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TERF, Queer, et métaphysique du genre

Ostende, Belgique, il y a quelques mois : une militante féministe (à qui j’ai le bonheur d’être marié), enceinte, sortait scandalisée d’une conférence sur les politiques publiques de la petite enfance : discutant à l’issue du débat avec une députée de gauche au parlement belge sur l’importance d’un allongement du congé maternité, celle-ci s’était insurgée : « c’est une revendication d’extrême droite ! »

Il faut le savoir : Dans le logiciel du féminisme « deux point zéro », congé maternité signifie « pause » prolongée dans la « carrière », « rester plus longtemps au foyer ». N’est-il pas préférable alors, en effet, puisque le lait en poudre « libère » les femmes de « l’aliénant » allaitement maternel, d’allonger plutôt le congé paternité sans toucher au congé maternité, voire en le réduisant ? Mieux : N’est-il pas préférable après tout, par « respect pour la planète » puisque chaque naissance augmente notre « bilan carbone », de ne pas faire d’enfants du tout ? Pour le féminisme bourgeois, les femmes doivent s’émanciper non pas de l’exploitation capitaliste, mais de la maternité elle-même, aliénation « sexiste », « mammalienne », « essentialiste », « patriarcale ».

« Le conflit : la femme et la mère » : tel était le titre du best-seller de la célèbre femme d’affaire Elisabeth Badinter il y a dix ans... Ce paradigm – disons – « maternophobe », désormais courant en occident, cache mal le système qu’il défend objectivement, sous ses apparences émancipatrices : les EU, sans aucun congé maternité, seraient ainsi le pays le plus progressiste tandis que les pays du camp socialiste, avec leurs congés maternité d’un an payés cent pour cent du salaire avec maintien du poste, étaient jadis logiquement les plus réactionnaires...

Ces dernières années, alors que grandit la voracité impérialiste occidentale sur le monde, la superstructure de notre système s’adapte d’autant plus volontiers aux « nouvelles idéologies de gauche » que celles-ci servent secrètement ses intérêts géostratégiques : cherchant toujours un large consentement local à l’agressivité de sa mondialisation, le système voile son incurable suprématisme d’une nouvelle doxa : hier il prétendait « éclairer », « civiliser le monde », aujourd’hui il lui donne (verbalement) des leçons de tolérance et d’ouverture, de parité, d’écocitoyenneté face aux « pollueurs féodaux » plus ou moins « nationalistes » et à tendance « anti-droits-de-l’homme » qui peupleraient notre « périphérie » à l’Est et au Sud.

La question du féminisme « me too »/« balance ton porc » et des « études de genre » (gender studies) partage avec l’écologisme, le laïcisme et le pseudo-universalisme eurocentré une astuce intellectuelle bien utile ; on oppose toujours de façon antidialectique les hommes aux femmes (domination masculine « depuis toujours »), l’humain (prométhéen depuis le néolithique) à l’innocente nature, le rationalisme des « lumières européennes » à la religiosité primaire des « dictatures » orientales. L’impérialisme du XXIe siècle est donc idéologiquement plus raffiné mais, évidemment, pas plus nuancé que celui (raciste et « civilisateur ») du siècle dernier. En somme il poursuit sa domination en apprenant de ses échecs passés.

Le champ revendicatif du féminisme bourgeois dit de « troisième génération » est d’abord axé sur la fameuse question du « patriarcat » féodal (se déclinant en luttes contre la « violence sexiste » et la « charge mentale »), jamais sur la conquête anticapitaliste des droits liés à la maternité, à l’allaitement maternel, au maternage. Il s’agirait là de vulgaires fonctions animales hors du champ « humain » où tout se résume à des « constructions sociales ». S’en détourner explicitement permettraient aux femmes de s’extraire de leur aliénation à la « nature » pour rejoindre, pré carré des hommes, le champ de la « culture ».

Ce féminisme se caractérise donc par une très forte polarité « antiféodale » (légitime en soi par ailleurs) et une très faible polarité « anticapitaliste ». Or c’est bien ici que le capitalisme est le plus développé, et c’est bien là-bas, en « périphérie », qu’est le plus saillant le patriarcat résiduel (semi-féodal et précapitaliste du point de vue marxiste, souvent parce que l’impérialisme occidental l’a maintenu volontairement pour ses intérêts propres contre les bourgeoisies nationales).

Rien de choquant donc, rien de dissonant pour une députée féministe (belge ou française) à qualifier de fascisante la revendication d’une militante, fût-elle tunisienne. Peu lui importe que cette dernière aît passé sa jeunesse dans un pays semi-colonisé et semi-féodal, à militer contre les fascistes islamistes de l’UGTE à l’université, au sein du syndicat étudiant marxiste UGET.

Après quelques années d’échanges, de réflexions communes, de recherches entre nous, c’est avec cette militante marxiste et féministe tunisienne, mon épouse, qu’a été conçu l’argumentaire à partir duquel je rédige le présent article. Biologiste de formation, elle est aujourd’hui éducatrice des jeunes enfants (EJE) en France, engagée syndicalement à la CGT. Loin de moi l’idée arrogante de « parler à la place des femmes » : Sans elle, mon opinion serait restée celle communément admise dans la gauche occidentale bien-pensante.

La maternité, marginale pour le féminisme bourgeois, centrale pour le féminisme prolétarien

Les femmes ne constituent pas une « classe » contrairement à ce que prétendent les féministes post-marxistes (comprendre anti-marxistes) comme Butler ou Delphy. Les citations sont souvent tronquées ou déformées de nos jours pour augmenter la confusion idéologique : Marx n’a jamais écrit « la femme est le prolétaire de l’homme » (citation de la socialiste utopique Flora Tristan au début du XIXe siècle). Et si Engels a bien écrit dans L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État « Dans la famille, l’homme est le bourgeois et la femme joue le rôle du prolétariat », c’est évidemment une image, pour illustrer l’idée d’une exploitation dans le travail domestique et d’une « domination masculine » issue du patriarcat. Marx affirme au contraire dans Le Capital que les femmes ne sont pas une classe mais une catégorie de travailleurs. Ce que tenteront de réviser les théoriciennes du « féminisme matérialiste » des années 70, matrice des TERF (Trans-exclusionary radical feminist (Féministe radicale excluant les personnes trans) et des Queers actuelles.

C’est d’ailleurs l’approche dialectique des classes, chez Marx et Engels, qui leur interdit de considérer les femmes comme une classe sociale : une classe est par définition pour eux une réalité historique, qui naît, se développe et meurt au cours de l’histoire humaine. Ce n’est pas le cas des femmes évidemment, qui se distinguent des hommes avant tout par leur physiologie et constituent une catégorie de notre espèce, permanente tant qu’existera la reproduction sexuée.

Au-delà du seul cadre domestique, le développement du capitalisme a largement poussé sur le « marché du travail » l’ensemble des femmes de la classe ouvrière, utiles car sous-payées et corvéables, donnant d’ailleurs dialectiquement accès aux moyens matériels de leur indépendance économique, sans laquelle aucune émancipation complète n’est possible. Le problème fondamental des femmes de la classe ouvrière est d’abord de concilier par des conquêtes sociales et de nouveaux droits l’indépendance économique avec les contraintes de la grossesse et de la maternité (au centre duquel l’allaitement maternel). Le congé maternité, l’allocation familiale, l’ensemble des systèmes étatiques liés à la petite enfance sont des droits permettant aux mères, en partie au moins, de dépasser la contradiction sans la nier. Le lait en poudre, manne financière de l’industrie laitière, est déconseillé pour des raisons de santé publique par l’OMS qui en restreint la publicité libre : du point de vue biologique, aucun lait en poudre ne peut rivaliser avec le lait maternel qui change de composition d’un jour à l’autre, d’un âge à l’autre en s’adaptant sur le plan nutritionnel et immunitaire, jour après jour, au développement du bébé. Sans parler du rôle de l’allaitement maternel dans son développement psychologique. Militer en prétendant que la généralisation du biberon émancipe la femme est un non-sens qui nuit à la fois à la santé publique et à l’émancipation des femmes par le droit. Droit qui doit permettre le maternage comme choix « libre » : le retour immédiat volontaire au travail est ultra minoritaire, hors de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie. Le féminisme prolétarien au siècle dernier a eu comme point de mire les conditions de vie des femmes et des mères en Union Soviétique. Là-bas chaque usine avait sa crèche, et toutes les conditions sociales permettaient aux mères de conserver leur indépendance économique vis-à-vis des conjoints, un congé maternité de durée encore inégalée à ce jour, etc. De cette indépendance économique et de cette égalité sociale ont surgi les reculs les plus significatifs du patriarcat dans tous les domaines : féminisation de tous les métiers à commencer par les plus qualifiés, parité politique dans les soviets, liberté de divorcer, équité dans le travail domestique et recul des comportement machistes (lire à ce sujet La femme soviétique, George St George, et “ Pourquoi les femmes ont une meilleure vie sexuelle sous le socialisme ”, de l’anthropologue étasunienne Kristen Ghodsee).

Preuve que les femmes sont loin de constituer une « classe » : pendant que les ouvrières luttent pour conquérir des droits leur permettant d’assumer à la fois maternité et travail salarié, les femmes de la petite bourgeoisie (qui constituent le gros des troupes du féminisme actuel) se résignent à théoriser leur échec comme une victoire. Les unes luttèrent contre la prostitution, les autres affirment aujourd’hui « finalement, la prostitution est un travail comme un autre, dont il faut améliorer les conditions d’exercice ». Quand les unes exigèrent des patrons de meilleures conditions de travail en tant que mères, les autres considèrent désormais que la vraie émancipation consiste à se soumettre au marché du lait maternisé (« bio » de préférence bien sûr !), voire à ne pas avoir d’enfants. Bref, pour le féminisme révolutionnaire, le combat vise à conquérir des droits sociaux, le féminisme – disons – réformiste (pour ne pas dire réactionnaire) vise à espérer des aménagements dans l’existant, voire revendiquer des reculs...

Pour les femmes de la bourgeoisie, l’argent est évidemment secondaire : que peut évoquer la nécessité d’un « congé maternité » pour une femme en capacité de prendre un congé sans solde du jour au lendemain, ou dont le mari PDG assure la sécurité financière du couple ? Pour elles, des revendications féministes existent bel et bien, mais qui n’ont rien à voir avec celles des femmes ouvrières. Les femmes bourgeoises veulent (légitimement) leur indépendance financière en travaillant, vis-à-vis du riche mari dont elles dépendent. S’émanciper de leur « prison dorée » suppose un travail autonome, pas des congés maternité dont elles n’ont que faire, quand une nurse s’occupe des enfants à domicile. La marque des intérêts bourgeois est particulièrement criante chez Elisabeth Badinter qui écrit dans [Le conflit : la femme et la mère-https://www.livredepoche.com/livre/le-conflit-la-femme-et-la-mere-9782253157557] : « Nos aïeules du siècle des Lumières nous ont légué ce modèle peu commun d’une femme émancipée, déchargée des soucis du maternage », en considérant les femmes éduquées de la « bonne société » comme des modèles d’émancipation. Contrairement à une idée reçue, les réflexes patriarcaux sont bien plus répandus dans la bourgeoisie que dans la classe ouvrière, ce que confirment les études anthropologiques sur l’histoire des structures familiales.

Le concept scientifique de « patriarcat » dévoyé par le post-modernisme

Sur le plan scientifique, il y a bien sûr un débat au long cours sur cette dernière question : l’approche structuraliste, autour de Claude Lévy-Strauss et ses disciples (et plus tard dans leur sillage, Godelier ou Darmangeat) s’est attachée après-guerre à « déconstruire » la version engelsienne d’une baisse progressive du statut des femmes avec l’évolution des modes de production, communiste primitif, esclavagiste puis féodal. Pour la doxa structuraliste puis post-moderne, la femme a toujours été dominée, même au paléolithique ; ce qu’affirment aussi les féministes « radicales » aujourd’hui. Doxa depuis peu contestée, notamment par Emmanuel Todd, anthropologue qui malgré ses conclusions réactionnaires sur l’évolution « orientale » des systèmes familiaux, s’appuie sur les travaux d’ethnologues « évolutionnistes », comme Morgan ou Westermarck, auxquels Engels lui-même se référait dans son Origine de la famille il y a deux siècles. Le dogme des « invariants anthropiques » a désormais du plomb dans l’aile, et ça ne fait pas les affaires du féminisme bourgeois : le communisme primitif des chasseurs-cueilleurs, fondamentalement caractérisé par une stricte division sexuelle du travail (chasse pour les hommes, cueillette pour les femmes), correspond à des structures familiales primitives de type nucléaire égalitaire, où les statuts des femmes et des hommes sont équivalents : Voir à ce sujet la démonstration claire et illustrée de l’anthropologue Emmanuel Todd dans Où en sont-elles ? Une esquisse de l’histoire des femmes (2022). C’est avec la constitution de patrimoines indivisibles (immobiliers par exemple) que la patrilinéarité inégalitaire (favorable aux fils ainés) s’est imposée et que le statut des femmes a progressivement baissé, avec les familles souches et communautaires. En Europe, marge occidentale de l’Eurasie, pôle actuel du féminisme bourgeois, l’abaissement du statut des femmes a surtout concerné, rétroactivement, les classes dominantes affectées par cette patrilinéarité d’héritage, pendant que les classes dominées restaient globalement de forme nucléaire égalitaire. En somme la culture patriarchale, même si elle diffuse aussi comme idéologie dominante dans toutes les couches de la société, est aristocratique et bourgeoise avant d’être, à la marge et par contagion, prolétarienne.

Les conquêtes des femmes du peuple contre le patriarcat sont bien plus évidentes en ex-URSS par exemple, où les structures familiales étaient intégralement de type communautaire autoritaire/égalitaire (donc très patriarcales) y compris dans les classes populaires, qu’en occident où les mêmes conquêtes (droit de vote, droit au divorce, etc.) ont été plus tardives et non associées aux droits conquis pour dépasser les contraintes de la maternité (droit à l’avortement mis à part), autour des femmes de la petite et de la grande bourgeoisie. Rappelons que contrairement aux femmes révolutionnaires qui conquirent les premières le droit de vote et d’éligibilité dans la jeune Russie des Soviets, les « suffragettes » occidentales défilaient pour les mêmes droits au cri de « nous ne sommes pas comme les nègres (sans droit de vote) » ...

Nature ou culture, faux dilemme des féministes post-modernes

Il faut bien remarquer que l’appui des théories de « gauche » post- et antimarxiste (lacano-freudisme, structuralisme, existentialisme, post-modernisme, etc.) aux luttes des femmes est un épiphénomène occidental, où se manifeste de façon typique leur aversion pour les sciences et pour la biologie en particulier. Aversion qui s’enracine sur le fait, certes bien réel, que les fascistes ont toujours tenu un discours biologisant pour soutenir leur idéologie : celui du darwinisme social notamment, mais aussi les théories génétiques en vogue, compatibles (à l’époque, où « l’épigénétique » n’existait pas) avec l’essentialisme raciste.

Pour bien s’en démarquer (mais de façon mécanique, antidialectique), les antifascistes d’après-guerre se sont tournés vers des « sciences sociales » spéculatives, voire vers des théories ouvertement antiscientifiques comme la psychanalyse ou l’existentialisme heideggérien (et aujourd’hui le post-modernisme), pour recruter leurs intellectuels, voyant avec la plus grande méfiance les sciences expérimentales de leur époque. N’est-ce pas le darwinisme et sa « survie du plus apte » qui a généré l’hitlérisme ? N’est ce pas la physique qui a engendré la bombe nucléaire ?

Ces discours à connotation antiscientifique traduisent au fond une approche immature, idéaliste, volontariste du réel qu’on prétend transformer : La science n’est pas plus responsable des guerres ou du fascisme que la religion elle-même du temps de la Saint-Barthelemy. Et si Marx et Engels en leur temps déjà, testaient leurs hypothèses à l’aune des Darwin, Morgan ou Liebig, les soviétiques ensuite n’ont jamais déduit de la période hitlérienne qu’il faille se détourner de la biologie, bien au contraire. Seuls les intellectuels de gauche occidentaux ont opéré (tendanciellement bien sûr) un tel dénigrement.

Telle est l’origine du paradigme typiquement occidental selon lequel le sexe biologique n’existe plus vraiment chez l’homme, tout ne serait chez lui que construction sociale, sans innéité, sans instincts, sans aucune trace de ses origines simiesques en somme... Or rien n’est plus faux. Non pas qu’il n’existe aucune construction sociale : c’est l’opposition mécanique entre inné, instincts, hormones, gènes d’une part et acquis, plasticité cérébrale, rapports sociaux d’autre part, qui est arbitraire et antiscientifique. Pavlov, jadis héros de la science soviétique et père de la psychologie expérimentale, grand dialecticien, avait compris avant tous les autres en occident la filiation causale entre réflexe, comportement instinctif et comportement acquis, avec la notion de réflexe conditionnel, préfigurant la plasticité cérébrale de la neurobiologie moderne. Un précâblage neuronal dont la « finalité » est de générer des comportements acquis, autrement dit sa propre autodestruction (Cf. Guillaume Suing : Le profit contre la science, Delga 2022).

En occident, on comprend donc l’enjeu de la négation de « l’instinct maternel » : puisqu’il n’existe rien entre le réflexe simple, précablé, et le comportement complexe acquis, et puisqu’indiscutablement « on ne naît pas mère, on le devient », il reste à simplifier la thèse sous sa forme la plus naïve « on ne naît pas femme, on le devient », faisant table rase des enseignements de la biologie. On construit, certes, mentalement un « genre » féminin, par une construction sociale en permanente évolution historique, mais ce devenir s’appuie sur une réalité ontologique indépassable : une femme est avant tout un être humain pourvu d’un utérus et de deux ovaires, s’il faut une définition pragmatique. Sans oublier que cet appareil reproducteur, c’est d’autant plus « gênant » pour les contempteurs de l’instinct, influence réciproquement l’organisation de certaines aires cérébrales. Elle est donc plus qu’une réalité sociale évoluant avec l’histoire, puisqu’elle conserve, au fond, des contraintes objectives, fondatrices, dont la négation ou l’oubli empêchent absolument la résolution.

En somme, en niant les réalités objectives, matérielles, de notre espèce, comme le dimorphisme à l’origine de notre capacité à nous reproduire, en croyant les abolir par simple décret (puisque le réel n’est qu’une construction de notre « intersubjectivité »), on dénature entièrement les revendications centrales du féminisme, celles qui permettent « au-delà » des contraintes biologiques de la reproduction, une stricte égalité sociale (et non une identité) entre hommes et femmes dans la société.

C’est une forme de raisonnement : l’existence actuelle « d’autoentrepreneurs » empêche-t-elle de cerner ou de « définir » la classe ouvrière ? L’existence de la sécurité sociale remet-elle en cause la nature capitaliste du système français ? L’existence de quelques femmes très riches au sein du club fermé des grands patrons remet-elle en cause l’existence tout aussi objective d’une domination masculine dans la société française ? Bref, les « exceptions », en dialectique, confirment la règle, en tant qu’elles démontrent la complexité (et non l’inexistence formelle) de tout phénomène dynamique, historiquement construit. Ainsi, la possibilité que des femmes ne ressentent aucun « instinct maternel » ne démontre en rien que celui-ci n’existe pas... Au contraire, même. La régulation hormonale de cet instinct est attestée par tous les travaux sur le comportement maternel chez l’humain, et la possibilité que cet instinct ne soit pas ressenti prouve simplement qu’il s’agit d’un processus, hormonal, complexe, fruit d’une évolution spécifique au sein de laquelle toute variation ponctuelle peut modifier l’issue à chaque étape. Par la suite il est fort possible que cet instinct soit encore compliqué par des surdéterminations sociales, qui le gêneront ou qui l’encourageront selon les cas. Une construction sociale peut inhiber un instinct, puisque les deux existent objectivement.

On voudrait décréter qu’au-delà de « petites différences anatomiques » (désormais opérables si on y met le prix, dans des cliniques privées qui se frottent les mains), les hommes et les femmes sont psychiquement identiques. On ne pourrait revendiquer leur égalité sociale qu’à cette condition.

