

Par ailleurs, cela contribue à déterminer les alliances, les politiques nationales et internationales et à influer sur les rapports de force. Bien évidemment, la France n’échappe pas à cette réalité, à cette façon de voir et de faire. Cela était vrai hier de sa politique internationale comme puissance coloniale et impériale cela est le cas aujourd’hui, en particulier en Afrique ou dans ce que l’on nomme les territoires et départements d’Outre-Mer ou la France revendique un pré carré de plus en plus en perdition. Toutes ces considérations et ces constats influencent la vie des gens au quotidien et tout spécialement celle des travailleurs au sein des entreprises.

Il n’y a pas de philanthropie dans les relations internationales, chaque État défend ses intérêts nationaux et l’ONU n’est que le reflet d’un rapport des forces. Comme on vient de le voir récemment, à la fois capable à son Assemblée Générale de voter à une très large majorité la reconnaissance et l’adhésion de la Palestine au système onusien mais, dans le même temps, incapable d’appliquer cette décision par le veto des Etats-Unis et l’opposition hystérique d’Israël.

Même vassalisée et atlantiste, la France est une des principales puissances impérialistes, puissance nucléaire, elle est membre du conseil de sécurité de l’ONU. Elle aspire à jouer un rôle déterminant dans le leadership qu’elle partage avec l’Allemagne en Europe. Cette réalité impose une responsabilité particulière aux syndicats et à la CGT en particulier. Elle a donc besoin à tous les niveaux de son organisation d’une analyse, si elle veut jouer un rôle et prétendre à une stratégie syndicale conséquente susceptible de peser sur les orientations de la France et au-delà, qu’il s’agisse de celles du gouvernement, comme des entreprises, ou des institutions supranationales voire des différentes forces politiques. Ainsi, la récente orientation en forme de provocation irresponsable annoncée par Macron d’impliquer la France aux côtés du régime néo nazi de Kiev, devrait faire l’objet d’une action résolue de la part de la CGT, tout comme d’ailleurs des organisations pacifistes pour s’y opposer. Nous n’en sommes pas là. Et cela d’autant plus que la CGT entretient dorénavant des relations étroites et soutient financièrement une organisation prétendument syndicale comme la KVPU dont le principal dirigeant Mikhaielo Volynets est un cadre du mouvement nazi AZOV auquel d’ailleurs Volodymyr Zelensky vient de rendre un hommage appuyé.

Quelle activité internationale de la CGT ?

Dans ce contexte, et pour ces raisons, la CGT avec d’autres organisations en Europe, dans le monde et pas exclusivement syndicales se doit d’échanger, de partager, de s’informer, de façon bilatérale ou multilatérale avec l’objectif que ce travail soit utile à son combat et à celui d’autres. Est ce la démarche qui l’anime aujourd’hui en toutes circonstances ? Rien n’est moins sûr ?

Ni angélisme, ni idées reçues, ni a priori, la CGT a besoin de tous les éléments d’appréciation pour se déterminer en connaissance de cause. Elle se doit de les apprécier à partir de principes, et non à partir de positions de circonstances déterminées par l’air du temps, ou tout simplement par le souci d’être euro compatible c’est-à-dire en conformité avec la pensée syndicale réformiste dominante au sein de la plupart des confédérations syndicales en Europe.

L’activité internationale de la CGT se doit d’être indépendante et pour ces raisons être un engagement constant dans le but de nouer les solidarités nécessaires et construire des rapports de force internationalement permettant aux peuples et aux travailleurs de gagner. C’est historiquement cette démarche qui à contribuer à lui donner ce caractère singulier, et son identité comme à la reconnaissance internationale qui est, ou disons plutôt, qui a été la sienne.

Il existe dans le mouvement syndical international deux conceptions, deux visions, une approche de classe et une autre qui est une conception réformiste et de collaboration de classes. Ainsi, par exemple, il existe deux confédérations internationales, la CSI et la FSM, pas une, mais deux. Par ailleurs il y a aussi d’autres structures régionales pour chaque internationale syndicale, ce qui représente mondialement une force organisée incontestable que l’on évalue autour de 450 millions d’affiliés étant entendu qu’un grand nombre de confédérations syndicales n’on pas d’affiliation internationale, c’est le cas par exemple de la Fédération des Syndicats de Chine. Toute la question étant de savoir comment cette grande force des syndicats dans le monde intervient et pèse en faveur de la justice sociale, de la paix, de la coopération, du développement et des intérêts des peuples.

Si l’on jette un regard rapide sur les débats dans la CGT que constatons-nous, s’agissant de la FSM, de la CES ou de la CSI ?

Qu’en est-il de la FSM ?