C’est une erreur politique doublée d’une contre-vérité scientifique : C’est la conscience d’une contradiction objective, non antagoniste, qui en permet le dépassement, pas le contraire. D’une certaine façon, identité et égalité sont des concepts qui s’excluent.

Deux approches symétriques, antidialectiques et (donc) réactionnaires

On trouvera pour argumenter une telle idée, un peu oubliée aujourd’hui (même dans le mouvement communiste), le fragment d’un texte qui, de mon point de vue, est l’un des plus remarquables du corpus marxiste-léniniste : “ Les problèmes économiques du socialisme en URSS ”, de Joseph Staline (1952). Il critique le volontarisme gauchiste sur un tout autre thème, mais les remarques qu’il en tire se rapportent à bien d’autres dont celui traité ici.

« Certains camarades nient le caractère objectif des lois de la science, notamment celui des lois de l’économie politique sous le socialisme. (...) Ils estiment que, étant donné le rôle particulier que l’histoire réserve à l’État Soviétique, celui-ci, ses dirigeants, peuvent abolir les lois existantes de l’économie politique, peuvent « former », « créer » des lois nouvelles.

Ces camarades se trompent gravement. Ils confondent visiblement les lois de la science reflétant les processus objectifs dans la nature ou dans la société, qui s’opèrent indépendamment de la volonté humaine, avec les lois édictées par les gouvernements, créées par la volonté des hommes et n’ayant qu’une force juridique. Mais il n’est point permis de les confondre.

Le marxisme conçoit les lois de la science, qu’il s’agisse des lois de la nature ou des lois de l’économie politique, comme le reflet des processus objectifs qui s’opèrent indépendamment de la volonté humaine. Ces lois, on peut les découvrir, les connaître, les étudier, en tenir compte dans ses actes, les exploiter dans l’intérêt de la société, mais on ne peut les modifier ou les abolir. À plus forte raison ne peut-on former ou créer de nouvelles lois de la science. (...)

Prenons un exemple parmi tant d’autres. Aux temps anciens, on considérait les débordements des grands fleuves, les inondations, la destruction des habitats et des superficies cultivées, comme un fléau contre lequel les hommes étaient impuissants. Mais avec le temps, avec le progrès des connaissances humaines, les hommes ayant appris à construire des barrages et des stations hydrauliques, on a trouvé moyen de détourner de la société les inondations qui paraissaient autrefois inéluctables. Bien plus : on a appris à museler les forces destructives de la nature, à les dompter pour ainsi dire, à faire servir la puissance des eaux à la société et à l’exploiter pour irriguer les champs, pour obtenir l’énergie électrique.

Est-ce à dire que l’on ait par là même aboli les lois de la nature, les lois de la science, que l’on ait créé de nouvelles lois de la nature, de nouvelles lois de la science ? Évidemment non. La vérité est que toute cette opération tendant à prévenir l’action des forces destructives de l’eau et à l’exploiter dans l’intérêt de la société, s’effectue sans que les lois de la science soient le moins du monde violées, changées ou abolies, sans que de nouvelles lois de la science soient créées. Au contraire, toute cette opération se fait sur la base exacte des lois de la nature, des lois de la science, car une violation quelconque des lois de la nature, la moindre atteinte à ces lois amènerait la désorganisation, l’échec de cette opération. »

Toute contradiction dialectique est animée par « la lutte et l’unité des contraires » (autrement dit ni la lutte seule ni l’unité seule). Elle est dite antagoniste quand elle se résout historiquement par la destruction de l’un des deux pôles (comme la contradiction bourgeoisie-prolétariat dans le système capitaliste). Elle est non antagoniste dans les autres cas. La division des hommes et des femmes dans l’histoire de l’espèce humaine est ici une contradiction non antagoniste, dans laquelle la lutte pour l’égalité ne suppose pas la destruction des différenciations sexuelles (sans lesquelles la reproduction n’est plus possible et l’espèce est condamnée dans son ensemble). Or les deux courants actuels, opposés, du féminisme bourgeois, représentent typiquement deux erreurs symétriques d’une approche antidialectique du problème.

La citation des Problèmes économiques permet de qualifier deux pseudo-stratégies aussi réactionnaires qu’antidialectiques de l’émancipation féminine aujourd’hui : Pour les « queer » et le « féminisme intersectionnel » la différenciation sexuelle n’est que subjective, socialement construite, arbitraire, donc réformable en soi : il suffit de décréter que la frontière entre les genres n’existe pas (ou n’a pas de fondements objectifs ou légitimes) pour « résoudre » la contradiction, puisqu’elle n’est qu’apparente. C’est l’unité (décrétée) des contraires sans lutte. Pour les « TERF » (« féminisme radical » à connotation transphobe) et « l’écoféminisme », au contraire, le sexe féminin est dès l’origine celui de la fertilité et de la vie (le sexe masculin étant celui de la guerre et de la mort), il est donc le sexe supérieur qui doit dominer à son tour, voire anéantir le sexe masculin usurpateur. C’est la lutte (antagoniste) sans l’unité, impliquant une idéologie ouvertement essentialiste et fascisante. A son extrémité, le « lesbianisme radical » de Monique Wittig et consorts considèrent les femmes hétérosexuelles comme des traîtres à la cause et les lesbiennes comme des fugitives de l’esclavage masculin.

Réponse aux « féministes radicales » contre la politisation de la science

Les féministes dites TERF (féministes radicales excluant les transgenres) ou écoféministes, qui considèrent que la domination est consubstantielle au mâle, du point de vue biologique, mettent en avant des questions délaissées par les intersectionnelles... pour revendiquer au final, chez les plus radicales, l’exact opposé des objectifs du féminisme : l’annihilation du masculin en tant que genre, voire en tant que sexe (aisément remplaçable par une banque de sperme à moyen terme) en lieu et place de l’égalité sexuelle.

Il est vrai que les revendications fondamentales des femmes tournent autour de la maternité, y compris pour les femmes qui ne veulent pas d’enfants (ou qui ne peuvent en avoir). Celles-ci sont en effet entraînées avec les autres dans l’abaissement salarial lié au « risque de grossesse » sous le capitalisme. Mais leur lutte contre la « maternophobie » ambiante les pousse, si excès, à considérer « le géniteur » (et non le patron) comme l’ennemi... au point d’y inclure les « hommes qui se sentent femmes », agents objectivement masculins infiltrés dans l’activisme féministe.

Sur ce dernier point, il est sans doute légitime de considérer que la lutte des transgenres pour leurs droits d’exister est une cause distincte, qu’il ne faut pas confondre avec celle des femmes pour leur émancipation sociale. Mais globalement, leur parti pris nataliste, légitime au demeurant, les conduit à essentialiser l’homme et sa domination : la musculature des hommes expliquerait leur violence innée, issue, comme chez les grands singes, d’une compétition darwinienne pour le monopole des femelles. La testostérone, hormone mâle agissant sur les muscles comme sur le cerveau, expliquerait leur tendance dominatrice et guerrière, etc.

La réalité biologique est bien éloignée de ces schémas outranciers, y compris pour les androgènes humains : la théorie de l’évolution tient compte du fait que la plupart des innovations fonctionnelles sont des “ exaptations ”. L’exaptation (inversion du terme finaliste adaptation) est un réemploi pour une fonction nouvelle d’un organe initialement adapté à une fonction sans rapport. Depuis l’évolutionniste – et dialecticien – Stephen Jay Gould et quelques autres saltationnistes, le dogme aristotélicien selon lequel « la fonction crée l’organe » est définitivement révolu. C’est en effet le plumage qui a précédé le vol (chez les dinosaures où il participait à la thermorégulation). Les ailes d’insectes volants servaient avant leur hypertrophie à la respiration trachéale. Le squelette osseux était un simple organe de stockage du calcium avant de devenir la charpente du corps permettant la locomotion chez les vertébrés. En ce qui concerne l’espèce humaine, la socialisation imposée par l’éducation collective (incluant un maternage complexe et long) des jeunes humains, plus longtemps immatures que leurs homologues chez les grands singes, marginalise la « compétition pour les femelles » courante chez ces derniers. La musculature des mâles n’a plus de raison d’être et a tendance à disparaître. De fait chez l’homme, cette musculature proéminente n’est plus aussi développée que chez les gorilles ou les chimpanzés mâles. Cependant, pour une tout autre raison, celle d’une division sexuelle du travail spécialisant les hommes pour la chasse, l’hypertrophie musculaire, plus utile aux hommes, va subsister, sous l’effet d’une sélection naturelle sans rapport avec la domination des mâles sur les femelles (singes anthropomorphes). C’est une exaptation très classique, que seule une approche naïve ou tronquée de l’évolution darwinienne (voire une approche carrément créationniste) peut négliger à des fins idéologiques.

Contrôlant le morphotype musculaire notamment, l’hormone mâle, la testostérone, est considérée, avec le même schéma réducteur, comme l’hormone de l’agressivité. C’est vrai pour les grands singes, beaucoup moins chez l’homme, où elle participe, comme variante des stéroïdes (dont les œstrogènes féminins font partie), à l’instinct de sociabilité et même à l’empathie et à l’altruisme : la chasse consiste certes à tuer, à user de « violence », mais elle est aussi l’occasion de rapporter des vivres à la collectivité, vivres qu’il faut distribuer équitablement et rapidement (la viande se corrompt vite et ne se stocke pas) entre tous les membres de la tribu.

Essentialiser l’aptitude à « dominer » en la biologisant, comme le font les féministes radicales et écoféministes (les œstrogènes favoriseraient la solidarité, la testostérone la violence et la guerre), c’est nier les constructions sociales jusqu’à parfois inverser les rôles : dans une relation de domination bien réelle, entre patrons et ouvriers, qui présentent la musculature la plus développée ? Á moins que cette relation de domination là soit secondaire ou n’existe pas réellement ?

Réponse aux féministes intersectionnelles sur leur conception erronée du « genre »

Mais la division sexuelle du travail collectif, qui ne devient totalement superflue pour les classes dominantes que récemment avec la mécanisation de la production, est encore un problème pour ceux qui, dans le parti antagoniste, décrètent une stricte identité entre les sexes. Comme l’humain serait par définition et dès l’origine sans instinct ni déterminisme biologique, comment expliquer la domination masculine (improprement appelée chez les féministes « patriarcat », concept pourtant scientifiquement précis forgé par des anthropologues), domination forcément socialement construite ? Par la « division sexuelle du travail » elle-même évidemment. Et puisque cette division sexuelle (chasse masculine, cueillette féminine) est attestée dès le paléolithique (avant l’évolution typiquement patriarcale des structures familiales), la domination masculine aurait donc toujours existé. Bref, pour affirmer que la domination masculine est une construction sociale et non un état naturel, on finit par postuler qu’elle est préconstruite dès l’origine...

Chez les militants intersectionnels, l’émancipation des femmes est perçue sur le modèle de l’émancipation des classes sociales exploitées, c’est-à-dire par un dépassement impliquant les seuls rapports sociaux (c’est pourquoi ils se prétendent, à tort, de gauche, voire marxistes). Au lieu de conquérir des droits permettant aux femmes d’assumer grossesse et maternage sans préjudice social, ils préféreront les considérer comme la manifestation (et non le prétexte) de la domination masculine, motif de « l’exploitation » des femmes par les hommes. Comme si les hommes avaient eu besoin de ces grossesses et de ce maternage pour pouvoir, intentionnellement, exploiter les femmes : Il suffit alors de supprimer ces « causes », préférant considérer grossesse et maternage comme le problème, et non comme une contrainte. C’est ainsi qu’on fustigera, à l’instar d’Elisabeth Badinter, la fâcheuse tendance des femmes actuelles à se réapproprier le maternage proximal, tant délaissé par l’hygiénisme des années 70.

Une fois la maternité négligée, voire ostracisée, reste l’objet de tous les problèmes à résoudre du point de vue féministe : le caractère prétendument subjectif et arbitraire du « genre ». En toute logique, la domination masculine se résoudra en réformant la façon qu’a chacun de « se sentir femme » ou de « se sentir homme » ou ni l’un ni l’autre. En gros le problème est désormais formulé de façon idéaliste (l’idée qu’on a de soi-même produit des conséquences dans la matière ensuite), et implique une émancipation « psychologique » de la « féminité » ou de la « virilité » (pendant que le patronat se frotte les mains en espérant la réduction des congés maternité). A la manière des racistes par exemple, qui considèrent que les noirs sont intrinsèquement violents parce qu’ils sont majoritaires dans les prisons américaines, on va mesurer le coût social de la « virilité » à la proportion d’hommes dans les prisons françaises (majoritaires par rapport aux femmes). Raisonnement qui n’est donc pas moins réactionnaire que celui des TERF...

Du fait que le « genre » soit historiquement construit (sur des fondations déterminées par des hormones, des instincts, etc.) pour des raisons injustes ou non, on en déduit qu’il est spontanément « fluide », remodelable à volonté. Des anthropologues post-modernes vont jusqu’à fonder ce postulat sur l’épiphénomène d’un peuple amérindien où l’attribution des genres est inhabituellement complexe, en la considérant par décret comme le cas d’école des structures familiales primitives. On considère alors que la « non binarité » est une simple question de « choix », tout comme le fait d’être « né dans le bon, ou dans le mauvais corps ». Une sorte de choix émancipateur.

Cette dernière expression, à l’instar de cette autre : « mon corps m’appartient », relève du pur dualisme (idéalisme affirmant qu’une âme immatérielle commande le corps), quelle que soit la justesse de la cause revendiquée : Si « mon corps m’appartient » c’est qu’il est une chose distincte de moi, qui peut « appartenir à » (moi ou quelqu’un d’autre) et faire l’objet d’un commerce, légitime s’il est « consenti » : Les intersectionnels sont d’ailleurs souvent favorables à la « prostitution consentie » (concept libéral classique), au commerce « consenti » d’organes ou de nourrissons, à la pornographie. Dans la même veine, « être né dans le mauvais corps » suppose que l’âme prédestinée à un sexe déterminé, préformée (hors de toute différenciation biologique d’ailleurs) peut exister hors du corps sexuellement différencié pendant l’embryogenèse. En d’autres termes, peu importe qu’un utérus existe, ce qui compte est le ressenti subjectif, qu’on veuille s’y conformer (transidentité et cis-identité) ou qu’on veuille le contrarier (en retirant aux femmes la spécificité de la grossesse, de l’allaitement, etc.). Finies les femmes ; donc fini le féminisme. Juste une revendication subjective à « se vivre librement » d’une façon ou d’une autre. Avoir des enfants enfin, pire encore s’ils sont nombreux, relèverait presque de la trahison. Les mères isolées, du haut de leurs barres HLM, pourront attendre longtemps leur émancipation, avec de tels intellectuels pour idéologues.

Quand les TERF se focalisent sur la maternité qui conférerait aux femmes une supériorité innée, les queers quant à eux nient la centralité de cette maternité, soi-disant pour inclure « toutes les femmes » dans le combat féministe moderne (celles qui ne veulent pas d’enfants, celles qui sont transgenres) : le droit (légitime) à résister à « l’injonction d’avoir des enfants », le droit à « être une femme » y compris quand on est biologiquement un homme. Dans ce dernier cas la manipulation ultime consiste à transformer le droit (légitime) à se sentir femme (quand on est un homme), en une affirmation « objective » qu’on est une femme (mais sans utérus). On a ici inventé la cause qui se dissout elle-même en s’affirmant (autrement dit qui ne peut trouver d’issue).

Or, tout comme on ne peut réduire les communistes aux seuls ouvriers, qui occupent pourtant une place centrale dans la lutte de classe du point de vue marxiste, on ne peut réduire les féministes aux seules mères, même si les contraintes liées à la maternité sont centrales dans la contradiction à dépasser. « Être femme » est sans doute autre chose qu’un déguisement caricatural, qu’une apparence plus ou moins ostentatoire et stéréotypée : C’est une conscience, qui d’ailleurs ne va pas forcément de soi puisqu’elle est construite, mais s’avère bien plus complexe qu’un simple ressenti sur les accessoires ponctuels d’un genre en un lieu et à une époque donnée. L’oppression capitaliste particulière des femmes est fondée sur leurs grossesses « potentielles » et s’applique donc même aux femmes qui ne veulent pas d’enfants tout simplement parce qu’elles ont un utérus, et aux femmes stériles qui veulent un enfant (adoption, GPA) parce qu’elles ont, potentiellement ou même simplement du point de vue du patron, un instinct maternel.

Si cette façon de poser le problème apparaît donc contre-productive voire réactionnaire pour l’émancipation concrète des femmes, il ne faut pas en déduire, comme les TERF, que le « genre » est entièrement subjectif ou qu’il n’existe pas. Au contraire : Il y a évidemment une construction sociale objective, vieille de plusieurs millénaires, appuyée sur les (développée à partir de) spécificités biologiques puis sociales des femmes dans la société, et qu’on peut appeler un « genre ». Il contient une dimension de fluidité évidemment comme tout phénomène étudié par la méthode dialectique, qui n’est jamais fixe ou absolu. Il est jusqu’à un certain point dynamique (et non subjectif) et en nier le contenu serait arbitraire autant qu’improductif. Car, du point de vue dialectique, le sexe est la chose « en soi » et le genre la chose « pour soi » ; l’ensemble des rapports sociaux, culturels mêmes, qui fondent la conscience objective d’appartenir à une catégorie spécifique. L’intérêt croissant des jeunes mères ces dernières années pour le maternage proximal en est peut être un symptôme intéressant. La négation de cette conscience là (par les « genders studies ») est une façon de faire reculer la cause des femmes, l’émancipation réelle supposant clairement la conscience collective des contradictions à résoudre.

Théorie de l’attachement et maternité conquérante

Il faut retrouver les bases scientifiques d’une analyse des contradictions en cause dans l’oppression des femmes, dans le cadre général de la lutte des classes. Se refuser à le faire en balayant d’un revers de main la nécessaire critique des différents aspects du féminisme bourgeois, comme superflue dans l’étape actuelle de la lutte générale, c’est permettre à l’adversaire de classe d’instrumentaliser cette cause contre les femmes prolétaires, et donc contre l’ensemble des travailleurs qu’il veut diviser.

La ligne revendicative qui participera au féminisme révolutionnaire ne sera opérationnelle qu’à la stricte condition de comprendre « ce qu’est » être une femme. Et ceci exige un vrai travail scientifique, matérialiste, loin des spéculations antimarxistes de la fin du vingtième siècle. Exactement de la même façon qu’il faut bien comprendre ce qu’est être un ouvrier, en ce qu’il a d’immuable et en ce qu’il a de changeant à travers les époques, pour conduire une lutte de classe conséquente c’est-à-dire révolutionnaire. Il faut bien comprendre ici que « définir » ce qu’est une femme (par la méthode dialectique donc) n’est en aucun cas l’essentialiser, tout comme essentialiser les femmes n’est clairement pas les définir.

Le féminisme révolutionnaire, celui qui n’est pas récupérable par la bourgeoisie, fût-ce par la partie féminine de celle-ci, doit repartir à l’offensive, conscient d’abord qu’il a déjà existé, que des conquêtes cruciales ont été arrachées au vingtième siècle dans le sillage mondial d’Octobre 1917, par une avant-garde prolétarienne et ses organisations féminines de masse, armé ensuite des concepts marxistes permettant de déjouer les pièges idéologiques actuels. Les concepts du matérialisme dialectique sont les seuls susceptibles de réconcilier l’analyse politique avec la science plutôt que de l’en détourner.

Un indice : ces dernières années, on assiste à un renouement inattendu entre la recherche en neuropsychologie et la volonté des jeunes mères d’assumer une place centrale dans le maternage (allaitement, cododo, portage, etc.) de plus en plus incompatible avec la durée actuelle des congés maternité, dans des conditions qui de toutes façons imposent à toutes de travailler plutôt que de « rester à la maison » (luxe des femmes des classes privilégiées). Une rupture s’est opérée avec l’hygiénisme et la psychanalyse des années 70 et 80, grâce aux découvertes des neuropsychologues américains (partant de la fameuse théorie de l’attachement des Winnicott et Bowlby, excommunié par la psychanalyse) sur les ravages psychiques des théories mécanistes d’antan (laisser pleurer le nourrisson seul dans une chambre isolée jusqu’à ce qu’il se taise et « fasse ses nuits », etc.). La théorie de l’attachement réaffirme, sans minorer le rôle de la paternité, l’existence d’une « figure d’attachement principal », d’une inéquivalence entre les deux parents dans les premiers mois du bébé. Cette rupture est sans doute l’occasion pour les jeunes femmes d’aujourd’hui de renouer plus fièrement avec leur « genre », compris comme conscience de soi, « pour soi », et par cette voie, de reprendre l’offensive sur des revendications concrètes vers l’émancipation féministe.

 https://germinallejournal.jimdofree.com/2023/01/26/terf-queer-et-m%C3%A9taphysique-du-genre/?fbclid=IwAR2JK3EEZO8BXk5PzN

COMMENTAIRES  

29/01/2023 19:16 par lou lou la prétroleuse

Pour le féminisme bourgeois, les femmes doivent s’émanciper non pas de l’exploitation capitaliste, mais de la maternité elle-même, aliénation « sexiste », « mammalienne », « essentialiste », « patriarcale ».

Pour le féminisme ordinaire, qui, comme chacun sait, prône le libre choix des naissances et le droit des femmes à disposer de leur corps, le congé maternité devrait être assorti d’un congé paternité de même durée afin que les pères puissent porter aux nourrissons qu’ils ont engendrés autant d’affection et d’intérêt que les mères qui les chouchoutent dès la naissance. Un père peut même participer utilement, pour lui-même, pour sa compagne et pour l’enfant, à la préparation à l’accouchement et participer à ce dernier. Nous avons lutté pour ça, mais je ne sais pas si c’est toujours possible... Car nous sommes en plein recul actuellement et pas seulement en France.

Le GS a semble-t-il une prédilection pour les textes et slogans faisant passer les femmes en lutte pour l’égalité entre les sexes, pour d’horribles mégères bourgeoises et dominatrices (et anti femmes au demeurant), et va jusqu’à interdire le débat dans ses colonnes, à ce sujet : voir le débat, à mon sens amical, avec Caza, sous l’article :
https://www.legrandsoir.info/ecole-des-policiers-apprennent-la-repression-a-des-enfants-de-10-ans.html#forum200056
et le commentaires du GS à 18:06.

J’en suis totalement navrée.

29/01/2023 19:37 par lou lou la prétroleuse

Heureusement qu’il y a des hommes pour expliquer aux femmes comment elles doivent s’y prendre pour mener leurs luttes
contre... contre quoi exactement ? Leur oppression ? leur exploitation ? les féminicides ? Les viols ? Mais non voyons, contre le dévoiement de leurs luttes ! Par qui ? Ben par elles-mêmes évidemment ! Tant qu’elles n’écouteront pas les sages conseils des hommes elles feront comme toujours n’importe quoi !
Merci Guillaume SUING

29/01/2023 21:47 par Xiao Pignouf

Merci à l’auteur pour ce texte passionnant, et surtout merci à son épouse pour avoir instiller en lui cette réflexion.

J’aurai besoin de le relire plusieurs fois afin de faire quelques remarques / poser quelques questions.

@Loulou, il serait bon que vous lisiez le texte avant de le commenter. En effet, à un moment donné, vous verrez, l’auteur prend certaines précautions à propos de ce qui vous préoccupe.

30/01/2023 13:49 par Monsieur Georges

Texte qui remet les pendules à l’heure : les combats identitaires, existentialistes des femmes, accompagnant, appuyant déconstructionisme et post-modernisme, ont fortifié des mots clefs du néolibéralisme comme la compétition et l’individualisme, les conflits sociaux et la dilution sociétale, la perte des repères fondamentaux et de valeurs qui le sont tout autant.

À force de jouer les guerrières, les femmes bourgeoises ou qui aspirent au confort éternel de la bourgeoisie, dont évidemment le confort moral et la certitude d’avoir tours raison, font qu’elles se.retouve sur la ligne se front néolibérale à "se battre pour leur condition" ou soit-disant leur survie.

30/01/2023 13:50 par Monsieur Georges

Intéressant aussi de relire le précédent texte de l’auteur, publié sur LGS.

Un texte qui enjoint à voter pour Mélenchon, dont l’aura de meilleur tribun, analyste géopolitique, meilleure chance de la gauche s’est complètement dissipée dans le post-féminisme et le wokisme Made in USA.

30/01/2023 15:22 par Assimbonanga

@Monsieur Georges
Wokisme Made in... la Sorbonne !
C’est à la Sorbonne qu’un cénacle de réacs a constitué le concept.
Le « wokisme » sur le banc des accusés lors d’un colloque à la Sorbonne
Le wokisme est avant tout une fabrication intellectuelle par des notables de droite.
La pédagogie, la pédagogie, la pédagogie, c’est de ne jamais se lasser de répéter.

30/01/2023 18:28 par Maryse Laurence Lewis

Déjà, juste avant la deuxième guerre mondiale, dans leur "Manifeste des généticiens", Julian Huxley et 21 autres signataires, préconisaient l’invention d’un appareil permettant l’ectogenèse, la possibilité que le fœtus se développe hors du corps d’une femme. Non pas pour la libérer des neufs mois de gestation et d’un accouchement douloureux, mais pour que les femmes soient utiles à la société et travaillent sans avoir à s’absenter quelques mois ! Platon, dans sa "République", proposait de choisir des couples plus parfaits et de les enlever à leur famille, afin que la société se charge de leur éducation. Toutes ces formes d’interventions sont de l’ingérence.

Les femmes et les hommes devraient être libres de prendre un court ou long congé, suite à la naissance d’un enfant. Demeurer à la maison et écrire des livres, par exemple, peut être plus militant que travailler à un endroit et y être exploitée ou soumise à un patron. Le féminisme radical manque de nuances... Quant à l’épigénétique dont fait allusion l’auteur, le précurseur en serait Jean-Baptiste Lamarck.

31/01/2023 01:23 par Danael

Tout à fait d’accord avec l’idée centrale de cette longue analyse résumée dans ce paragraphe :

En somme, en niant les réalités objectives, matérielles, de notre espèce, comme le dimorphisme à l’origine de notre capacité à nous reproduire, en croyant les abolir par simple décret (puisque le réel n’est qu’une construction de notre « intersubjectivité »), on dénature entièrement les revendications centrales du féminisme, celles qui permettent « au-delà » des contraintes biologiques de la reproduction, une stricte égalité sociale (et non une identité) entre hommes et femmes dans la société.

31/01/2023 06:09 par Xiao Pignouf

@Danael

Je l’ai dit, je trouve ce texte passionnant, mais il n’est pas sans points avec lesquels je suis en désaccord. Et celui que vous citez en est un : personne, comme le laisse entendre l’auteur, ne légifère dans un sens où il y aurait négation de ce dimorphisme. Et ceux qui nient ce dimorphisme sont une infime minorité qui n’ont pas plus d’influence que les « platistes » sur l’astronomie.

Ce genre d’affirmation est du même ordre que celle qui circulent sur les trans visitant les écoles pour inciter les enfants à changer de sexe.

J’y reviendrai.

31/01/2023 09:34 par Monsieur Georges

La Sorbonne serait donc un repère de "profs de droite" et cela expliquerait toutes les dérives wokistes ? Parce que la gauche ne s’y est jamais ralliée ou reconnue, dans le woke ?

La Sorbonne une fois de gauche, une fois de droite selon les époques et les convictions de chacun. Un vieux souvenir de mai 68 qui anime toujours les gauchistes devenus publicitaires, "cadres" et microentrepreneurs ou encore responsable syndicaliste quelques années plus tard, le mythe de la Sorbonne rajeunie, une grande aventure intérieure...

31/01/2023 21:13 par Auguste Vannier

Une fois de plus je suis impressionné par la qualité de la réflexion de G.Suing. En tant que scientifique (Sciences naturelles) il fonde ses analyses et ses argument non seulement sur des données biologiques et une réflexion épistémologique approfondie, mais aussi en tant que citoyen cultivé, sur des données anthropologiques qui aident à penser la complexité de cette question des genres (philosophie, histoire, psychologie, sociologie, économie politique). Après avoir déjà bien apprécié son "Écologie réelle, une histoire soviétique et Cubaine" ,Delga 2018, j’ai bien l’intention lire son dernier opus : "Le profit contre la science, une épistémologie post-Covid", Delga 2022

01/02/2023 09:33 par Lou lou la pétroleuse

A Xiao et les quelques mecs que j’espère encore récupérables,

Je trouve ce texte parfaitement malhonnête, et c’est manifestement pour cette raison qu’il intéresse davantage les lecteurs du GS que les articles sur le mouvement en plein essor contre la réforme des retraites... et tout ce qui va avec.

Il l’a trouvé où son manifeste du féminisme 2.0 le machiste de service du GS ?

01/02/2023 10:23 par legrandsoir

Ce genre d’accusation injurieuse, non assortie d’arguments, a peu de chance d’être longtemps publié ici.
Ne parlez pas de censure, mais de nécessaire modération pour que les lecteurs et les administrateurs ne perdent pas leur temps et pour que le niveau de ce site ne dégringole pas.
LGS

01/02/2023 10:34 par Lou lou la pétroleuse

Au GS,
Comment se fait-il que vous laissiez passer les commentaires non seulement injurieux mais également grossiers que j’ai déjà eu l’occasion de dénoncer, de certains de vos lecteurs à ’égard d’autres lecteurs, sans parler des critiques sans fondement, que d’autres que moi ont précédemment dénoncées, notamment à l’encontre de Chomski ?

01/02/2023 17:09 par Assimbonanga

@Monsieur Georges, il s’agissait d’un colloque organisé avec le ministre de l’éducation soi-même ! Personne ne peut s’opposer à un ministre, de surcroît ministre de l’éducation. Ce colloque avait pour but de fonder la théorie du wokisme.
Je ne sais pas où vous voyez quelque chose sur les profs et l’enseignement sorbonal... Une petite tendance à l’extrapolation, peut-être ?

01/02/2023 17:58 par Danael

@Xiao

Ce genre d’affirmation est du même ordre que celle qui circulent sur les trans visitant les écoles pour inciter les enfants à changer de sexe.

Est-ce déjà la grande ligne de votre réponse à l’auteur que j’attends avec impatience ?

02/02/2023 10:43 par Auguste Vannier

G. Suing, dans cet article, s’efforce d’argumenter rationnellement une thèse qu’il pose dès le début :

Pour le féminisme bourgeois, les femmes doivent s’émanciper non pas de l’exploitation capitaliste, mais de la maternité elle-même, aliénation « sexiste », « mammalienne », « essentialiste », « patriarcale ».

Il ne critique pas le "féminisme", mais le "féminisme bourgeois" en tant que ce dernier contribue à développer une "fausse conscience" (occultation de certaines dimensions de la réalité par une idéologie -système d’idées, imaginaire- cf. J.Gabel). Ce phénomène arrange bien les affaires des classes dominantes car il a souvent pour conséquence de détourner l’attention de la critique sociale des causes essentielles de l’aliénation. Le capitalisme de marché totalitaire (système du tout "marché") aliène les humains, parmi lesquels les femmes le sont plus que les hommes. Cerise sur le gâteau, ce système formate les hommes à renforcer l’aliénation des femmes. Ce n’est plus le système qui apparaît coupable aux yeux de certains courants féministes, mais les hommes ou, pire, la condition "biologique" des femmes. Ce n’est qu’en n’étant plus femmes qu’elles se désalièneront.
On peut ne pas être d’accord avec cette thèse, mais il faut avouer qu’elle est ici clairement, sérieusement et subtilement argumentée.
En tout cas elle m’a permis d’y voir plus claire sur cette question.

02/02/2023 16:37 par lou lou la pétroleuse

à A .V.

Elles sont représentées par quelles associations ces féministes bourgeoises ? Elles ont dit quoi précisément, ces associations féministes bourgeoises, qui justifie les propos insultants qui vous ont si bien éclairé ?
Quelle association féministe, bien qu’elles ne soient pas toutes d’accord entre elles, a nié le dysmorphisme sexuel par exemple ? Laquelle a interdit aux femmes d’enfanter ?

Ne venez pas une fois de plus me citer la femme de ministre, soit disant historienne et philosophe, qui n’a manifestement jamais mis le nez dans une thèse d’historienne féministe et qui attribue la libération des femmes (dont nous sommes encore bien loin) à des hommes célèbres du 19e siècle (bien que je n’entende pas enlever à certains de ces hommes le mérite d’avoir effectivement soutenu certaines revendications féministes et dénoncé l’oppression spécifique dont les femmes sont toujours victimes).

Aujourd’hui même je lis dans le figaro qu’une banque ne veut plus sponsoriser une navigatrice à cause de sa récente maternité. Encore une féministe bourgeoise qui la ramène ! Jamais contentes ces bonnes femmes !
https://www.lefigaro.fr/sports/voile/vendee-globe-clarisse-cremer-n-est-plus-la-skipper-de-banque-populaire-20230202

02/02/2023 22:13 par Auguste Vannier

@lllp
J’ai dû rêver, ou projeter mes propres fantasmes, ou me laisser intoxiquer par les media qui promeuvent le wokisme après s’être emparé des différents "combats" féministes pour les caricaturer, les discréditer, et en fait les "instrumentaliser".
La thèse de Suing m’est apparue (personellement) comme un excellent "désintoxicant". Mon commentaire ne visait qu’a partager l’effet qu’elle à eu sur mon inconscient d’homme (pourtant élevé/éduqué par des femmes, sans "patriarche" à proximité).
Bref j’ai mieux compris ces mouvements qui m’ont longtemps laissé indifférent (parfois tout de même agacé). C’est déjà ça, non ?

02/02/2023 22:45 par Xiao Pignouf

@Loulou

texte parfaitement malhonnête + le machiste de service du GS

Ce serait bien que vous développiez un peu vos accusations. Dire que ce texte qui traite du féminisme est mauvais parce que l’auteur est un homme me paraît un peu simpliste.

@Danael

J’ai peur de vous décevoir.

@L’auteur, s’il passe dans le coin.

Je le redis, je trouve votre texte très intéressant.

J’adhère notamment à l’idée d’une dichotomie entre féminisme prolétaire et féminisme bourgeois. Ce rappel est bienvenu. Le féminisme bourgeois étant de droite et par essence homophobe. Du coup, Badinter, cette grande bourgeoise... on la garde ou pas ? Je ne parviens pas à le savoir dans votre texte...

Quelques remarques au fil de ma lecture :

Il me semble qu’il y a une erreur factuelle lorsqu’à un moment donné, vous identifiez les TERF, que vous qualifiez aussi de féministes radicales, aux écoféministes qui entrent dans la catégorie des féministes intersectionnelles. À propos des TERF : apparemment, elles ont plutôt mauvaise réputation dans le milieu féministe, pas seulement parce qu’elles excluent les trans. Même si c’est légitime, comme vous le dites, il y a là pourtant une certaine contradiction : elles rejettent les femmes trans, qui sont pour elles toujours des hommes, mais aussi les hommes trans, alors que dans ce cas et selon leur logique, ce sont toujours des femmes. Le problème des TERF, c’est qu’elles sont amenées, de par leur rejet de la transidentité, à côtoyer des groupes transphobes, et notamment l’extrême-droite. Ce qui a été d’ailleurs l’objet de la polémique JK Rowlings, très bien analysée sur la chaîne YT Shaun pour ceux (et celles !) qui comprennent l’anglais. (je ne peux pas mettre le lien, l’IA du GS le prend pour du spam).

Plusieurs choses me dérangent dans la partie où vous opposez féminisme et transidentité, en dehors du fait qu’elle donne l’impression que la deuxième serait plus ou moins directement responsable du déclin du premier.

Cette phrase en particulier :

Dans la même veine, « être né dans le mauvais corps » suppose que l’âme prédestinée à un sexe déterminé, préformée (hors de toute différenciation biologique d’ailleurs) peut exister hors du corps sexuellement différencié pendant l’embryogenèse. En d’autres termes, peu importe qu’un utérus existe, ce qui compte est le ressenti subjectif, qu’on veuille s’y conformer (transidentité et cis-identité) ou qu’on veuille le contrarier (en retirant aux femmes la spécificité de la grossesse, de l’allaitement, etc.).

D’abord, je m’étonne qu’un biologiste emploie le terme « âme », réservé à d’autres usages moins scientifiques. Mais enfin, faire toute une histoire pour une expression valant les courantes « être né à la mauvaise époque » ou « au mauvais endroit », qui permet semble-t-il, et c’est une fois encore surprenant pour un biologiste, de ne pas parler de dysphorie de genre tout en faisant comme si tout cela n’était finalement que des caprices.

Vous dites aussi :

le droit à « être une femme » y compris quand on est biologiquement un homme. Dans ce dernier cas la manipulation ultime consiste à transformer le droit (légitime) à se sentir femme (quand on est un homme), en une affirmation « objective » qu’on est une femme (mais sans utérus)

(Ce « on » revient souvent dans le texte. Mais qui est-il ? Marrant quand je pense à son étymologie...)

Je ne peux encore une fois m’empêcher de remarquer qu’en ce qui concerne la transidentité, elle n’est problématique que dans le cas d’hommes se sentant femme, beaucoup moins lorsque des femmes se sentent homme. Ce qui reproduit ce schéma que nous avons tous connu, celui d’un de nos camarades, parce qu’un peu trop efféminé, brimé par les autres garçons, insulté, traité de « pédale » (l’actualité nous apprend que ça n’a jamais cessé), alors qu’une fille un peu garçonne, autrement dit un « garçon manqué », s’en sortira beaucoup mieux. Non, monsieur Suing, il n’y pas d’affirmation objective, juste un consensus dans l’entourage de la personne, un genre de transition psychologique collective qui se fait avec plus ou moins de difficultés, plus ou moins de réticences et qui accompagne la personne vers sa nouvelle identité. Les seules assistances que la société offre, c’est de lui permettre de changer officiellement de nom et de lui fournir un accompagnement psychologique au long de sa transition. Mais si ce n’est dans l’esprit de la personne concernée et de ses proches, elle ne devient pas femme, elle ne devient pas homme, elle devient trans. C’est un « troisième sexe ».

Beaucoup plus haut dans votre texte, vous dites :

On voudrait décréter qu’au-delà de « petites différences anatomiques » (désormais opérables si on y met le prix, dans des cliniques privées qui se frottent les mains), les hommes et les femmes sont psychiquement identiques.

Si vous évoquez ici la transition, il me semble que les profits engrangés grâce à ça par les cliniques privées ne volent pas haut. Beaucoup moins en tout cas que la chirurgie plastique. Cela étant dit, je vois, moi, dans la transition, à condition qu’elle soit possible à partir d’un âge où l’on peut prendre une décision mûrement réfléchie (la majorité étant une limite raisonnable), une forme de chirurgie réparatrice. C’est comme cela que l’ont vécu en tout cas, certains de mes proches qui ont franchi le pas (à un âge déjà avancé).

Enfin, vous avez cette sorte de conclusion (qui n’est pas la conclusion de votre article) :

Finies les femmes ; donc fini le féminisme.

La transidentité, ou toute autre conception du genre, serait donc ce qui fera disparaître les femmes, (et le féminisme du coup) ?

Comme vous y allez ! Lorsqu’on évalue la population transgenre y compris non-binaire (queer), on tombe entre 0,15 et 0,40% de la population. Les femmes représentent la moitié de l’humanité. Remplacez-moi ça par « Finis les Français, finie la France ! », les « trans » par les « immigrés » et c’est du même niveau que la théorie du Grand remplacement... Bon, soyons sérieux deux minutes. Le taux de personnes homosexuelles et transgenres est stable et le restera dans toutes les sociétés. Il n’y pas pas plus d’homos, pas plus de trans. Ils sont juste plus visibles, parce qu’on ne les opprime plus... ou moins.