Des militants voudraient ignorer ou feindre d’ignorer l’existence de la FSM. Pourtant celle-ci défend des positions anticapitalistes et anti impérialistes. Sa représentativité est indiscutable, elle revendique désormais près de 110 millions d’adhérents dans plus de 135 pays. Son congrès de Rome en mai 2022 a été un succès, tant par une participation exceptionnelle y compris de syndicalistes et étasuniens ou du DGB allemand, que par les décisions prises pour être toujours mieux en phase avec les luttes sociales et politiques émancipatrices sur le terrain. Elle est présidée par un dirigeant de la prestigieuse COSATU d’Afrique du Sud et animée par un nouveau secrétaire général, Pambis Kiritsis de la PEO, cette importante centrale syndicale particulièrement combative à la tête des luttes des travailleurs chypriotes.

Est-il acceptable de se taire, pire de cacher la solidarité qu’exprime la FSM vis-à-vis des luttes des travailleurs français comme encore récemment à l’égard de Jean-Paul Delescaut, dirigeant de la CGT du Nord ou, comme ce fut le cas dans l’important mouvement sur les retraites et alors qu’internationalement, elle a été la seule dans ce cas ? Pas seulement avec des déclarations mais avec des initiatives concrètes dans les entreprises devant les ambassades de France, comme dans les manifestations en France et dans de très nombreux pays. Alors pourquoi le taire, pourquoi cet ostracisme d’un autre âge ?

Autre exemple : ne faut-il ne rien dire sur le fait que d’importantes Confédérations dans le monde ont préféré choisir la FSM plutôt que la CSI, c’est le cas en Afrique, en Asie, en Amérique Latine ? On ne saurait écrire ou réécrire l’histoire comme elle convient.

Disant cela, l’intention n’est pas de démontrer que la FSM serait sans critiques, sans carences, sans faiblesses, ni insuffisances. Bien sûr, il est important pour la FSM de disposer d’une stratégie de conquête dans les pays développés particulièrement en Europe où son implantation reste faible, même si elle a progressé comme en Italie, en Grèce, en Grande Bretagne et en France notamment avec des organisations représentatives et combatives. La FSM doit également et impérativement trouver les moyens de dialoguer et de coopérer pour agir avec toutes les forces syndicales qui se battent résolument et dont les orientations s’opposent aux capitulations de la CES et de plusieurs confédérations.

Mais, il est un fait indiscutable que, depuis son congrès de La Havane en 2005, et alors que beaucoup l’avaient enterré un peu vite, celle-ci s’est profondément renouvelée, transformée en mettant en pratique des réformes que d’ailleurs la CGT avait préconisées concernant la FSM dès les années 90. Les résultats de celle-ci sont incontestables, sa crédibilité a progressé de manière significative. Pour beaucoup de syndicats dans le monde, cette évolution est observée avec intérêt et sympathie comme une alternative possible à la crise du syndicalisme international. La FSM compte de nouveau dans le paysage syndical mondial ! Au nom de quoi et de qui faudrait-il le taire ? Que craint on ?

Existe-t-il un problème avec le syndicalisme qui défend des positions critiques vis-à- vis du capitalisme, de l’impérialisme, de l’Europe, de l’euro et qui attache une grande importance à la solidarité internationale de lutte, qui considère l’action revendicative comme le meilleur et seul moyen pour anticiper toute discussion ou négociations en position de force. L’engagement remarquable et permanent de la FSM vis-à-vis de la résistance palestinienne et de tout un peuple soumis à un génocide est un bon exemple de ses capacités à mobiliser. C’est pourquoi ce syndicalisme de lutte de classes qu’incarne la FSM a les moyens de progresser sensiblement en influence comme en force organisée.

Qu’en est-il de la CES, CSI ?

On aura du mal à trouver le même comportement du côté de la CES et de la CSI. Au plan international et européen celles-ci ne font qu’épouser le point de vue occidental en restant muettes, devant les crimes commis par l’état raciste d’Israël au nom du fait qu’un des affiliés de la CSI est la Histadrut israélienne. Pourquoi ne faudrait-il pas en parler ?

Car enfin, est-on si certain qu’il y a compatibilité entre les orientations des organisations syndicales CGT, en particulier dans les entreprises et celles du syndicalisme européen CES ou celui incarné au niveau international par la CSI ? Qu’en pensent les syndiqués et les militants de la CGT ? Ont-ils la parole à ce sujet ? Si la CGT continue à revendiquer une analyse de classe, celle-ci doit être cohérente avec ses positions internationales ! Si elle fait d’autres choix ce qui est son droit, elle doit le dire, mais c’est à ses syndiqués et militants d’en décider.