Et ceux qui croient qu’être gay (ou trans) est une maladie contagieuse, une tare génétique, alors il y a du chemin à faire...

Toutes les remarques que je viens de faire n’enlèvent rien à la qualité de l’article, ni à sa conclusion.

03/02/2023 10:08 par babelouest

Rien à faire, cela me choque. C’est une façon (et en tant qu’égalitaire cela m’est absolument insupportable) de mettre en avant les minorités en écrasant la majorité. Pas de discrimination positive, jamais ! Des communautés, je ne vois que les communes et la nation, aucune case, aucun tiroir.

03/02/2023 19:50 par Danael

Donc j’en reviens à ce paragraphe que je juge important :

En somme, en niant les réalités objectives, matérielles, de notre espèce, comme le dimorphisme à l’origine de notre capacité à nous reproduire, en croyant les abolir par simple décret (puisque le réel n’est qu’une construction de notre « intersubjectivité »), on dénature entièrement les revendications centrales du féminisme, celles qui permettent « au-delà » des contraintes biologiques de la reproduction, une stricte égalité sociale (et non une identité) entre hommes et femmes dans la société.

Facile et peu satisfaisant de dire que « ceux qui nient ce dimorphisme sont une infime minorité », Xiao . Car justement, je ne suis pas sûre que soit compris ce dimorphisme et toutes les implications objectives qu’oblige ce dernier pour arriver à construire concrètement une pleine égalité homme femme à tous les niveaux d’où la demande de cette prise de conscience centrale aussi pour les féministes progressistes que l’on retrouve d’ailleurs ici : entre 1:03 43 et 1 :05 53. https://youtu.be/vz5jNVjrPsE
Pour le reste, je vais attendre une réponse de l’auteur qui est le mieux placé pour répondre à vos autres objections .

PS : Toute l’analyse de l’auteur sur le féminisme bourgeois différent du féminisme prolétarien va de soi c’est pourquoi je ne l’ai pas particulièrement relevée.

03/02/2023 21:13 par Auguste Vannier

Comme d’habitude @Xiao votre commentaire est construit et enrichissant.
Sur Badinter, il faut absolument la garder : c’est quasiment à l’état pur la manifestation d’une culture de classe qui s’exprime dans ses analyses au demeurant intelligentes et sensibles, et donc aussi une illustration de ce qu’est la "fausse conscience". On a toujours intérêt à essayer de tirer le meilleur parti des "différences", ça contribue à l’intelligence collective et à comprendre des "adversaires" de classe au fil de la dynamique dialectique.
Il faut à mon avis comprendre "âme" comme la désignation de ce qu’on appelle la "psyché". Au-delà même de son usage psychanalytique, Castoriadis y voit la manifestation d’une fonction imaginaire à laquelle on doit les "représentations" source des symbolismes et de la "création culturelle" -nous sommes traversés en permanence de flux de représentations sans rapports "logiques" avec le réel- par exemple les rêves et les rêveries qui restent en l’état et quasi impossible à verbaliser spontanément, et aussi cette capacité à évoquer ce qui n’est plus ici ni maintenant ou ce qui n’est pas encore (la dimension imaginaire des projets).
Enfin, dans "fini le féminisme" j’ai vu la métaphore de ce que pourrait devenir une société ou les différences ne créent pas de discriminations et d’inégalités, mais constituent ce qui participe à la "sociodiversité" et donc à l’équilibre dynamique des collectifs.
J’aime que sur un site d’information comme LGS puisse se formuler de tels échanges. Ne pas chercher à avoir raison mais donner des raisons de faire évoluer des points de vue...

04/02/2023 09:18 par Xiao Pignouf

@Danael et à l’auteur

Bonjour,

Excusez-moi savez-vous qui sont ceux qui nient ce dimorphisme ? Combien sont-ils/elles ? Il est possible que j’aie mal compris ce que l’auteur sous-entend ici. Car en employant à l’envi un « on » ou des « ceux » sans les nommer, l’auteur est souvent dans l’implicite. Sont-ce certaines féministes ou les transgenres qui phagocytent les mouvements féministes ? Quel est concrètement leur impact sur le féminisme ? Et aussi, j’aimerais savoir comment se concrétise cette négation des différences biologiques hommes/femmes ?

04/02/2023 11:21 par Xiao Pignouf

@Auguste Vannier

Merci. C’est toujours un plaisir de discuter avec vous, et d’autres, encore davantage quand nos avis divergent.

Enfin, dans "fini le féminisme" j’ai vu la métaphore de ce que pourrait devenir une société ou les différences ne créent pas de discriminations et d’inégalités, mais constituent ce qui participe à la "sociodiversité" et donc à l’équilibre dynamique des collectifs.

Si comme vous l’auteur voit dans ce « finies les femmes », une métaphore, peut-il en faire autant dans la formule « être né(e) dans le mauvais corps » ?

04/02/2023 16:31 par jo nice

J’aime beaucoup G.Suing dont le livre sur l’écologie en URSS est passionnant.
Je suis en couple avec une femme trans, donc confronté indirectement aux visions féministes concernant la transidentité et de l’étau que décris l’auteur entre éco- féminisme/TERF (pour qui les trans sont pas des femmes ,sont la pour détruire leur statut, les violer dans les vestiaire etc.) et féminisme queer qui prétend que la transition est un acte politique et que la dysphorie n’existe pas.
je suis globalement daccord avec lui.

Le problème c’est que tous ces gens font de la transidentité un marqueur politique dans un sens ou un autre. Ce qui est le pire service à rendre aux personne concerné pour qui c’est avant tout une question de santé personnel qui ne concernent qu’elles.

@loulou la pétroleuse
Je ne trouve pas ce texte insultant, c’est une analyse complexe de dérives qui ne sont dans l’intérêt ni des femmes ni des LGBT

04/02/2023 20:29 par Lou lou qui en a marre!

A Jo nice,
Malheureusement sur le GS il n’est presque systématiquement question que des dérives et surtout, elles sont systématiquement imputées au mouvement féministe, qui ne les a jamais revendiquées à ma connaissance.
On peut être trans et féministe. Les luttes des femmes, des homosexuels, des trans, pour le droit de chacun, enfants comme adultes, à disposer de son propre corps, sont des luttes solidaires.
Je ne connais pas l’organisation des féministes bourgeoises dont il est question dans cet article ! Isabelle Badinter n’est qu’une bourgeoise individualiste, ses livres et discours n’ont rien de féministe : c’est de la supercherie !

Les termes woke, TERF, Queer, ne font pas partie de mon vocabulaire, je ne sais même pas précisément ce qu’ils signifient. Je soupçonne qu’ils ne signifient pas la même chose pour tout le monde.
Si vous pouvez m’éclairer sur ce point ça faciliterait peut-être la communication. L’article les utilise mais ne les définit pas.

04/02/2023 23:11 par Danael

Bon repetontons-nous :-) version un petit peu améliorée :

L’essentiel étant dit pour la majorité, personne ne rejette ici le fait qu’il y ait différentes psychés et orientations sexuelles (domaine fort complexe par ailleurs) chez les individus qui sont difficiles à faire reconnaître socialement et sont l’objet de discriminations inacceptables dans notre société. D’où de nouveaux mouvements inclusifs que certaines féministes portent et d’autres qui montrent par contre plus de réticence craignant que ces nouveaux mouvements noient les enjeux de base des luttes féministes traditionnelles. C’est un faux débat à mon avis où l’influence petite bourgeoise persiste (des deux côtés d’ailleurs dans cette lutte pour un quelconque monopole du mouvement inutile et clivant). Cuba nous montre le chemin hors de l’exploitation capitaliste et marchande de cette problématique en préservant la dignité et les mêmes droits pour tous.
https://www.solidaire.org/articles/droits-des-homosexuelles-bi-et-transgenres-cupersonnes ba-la-constitution-va-inclure-les-memes-droits

05/02/2023 10:27 par Danael

Pouvez-vous rectifier le lien de mon dernier commentaire . Je vous avez envoyé une adresse plus précise (intéressante entrevue avec la fille de Castro).

05/02/2023 11:05 par Guillaume suing

Merci aux intervenants pour ce débat quime parait passionnant, comme souvent sur le GS !
Je vais tenter une réponse longue au camarade Xiao que je remercie pour son intérêt. A trés vite !

05/02/2023 12:34 par Guillaume suing

J’essaie de répondre au camarade Xiao, que je remercie pour son interet
Il y a je pense quelques malentendus liés peut être à la formulation de certaines phrases, c’est donc important que je précise :
-  Je cite Badinter ironiquement évidemment : elle représente la version la plus réactionnaire du féminisme bourgeois, ancienne génération de féministe type « de Beauvoir ». Je précise toutefois dans le texte que malgré cette approche réactionnaire de la condition féminine, le féminisme bourgeois a concrètement obtenu dans les décennies précédentes des conquêtes importantes (droit de vote, IVG, etc.) conquêtes qui ont profité à toutes les femmes y compris les femmes prolétaires. De mon point de vue, ces précautions dites, le féminisme bourgeois aujourd’hui n’a plus rien à offrir de positif, au contraire même sans doute.
-  Concernant les TERF elles sont effectivement liées à l’extrême droite par transphobie, mais peuvent se fonder sur des motifs qui étaient ceux du féminisme prolétarien jadis. L’écoféminisme pour moi n’est pas intersectionnel, ou en tout cas s’il l’est c’est par confusion idéologique : le modèle de l’écoféminisme est celui du PKK kurde, qui affirme que l’oppression des femmes est liée à leur essence, parce que les hommes sont intrinsèquement guerriers et les femmes intrinsèquement altruistes. Lire à ce sujet la prose récente du PKK et d’Ocalan.
-  Pour la même raison entre féminisme et lutte LGBT il n’y a pas pour moi opposition mais distinction indispensable : la confusion des deux causes laisse croire que la lutte féministe se résume (comme la lutte LGBT) a la conquête de droits démocratiques. Or le féminisme c’est plus que cela : il faut dépasser une contradiction objective, fondée sur la biologie et à dépasser par le social. Il y a sans doute un lien entre lutte LGBT et lutte contre le racisme, mais pas de lien entre lutte >LGBT et féminisme. Si une femme trans EST une femme, alors c’est qu’elle n’est plus « trans ». Si elle est encore « trans » elle lutte mais pour une cause qui n’est pas superposable à celle du féminisme (congés maternité, etc.). Par contre le patronat a tout intérêt à superposer ces deux causes : si le féminisme et la lutte LGBT sont superposables, uniquement fondés sur des droits démocratiques et rien de « couteux » pour eux, l’intersectionnalité représente un « féminisme » bourgeois tout à fait acceptable, voire souhaitable.
-  Concernant le terme « âme », c’est visiblement un malentendu : j’ai évidemment parlé d’une « âme indépendante du corps » ironiquement pour mettre en évidence qu’une telle affirmation est dualiste et non matérialiste. « je ne suis pas né dans le bon corps » est une affirmation dualiste, c’est ce que je voulais dire.
-  Sur le « troisième sexe » à mon tour de ne pas bien comprendre. Mais au fond j’ai essayé précisément de montrer en quoi la lutte contre l’homophobie a quelquechose de très différent de la lutte contre la transphobie (qui à certains égards peut être homophobe, contre « tous les cis »)
-  Sur la « transition » je suis absolument d’accord : elle ne peut être tolérée en dessous d’un certain age, même si de nombreuses cliniques ont tout fait pour imposer (en angleterre en suède qu’elle soit possible dès 14 sans avis des parents).
-  Sur « finies les femmes fini le féminisme », la question de la dysphorie de genre est bien sur quantitativement très minoritaire (même si augmentation en flèche depuis quelques années). Mais ici cene sont évidemment pas les trans eux-mêmes qui dévoient la cause du féminisme prolétarien, mais l’idéologie désormais dominante qui entoure la superposition systématique (dans les médias, clase poitique etc) entre les deux causes. On peut dire que les homos, les trans n’y sont pour rien en tant que tel, cest une évolution systémique, qui accompagne lemouvement me too balance ton porc (lui-même non imputable aux femmes évidemment mais à quelques personnes influentes dans les médias). Je fais remarquer enfin que non : le taux d’homosexuels est stable, pas celui des trans en très forte augmentation. Ce sont deux processus très différents. La preuve parmi les trans l’immense majorité est composée de femmes voulant devenir hommes (chez les ados), ce qui est compréhensible vue la difficulté des filles à affronter l’adolescence dans cette industrie du porno omniprésent et la domination masculine.
-  J’espère avoir été un peu plus clair ! merci pour les objections présentes et à venir, toujours stimulantes.

05/02/2023 14:45 par Danael

@Xiao

Je n’ai pas choisi ce paragraphe pour dénigrer la connaissance de ce dimorphisme de la part des féministes ou dire qu’elles le nient bien au contraire . Facile d’attribuer aux autres des pensées simplistes, Xiao, pour garder raison. Je soutiens l’auteur critiquant cette thèse féministe ou pas , je m’en fous : « on ne naît pas femme, on le devient » faisant fi d’une certaine réalité biologique. Donc si ce n’est qu’une construction mentale en général à quoi bon en effet un mouvement féministe portant aussi sur des droits spécifiques qui concernent directement les femmes comme le droit à l’avortement par exemple. D’où le paragraphe de l’auteur que j’ai repris et que j’approuve.

05/02/2023 16:50 par Xiao Pignouf

@Danael

À aucun moment, je ne vous attribue une pensée simpliste.

On ne naît pas homme, on le devient (Érasme)
On ne naît pas femme, on le devient (Simone de Beauvoir)

Tout ça ne sont que des sujets de philo qui permettent de penser une idée, et aujourd’hui d’en faire des slogans. Pas la négation de la biologie, son dépassement.

@Guillaume Suing

Un grand merci à vous pour votre réponse.

05/02/2023 19:36 par lou lou la pétroleuse

On ne naît pas femme, on le devient

est une citation de Simone de Beauvoir, qui n’est pas à interpréter comme une négation de la différence entre les organes sexuels masculins et féminins, mais comme une analyse des dispositions psychologiques qu’on attribue culturellement aux femmes, des activités qui en découlent (non de la différence des organes sexuels, mais des prétendues dispositions et surtout de la prétendue infériorité des femmes) et des conséquences de ces activités différentes sur le développemnt des individus. C’est ce que Beauvoir analyse dans Le deuxième sexe, en se référant aux connaissances de son temps.

Par contre il est vrai que Beauvoir en arrive à préconiser le refus de la maternité comme base de l’asservissement des femmes. Elle ne pouvait pas avoir connaissance à l’époque des recherches menées depuis concernant la préhistoire et l’apparition de l’agriculture et de la propriété privée, qui semblent avoir été contemporaines avec un changement du statut des femmes, qui avaient jusque à le monopole de l’enfantement, ce qui devait leur conférer un pouvoir non négligeable dans les sociétés primitives.
Au moment du passage à l’agriculture, impliquant la sédentarisation et expliquant l’appropriation de la terre, les dominants se sont efforcés de s’approprier aussi, par tous moyens, la progéniture des femmes et les femmes elles-mêmes. C’est aussi à cette époque que semblent être apparu les guerres dans différentes contrées étudiées, et probablement le début de l’esclavage, c’est à dire la marchandisation des êtres humains par d’autres êtres humains.

Les hommes savent aujourd’hui comment se fabriquent les enfants et la part qu’ils y prennent. Ils sont en mesure de prouver leur paternité sans avoir à s’approprier les femmes... ni les enfants.

05/02/2023 21:51 par Danael

Alors Xiao, c’est exactement ce que dit Guillaume SUING dans le paragraphe avec lequel je suis d’accord.

En somme, en niant les réalités objectives, matérielles, de notre espèce, comme le dimorphisme à l’origine de notre capacité à nous reproduire, en croyant les abolir par simple décret (puisque le réel n’est qu’une construction de notre « intersubjectivité »), on dénature entièrement les revendications centrales du féminisme, celles qui permettent « au-delà » des contraintes biologiques de la reproduction, une stricte égalité sociale (et non une identité) entre hommes et femmes dans la société.

Donc, étonnant votre opposition à mon commentaire.

06/02/2023 08:14 par Xiao Pignouf

@Daniel

D’abord, je ne suis pas en opposition avec votre commentaire mais avec la citation en question.

Ensuite, si, l’auteur dit bien qu’il y a négation du dimorphisme, donc d’un fait biologique. Ce que je conteste en le relativisant par le constat qu’il s’agit d’une infime minorité dont je doute (mais je peux me tromper) qu’elle ait un impact réel sur le sort des femmes en général.

Enfin, quand je parle de dépassement de la biologie, je parle de la formule de Beauvoir qui a des implications plus étendues que celle-ci.

Notre désaccord n’est pas sur le fond mais sur l’interprétation de cette citation de l’auteur à laquelle il a d’ailleurs apporté des éclaircissements. Mon but n’est pas de vous faire changer d’avis ni de vous imposer le mien, mais de clarifier mon point de vue.

06/02/2023 09:54 par CAZA

Bonjour lou lou
C’est lorsque l’humanité a commencé l’élevage que le rôle géniteur des mâles a été mis en évidence .
Et que la femme a perdu le statut que lui conférait le pouvoir de l’enfantement .
Son asservissement a ensuite été rendu obligatoire pour que la transmission de l’héritage n’aille pas a un bâtard .

Il se dit que les premiers louveteaux qui ont été domestiqués ont été nourri au sein car cela se serait produit avant les débuts de l’élevage .
Au début du XXème siècle dans la forêt amazonienne les porcelets abandonnés par la truie pouvaient être nourri au sein .

HéHé :
Des femmes donnant le sein à des cochons il parait que cela a encore cours et pas qu’en Amazonie . .

https://modelevivantaquebec.com/2019/05/06/une-oeuvre-remarquable-la-femme-nourrissant-son-pere/

06/02/2023 22:09 par lou lou la pétroleuse

A Caza,

C’est lorsque l’humanité a commencé l’élevage que le rôle géniteur des mâles a été mis en évidence .

Hélas, ce fut au détriment de celui des femmes, réduites à l’état de vases uniquement destinés à recueillir la précieuse semence masculine, comme l’expliquent très scientifiquement les traités de médecine du 19e siècle.

L’élevage a vraisemblablement commencé à se développer plus tôt que l’agriculture, mais il n’impliquait pas la sédentarisation et ce qui l’a accompagné : l’appropriation de la terre, son héritage et le besoin de main d’œuvre... et semble-t-il aussi les guerres.

Il parait que chez les Touaregs, encore de nos jours, ce sont les femmes qui possèdent la tente, se la transmettent de mère en fille et y invitent leurs maris qui doivent s’annoncer avant d’y entrer (témoignage d’une copine). Ils ont conservé un système de filiation matrilinéaire (ce qui n’implique pas un régime matriarcal). Petit détail amusant, selon wikipedia, ce sont les hommes qui portent le voile.
Bonne soirée

06/02/2023 23:54 par Danael

En effet Caza , d’après ce que nous savons de certains anthropologues sérieux, dans les sociétés primitives il y avait bien une division du travail entre hommes et femmes mais qui n’impliquait aucune différence de pouvoir dans le sens d’une domination de l’un sur l’autre et c’est quand s’est imposée la nécessité de préserver des biens accumulés et d’en faire un patrimoine privé que s’est instaurée une hiérarchisation des rôles.

07/02/2023 08:55 par lou lou la pétroleuse

A danael,

dans les sociétés primitives il y avait bien une division du travail entre hommes et femmes

Caza ne parle pas de la division du travail mais de la conscience de la part des hommes dans la procréation.

De la "division du travail" avant la sédentarisation des populations humaines on sait très peu de choses, et certaines affirmations passées à ce sujet sont aujourd’hui réputées peu fondées. Nous connaissons mieux, les moeurs des populations qui se sont sédentarisées, grâce aux fouilles. On situe ce virage culturel vers le 10e millénaire, mais cette estimation ne concerne que certains sites, car il y a encore des populations nomades, quoique de plus en plus réduites suite à la pression des sociétés sédentaires de plus en plus nombreuses et puissantes.
On ne peut pourtant pas en déduire les moeurs des nomades d’il y a 10 000 ans : leurs conditions de vie n’étaient pas les mêmes ; autres temps autres moeurs.

07/02/2023 13:53 par Georges Rodi

> Lou lou, Caza...

Jadis en Grèce, étaient connues 3 types de prostituées : les Dictériades, considérées commes des marchandises, les Aulètrides, joueuses de flûte ou de harpe, que l’on pourrait comparer aux Geishas, et les Hétaïres, prostituées sacrées, en fait muses savantes qui refusaient tout paiement mais que se disputaient les puissants, comme Aspasie, l’épouse de Périclès, qui fut l’enseignante de nombreux philosophes, Circé qui enchanta Ulysse, Phryné qui servit de modèle à des statues de Venus, ou Hélène de Troie qui fut l’enjeu d’une guerre.

L’histoire originelle se trouve en Mésopotamie, là où sont nées l’écriture, l’agriculture, l’élevage... et la plus grande part des mythes religieux qui dominent encore nos sociétés.
En Mésopotamie où existait une hiérarchie complexe et juridique dans laquelle figuraient les Qadistu, Kulmasitu, Kezeru, Samhatu, Harimtu, Naditu, etc, etc.

Avec parfois quelque difficulté, pour nous, à comprendre le sens ancien du mot prostitution, ou même simplement définir où elle commençait.
Ainsi, le culte d’Ishtar faisait que les femmes devaient un fois dans leur vie aller au temple pour s’accoupler avec un inconnu...
D’autres femmes se donnaient uniquement aux Dieux...
Et enfin, il y avait celles qui ne se donnaient qu’aux rois. Les Lukur.

Ces femmes étaient au sommet du pouvoir, du prestige, et les plus rares de toutes.
Car de fait, elles incarnaient la déesse Ishtar sur terre, elles étaient taboues, sacrées, craintes.
Personne n’avait le droit de les toucher. Sauf le roi.
Plus précisemment, le futur roi, le conquérant qui ne pouvait devenir roi qu’après avoir connu l’union avec la déesse incarnée : c’est ainsi qu’ils devenaient eux-mêmes des personnages sacrés.

Cette union n’avait semble-t-il rien à voir avec le plaisir d’une partie de jambes en l‘air, c’était un rite, parfois public, encadré par des prêtres, sombre et douloureux d’après quelques textes. Maudit était celui qui échouait, et des tablettes d’argile le prouvent, cela s’est produit.

Tout cela pour dire que les oppositions chasseurs/agriculteurs ou entre structures familiales patrilinéaires et bilatérales, sont utiles c’est indéniable, mais elles ont aussi fâcheusement tendance à nous faire tomber dans des approches caricaturales.
L’interview récente d’E.Todd en donne un exemple éclatant (de la minute 36 à 41)
https://crowdbunker.com/v/DEx1WXJG31

A Summer donc, déjà, les femmes pouvaient être tout au fond du fond, ou tout en haut du haut de la pyramide du pouvoir.
L’article de Guillaume SUING a ceci de sympa, il nous rappelle cette simple vérité, dès qu’il y a organisation sociale, il y a classes sociales. Esclaves, ouvriers, bourgeois, haute administration, clergé... Il est normal qu’apparaissent précisemment ici les lignes qui fracturent les luttes de tous les combats.

Pour finir sur une note d’humour, enfin... A voir...
Il y avait autrefois une catégorie de femme qui faisait littéralement les hommes puissants...
Qui sont ces puissants aujourd’hui ? Les Présidents US... Qui mieux qu’eux en font office aujourd’hui ?
Effectivement, les Clinton, Obama, Trump.... Tous ont des épouses que l’on pourrait qualifier de modernes prostituées sacrées.
Et libre à vous d’ajouter E. Macron pour faire bon poids... A vous de voir.
Or, si j’en crois les réseaux, toutes ces épouses sont également soupçonnées d’être transgenres.
Je dis ça, je dis rien...
Quoi qu’il en soit, c’est un sujet :)

08/02/2023 04:48 par Danael

Caza ne parle pas de la division du travail mais de la conscience de la part des hommes dans la procréation.

Merci pour l’information lou lou la pétroleuse. À mon tour de vous demander quel lien logique faites-vous entre l’élevage et la prise de conscience de la part des hommes dans la procréation ? Ils ne l’avaient pas réalisé avant ? La blague ! Parlons plutôt de " filiation patriarcale."qui s’impose pour garantir l’exploitation et l’accroissement d’un Cheptel devenu bien privé.

Donc, au fur et à mesure que les richesses s’accroissaient, d’une part elles donnaient dans la famille une situation plus importante à l’homme qu’à la femme, et, d’autre part, elles engendraient la tendance à utiliser cette situation affermie pour renverser au profit des enfants l’ordre de succession traditionnel. Mais cela n’était pas possible, tant que restait en vigueur la
filiation selon le droit maternel. C’est donc celle-ci qu’il fallait renverser tout d’abord, et elle
fut renversée.

Engels (1884), L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État.

08/02/2023 13:21 par Lou lou la pétroleuse

A Danael

quel lien logique faites-vous entre l’élevage et la prise de conscience de la part des hommes dans la procréation

Je ne dispose d’aucune information à ce sujet. Voyez plutôt avec Caza.
Votre transcription de l’origine de la famille, etc. me semble par ailleurs un peu vague.

A Georges Rodi
L’histoire que vous citez est déjà très éloignée de la révolution néolithique dans le croissant fertile. Elle montre la complexité de l’évolution du statut des femmes de ladite révolution jusqu’à nos jours, qui n’a pas été linéaire. Mais ce n’est qu’une histoire parmi d’autres. Il y aurait peut-être une autre histoire à écrire sur le nivellement progressif des cultures humaines.

08/02/2023 13:26 par CAZA

A l’attention de l’honorable et estimé modérateur .
Ce commentaire n’a rien de politique .

Bonjour Danael .
Il est communément admis dans les milieux autorisés que effectivement l’homme n’a compris que la petite graine c’était lui que lorsqu il a constaté que sans copulation de ses animaux d’élevage il n’y avait aucune naissance chez les femelles dans l’enclos .
Du coup il a rangé au placard ses scarifications du pénis qui avaient pour but de lui permettre l’enfantement car il avait remarqué que les femmes n’enfantaient qu’après saignements mensuels .
Certains n’ont toujours pas compris à l’évidence ce qui les fait perpétuer cet anachronisme au travers de la circoncision .

08/02/2023 17:35 par Lou lou la pétroleuse

A Danael

quel lien logique faites-vous entre l’élevage et la prise de conscience de la part des hommes dans la procréation

Je ne dispose d’aucune information à ce sujet. Voyez plutôt avec Caza.
Votre transcription de l’origine de la famille, etc. me semble un peu vague.

A Georges Rodi
L’histoire que vous citez est déjà très éloignée de la révolution néolithique dans le croissant fertile. Elle montre la complexité de l’évolution du statut des femmes de ladite révolution jusqu’à nos jours, qui n’a pas été linéaire. Mais ce n’est qu’une histoire parmi d’autres. Il y aurait peut-être une autre histoire à écrire sur le nivellement progressif des cultures humaines.

Dans Le livre des merveilles, que j’ai lu il y a longtemps, Marco Polo décrivait les moeurs merveilleuses des provinces chinoises, c’est-à-dire très différentes des nôtres, et très diverses entre elles, et notamment celle d’une société où les femmes se transmettaient la terre de génération en génération, et où les hommes vivaient sous le toit de leur parents, se rendant chez leur femme en invités. Ce qui m’avait amené à m’interroger sur les théories alors seules autorisées de Claude Lévi-Strauss.
J’ai découvert il y a quelques années qu’un telle société existait toujours dans une province chinoise. Elle serait aujourd’hui en voie de disparition (apparemment les hommes trouveraient que c’est mieux ailleurs) :
https://www.nationalgeographic.fr/photographie/les-moso-une-des-dernieres-societes-matriarcales
Et pour un tour d’horizon un peu plus large :
https://fr.unesco.org/courier/2020-1/femmes-puissantes
Remarque : ce n’est pas moi qui ai écrit ces articles, je ne me sentirai donc pas tenue de justifier leur contenu. Je trouverai par contre très choquant que mon commentaire soit censuré.

Encore une petite victoire des femmes :
"La sélectionneuse de l’équipe de France a annoncé que ses joueuses pourraient être accompagnée de leur enfant en Australie et Nouvelle-Zélande l’été prochain.

Une joueuse ayant récemment accouché sera « autorisée à emmener son enfant » au Mondial-2023 féminin (20 juillet-20 août), a déclaré mercredi la sélectionneuse des Bleues Corinne Diacre, qui a affirmé ne pas avoir de « barrière » à ce sujet."
Source : Le Figaro.

08/02/2023 17:53 par Lou lou la pétroleuse

A Danael

quel lien logique faites-vous entre l’élevage et la prise de conscience de la part des hommes dans la procréation

Je ne dispose d’aucune information à ce sujet. Voyez plutôt avec Caza.
Votre transcription de l’origine de la famille, etc. me semble un peu vague.

A Georges Rodi
L’histoire que vous citez est déjà très éloignée de la révolution néolithique dans le croissant fertile. Elle montre la complexité de l’évolution du statut des femmes de ladite révolution jusqu’à nos jours, qui n’a pas été linéaire. Mais ce n’est qu’une histoire parmi d’autres. Il y aurait peut-être une autre histoire à écrire sur le nivellement progressif des cultures humaines.

Dans Le livre des merveilles, que j’ai lu il y a longtemps, Marco Polo décrivait les moeurs merveilleuses des provinces chinoises, c’est-à-dire très différentes des nôtres, et très diverses entre elles, et notamment celle d’une société où les femmes se transmettaient la terre de génération en génération, et où les hommes vivaient sous le toit de leur parents, se rendant chez leur femme en invités. Ce qui m’avait amené à m’interroger sur les théories alors seules autorisées de Claude Lévi-Strauss.
J’ai découvert il y a quelques années qu’un telle société existait toujours dans une province chinoise. Elle serait aujourd’hui en voie de disparition (apparemment les hommes trouveraient que c’est mieux ailleurs) :
https://www.nationalgeographic.fr/photographie/les-moso-une-des-dernieres-societes-matriarcales
Et pour un tour d’horizon un peu plus large :
https://fr.unesco.org/courier/2020-1/femmes-puissantes
Remarque : ce n’est pas moi qui ai écrit ces articles, je ne me sentirai donc pas tenue de justifier leur contenu. Je trouverai par contre très choquant que mon commentaire soit censuré.

Encore une petite victoire des femmes :
"La sélectionneuse de l’équipe de France a annoncé que ses joueuses pourraient être accompagnée de leur enfant en Australie et Nouvelle-Zélande l’été prochain.

Une joueuse ayant récemment accouché sera « autorisée à emmener son enfant » au Mondial-2023 féminin (20 juillet-20 août), a déclaré mercredi la sélectionneuse des Bleues Corinne Diacre, qui a affirmé ne pas avoir de « barrière » à ce sujet."
Source : Le Figaro.

08/02/2023 20:50 par CAZA

HéHé lou lou

Et c’est qui qui va donner le sein ?
Cela va t il être le Papa à qui des glandes mammaires auront été greffés d’urgence en ambulatoire intervention prise en charge par la CPAM ?
Ou va t on faire appel comme dans la Rome antique à une louve immigrée en provenance du désert de pierre Syrien voyage all inclusive payé par le ministère des sports ?
Toujours dans la Rome antique « César était le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris. » nous dit l’historien romain Suétone >>
Et où l’on peut pourtant facilement comprendre la situation beaucoup plus facilement que dans l ’ Elysée actuel

Plus sérieusement et au sujet de l’effet d’aubaine pour le capital d’avoir mis au travail les femmes du prolétariat en faisant miroiter une amélioration du niveau de vie que penses tu du dernier paragraphe de l’article ?
Ce message est personnel : As tu grandi dans une magnanerie cévenole .

08/02/2023 20:53 par Lou lou la pétroleuse

Cher modérateur du soir, du GS

N’en jetez plus ! Une seule édition suffit... Enfin, la dernière, puisqu’entre midi et 17H35 j’ai eu le temps de compléter ce que j’avais initialement posté.
En tout état de cause, tous mes remerciements pour votre courageux combat en faveur de la liberté d’expression et du droit d’informer et d’être informé.e.s

08/02/2023 23:18 par alain harrison

Vous me pardonnerez de ne pas avoir lu l’article, quelques commentaires dont j’ai retenu celui-ci.

02/02/2023 à 10:43 par Auguste Vannier
G. Suing, dans cet article, s’efforce d’argumenter rationnellement une thèse qu’il pose dès le début :

Pour le féminisme bourgeois, les femmes doivent s’émanciper non pas de l’exploitation capitaliste, mais de la maternité elle-même, aliénation « sexiste », « mammalienne », « essentialiste », « patriarcale ».

Il ne critique pas le "féminisme", mais le "féminisme bourgeois" en tant que ce dernier contribue à développer une "fausse conscience" (occultation de certaines dimensions de la réalité par une idéologie -système d’idées, imaginaire- cf. J.Gabel). Ce phénomène arrange bien les affaires des classes dominantes car il a souvent pour conséquence de détourner l’attention de la critique sociale des causes essentielles de l’aliénation. Le capitalisme de marché totalitaire (système du tout "marché") aliène les humains, parmi lesquels les femmes le sont plus que les hommes. Cerise sur le gâteau, ce système formate les hommes à renforcer l’aliénation des femmes. Ce n’est plus le système qui apparaît coupable aux yeux de certains courants féministes, mais les hommes ou, pire, la condition "biologique" des femmes. Ce n’est qu’en n’étant plus femmes qu’elles se désalièneront.
On peut ne pas être d’accord avec cette thèse, mais il faut avouer qu’elle est ici clairement, sérieusement et subtilement argumentée.
En tout cas elle m’a permis d’y voir plus claire sur cette question.

Je crois que Darwin n’est toujours pas passé dans la gorge des suprématistes, hommes ou femmes. La science doit peut-être retrouver son aspect émotionnel, regardé comme irrationnelle. Une opinion fondé sur quoi ? Un sentiment de supériorité. Irrationnelle !

09/02/2023 08:56 par babelouest

@ CAZA
Ma foi, pour mon usage personnel j’aime bien avoir mon verre à soi (même qu’il est écrit dessus “Polyjuice Potion") : bien pratique pour avoir de quoi étancher la soif un peu avant le repas de midi, cela ressemble presque à du lait.....

09/02/2023 11:17 par Lou lou la pétroleuse

A Caza

Je ne suis pas un vers à soie.

Les bons conseils de Mr SUING me semblent superflus... pour les femmes. Comme disait ma maman, on n’est jamais si bien servi que par soi-même.

09/02/2023 11:38 par Georges Rodi

Lou lou

Sympa de rappeler l’existence de la minorité Moso :)
La polyandrie a été assez courante dans les provinces pauvres du sud-ouest de la Chine, au Népal, en Inde, partout où les terres étaient rares et difficiles à travailler. Cette tradition permettait de ne pas diviser les terres entre les membres des fratries, et répartir les tâches (élevage, agriculture)
Aujourd’hui encore, dans quelques minorités, les maris d’une même épouse peuvent se relayer au travail, l’un va en ville quelques mois pendant que l’autre reste pour s’occuper des travaux de la ferme.
C’est quand même en grande partie une tradition liée à la pauvreté.

Je ne vais m’aventurer sur la position de la femme chez les chasseurs/cueilleurs du néolithique.
Chacun est libre de supposer que le pouvoir féminin de donner la vie était sacré, ou utiltaire, ou d’une complexité que nous ne soupçonnons pas...
Summer est un cas intérressant en ce sens qu’il s’agit d’une civilsation qui a laissé beaucoup de traces écrites, et dont la découverte est très récente, ce qui a évité de voir ces traces détruites ou réécrites par des religieux zélés.

Dans cette toute première civilisation, le boisseau de céréales, c’est ce qui servait de base au calcul de la richesse.
Cette richesse pouvait être stockée dans des greniers, avec une classe de guerriers pour en assurer la protection moyennant paiement. (En Chine, cela représentait 1/9 de la récolte)
Restait à trouver un moyen pour que les paysans puissent vivre en attendant la récolte.
L’argent a été inventé pour cela au départ, pas pour commercer : l’argent était la trace d’une avance faite au paysan.
Qui pouvait avancer de quoi vivre aux paysans ? Ceux qui produisaient des poteries, de la bière, des outils... Toutes ces activités qui ne dépendent pas d’une saison.
Les intérêts réclamés faisaient rapidement des paysans des prisonniers de leurs dettes.
Si pour un problème de sécheresse il n’était pas possible de les rembourser, les paysans devenaient esclaves, et leurs épouses prostituées.
La condition des femmes (et des hommes) était déjà une question de classes.
C’était inéluctable.
Et terriblement moderne.

Si ce n’est qu’il y a 5000 ans, le roi avait le droit d’annuler les dettes (Jubilé) pour remettre les compteurs à zero et maintenir une société viable.
Aujourd’hui, il n’y a plus cette soupape entre les prêteurs et les endettés.
Un travailleur moderne ne fait rien d’autre que de payer à crédit par une vie de labeur l’investissement du patron à l’époque du capitalisme industriel, et les crédits+les abonnements+ l’éducation+ la santé+ les assurances et tout ce qui peut être privatisé par le capitalisme financier aujouird’hui.

Ce problème est plus que jamais d’actualité, à une époque où les dettes s’empilent sur les peuples, sans mécanisme pour les réguler ou les annuler, bien que cela ne semble pas poser de problème pour le faire lorsqu’il s’agit des financiers (crise des subprimes, etc).

Alors oui, nous pouvons trouver des objectifs de lutte communs entre femmes "bourgeoises" et "ouvrières", mais cela dit, je rejoins l’analyse de G. Suing, ce ne peut être que marginal.

09/02/2023 14:08 par Georges Rodi

> Xiao
« Cela étant dit, je vois, moi, dans la transition, à condition qu’elle soit possible à partir d’un âge où l’on peut prendre une décision mûrement réfléchie (la majorité étant une limite raisonnable), une forme de chirurgie réparatrice. C’est comme cela que l’ont vécu en tout cas, certains de mes proches qui ont franchi le pas (à un âge déjà avancé). »
Mais qu’en est il en fait de cette décision mûrement réfléchie ?
Je viens de découvrir sur RI un article...
https://reseauinternational.net/cerveaux-denfants-manipules-et-theorie-du-genre-le-pire-de-la-cancel-culture-et-la-circulaire-de-septembre-2021/
qui cite une circulaire du 29 septembre de 2021 du ministère de l’Éducation (au Bulletin officiel) précisant :
1/ « l’identité de genre s’établit par simple déclaration de l’élève ».
2/ « La prise en considération de l’identité de genre revendiquée de la part d’un ou d’une élève ne doit pas être conditionnée à la production d’un certificat ou d’un diagnostic médical ou à l’obligation d’un rendez-vous avec un personnel de santé ».
3/ « l’établissement scolaire doit être attentif à garantir les conditions d’une transition revendiquée – c’est-à-dire la possibilité d’être et de demeurer identifié et visible comme une personne transgenre ».
4/ « Les parents peuvent être tenus à l’écart : “une communication avec les représentants légaux ne doit se faire qu’avec l’accord explicite de l’élève”.
5/ “Dans les cas où le mineur apparaît en situation de danger dans son environnement familial ou de vie, il peut être décidé de rédiger et transmettre une information préoccupante à la cellule départementale de recueil des informations préoccupantes (Crip) ou de faire un signalement judiciaire auprès du parquet des mineurs”.
6/ “Pour accompagner ce changement, l’établissement scolaire substitue le prénom d’usage, de manière cohérente et simultanée, dans tous les documents qui relèvent de l’organisation interne (listes d’appel, carte de cantine, carte de bibliothèque, etc.) ainsi que dans les espaces numériques (ENT, etc.)”.
7/ Des professeurs qui usent du prénom d’état civil peuvent faire l’objet de rappels à l’ordre.
8/ Enfin, l’élève pourra faire convoquer ses parents s’ils s’opposent à ce changement de prénom ».