Soyons lucide. En Europe, la CGT, de par la combativité de nombre de ses militants et de ses syndicats, est toujours perçu comme une sorte d’anomalie au regard de ce que représente et ce qui domine dans le syndicalisme européen. De nombreuses forces politiques et syndicales aimeraient voir la CGT se mettre définitivement en conformité d’orientation et de fonctionnement avec le syndicalisme européen, permettant de créer ainsi des conditions en faveur de l’émergence en France d’une grand pole syndical réformiste. Bien que cette orientation a été contesté et abandonné par les délégués au 53e Congrès Confédéral, la nouvelle direction de la CGT persiste à ne pas en tenir compte et pousse actuellement plus avant les discussions avec d’autres organisations syndicales comme la FSU, dans le but à terme de fusionner. Ceci ne pourrait être qu’une étape en vue de la création d’un cadre plus large dont l’intersyndicale dans le mouvement des retraites de 2022/2023 avait donné un avant-goût.

Dans ce contexte, apparait de plus en plus nettement l’impasse stratégique dans laquelle se trouve aujourd’hui le syndicalisme européen incarné par la CES et, internationalement, par la CSI. Son institutionnalisation, sa bureaucratisation, son mutisme face au développement de l’action revendicatives souligne ce que ces deux organisations sont en définitive : les roues de secours du système capitaliste dominant, une justification sociale et finalement un des rouages de l’Union européenne et des institutions financières internationales, dont par ailleurs elles sont dépendantes financièrement à travers leur budget comme l’illustre les affaires de corruption dans lesquelles la CES et son ex secrétaire général ont été impliqués récemment et qui ont contraint celui-ci à la démission.

Pendant de nombreuses années l’argument officiel de plusieurs dirigeants de la CGT fut : adhérer à la CES c’est se donner les moyens d’influencer le syndicalisme européen et avec d’autres confédérations rendre celle-ci plus combative, plus démocratique et indépendante. D’autres ajoutaient que l’objectif était aussi de rendre conciliable la CGT avec la conception qui a leurs yeux dominait de manière irréversible le syndicalisme européen et international, c’est-à-dire une vision réformiste des rapports entre le capital et le travail afin de favoriser un prétendu « dialogue social » par la « concertation » la « proposition », la « négociation », le « partenariat ».

Alors que la quasi-totalité des confédérations syndicales en Europe soutenait l’affiliation de la CGT, l’opposition en France, particulièrement de la CFDT, persistait. Lever celle-ci était une condition pour permettre l’affiliation de la CGT du fait des statuts de la CES. Pour sortir de cette situation, il fallait parvenir à un compromis impliquant de la part de la CGT, une révision, un recentrage, en accélérant une mutation déjà engagée depuis des années.

Commodément, ceci fût fait au nom d’un nouveau concept, celui du « syndicalisme rassemblé » ainsi qu’à une modification des statuts en particulier ceux portant sur ce que l’on a coutume d’appeler la double besogne. On s’empressa d’adopter ces changements de principes pour les adapter aux autres confédérations françaises, européennes et internationales. Malgré les critiques fort nombreuses dans la CGT, on a depuis continué à défendre bec et ongles cette conception dont l’échec est patente après plus de 25 ans. Comme on l’a vu au 53e congrès, cette obstination dont certains dirigeants continuent à faire preuve n’est pas sans risques pour l’unité et la cohésion de la CGT.

Cette révision doctrinale à laquelle la direction de la CGT a contribué a entraîné une réorientation des activités internationales de la CGT, une approche différente des enjeux européens, une normalisation des relations avec la CFDT, une révision des fondamentaux comme déjà précédemment l’avait été l’abandon du concept de socialisation des moyens de production et d’échange qui appartenaient au patrimoine de la CGT.

Ce ralliement exigé par la CFDT pour qu’elle accorde son feu vert à l’affiliation de la CGT à la CES fut finalement accepté ! Ainsi, ce n’est donc pas la désaffiliation de la CGT de la FSM qui permit l’adhésion de la CGT à la CES puis à la CSI mais bien un changement d’orientation, et pas seulement s’agissant de l’euro et la construction européenne. Le récent discours de Sophie Binet au dernier congrès de la CES confirme une adhésion sans nuances de la CGT aux conceptions et orientations du syndicalisme européen. Ainsi, selon celle-ci, “ toutes les avancées européennes de la dernière période sont issues de nos luttes coordonnées par la CES ”. Il fallait oser, pour faire apparaître la CES comme l’organisation stratège des luttes de classes en Europe.

Quant à la CSI, les mêmes raisons furent invoquées. La convergence de la CGT au niveau mondial avec d’autres confédérations allait permettre, disait on, de réorienter le syndicalisme international pour en faire un outil au service de la lutte contre les excès de la mondialisation. En réalité, les activités en Europe et dans les institutions internationales ont ainsi pris le pas sur une approche globale, transversale, militante qui était en phase avec les besoins de la CGT dans les entreprises.

Faire ce constat n’a rien de polémique, il s’agit de faits ! Il est important que les militants de la CGT en soient informés pour qu’ils agissent dans la clarté des positions réelles. C’est d’ailleurs le cas de nombreuses organisations de la CGT qui en ont tiré les conclusions, après débats dans leurs organisations respectives, et en les menant jusqu’au bout pour certains en reprenant leur place dans les rangs de la FSM.