Qu’un adulte soit insatisfait de son corps jusqu’à masquer sa biologie m’interroge mais bon, venant d’un adulte d’un âge avançé... Je ne peux que souhaiter une suite heureuse... Mais pour des gamins, des ados traversant leur post puberté avec, pour tous et toutes, une foule de doutes et d’incertitudes, cela dépasse l’entendement.
D’autant plus que nous vivons l’époque des réseaux sociaux, dont les algorithmes vont mettre -automatiquement- en relation des jeunes qui vont s’encourager à opérer une transition de sexe que beaucoup regrettent.
https://reseauinternational.net/il-faut-bannir-traitements-hormonaux-et-bloqueurs-de-puberte-a-visee-transgenre-chez-les-mineurs/

09/02/2023 14:23 par Lou lou la pétroleuse

y a 5000 ans, le roi avait le droit d’annuler les dettes (Jubilé) pour remettre les compteurs à zero et maintenir une société viable.
Aujourd’hui, il n’y a plus cette soupape entre les prêteurs et les endettés.

Aujourd’hui les bienfaits de la royauté peuvent être avantageusement remplacés par les mobilisations populaires. Voir l’asso ATTAC, qui est très investie dans ce type de lutte (un peu compliquée pour moi, qui ne suis pas économiste et très peu endettée par tradition familiale : on ne doit pas dépenser plus que ce qu’on a, devenu pour moi plus ou moins consciemment on ne doit pas donner aux banques l’occasion de s’enrichir, c’est déjà bien assez qu’on soit obligé d’avoir un compte en banque pour percevoir son salaire ou sa retraite). Je précise plus ou moins consciemment, parce que consciemment, je pense que les banques pourraient avoir un autre rôle à jouer dans l’économie, que de piller les citoyens).

09/02/2023 20:23 par Xiao Pignouf

@Georges Rodi

Je vais répondre à ton commentaire uniquement par respect pour toi.

Pourquoi cites-tu le seul point sur lequel on est d’accord toi et moi, à savoir qu’une transition chirurgicale ne doit être ouverte qu’à des adultes consentants tout en sous-entendant qu’ailleurs j’approuverais le contraire ?

Ta seule source, c’est un site d’info en ligne qui lorsqu’il se fend d’un article sur l’« invasion trans » l’illustre d’une blague beauf du genre « si ma tante en avait, ce serait mon oncle » et sur lequel on se fait copieusement insulter en cas d’avis contraire.

Et tu m’en fais un résumé en plus ! As-tu au moins pensé à aller lire cette « circulaire » dans sa totalité ou tu t’es contenté de ce que t’a mâché ton site préféré ? Je ne crois pas. Non plus que tu iras. Ce que t’en a dit RI t’a certainement conforté dans ton expertise sur la question.

Le fait que cette circulaire soit, malgré ses maladresses et ses tâtonnements, une tentative de protéger les rares mômes dont l’orientation sexuelle ne correspond pas à la norme et qui du coup se font harceler sans pouvoir passer une scolarité paisible, parfois jusqu’au suicide, n’a aucune espèce d’importance, c’est vrai.

Le fait aussi que personne parmi les experts de RI ne sache faire un distinguo entre un processus sur le temps long (psychologique) et sa possible mais très rare conclusion (chirurgie), tous les deux ayant le malheur de porter le même nom : transition. Les hétéros aux abois, enfermés en famille dans leur bunkers à 200 mètres sous terre, effrayés par une contamination certaine de leur progéniture en cas de contact direct, sursautent à sa seule pensée.

Le fait enfin que tous les termes de cette circulaire soient conditionnés à l’accord des représentants légaux n’a évidemment aucune pertinence.

Que les deux articles que tu donnes en lien soient écrits par une seule et même personne en bonne entente (voir plus) avec l’extrême-droite m’interroge aussi, mais bon... comme tu dis.

10/02/2023 09:57 par Danael

@Lou lou la pétroleuse
Vous voulez des détails, lisez le livre d’Engels comme référence. Vous ferez la connexion et éviterez de rester dans le vague.
@Caza
« Les milieux autorisés » ? Vous avez un peu plus de sources tangibles ? SOS Coluche !

10/02/2023 11:13 par Georges Rodi

> Xiao
"Pourquoi cites-tu le seul point sur lequel on est d’accord toi et moi, à savoir qu’une transition chirurgicale ne doit être ouverte qu’à des adultes consentants tout en sous-entendant qu’ailleurs j’approuverais le contraire ?"

Eh bien justement, je ne questionne pas cette position qui est aussi celle de G Suing, qui est la mienne... Et après voir relu mon commentaire, je ne pense toujours pas avoir sous-entendu quoi te concernant.
Et non, je ne prétends pas avoir la moindre expertise, d’autant que je vis en Chine où tout cela est un non-débat.
Je souhaite juste comprendre quelle est la position officielle française définie par une circulaire.

D’un côté, tu me dis que les termes de cette circulaire sont conditionnés à l’accord des représentants légaux.
De l’autre un article dit le contraire...
... Alors, est-ce que des enfants peuvent, en France, se passer de tout avis médical ou parental avant de se lancer à tort ou a raison dans un ensemble d’opérations parfois irreversibles... ?

Et la question peut se poser, car il y a déjà eu aux US, en Allemagne... des jugements qui ont dénié toute autorité parentale sur cette question.
Y compris lorsque la position parentale peut se limiter à : « attends d’avoir 18, 20 ans pour voir ».
Ce que je voudrais bien évidemment pouvoir dire à mon gamin si la situation se présente.

J’entends l’argument sur la difficulté "des rares mômes dont l’orientation sexuelle ne correspond pas à la norme", ce n’est hélas pas nouveau. Mais quoi, ces rares mômes, qui par définition ne sont pas des adultes consentants, pourront décider de changer de sexe comme si de rien n’était ?

Tu as raison, l’intolérance peut entraîner des suicides.
Mais je te livre 2 éléments de reflexion :
- L’argument du suicide est à considérer de près lorsque la clinique anglaise spécialisée dans les opérations de transition (Tavistock and Portman NHS Foundation Trust) a été fermée justement suite au nombre sans précédent de suicides et problèmes de santé post-opératoires.
- Cette clinique était passée en 10 ans de 140 à 2400 opérations par an.
Ce qui me paraît confirmer le commentaire de G Suing :
"Je fais remarquer enfin que non : le taux d’homosexuels est stable, pas celui des trans en très forte augmentation. Ce sont deux processus très différents..."

La case transition de sexe est souvent vendue comme La Solution pour lutter contre l’homophobie...
Et bien... Cela ressemblerait même plutôt à un moyen moderne, un de plus pour effacer l’homosexualité du paysage.
Il y a eu dans le passé les traitements à base de chocs électriques, puis les idées farfelues qu’il existerait des gênes responsables... Et aujourd’hui il suffirait de se faire raboter le menton, le nez et la machoire, absorber continuellement des hormones, déplacer les masses graisseuses du dos et du ventre vers les hanches, etc, etc. pour règler la question ?
Nous verrons à l’usage, mais j’en doute quelque peu.

10/02/2023 13:57 par Danael

Pour information :https://www.ledevoir.com/societe/education/543666/c-est-la-seule-place-ou-on-m-appelle-par-mon-nom-de-gars

Pas facile la transition de ces enfants qui doit se faire aussi avec les parents, selon moi, avec tous les services nécessaires qui restent déficients dans cette société du fric. L’important est de favoriser et maintenir aussi les liens familiaux à long terme.

10/02/2023 16:46 par CAZA

Humour Danael Humour genre Coluche pourquoi pas .
Faut pas ennuyer ou désespérer le lecteur et si possible l’intéresser .
Perso j’ai lu ça dans une "" Histoire de la civilisation "" de Will Durand ( un américain si ,si) quand j’avais une 20aine d’années dans une édition des années 60 ( 20 tomes quand même sur tout les âges )
J’ai trouvé ça en cherchant longtemps comme dirait lou lou

<<<< Quand et comment les êtres humains ont-ils fait le lien entre le sexe et la naissance des enfants ? Cette corrélation est loin d’être évidente : les relations sexuelles n’entraînent pas automatiquement la naissance d’enfants et il s’écoule beaucoup de temps entre l’acte et ses conséquences
https://www.slate.fr/story/67281/comment-humains-rapport-sexe-bebe

10/02/2023 20:36 par Lou lou la pétroleuse

A danael,

@Lou lou la pétroleuse
Vous voulez des détails, lisez le livre d’Engels comme référence. Vous ferez la connexion et éviterez de rester dans le vague.

Vous n’étiez probablement pas né quand je l’ai lu. C’était il y a longtemps. Engels était très en avance sur les mâles de son temps. Ce n’est manifestement pas votre cas. Je vous conseille en tout état de cause de diversifier vos lectures.

10/02/2023 23:05 par Xiao Pignouf

@Georges Rodi

J’ai décidé de revenir sur le résumé que tu fais de l’« analyse » d’une auteure-médecin clairement en grand besoin de visibilité depuis que le covid s’est aplati comme une crêpe et pour lequel elle a tant donné de sa personne sans en récolter les fruits. Sa cible aujourd’hui ? Les trans. Et comme nombre de réacs de son acabit, l’idée est de faire croire à un danger pour les enfants, similaire à celui de la drogue. Oncologue pédiatrique à la retraite, elle se croit donc compétente en matière de sexualité chez les jeunes... Est-ce qu’un serrurier l’est pour ce qui est d’installer une porte ? En tout cas, c’est dans la droite ligne d’un papier de La Croix sur lequel je suis tombé récemment et qui m’a tellement écoeuré que j’y reviendrai sous la forme d’un article.

Comme les arguments ne courent pas les rues, elle nous dissèque la circulaire du 29-9-2021, dont le but est une « meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire ».

Quelques remarques avant de commencer :

Dans le contexte actuel, la transidentité est une problématique secondaire.
Sortir les phrases de leur contexte facilite leur incompréhension.
J’ai personnellement d’autres chose à faire qu’une explication de texte, alors mieux vaudrait vérifier par soi-même au lieu de se fier à des personnalités douteuses pour se faire une opinion.
J’ai bien conscience que c’est une circulaire du ministère Blanquer... Au fond, ce n’est que de l’encre sur du papier. Sans moyens derrière, ce n’est que cautère sur jambe de bois, pipeau, blabla. La transidentité est instrumentalisée et l’école a des problèmes bien plus importants que ça.

1/ « l’identité de genre s’établit par simple déclaration de l’élève ».
2/ « La prise en considération de l’identité de genre revendiquée de la part d’un ou d’une élève ne doit pas être conditionnée à la production d’un certificat ou d’un diagnostic médical ou à l’obligation d’un rendez-vous avec un personnel de santé ».

Les deux premiers se suivent mais soulèvent le même point : l’identité de genre n’a rien à voir avec le sexe biologique. Elle n’est donc pas scientifiquement démontrable, à l’exception de certains cas particuliers ou d’un bilan psy. Donc oui, l’individu concerné peut seul prononcer son genre. Rappelons-nous bien que contrairement à ce qui semble de plus en plus faussement répandu, la transidentité est rare, de l’ordre de 1‰ et ne se transmet ni par contact physique et encore moins au travers des réseaux sociaux. Le genre et le sexe sont deux choses distinctes, convergentes chez la plupart, divergentes dans des cas rarissimes : un garçon se sent fille, ça ne le rend pas biologiquement fille pour autant, ça le rend trans.

3/ « l’établissement scolaire doit être attentif à garantir les conditions d’une transition revendiquée – c’est-à-dire la possibilité d’être et de demeurer identifié et visible comme une personne transgenre ».

Ici, c’est l’exemple-type de phrase qui, sortie de son contexte embrouille, égare le lecteur. Pour la comprendre, il faut en lire tout le paragraphe : « Ainsi, ce parcours de l’élève peut souvent passer par des étapes d’affirmation sociale (changement d’apparence ou pas, adoption d’un prénom d’usage ou pas), par des révélations volontaires de son identité de genre (ou « coming out ») auprès de l’entourage amical, familial, scolaire, avant éventuellement de se traduire - ou non - par des démarches administratives (modifications de l’état civil) et/ou des démarches médicales (celles-ci n’étant en aucun cas obligatoires dans un parcours transidentitaire). Dans tous les cas, l’établissement scolaire doit être attentif à garantir les conditions d’une transition revendiquée - c’est-à-dire la possibilité d’être et de demeurer identifié et visible comme une personne transgenre - ou d’une transition confidentielle. » Il s’agit avant tout de protéger l’élève en transition, sachant comme le dit ce paragraphe qu’une transition ne se résume pas, comme certains le croient, à un passage sous le bistouri. La transition va de la prise de conscience, en passant par le coming-out, jusqu’à des démarches plus poussées. L’idée est de protéger celui ou celle qui entreprend ce cheminement, qu’il ou elle le fasse de manière ouverte (revendiquée) ou tue (confidentielle).

4/ « Les parents peuvent être tenus à l’écart : “une communication avec les représentants légaux ne doit se faire qu’avec l’accord explicite de l’élève”.

Lorsqu’un ou une élève s’ouvre à un personnel éducatif ou enseignant d’un établissement scolaire à propos de son homosexualité ou de sa dysphorie de genre (ou de tout autre problème lié à l’intime), c’est en effet qu’il ou elle n’est pas en mesure de l’aborder à la maison. Cette situation est on-ne-peut-plus fréquente dans laquelle un jeune craint la réaction parentale. Il me paraît sain de lui garantir le secret de la confidence, ces problématiques n’étant pas des maladies mortelles.

5/ “Dans les cas où le mineur apparaît en situation de danger dans son environnement familial ou de vie, il peut être décidé de rédiger et transmettre une information préoccupante à la cellule départementale de recueil des informations préoccupantes (Crip) ou de faire un signalement judiciaire auprès du parquet des mineurs”.

Je ne m’attends pas à ce que Delépine soit experte dans la protection judiciaire de la jeunesse. Mais l’argument qu’elle croit tenir pour prouver la « transgenrisation » généralisée de la jeunesse n’en est pas un. Tout établissement scolaire est tenu de prévenir les autorités en cas de maltraitance ou de mise en danger d’un jeune, quelle que soit la nature des faits. Sauf à considérer qu’être maltraité pour son orientation sexuelle ou de genre est acceptable.

6/ “Pour accompagner ce changement, l’établissement scolaire substitue le prénom d’usage, de manière cohérente et simultanée, dans tous les documents qui relèvent de l’organisation interne (listes d’appel, carte de cantine, carte de bibliothèque, etc.) ainsi que dans les espaces numériques (ENT, etc.)”.

Autre exemple de troncation opportuniste du texte : la phrase sortie de son contexte est suivie, dans la circulaire, de la mention « En tout état de cause, l’établissement, bien que soucieux de l’accompagnement de l’élève, ne peut opérer un tel aménagement sans l’accord des représentants légaux. L’exercice de l’autorité parentale, qui recouvre un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant, ne saurait être remis en cause. » Traduction : si une fille veut qu’on l’appelle Bob ou qu’un garçon désire être rebaptisé Marilyn, cela ne peut être fait qu’avec l’accord parental ou celui des représentants légaux, chose que se garde bien de préciser l’auteure puisque ça entre en contradiction avec son pseudo-argument précédent.

7/ Des professeurs qui usent du prénom d’état civil peuvent faire l’objet de rappels à l’ordre.

Cette phrase n’est pas dans la circulaire. La seule chose qui s’en approche, c’est ça : « Outre l’utilisation du prénom et des pronoms d’usage, le respect des choix liés à l’habillement et à l’apparence est également un aspect important de la reconnaissance de l’identité de genre de ces jeunes. Il appartient aux personnels de veiller à ce que l’expression de genre des élèves ne soit pas remise en cause ou moquée, notamment de la part des autres élèves et des personnels. » On n’y parle pas de rappel à l’ordre. Mon avis : cela ne peut être compris que par ceux qui ont eu à faire cette « transition » mentale vis-à-vis d’un proche transgenre. S’obstiner à appeler une personne transgenre par son ancien prénom ou à faire constamment référence à son sexe biologique, « parce qu’on a des convictions », c’est faire souffrir cette personne de façon consciente et c’est de la transphobie. Dans le cas d’un(e) élève, cette souffrance peut mener à l’échec scolaire voire pire. La circulaire insiste sur la concertation entre les personnes concernées : élèves, personnels et parents.

8/ Enfin, l’élève pourra faire convoquer ses parents s’ils s’opposent à ce changement de prénom

C’est encore une interprétation toute personnelle de Delépine. La véritable formulation est celle-là : « Ainsi, si les parents de l’élève mineur s’opposent à l’utilisation d’un prénom d’usage demandé par leur enfant dans son cadre scolaire, il conviendra alors, dans l’intérêt de l’élève et à son initiative, d’instaurer un dialogue avec sa famille. » Mais c’est trop... comment dire... modéré pour elle. Mieux vaut faire accroire l’idée que des parents récalcitrants seraient convoqués pour s’expliquer, n’est-ce-pas ?

Sur ton dernier commentaire :

Je souhaite juste comprendre quelle est la position officielle française définie par une circulaire.

Georges, pour cela, il suffit de faire une recherche en ligne. C’est mieux et plus fiable que RI : dans la loi du 18 novembre 2016, l’article 56 « ouvre d’abord le changement de sexe non plus seulement aux personnes souffrant du transsexualisme mais à toute personne « majeure ou mineure émancipée » (C. civ., art.. 61-5 al. 1er). »

tu me dis que les termes de cette circulaire sont conditionnés à l’accord des représentants légaux

Oui, et je te l’ai démontré plus haut, tu n’as qu’à lire ladite circulaire au lieu de croire sur parole une praticienne à la retraite qui ne sait pas quoi foutre de son temps.

est-ce que des enfants peuvent, en France, se passer de tout avis médical ou parental avant de se lancer à tort ou a raison dans un ensemble d’opérations parfois irreversibles... ?

Primo, la loi ci-dessus est claire : les mineurs ne sont pas autorisés à procéder à ce genre d’opérations.
Deuxio, le consentement parental est automatique dans le cas de n’importe quelle intervention chirurgicale concernant un mineur.

la clinique anglaise spécialisée dans les opérations de transition (Tavistock and Portman NHS Foundation Trust) a été fermée justement suite au nombre sans précédent de suicides et problèmes de santé post-opératoires.

Tavistock est le seul et récurrent exemple pris par les ligues transphobes. Bienvenus aux naïfs dans le monde du capitalisme et du profit à tout prix. Crois-tu vraiment que c’est le seul exemple de fraude dans le domaine de la santé ? On ne compte plus les nombreux cas d’arnaques à la chirurgie esthétique ou de dentistes qui te promettent le sourire d’une star de cinéma, etc. Évidemment que des jeunes au profil psy fragile sont des proies de choix pour des vautours sans scrupule... Dans ce cas, est-ce la faute de la transidentité ou du libéralisme ? En outre, on peut difficilement comparer la France avec le monde anglo-saxon, beaucoup plus radical, plus libéral et plus « woke » que nous le sommes sur certaines questions. Il est clair cependant que dans le cas de la transidentité et des personnes transgenres, la loi a encore des choses à encadrer.

Cette clinique était passée en 10 ans de 140 à 2400 opérations par an + le taux d’homosexuels est stable, pas celui des trans en très forte augmentation

Oui, ceci explique cela. Que le taux de trans soit en augmentation depuis 10 ans correspond effectivement aux progrès des interventions de réattribution sexuelle. Je pense que cela devrait se stabiliser. Je ne crois pas que les pays plus en avance dans ce domaine, comme Cuba, voient particulièrement un surpeuplement transgenre.