Aussi, ne faut-il pas se poser également la question de savoir si aujourd’hui les affiliations à la CES et la CSI demeurent pertinentes et si d’ailleurs à travers l’expérience concrète, elles ne l’ont jamais été.

Quel internationalisme ?

L’internationalisme n’est pas une pétition morale, elle est un trait où devrait être un trait, constitutif d’une conception de la lutte de classes, du sens et de l’orientation donné à un combat comme à l’organisation de celui-ci. Chaque lutte en influence une autre et contribue au succès de toutes. C’est vrai en France ; ça l’est tout autant à une toute autre échelle.

La solidarité internationale fait donc partie d’une démarche conséquente et cohérente parce qu’elle vise à rassembler et unir les travailleurs à travers le monde pour leur permettre des rapports de force capables d’influer sur les choix, les décisions. Il s’agit d’une histoire qui est commune avec d’autres forces syndicales dans le monde. S’agissant de la CGT, c’est là son patrimoine et tous ses militants en sont comptables !

Il est donc nécessaire que la CGT s’inscrive dans cette continuité qui est indispensable au contenu de son action revendicative comme aux valeurs et principes qui sont et qui doivent demeurer les siens. A fortiori dans le contexte d’un aiguisement des luttes de classes au niveau international, de la mondialisation du libéralisme et de l’influence des forces de la finance. Et plus encore si l’on tient compte de la conflictualité extrême et des risques d’une 3e guerre nucléaire mondiale que certains voient imminente.

Nous sommes entrés dans une nouvelle période de l’histoire de l’humanité entre risques et opportunités. La question qui se pose est de savoir si la CGT peut continuer dans la voie de ce syndicalisme international institutionnalisé coupé des réalités des luttes dans le monde et de surcroit aligné sur les positionnements des gouvernements occidentaux. Ainsi en est-il des évènements à Gaza, en Palestine et dans une région ou la CGT entretient de manière sélective des relations qui ne contribuent pas à l’unité et au rassemblement pourtant si nécessaire.

Les militants de la CGT ne saurait-être indifférente aux bouleversements dont le monde est le théâtre, elle ne saurait observer passivement les causes des conflits, des tensions, des crises, des menaces ou des risques de guerre. Par conséquent, elle doit avec les travailleurs prendre parti au nom de son histoire, de ses convictions et de générations de militants engagés dans la lutte pour la justice sociale, le progrès et la paix.

Voilà pourquoi la meilleure solidarité internationale est celle qui repose d’abord sur l’action dans l’entreprise sur ce qui est le lieu de travail, car ce sont là que se noue les contradictions, là que nait la lutte de classes. C’est donc à partir de là qu’il faut l’articuler avec celles d’autres travailleurs et d’autres forces syndicales ailleurs. C’est Benoit Frachon qui disait avec malice « avant de faire le tour du monde, il faut faire le tour de l’atelier ».

Les militants de la CGT sont des internationalistes, non pas en soit, de manière incantatoire ou pour la forme ! Mais tout simplement parce qu’on ne saurait concevoir le sens du combat de classes indépendamment de celui d’autres travailleurs dans le monde et de l’action de leurs syndicats. Leurs victoires, mais aussi leurs défaites sont les leurs !

Ainsi, si l’on est d’accord pour dire que le mouvement syndical international est divers et si il est nécessaire d’échanger, de partager, d’écouter et d’apprendre les uns des autres, alors on ne saurait exclure quiconque ! Cela doit se faire dans le respect des positions de chaque organisation, sans jugement péremptoire, ou pire encore en cherchant à les masquer, à les cacher, à les travestir en faisant parfois preuve d’arrogance et de suffisance.

Concrètement, cela veut dire débattre avec tous sans discriminations, mais aussi sans concessions. Les travailleurs font face à un même système, à un même adversaire, à une même logique d’exploitation et de prédation, à de mêmes objectifs de domination. Dans ce combat on ne saurait écarter aucune force toutes sont nécessaires. Nul ne saurait prétendre qu’il a seul la force qui lui permettra de résoudre les problèmes, ou qu’il a les réponses aux défis auxquels nous sommes aujourd’hui tous confrontés. La CGT se doit de contribuer à cette ambition.

COMMENTAIRES  

22/05/2024 13:16 par Vincent

Pardon d’avance pour le solipsisme énervé qui va suivre, mais en 26 ans de salariat précaire, je n’ai jamais eu la moindre occasion de devenir syndiqué.
Vu de ma fenêtre, les syndicats ne représentent plus (en France) qu’une infime portion des actifs, d’une part, et d’autre part des actifs privilégiés dont les convictions politiques sont figées et inamovibles, pour ne pas dire obsolètes.
Et quand je lis ce que les Jeunes Communistes sont parfois capables d’écrire comme conneries conformes à l’idéologie impérialiste (!), ou quand j’entends un Fabien Roussel se vautrer dans le conformisme atlantiste Bien-pensant sur la situation internationale par exemple, ou encore quand je vois la mollesse impuissante des cortèges contre la dernière réforme des retraites, marchant comme des zombies inutiles derrière des sonos abrutissantes et des slogans insipides, ça n’augure pas vraiment d’un avenir radieux de la part de ceux qui prétendent lutter et savoir le faire...
Toujours d’un point de vue critique qui ne se veut pas constructif, la CGT (et les autres, hein, on est dans le symbole) pour moi c’est une chimère, une force de com’ dont l’action véritable se préoccupe plus d’avoir de nombreux et rutilants ballons et drapeaux à exhiber que de porter la voix de ceux que le management thatchérien butte littéralement, dans l’indifférence et/ou la résignation.
Je n’ai pas non plus vu la CGT s’engager lors des cortèges contre le pass sanitaire totalitaire, liberticide et inique. On en parle ?!
Pour moi on est au delà de l’édifiant.

Bref, la lutte pour la forme quand elle est encadrée par des syndicats dont le rôle est clairement de canaliser et d’étouffer dans l’œuf la colère en la dirigeant vers des impasses et des défaites successives, ça s’appelle au mieux un divertissement, et au pire la plus flagrante des trahisons.
De quel "dialogue social" tu veux me parler, camarade ? La seule chose que je t’ai vu faire, c’est baisser ton slip en te laissant manœuvrer par les fausses concessions faussement consenties par les gouvernements bras armés du patronat cupide, qui te bernent et te dupent en rigolant bien. Tu as vraiment besoin que je te fasse le dessin des conséquences ?!
La revendication, le pacifisme, toutes ces conneries, ont fait leur temps. Il va falloir commencer à comprendre que la lutte va (malheureusement, hein) devoir revenir à une forme que je qualifierai de plus engagée : plus risquée, moins conformiste, moins Bien-pensante, moins inutile et impuissante. Plus violente : oui, tu m’as compris.
Mais il est évident qu’un type comme moi qui tient ce discours le tient parce qu’il n’a vraiment rien à perdre, surtout comparé à un syndiqué dans une grosse boîte avec évolution du coefficient et du salaire, CE, 13ème mois, intéressement, participation, etc.
Je comprends qu’à ce tarif et en se comparant à des ouvriers chinois, on puisse trouver son compte à laisser les autres subir, mais je ne voudrais surtout pas que nous ayons le sentiment d’un clivage entre nous : ce serait vraiment idiot.
Points de suspension...

23/05/2024 08:50 par D.Vanhove

> vincent : absolument d’accord avec votre commentaire (ainsi que celui sur l’autre article de J-P Page)

dès lors que les représentants syndicaux ont de confortables salaires, pensions, voiture de fonction avec chauffeur et autres multiples avantages à l’image du personnel politique, comment penser qu’à un moment, ils pourraient mordre la main qui les nourrit ?!

ils se sont couchés comme tant d’autres se couchent pour un plat de lentilles, selon la formule, et il n’y a plus rien à attendre de ces gens-là... ce qui signifie qu’en effet, quand les citoyens seront encore un peu plus déplumés, ils en viendront à comprendre la nécessité de passer par d’autres moyens, ss doute plus violents

dans cette perspective, je ne peux que conseiller à ceux qui en douteraient encore, la lecture du pt livre de Peter Gelderloos : ’’Comment la non-violence protège l’Etat’’ et qui démontre de manière magistrale comment les salariés embourgeoisés dans cette fiction bien entretenue d’accéder à toujours plus de confort autrefois réservé aux classes supérieures, se sont fait rouler dans la farine jsq’à les émasculer et les empêcher auj’hui de se lever pour les luttes dont on sait qu’elles seront incontournables si l’on veut rétablir un peu de justice sociale

23/05/2024 14:36 par CAZA

Hum Daniel et Vincent .
C’ est qui qui a commencé à trahir ou à faire défection ? L’ ouvrier ou le syndicat .
Qui est en voie de disparition ou d’ embourgeoisement en france ?
Si les syndicats ouvriers sont dégénérés n’ est ce pas parce qu’ ils n’ont plus d’ adhérents surtout chez les jeunes .
De quand date la dernière grève générale en france ?