La case transition de sexe est souvent vendue comme La Solution pour lutter contre l’homophobie

Jamais entendu pareille idée ! Tes sources, s’il te plaît. Et puis, c’est beaucoup trop simpliste... Ça laisserait entendre que finalement, tous les homos seraient destinés à devenir trans. C’est plus qu’absurde, ça montre une totale méconnaissance du sujet et une promptitude aux clichés. En plus, je te rappelle que la transphobie, ça existe.

11/02/2023 19:47 par Lou lou la pétroleuse

A G Rudy, et autres lecteurs et lectrices éventuellement intéressées par ce débat,

Les femmes représentent plus de 50% de la population humaine mondiale. (je n’ignore pas que ce n’est pas tout à fait le cas à la naissance, mais certaines femmes ont été d’avis que c’était parce que dans certains pays on fait encore disparaître les petites filles à la naissance, et que dans certains autres on s’en débarrasse plus facilement que des garçons dès que l’échographie dévoile officiellement leur absence de pénis.
Quoi qu’il en soit, il y a, me semble-t-il, des combats beaucoup plus marginaux que les leurs que vous ne désapprouvez pas, ni Mr Suing non plus, ou je me trompe ?

Les femmes ont des intérêts communs à défendre et, comme Mao nous en a donné l’exemple, il est avantageux de nouer des alliances avec ceux et celles qui partagent ces intérêts, même si nous avons aussi des intérêts divergents sur d’autres points. L’analyse peut se révéler complexe, mais nous avons aujourd’hui des outils pour la mener à bien (notamment grâce à Marx et Mao - j’insiste sur ces auteurs dans l’espoir d’esquiver les leçons de "communisme", parfois agressives, de quelques lecteurs).

il est vrai que je n’ai aucun intérêt commun avec Isabelle Badinter, mais elle ne représente, elle et les idées (si l’on peut dire) qu’elle défend, qu’une infime minorité de femmes : celles qui sont principalement investies dans la gestion de leurs dividendes (à moins que ça aussi elles le fassent faire par d’autres).
Par contre, bien que mes ressources soient très éloignées de celles d’une navigatrice sportivement reconnue, je partage, ou j’ai partagé, ou ma descendance partagera avec elle certains intérêts, tels par exemple que la compatibilité entre une existence sociale reconnue et autonome, et une progéniture désirée et aimée. Leur combat pour l’égalité des droits, qui implique le respect de la spécificité du sexe féminin, au même titre que celle du sexe masculin, non pour nous asservir, mais pour nous libérer, est aussi le mien.

Cet intérêt pourrait aussi être partagé avec des hommes qui seraient aussi soucieux que les femmes de préserver et enrichir (affectivement) leurs relations avec leur progéniture.
Certains hommes de la génération qui a précédé la mienne ont déploré de n’avoir pas pu disposer de plus de temps pour s’occuper de leurs enfants, mais ils étaient si peu nombreux que je n’en ai personnellement connu qu’un... et ce n’était pas mon père, mais celui d’une copine qui avait 5 frères et sœurs et un père ouvrier qui aimait sa femme et réciproquement, et bien sûr aussi ses enfants. De cette sorte là je n’en ai pas rencontré beaucoup non plus, ou alors les hommes sont très discrets sur le chapitre de leurs sentiments.
Je constate qu’ils sont encore très minoritaires. Mais je suis convaincue que certains hommes sont capables d’évoluer...

Les homo et les trans des deux sexes partagent aussi avec les femmes des intérêts qu’ils ont défendu solidairement dès les débuts du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire), dans les années 70 et plus.
Selon mon expérience personnelle, quand ils ne se perçoivent pas comme des super-mâles (de ceux qui baisent les autres), les homo masculins ont une meilleure compréhension des revendications féministes que les hétéro - mais je me garde, autant du moins que j’en suis capable, de généraliser abusivement mon expérience personnelle.

12/02/2023 10:55 par Guillaume suing

Pour Xiao et Geoges

A ma connaissance, et je suis prof confronté, au lycée,à cette problématique, la circulaire réellement existante est extremement floue, volontairement, parce que, c’est la loi, on NE PEUT TENIR LES PARENTS A L ECART DE CE QUE L ELEVE MINEUR DECLARE EN CLASSE. Il y a 5 ans je n’avais pas d’élèves cocernés, il y a deux ans, un cas, l’année dernière deux cas, cette année 4 cas.
L’un de ces cas est mineur (17 as) et veut changer de prénom contre la volonté de ses parents : la plupart des profs sont volontaristes sur cette question et vont jusqu’à qualifier les parents sans les connaitre. Quant à moi je me refuse à accepter le nouveau prénom et ne ’appelle pas du tout par son prénom.
_Si une élève s’appelant carine se convertie à l’Islam et veut s’appeler Djamila, prénom halal conforme à sa religion, non seulement aucun prof n’acceptera son choix pourtant aussi éclairé, mais encore elle sera fichée S... Deux poids deux mesures qu’il m’est insupportable d’admettre.
_

12/02/2023 11:37 par Georges Rodi

> Xiao

Pour commencer, merci pour tous ces détails. Je n’en demandais pas tant. :)
Pour répondre à une de tes questions, ce que j’espérais, c’est un avis de terrain.
Entre les textes de loi et le réel, il y a la vie, les premiers cas, et au final, tout ce qui va construire la jurisprudence.

Bref, en France, je comprends que tout cela est trop récent.
Qu’une analyse de ce qui passe dans les pays précurseurs doit naturellement s’imposer.

Dans un de tes commentaires, tu précises qu’un de tes connaissances a franchi le pas d’une transition.
J’ai déjà écrit que je souhaitais le meilleur.
La connaissance gay que j’avais était opposé à cette opération.
Nous nous sommes légèrement perdus de vue depuis qu’il est décédé, je ne sais ce qu’il en dirait aujourd’hui.
Cela dit, "sa position était : il y a des gays dans tous les pays, quelle que soit la culture, le régime, la religion, le système politique...
Bref, c’est dans la nature humaine d’en avoir un %
Il faut faire en sorte d’être accepté, et ce sera long, très long, et difficile, très difficile"
Il pensait qu’à la racine, la transtion sexuelle qui existe en Inde depuis des siècles (certes, sous une forme primitive) était un parfait contre-exemple de solution et/ou de libération.
... A suivre

12/02/2023 16:11 par Lou lou la pétroleuse

A G Rudy,

Les femmes représentent plus de 50% de la population humaine mondiale. (je n’ignore pas que ce n’est pas tout à fait le cas à la naissance, mais certaines femmes ont été d’avis que c’était parce que dans certains pays on fait encore disparaître les petites filles à la naissance, et que dans certains autres on s’en débarrasse plus facilement que des garçons dès que l’échographie dévoile officiellement leur absence de pénis.
Quoi qu’il en soit, il y a, me semble-t-il, des combats beaucoup plus marginaux que les leurs que vous ne désapprouvez pas, ni Mr Suing non plus, ou je me trompe ?

Les femmes ont des intérêts communs à défendre et, comme Mao nous en a donné l’exemple, il est avantageux de nouer des alliances avec ceux et celles qui partagent ces intérêts, même si nous avons aussi des intérêts divergents sur d’autres points. L’analyse peut se révéler complexe, mais nous avons aujourd’hui des outils pour la mener à bien.

il est vrai que je n’ai aucun intérêt commun avec Isabelle Badinter, mais elle ne représente, elle et les idées (si l’on peut dire) qu’elle défend, qu’une infime minorité de femmes : celles qui sont principalement investies dans la gestion de leurs dividendes (à moins que ça aussi elles le fassent faire par d’autres).
Par contre, bien que mes ressources soient très éloignées de celles d’une navigatrice sportivement reconnue, je partage, ou j’ai partagé, ou ma descendance partagera avec elle certains intérêts, tels par exemple que la compatibilité entre une existence sociale reconnue et autonome, et une progéniture désirée et aimée. Leur combat pour l’égalité des droits, qui implique le respect de la spécificité du sexe féminin, au même titre que celle du sexe masculin, non pour nous asservir, mais pour nous libérer, est aussi le mien.

Cet intérêt pourrait être partagé avec des hommes qui seraient aussi soucieux que les femmes de préserver et enrichir (affectivement) leurs relations avec leur progéniture.
Certains hommes de la génération qui a précédé la mienne ont déploré de n’avoir pas pu disposer de plus de temps pour s’occuper de leurs enfants, mais ils étaient si peu nombreux que je n’en ai personnellement connu qu’un... et ce n’était pas mon père, mais celui d’une copine qui avait 5 frères et sœurs et un père ouvrier qui aimait sa femme et réciproquement, et bien sûr aussi ses enfants. De cette sorte là je n’en ai pas rencontré beaucoup non plus, ou alors les hommes sont très discrets sur le chapitre de leurs sentiments. Je constate qu’ils sont encore très minoritaires. Mais je suis convaincue que certains hommes sont capables d’évoluer...

Les homo et les trans des deux sexes partagent aussi avec les femmes des intérêts qu’ils ont défendu solidairement dès les débuts du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire), dans les années 70 et plus.
Selon mon expérience personnelle, quand ils ne se perçoivent pas comme des super-mâles (de ceux qui baisent les autres), les homo masculins ont une meilleure compréhension des revendications féministes que les hétéro - mais je me garde, autant que faire se peut, de généraliser abusivement mon expérience personnelle.

12/02/2023 18:43 par Xiao Pignouf

@G. Suing

Si une élève s’appelant carine se convertie à l’Islam et veut s’appeler Djamila, prénom halal conforme à sa religion, non seulement aucun prof n’acceptera son choix pourtant aussi éclairé, mais encore elle sera fichée S... Deux poids deux mesures qu’il m’est insupportable d’admettre.

Excusez-moi, mais en vertu de quoi pouvez-vous être sûr de ça ? Et une conversion à l’islam n’aboutit pas automatiquement à un fichage S., si ? À moins que vous puissiez prouver ce que vous dites, votre argument du deux poids deux mesures ne repose sur rien de tangible. Et comme le dit si bien André Lacroix, vos comparez les pommes et les poires : si le deux poids deux mesures concernait deux élèves, l’un(e) se convertissant à l’islam et l’autre à la religion catholique, ce serait pertinent, mais là...

Sans parler de la contradiction inhérente à votre proposition : comment des enseignants assez islamophobes pour refuser d’appeler une jeune française convertie à l’islam par un prénom musulman somme toute courant en France pourraient-ils en même temps être assez progressistes pour accepter le prénom d’une fille transgenre ?

Je n’ai pas encore trouvé les chiffres qui le démontrent, mais il y a fort à parier qu’après la dépénalisation de l’homosexualité en 1982, le nombre de personnes se déclarant gays ou lesbiennes a dû grimper fissa pour se stabiliser plus tard.

La seule chose sur laquelle je veux bien accorder mes violons aux vôtres, puisque je suis père d’une ado, c’est sur le caractère non définitif de l’adolescence, période ô combien instable, durant laquelle si se mélangent incertitude liée à la sexualité et effet d’entraînement/de mode, certain(e)s peuvent déclarer une orientation sexuelle ou de genre sans que ce soit établi sur le long terme. Ce qui signifie qu’un(e) jeune se déclarant transgenre aujourd’hui n’est pas nécessairement un trans de demain. Ce qui signifie que les constatations que vous faites aujourd’hui en tant qu’enseignant en lycée ne sont pas valides sur le temps long. Une transition de genre est un processus qui se déroule sur plusieurs années, qui se conclut rarement par une opération de réattribution sexuelle, et qui peut tout à fait être interrompu. Hélas il n’y a pour ainsi dire aucune étude sur la question, donc le mystère reste entier.

12/02/2023 21:35 par Lou lou la pétroleuse

A Guillaume SUING,

A la lumière de votre dernier commentaire je comprends mieux votre problématique, et bien que je ne sois plus confrontée à ce type de problèmes (je suis à la retraite), je me sens beaucoup plus concernée par celui-ci que par votre article.
Etait-il nécessaire de vous en prendre aux combats féministes, même "bourgeois" ou "radicaux", pour arriver à poser la question que vous soulevez : comment aborder la question du genre et le respect des choix des élèves dans les établissements scolaires.

Les transgenres ne sont pas apparus avec les TERF et les queer (catégories de femmes qui me sont inconnues, et dont je me demande si elles ne sont pas plutôt "littéraires" que genrées) : je crois qu’il y en a toujours eu. Sans parler des innombrables femmes qui ont rêvé d’être des hommes pour bénéficier des mêmes droits et libertés. A ma connaissance, c’est à Simone de Beauvoir que l’on doit la distinction entre le genre et le sexe. Il s’agissait pour elle de faire savoir que les qualités que l’on prête respectivement à chaque sexe ne sont pas d’origine biologique mais culturelles.

Ce n’est pas un problème simple. Je ne doute pas que certains garçons, et certaines filles aussi, qui ne se reconnaissent pas dans le genre qu’on leur attribue en fonction de leur sexe biologique, puissent avoir un autre vécu. Mais la façon dont on traite actuellement le sujet me semble plus propre à compliquer les choses qu’à résoudre le problème de ces adolescents.

J’ai envie de dire que cataloguer les individus dans un genre c’est en soi leur imposer une lourde contrainte. Luttons plutôt contre les préjugés qui s’attachent au sexe et au genre, et défendons le droit de chacun à disposer librement de lui-même dans le respect du droit des autres. Le droit de se faire opérer, si on en a les moyens, ou s’il est possible d’obtenir la gratuité de l’opération, doit être respecté aussi, à condition que les candidats et candidates soient correctement et complètement informées des conséquences possibles, notamment en terme de plaisir sexuel."

13/02/2023 00:06 par Xiao Pignouf

Petit rectificatif sur ce que j’ai dit à G. Suing dans mon dernier com : « Ce qui signifie que les constatations que vous faites aujourd’hui en tant qu’enseignant en lycée ne sont pas forcément valides »

14/02/2023 08:06 par Georges Rodi

> Lou lou

Je vis dans un pays (la Chine) accusé depuis des années de faire disparaître les petites filles à la naissance, voire dès que l’échographie dévoile officiellement une absence de pénis... Je ne prétends pas faire de mon expérience personnelle une vérité universelle, mais mon vécu contredit en tous points ce discours.

Certes, en Chine, il est plus qu’important d’avoir un fils (l’aîné) qui va assurer la continuation de la lignée ancestrale, et qui devra en outre prendre en charge ses parents pendant leurs vieux jours, contrepartie matérielle de l’héritage de la ferme lui revenant de droit.

Bien entendu, lorsqu’on ajoute à cela une politique dite de « l’enfant unique », il ne devrait y avoir en Chine que des garçons... Logique...
Sauf que... Une épouse nécessite une dot. Et sans épouse, il n’y a pas de continuation de la lignée ancestrale qui soit possible... Et cette logique là, bizarrement, personne ne l’évoque en occident...

J’ai donc été plus que surpris de découvrir lors de ma première visite à ma future belle-famille (menant une vie très modeste dans les montagnes du Sichuan) que mon beau-père avait 3 soeurs et un frère, et que ma belle-mère avait 3 soeurs, et un frère bien sûr..
Et le tout s’étant produit en pleine saison de la fameuse politique de « l’enfant unique ».

C’est ainsi que j’ai pu constater que dans les familles pauvres, le cocktail idéal était d’avoir un fils pour la lignée, et plusieurs filles pour espérer des dots bienvenues pour les vieux jours... Comment cela était-il compatible la politique de « l’enfant unique » ? Très simple, il suffit de ne pas déclarer les filles...

En ville, la solution était un peu différente : il était possible de payer un droit pour avoir un deuxième enfant.
(J’en parle au passé, la politique de l’enfant unique, c’est fini)

En ce qui concerne les conséquences d’une échographie... Pour mon fils, qui a 7 ans... Je n’ai jamais pu savoir quel serait le sexe de mon enfant avant sa naissance. L’échographie était reservée au personnel médical. Pour moi, ce débat est clos et ne devrait pas avoir lieu d’être.
Je peux imaginer qu’il soit parfois possible de corrompre un toubib, mais cela ne changerait pas grand chose au fait que pour les Chinois, avoir une fille et un fils reste un idéal...

Les avortements en Chine font suite aux premières amours mal maîtrisées, comme à peu près partout j’imagine, si ce n’est que leur prise en charge financière fait l’objet de discussions sans fin entre les familles concernées.
Et je ne dis pas j’approuve, mais je soupçonne aussi que soient éliminés la plupart des foetus présentant quelque problème.

Cela dit, toutes ces traditions sociales sont mises sous pression.
Une baisse de natalité, des mariages plus tardifs, d’avantage de divorces... Tout cela accompagne l’augmentation du niveau de vie et l’urbanisation galopante.
La prise en charge des parents par le fils aîné n’est plus vraiment d’actualité... L’aîné n’a rien à faire d’un ferme en terre battue perchée dans les montagnes, et ce n’est pas avec ce genre d’héritage qu’il va convaincre une fille de l’épouser...

Ps : Je ne sais si le message à G. Rudy m’était destiné (Rodi est mon nom :), mais peu importe...

14/02/2023 10:01 par Georges Rodi

...Ce débat manque un peu de points de vue féminins.
(en passant, merci à lou lou)
Voici donc un point de vue de femme, particulier, décapant, qui aborde l’ensemble de ces sujets sous un angle plutôt original.
1 heure de video.
https://crowdbunker.com/v/2eAUepMHfr

14/02/2023 10:45 par Lou lou la pétroleuse

A G. Rodi,
Pardon pour l’écorchage de votre nom et merci pour votre mise au point concernant le sort des petites filles en Chine.

Je pense qu’effectivement les meurtres de petites filles y relèvent du passé, pour toutes les raisons que vous donnez. On dit la même chose de l’Inde. Je ne sais pas si c’est toujours d’actualité, mais je sais que ça l’a été. Le mariage des filles y a un coup très élevé, dit-on. La misère y cause (causait ?) aussi bien des horreurs, à l’encontre des deux sexes.
J’ai lu il y a quelques années le témoignage d’une jeune femme, je ne sais plus exactement de quel pays du moyen orient, concernant la disparition de ses petites sœurs à peine nées. Elle même avait été victime, à l’âge adulte, de la préservation de l’honneur familial. Le témoignage ne me paraît pas contestable, mais il est impossible de dire si ce genre de chose a toujours cours, ni dans quelles proportions : on s’en vante rarement.

En France il peut aussi arriver, malgré la loi autorisant l’avortement, qu’on trouve un nouveau né dans une poubelle, c’est arrivé récemment selon ce que j’ai lu dans le figaro... qui n’a pas donné d’info sur le résultat des recherches concernant la mère. Ça reste heureusement "marginal".

14/02/2023 10:46 par Lou lou la pétroleuse

A G. Rodi,
Pardon pour l’écorchage de votre nom et merci pour votre mise au point concernant le sort des petites filles en Chine.

Je pense qu’effectivement les meurtres de petites filles y relèvent du passé, pour toutes les raisons que vous donnez. On dit la même chose de l’Inde. Je ne sais pas si c’est toujours d’actualité, mais je sais que ça l’a été. Le mariage des filles y a un coup très élevé, dit-on. La misère y cause (causait ?) aussi bien des horreurs, à l’encontre des deux sexes.
J’ai lu il y a quelques années le témoignage d’une jeune femme, je ne sais plus exactement de quel pays du moyen orient, concernant la disparition de ses petites sœurs à peine nées. Elle même avait été victime, à l’âge adulte, de la préservation de l’honneur familial. Le témoignage ne me paraît pas contestable, mais il est impossible de dire si ce genre de chose a toujours cours, ni dans quelles proportions : on s’en vante rarement.

En France il peut aussi arriver, malgré la loi autorisant l’avortement, qu’on trouve un nouveau né dans une poubelle, c’est arrivé récemment selon ce que j’ai lu dans le figaro... qui n’a pas donné d’info sur le résultat des recherches concernant la mère. Ça reste heureusement "marginal".

14/02/2023 12:45 par Lou lou la pétroleuse

A G Rodi
J’ai un message "une erreur s’est produite" en guise de vidéo. Je crois que c’est parce que vous êtes abonné, et pas moi. Vous n’auriez pas une autre adresse, ou un titre à nous donner ?