Mon père disait que " le bien être allait tuer la Classe Ouvrière " .
Peut être aussi les délocalisations vers les moins disant sociaux et l’ accession à la propriété .

https://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2015-4-page-39.htm
https://fresques.ina.fr/panorama-grand-est/fiche-media/GRDEST00130/la-cite-ouvriere-de-mulhouse-et-l-empreinte-du-paternalisme.html

23/05/2024 18:58 par xiao pignouf

Tous ces petits commentaires anti-syndicalistes ou du moins du genre "ça sert à rien", "z"ont rien dit cont’ le covid ou le pass sanitaire", "cédé corrompus"... c’est du pain bénit pour le patronat... La CGT était en première ligne sur les retraites et elle était dans son rôle qui n’est pas de donner son avis sur un sujet de santé publique, elle en a assez sur les bras pour qu’on évite de lui en rajouter. On voit bien ici que le problème, ce n’est pas le syndicalisme, c’est le travailleur qui ne voit plus l’utilité de se syndiquer parce qu’il est perdu, il a mieux à foutre, il préfère un petit bifton tout de suite que 10% d’augmentation et 3 ans de moins à bosser, il ne sait pas ce qu’il veut, il vote à droite au lieu de voter à gauche, il croit davantage en Cyril Hanouna qu’en Karl Marx.

Que les choses soient claires : je ne crois pas que les vrais révolutionnaires commentent sur le Grand Soir.

24/05/2024 09:42 par CAZA

<<< La grève est un choix difficile pour les citoyens endettés et les gouvernements s’en frottent les mains >>>
https://www.les-crises.fr/la-greve-est-un-choix-difficile-pour-les-citoyens-endettes-et-les-gouvernements-s-en-frottent-les-mains/

En France la grève générale et le blocage des moyens de communications n’ existe encore qu’ aux Antilles Guyane et si le mouvement des Gilets Jaunes n’ as pas été suivi par l’ ensemble des salariés par une grève générale c’ est parce que le sentiment d’ appartenance à la Classe Ouvrière n’ existe plus .
Les syndicats ne peuvent pas être plus révolutionnaires que leurs adhérents ( quand ils en ont ).

Aux Antilles Guyane la cohésion autour des mouvement de revendication populaire de toute la population est lié au sentiment d’ être colonisé et l’ endettement pour l’ accès aux biens matériel est moindre qu’ en métropole .De plus la saisie de ce bien pour non remboursement de l’ emprunt est géré avec beaucoup de philosophie .Par les banques également .
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/44-jours-contre-la-vie-chere-les-antilles-en-greves-3443198

24/05/2024 11:25 par Vincent

@xia pignouf
Et moi, cher Jacques, je ne crois pas que quelqu’un qui a fait ta carrière dans la fonction publique en y étant un très haut gradé à l’UCLAT n’ait vraiment son mot à dire sur la situation des ouvriers aujourd’hui ! Vu ?!
Le travailleur sur lequel tu ch.es en l’occurrence il aurait bien aimé être un jour syndiqué ! et ce n’est pas toi qui bossera jusqu’à au moins 64 ans, plus vraisemblablement 67, ni qui subira une grosse décote garantie, hein !?
C’est quoi ton problème : que je laisse entendre que je suis un des trop rares réfractaires à la piqouze totalitaire à laquelle tu as peut-être préféré te soumettre pour pouvoir continuer à jouir de ta confortable retraite dans les troquets parisiens ?! Ou était-ce pour pouvoir organiser un petit vernissage de tes toiles entre bobos "de gauche" amateurs de la bonne musique punk ou hippie des années 70 ?
Tu t’es pris pour un prolo, toi ?! Tu crois que les prolos ont leur mot à dire sur le plateau de BFM peut-être ?! Hmmm ?!
J’ai abîmé ton orgueil d’ancien adhérent à la CGT ?! "La CGT était en première ligne sur les retraites" : c’est à dire en se soumettant bien docilement, ou en n’appelant jamais à la grève générale ?! Moi aussi j’étais en première ligne, vois-tu ? au sens littéral ! Comme j’y étais aussi pendant les GJ où j’ai cumulé plus de temps de manif’ que tu ne peux en compter dans toute ta carrière de militant conformiste bien dans le rang, crois moi !!
Je n’ai aucune leçon à recevoir d’un planqué embourgeoisé dans ton genre, quelle que soit la qualité ou l’engagement de tes pamphlets bien sentis.
Montre-toi donc un peu de respect en m’accordant celui que je mérite.
A la prochaine insulte, je te jetterai mon gantelet, gentilhomme !

24/05/2024 12:46 par Vincent

Post-Scriptum :
La CGT n’avait pas son mot à dire pendant l’épisode "sanitaire" : "elle était dans son rôle qui n’est pas de donner son avis sur un sujet de santé publique"
Ah ! bon ? Donc quand il était demandé aux salariés de présenter patte blanche et de fournir les preuves qu’ils s’étaient fait injecter pour pouvoir entrer dans l’entreprise, faute de quoi ils étaient sujets au licenciement ou à l’interdiction d’exercer leur métier, selon toi les syndicats n’avaient qu’à dire "Amen" en chœur, comme ils l’ont fait ?!
Je te confirme, au vu de cette aberration, que nous n’avons en effet pas du tout la même vision du rôle qu’ils devraient tenir.

24/05/2024 15:16 par Vincent

@ modo LGS :
Pardon, et merci.

24/05/2024 16:15 par xiao pignouf

il était demandé aux salariés de présenter patte blanche et de fournir les preuves qu’ils s’étaient fait injecter

Le monde de l’entreprise n’a jamais été soumis à l’obligation vaccinale, et je ne connais autour de moi (je suis aussi ouvrier) aucune boîte qui l’a mise en œuvre. Chacune faisait sa propre sauce interne. Au sortir d’une telle période, ç’aurait de toute façon été se tirer une balle dans le pied. Les seules obligations que j’ai connues, c’est celle de porter le masque et de se confiner une semaine en cas de contraction du virus. Je crois que tu fais du cas des personnels hospitaliers une généralité. Et s’il se trouve que ça a été le cas, c’est trop rare pour en tenir rigueur à la CGT.

24/05/2024 18:40 par Vania

""Ainsi, la récente orientation en forme de provocation irresponsable annoncée par Macron d’impliquer la France aux côtés du régime néo nazi de Kiev, devrait faire l’objet d’une action résolue de la part de la CGT, tout comme d’ailleurs des organisations pacifistes pour s’y opposer. Nous n’en sommes pas là. Et cela d’autant plus que la CGT entretient dorénavant des relations étroites et soutient financièrement une organisation prétendument syndicale comme la KVPU dont le principal dirigeant Mikhaielo Volynets est un cadre du mouvement nazi AZOV auquel d’ailleurs Volodymyr Zelensky vient de rendre un hommage appuyé.""
Je trouve très grave les relations de la CGT avec des nazis et l’indifférence affichée des dirigeants politiques

25/05/2024 11:06 par xiao pignouf

Le monde de l’entreprise n’a jamais été soumis à l’obligation vaccinale

À l’exception de toute société dont l’activité était en lien avec les établissements de soins : entretien, nettoyage

27/05/2024 09:31 par Jean Grimal

Je trouve que l’article de Jean-Pierre Page pose bien le débat, mais il y manque peut-être le fait que, dans la CGT, certaines structures ne vont pas dans le sens dominant.
Je ferai la même remarque pour les commentaires de Vincent. Oui la direction confédérale de la CGT a été absente à la fois du mouvement des gilets jaunes et de celui contre la dictature sanitaire, mais la CGT est un ensemble divers et on ne peut pas dire que toutes les Unions Départementales étaient absentes de ces combats. L’UD du Nord, notamment à Tourcoing était dans le coup lors des gilets jaunes et cela s’est très bien passé. Ma compagne était à Antibes, à l’époque et c’était compliqué, il y avait deux groupes de gilets jaunes et l’un des deux ne voulait pas de la CGT. Dernier exemple, début décembre 2018, l’UD de la Haute Garonne a convoqué une AG des syndiqués pour discuter de la question. Il y avait du monde ; et les dirigeants se sont aperçus que plus de la moitié des présents étaient déjà dans le mouvement des GJ.
Pour ce qui est de la période "sanitaire", je partage complètement l’avis de Vincent concernant la direction confédérale. J’étais à l’époque dirigeant national de mon Union nationale et j’ai pu aller, en 2020 et 2021 au siège, à Montreuil, c’était Alcatraz. Des flèches au sol, des injonctions écrites sur tous les murs, l’obligation (peu respectée tout de même) de n’être qu’à deux dans l’ascenseur et l’obligation de porter le masque dans les réunions à partir d’un certain temps, ce qui fait que j’ai cessé de participer aux réunions de la CE et démissionné.
Pour autant, là aussi les choses étaient plus compliquées dans l’ensemble de la CGT. A l’été 2021, j’étais co-dirigeant provisoire de l’UD des Hauts-de-Seine et il ne se passait rien avant la manif initiée par Philippot le 17 juillet. J’y suis allé avec ma compagne, pour voir. Il y avait cent mille personnes et pas que des bourgeois de droite, et, notamment, pas mal de jeunes d’origine maghrébine. Nous avons fait une photo avec des gens rencontrés par hasard, une collection de t-shirts allant de Che Guevara à Lénine, nous étions plus de 15. Et puis des UD ont décidé de participer au combat et d’organiser leur propre manif contre les sanctions-injections et le pass. L’UD des Bouches du Rhône et plusieurs autres, dans le sud-est et en Centre Val de Loire ou dans les Pays de la Loire ont organisé des manifestations le samedi. Pour conclure sur ce sujet, l’obligation vaccinale pouvait être non officielle mais réelle, mes deux aînés ont été obligé d’y recourir au moins 1 fois, sous pression de leur direction ; elle et il bossent dans des petites boites. Enfin, je crois que, dans cet épisode, ce n’est pas le prolétariat qui a trahi, au contraire et, en ce sens, la conscience de classe n’est pas tout à fait morte. Je suis instituteur (pas prof des écoles) et, autour de moi, y compris dans la CGT Educ, tout le monde a choisi l’injection pour continuer à aller au bar ou au resto sans se préoccuper de ceux qui ne pouvaient pas ni des soignants réfractaires. Ce sont les petits bourgeois et les classes moyennes qui ont de loin, le plus obéi. Mais tous les militants de la CGT n’ont pas eu la même attitude, ce n’est pas juste de condamner en bloc. J’ai participé à nombre de manifs cet été là, là où elles avaient lieu, et je en suis pas le seul.
Pour revenir au sujet initial, je crois que la CGT est à la croisée des chemins, et pas seulement sur les questions internationales, même si l’affiliation à la CES et l’adhésion complète de nos dirigeants (Sophie Binet dit "notre CES") est vraiment totalement insupportable. Que dire d’une direction confédérale de la CGT qui va négocier (en vain) le travail des seniors alors que, par là même, elle entérine la retraite à 64 ans ?
Il y a à Montreuil et parfois dans les UD un nombre incroyable de bureaucrates, qui gèrent leur carrière et/ou font tout pour ne pas retourner au travail, et ne partent pas forcément à la retraite à 60 ans, ni même à 64. Je ne sais pas s’il y a sociologiquement une aristocratie ouvrière qui se serait "embourgeoisée", je n’y crois guère, mais je sais qu’il y a dans les directions de la CGT et en particulier à Montreuil, pléthore de "professionnels du syndicalisme", sans aucun lien avec les travailleurs, même non prolétaires.
Il y a dans la CGT des gens qui ont des points de vue totalement différents, des sociaux-démocrates adeptes du "dialogue social", mais aussi d’authentiques militants de lutte des classes. A mon avis, ça ne durera pas. Les écarts sont trop important. Il faudrait que les grosses structures qui ont une ligne de classe préparent le CGTU.

27/05/2024 10:16 par Jefresi

"Ainsi, si l’on est d’accord pour dire que le mouvement syndical international est divers et si il est nécessaire d’échanger, de partager, d’écouter et d’apprendre les uns des autres, alors on ne saurait exclure quiconque ! "

Baratin de filou qui ne souhaite qu’inclure la CGT et consort au sein de L’Etat déjà largement accueilli depuis longtemps.
Si les prémisses conditionnelles de l’article et de cette phrase, sont alléchantes en apparence, qu’en est-il de l’inclusion de "quiconque" par ON ?
Faudrait-il qu’ON inclue les sélectionnés par lui-même, et non plus les "tous" supposés ?

27/05/2024 19:23 par Poggiale Avidor Berthe

Syndicalisme international et lutte des classes

Au sein de sa longue rhétorique Jean Pierre Page constate, SANS S’EMOUVOIR« ……. à ce jour la direction de la CGT entretient dorénavant des relations étroites et soutient financièrement une organisation prétendument syndicale comme le KVPU dont le principal dirigeant Mikhaielo Volynets EST UN CADRE DU MOUVEMENT NAZI AZOV ……….. »

Les militants de base de la CGT sont-ils au courant de ce fait monstrueux ????? qui est un affront, une gifle à la mémoire de nos camarades de la CGT de la Résistance à l’occupant nazi lors de l’occupation de la France par les fascistes-nazis hitlériens et pétainistes. Ces camarades de la Résistance voulaient associer leur engagement syndical de classe à leur engagement politique de communistes, CAR à l’issue de la guerre le but était la mise en œuvre, SANS TARDER, d’ une société affranchie de l’exploitation capitaliste.

Quelles sont les raisons qui poussent la direction confédérale de la CGT a dégénérer de la sorte ? Je me répète :

La forfaiture de la direction de la CGT ( hier les Martinez and co) aujourd’hui les Binet and co, a son origine suite au fait terrible pour la classe ouvrière mondiale ( et bien sur française) , qu’après mars 1953, à la mort de Joseph Staline, les renégats incrustés au sein du PCUS ont tout mis en œuvre pour rétablir, en URSS, un capitalisme pur et dur. Et le XXème Congrès du PCUS, tenu en 1956, et le processus de déstalinisation inique qu’il amorça, ne firent que proclamer ouvertement la victoire des forces contre-révolutionnaires. La dégénérescence idéologique et politique du Parti communiste en France a commencé à ce moment là, il y a donc plusieurs décennies, tout comme la dégénérescence de la CGT, lorsque le courant opportuniste de l’eurocommunisme a abandonné les fondements idéologiques du marxisme-léninisme. Les mutations réformistes de la CGT et du PCF se sont accélérées de manière irréversible.
L’actuelle direction confédérale de la CGT ( responsable de cette alliance contre nature avec des nazis notoires ) est composée de renégats accrochés à leurs prébendes et payés plus avec les financements patronaux qu’avec les cotisations des adhérents, et toute honte bue se glorifient de leurs collaborations de classe qui paupérise les prolétaires, les retraités, les jeunes sans emplois, la population.

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