Au GS

Ce débat manque un peu de points de vue féminins

remarque Georges Rodi.
Je ne peux m’empêcher de me demander combien de commentaires féminins d’articles portant sur les luttes de femmes ou sur leurs droits ont été censurés depuis que le GS existe. Auriez-vous quelques statistiques à nous soumettre à ce sujet ?

14/02/2023 23:36 par legrandsoir

Je ne peux m’empêcher de me demander combien de commentaires féminins d’articles portant sur les luttes de femmes ou sur leurs droits ont été censurés depuis que le GS existe. Auriez-vous quelques statistiques à nous soumettre à ce sujet ?

143 670 commentaires publiés,
1965 traités comme spam,
291 supprimés. "Censurés" d’après vous. Parce qu’ils défendaient les femmes ? C’est cela, oui, c’est cela.
LGS

15/02/2023 05:57 par Xiao Pignouf

@Loulou la pétrâleuse

Je ne peux m’empêcher de me demander combien de commentaires féminins d’articles portant sur les luttes de femmes ou sur leurs droits ont été censurés depuis que le GS existe.

Honnêtement, Loulou, vous y allez un peu fort. Vous commentez beaucoup (et c’est très bien), pourtant vous passez un temps conséquent à vous plaindre d’être censurée. Le GS, quoique 100% géré par des mâles, est largement ouvert à la parole féminine. À la limite, vous pourriez regretter qu’il n’y ait pas beaucoup d’articles sur les luttes des femmes, mais ce serait à vous d’y pallier.

15/02/2023 09:50 par Georges Rodi

> lou lou

A ma connaissance, la plate-forme crowdbunker ne nécessite pas d’abonnement, juste une inscription.
Je fais référence à cette plate-forme car il s’agit d’une initiative d’un jeune développeur français qui a eu l’idée -à soutenir- d’héberger les vidéos censurées par les grands réseaux.
Le titre de la video est : SODOMIE OBLIGATOIRE 1 & 1bis
(le titre peut faire peur)
Sur youtube, il doit y avoir le site d’origine : prune de prune.

ps : LGS n’a aucune raison de censurer les voies féminines, quelle idée :)
Sur les 291 commentaires censurés, j’en fait partie et cela ne me pose pas problème.
Je suis tranquille derrière mon pc alors que les modérateurs ont en face d’eux des forces prêtes à fermer le site... A eux de juger.

15/02/2023 14:12 par Georges Rodi

> Xiao

Je précise pourquoi le sujet m’intéresse...
... Parce que les « libertés démocratiques » et la « lutte contre l’homophobie » sont les valeurs mises en avant pour justifier les conflits entre l’occident et le reste du monde.

J’en donne pour preuve une interview récente d’Emmanuel Todd, et citée par Auguste Vannier sous le dernier article de Maxime Vivas.
L’entretien de Todd est ici : https://www.les-crises.fr/la-3e-guerre-mondiale-a-commence-l-escalade-...

Dans cette interview, (vers la minute 36) Emmanuel Todd parle des structures familiales basées sur la patrilinéarité (Russie, Chine...) opposées aux systèmes bilatéraux, en occident, qui débouchent sur des comportements plus souvent individualistes, sous-entendu, plus libres.
L’idée d’ E.Todd, c’est de rappeler que l’on ne doit pas oublier ce que l’on est en tant qu’occidentaux et le défendre.

J’approuve le principe, mais pour nous convaincre de l’existence de valeurs admirables à défendre, E. Todd nous assène 2 illustrations :
Minute 38, voilà une carte avec l’indice de démocratie, suivie d’une carte supposée décrire l’homophobie dans le monde...
(Mieux vaut en effet oublier de montrer les cartes des génocides, des guerres, des pillages sans fin menés par l’occident depuis l’empire romain... Le reste du monde s’en charge.)

La première carte donc, prétends que les pays occidentaux sont des « démocraties complètes ».
Venant d’un anthropologue, c’est plutôt le foutage de gueule qui est complet. Un débat avec E.Chouard ferait le plus grand bien à E.Todd pour clarifier et décanter son esprit sur le sujet.
S’agissant de l’homophobie dans le monde, sur la deuxième carte, la Chine est classée comme l’Afghanistan...
OK, en Chine, le mariage homosexuel n’est pas reconnu, et il n’y a pas de Gaypride. Cela dit... Les gays ne sont pas lapidés. Et nombreuses sont les célébrités qui ont reconnu leur homosexualité, sans conséquence sur leur carrière.
Une fois cela fait, on passe à autre chose, chacun vit sa vie, car ce qui les définit les gens, ce n’est pas leur orientation sexuelle mais leur talent, leurs réalisations...
Et en Russie, de ce que je comprends, la Douma a passé une loi qui s’oppose à la propagande LGBT. C’est pas mon truc dit E.Todd... OK bonhomme... Mais en quoi le fait de voir quelques individus défiler, tenus en laisse et avec des plugs plantés où il faut, fait avancer la cause de ceux qui défilent pour plus de tolérance ?

Et en particulier avec le développement de la question transgenre.
Je n’éprouve absolument aucune difficulté à tolérer les transitions sexuelles d’adultes, sans me sentir pour autant obligé d’approuver une telle négation de sa réalité biologique pour régler le conflit intérieur.
Mais suis-je en droit de questionner la participation aux épreuves sportives féminines des personnes qui ont une taille, une capacité pulmonaire, une structure masculine.
Suis-je en droit de questionner le fait de présenter comme des modèles de beauté physique féminine des mannequins transgenres qui se revendiquent comme tels ? Modèles de beauté (absolument innacessibles aux femmes) qui raflent les concours et les défilés de mode...
Quelle est la place des femmes et des hommes CIS (= biologiquement conformes, une expression qui fait rêver) dans ce nouveau monde ?

Qu’importe...
Car ce qui motive manifestement le choix fait par les dirigeants occidentaux, c’est de présenter les causes LGBTQ++++ comme LE point d’achoppement... Le truc qui doit nous opposer aux régimes autoritaires, justifier notre soutien à Zelinsky, l’envoi de canons, de chars et de missiles à longue portée, de mercenaires de l’UE... Et puis quoi encore ? Des chasseurs-bombardiers ? Des soldats de l’OTAN ? Un conflit qui doit englober la Chine ?.
Je ne comprends pas.

16/02/2023 03:22 par Lou lou la pétroleuse

A LGS,
Merci pour les statistiques

A Georges Rodi,
Merci pour les infos complémentaires : j’ai finalement pu visualiser la vidéo sans m’abonner, mais je n’ai pas compris comment. Je ne sais pas non plus si j’ai bien compris le propos.
Moi, ce que je trouve insupportable, c’est qu’on m’impose un genre. Je n’aurais pas à me plaindre de mon sexe, au contraire, si on ne l’affublait pas de ce genre soit disant féminin dans lequel on m’a emprisonnée. Qu’on me dise comment je dois faire l’amour pour que ce soit bon, ou que si mon squelette n’est pas strictement conforme au squelette standard de mon sexe c’est que mon système endocrinien est perturbé, ça ne me parait pas mieux !

16/02/2023 06:01 par Xiao Pignouf

@Georges Rodi

Salut,

Moi aussi le sujet m’intéresse, à titre personnel.

Parce que les « libertés démocratiques » et la « lutte contre l’homophobie » sont les valeurs mises en avant pour justifier les conflits entre l’occident et le reste du monde.

Pour les premières, d’accord, avec les droits de l’homme, on connaît ça. Mais la lutte contre l’homophobie ? À quel moment tu as vu ou entendu ça ? Qui a dit qu’on était en guerre par procuration contre la Russie parce que les homos y étaient plutôt mal traités ? À ce moment-là, comment se positionne-t-on sur l’Ukraine où les homos se font tabassés par les groupes d’extrême-droite ? Les droits LGBT font juste partie du panel de causes à la disposition des médias pour donner une image négative des pays qui leur déplaisent en ignorant d’ailleurs royalement les monarchies du Golfe où la situation des minorités sexuelles est bien pire qu’ailleurs.

Je ne pense pas qu’il y ait un seul membre de cette communauté qui ne se rende pas compte qu’elle est instrumentalisée, rien que pour la raison citée ci-dessus. Et je ne crois pas non plus que les va-t’en guerre puissent convaincre l’opinion publique de la nécessité de soutenir l’Ukraine par une supposée situation catastrophique des droits LGBT en Russie.

Encore une fois, il faut vraiment faire un distinguo entre les discours tenus dans les médias US et européens. Sans en être sûr, il est tout à fait possible que dans les premiers, on puisse entendre ce genre de justification par l’importance beaucoup plus prégnante dans les médias des phénomènes woke et anti-woke, par l’importance beaucoup plus significative du lobby LGBT dans les arcanes politiques américaines, ce qui n’est pas le cas chez nous, sauf dans l’imagination de l’extrême-droite qui a toujours eu besoin de désigner des boucs émissaires.

En ce qui concerne la Russie et la Chine, les droits, même minimes existent, ce ne sont pas les pires pays où vivre quant on est gay ou lesbienne. Et si, à ma manière, je défends la cause LGBT en France, je considère que d’autres causes lui sont supérieures, notamment le droit de la Russie et de la Chine à vivre en paix.

S’agissant de l’homophobie dans le monde, sur la deuxième carte, la Chine est classée comme l’Afghanistan...

C’est un exemple de ce que je te disais précédemment : donner une image délétère en affirmant les pires trucs. Non, sur l’homosexualité, la Chine, ce n’est pas les talibans. J’ai moi aussi vécu en Chine, j’y ai eu des amis homos qui ne se cachaient pas pour vivre leur relation. En outre, il n’est (était) pas rare, essentiellement chez les filles, de voir dans des lieux publics de très jeunes couples, dont l’une des deux présente des caractères androgynes. Cependant, quand on n’a qu’un seul enfant, qui plus est un fils, apprendre qu’il est homosexuel et que par conséquent il n’aura pas de descendance, c’est un traumatisme pour des parents chinois qui comptent sur leurs enfants pour s’occuper de leurs vieux jours. Maintenant que la politique de l’enfant unique est révolue, il est possible que les mentalités changent vers plus d’acceptation.

16/02/2023 20:07 par Lou lou la pétroleuse

A Xiao,

Le GS, quoique 100% géré par des mâles, est largement ouvert à la parole féminine.

Pensez-vous être le mieux placé pour en juger ?

vous pourriez regretter qu’il n’y ait pas beaucoup d’articles sur les luttes des femmes, mais ce serait à vous d’y pallier.

Tout le monde n’est pas aussi locace que vous, Xiao. Tout le monde n’a pas le même accès aux informations pertinentes actuellement. Enfin tout le monde n’a pas envie de vous prendre pour modèle et l’on peut préférer les échanges de commentaires plus personnels aux longs articles de fond, tout en ayant plaisir et intérêt à lire ces derniers.

17/02/2023 12:28 par Xiao Pignouf

@Loulou

Désolé, je ne comprends pas votre réponse. Voulez-vous dire que le fait d’être un homme m’empêche de voir avec clarté que le GS n’est pas un site ouvert aux femmes ?

L’attitude que vous me paraissez adopter de façon récurrente, c’est celle de l’invitée qui se plaint continuellement à son hôte de la piètre qualité de son accueil et de ses mets. J’ai envie de vous dire : pourquoi ne changez-vous pas de crèmerie ?

Mais vous allez certainement m’accuser de sexisme...

20/02/2023 13:19 par legrandsoir

"m’empêche de voir avec clarté que le GS n’est pas un site ouvert aux femmes ?"

Commentaire trop drôle pour ne pas être publié.

18/02/2023 15:27 par Georges Rodi

> Xiao
“Pour les premières, d’accord, avec les droits de l’homme, on connaît ça. Mais la lutte contre l’homophobie ? À quel moment tu as vu ou entendu ça ? Qui a dit qu’on était en guerre par procuration contre la Russie parce que les homos y étaient plutôt mal traités ? »

Et bien... E. todd pour commencer... Ce n’est pas moi qui ait choisi ces 2 sujets, c’est lui, et ce n’est pas un hasard.
Ensuite, en entrant Poutine+LGBT dans un moteur de recherche, les articles critiques de la Russie apparaisent par centaines.
Il faut surtout regarder ce qui se dit chez les décideurs en matière de conflits, les US.

« À ce moment-là, comment se positionne-t-on sur l’Ukraine où les homos se font tabassés par les groupes d’extrême-droite ? »
Exactement comme sur le sujet des Banderistes et des neo-nazis qui sont aux commandes à Kiev... Et qui sont soutenus par l’OTAN, par nos gouvernants.
Dis moi... Comment se positionnent nos représentants élus ? Les députés, les sénateurs de tous bords...? Comment se positionnent les médias ?

Pas de souci, les journalistes anglo-saxons importent la question LGBT en Chine... Le Covid, le Xinjiang, Taïwan... Ça ne suffit pas.
Vu rémment sur Douyin un débat avec une interlocutrice chinoise qui a répondu en substance :
« Des transitions sexuelles, cela fait des dizaines et des dizaines d’années que ça existe...
... En Asie, et en Chine, bien sûr, aussi...
Mais voilà que l’occident a choisi depuis quelques années de créer des catégories de genre.
Créer des catégories revient à diviser la population et exposer les individus concernés par ces questions à des rejets, c’est une source inutile de conflits crée de toutes pièçes.
En Chine, il y a 10 ans, il était courant de voir des hommes se donner la main en marchant dans la rue... Et ils pouvaient tout aussi bien être simplement amis. Les couples homosexuels ne se distinguaient en rien dans ce brouillard.
Aujourd’hui, les jeunes préfèrent éviter de se montrer ainsi. En quoi est-ce un progrès ? »

Je suis étonné de ta réaction en fait.
L’occident vante ses libertés individuelles, et le drapeau arc en ciel semble en être l’étendard.
Le « reste du monde » voit ces expressions de liberté individuelle comme un train devenu fou, surtout depuis que cela concerne les enfants, les ados.
Un auitre exemple récent... Voilà que des législateurs canadiens viennent de proposer d’offrir une assistance au suicide gratuite aux mineurs qui le souhaitent... à condition qu’ils soient matures (qui en déciderait ? Pas les parents...).
Un train fou, je te le dis.

19/02/2023 10:43 par Xiao Pignouf

@Georges Rodi

E. todd pour commencer... Ce n’est pas moi qui ait choisi ces 2 sujets, c’est lui, et ce n’est pas un hasard.

D’abord, et encore une fois, Todd parle principalement de l’influence délétère des USA sur le monde. Ensuite, ce sujet, justement made in America, est devenu LE sujet à la mode : aujourd’hui pas une semaine sans que plusieurs articles paraissent sur le GS évoquant les LGBT.

Il faut surtout regarder ce qui se dit chez les décideurs en matière de conflits, les US.

C’est plus ou moins ce que je répète, quand je dis dans mon commentaire précédent qu’il faut faire la différence entre les USA et nous, et quand je dis que la communauté LGBT y est instrumentalisée.

« À ce moment-là, comment se positionne-t-on sur l’Ukraine où les homos se font tabassés par les groupes d’extrême-droite ? »

Tu n’as pas compris le sens de cette question : elle signifie que choisir l’angle LGBT pour se positionner par rapport au conflit ukrainien n’a aucun sens. Il n’en a que pour la NED ou la CIA, mais eux se foutent des contradictions.

En Chine, il y a 10 ans, il était courant de voir des hommes se donner la main en marchant dans la rue... Et ils pouvaient tout aussi bien être simplement amis. Les couples homosexuels ne se distinguaient en rien dans ce brouillard.

Je voulais juste dire que la Chine et la Russie ne sont pas les pires pays où être gay. Loin, très loin de certains pays avec lesquels on a des relations « cordiales ». Ce ne peut donc être une justification valable. Mais les USA sont maîtres du paradoxe : brandir l’étendard LGBT contre la Russie ou la Chine et ramper pour le pétrole des Saoud.

Je suis étonné de ta réaction en fait.

Et quelle est ma réaction, Georges ? Tout ce que je me tue à répéter, notamment dans deux articles sur le wokisme, c’est qu’on ne peut pas lutter contre l’atlantisme et en même temps chevaucher des causes que nous tendent les USA, anti ou pro quoi que ce soit. Qu’on laisse les homos et les trans hors de ces sujets qui ne concernent que l’histoire et la géopolitique et non l’orientation sexuelle ou de genre qui sont employées comme moyens de détourner l’attention du public loin de la vérité. s’ils sont instrumentalisés, il ne s’agirait pas en plus d’en faire des boucs émissaires. Or, ramener constamment la question, quel que soit le sujet, sur le problème LGBT, c’est faire un pas vers l’homophobie. Rendre une communauté responsable des problèmes du monde n’a jamais donné de bons résultats.

Une dernière fois : lutter contre l’atlantisme, c’est aussi refuser que le « centre de l’empire » soit le maître de la narrative. À mon sens, ceux qui voient dans les LGBT et leur soit-disant pouvoir d’influence une nuisance centrale dans les problèmes du monde sont autant dans l’erreur que ceux qui utilisent en étendard le drapeau arc-en-ciel pour soumettre des pays : les deux chantent dans le tempo américain.

Quant à ta énième mention au danger pour les enfants et les ados, je le répète aussi une énième fois : si les USA sont un pays où les excès sont légions, contrairement à ce qu’essaient de faire croire quelques thuriféraires de l’extrême-droite (accoutumée à chercher des boucs émissaires) qui ont pignon sur rue dans des médias alternatifs peu regardants, il y a en France des lois (je te l’ai montré) qui protègent les jeunes, même de leurs propres parents. Il faut donc raison garder pour éviter de sombrer dans une panique morale.

24/02/2023 06:37 par alain harrison

« « reprendre l’offensive sur des revendications concrètes vers l’émancipation féministe. » »

L’épanouissement qui coïncide avec l’émancipation des femmes, et les progrès humains chez de plus en plus d’hommes, sont le fait d’une vie de plus en plus équilibré. La démystification du travail comme fondement , fait de plus en plus place à l’ensemble des besoins humains (dont l’imaginaire à sa place). Le problème réel est le système économique et l’éducation disparate dans le monde plus ou moins idéologisée.

« « revendications concrètes » » ? Qu’est-ce à dire ?

Comme le communisme (Lénine et les premières années de la Révolution de 1917) a échoué, c’est un fait, la Chine est devenue un système d’attitudes et de consommation partiel. L’Occident est de même, la manière est différente.

Mais la crise climatico-écologique annoncé couplé à la récession inhérente au système capitaliste (les crises économiques récurrentes) qui est le problème structurel, nous fera entrer dans un nouveau cycle d’austérité. Comment traiter ce problème libéralement parlant : comme un effet collatéral du à la crise climatique, et donc, on sauve une énième fois le capitalisme qui ne jure que par l’innovation technologique de plus en plus coûteuse et ne met pas un frein de l’extractivisme, simplement délocalisé.

Et puis, la nouvelle course à l’armement et s’engager dans l’armée, le nouvel eldorado de l’emploi, austérité oblige versus les start up alias individu entrepreneur. La compétitivité est encore la valeur sûr du néo-libéralisme (capitalisme sauvage comme normatif de la vie, instrumentalisation du concept évolution, darwinisme).

Comment expliquer et dépasser la culture qui maintient la condition humaine ?

16/04/2023 19:15 par alain harrison

« « Il faut le savoir : Dans le logiciel du féminisme « deux point zéro », congé maternité signifie « pause » prolongée dans la « carrière », « rester plus longtemps au foyer ». N’est-il pas préférable alors, en effet, puisque le lait en poudre « libère » les femmes de « l’aliénant » allaitement maternel, d’allonger plutôt le congé paternité sans toucher au congé maternité, voire en le réduisant ? Mieux : N’est-il pas préférable après tout, par « respect pour la planète » puisque chaque naissance augmente notre « bilan carbone », de ne pas faire d’enfants du tout ? Pour le féminisme bourgeois, les femmes doivent s’émanciper non pas de l’exploitation capitaliste, mais de la maternité elle-même, aliénation « sexiste », « mammalienne », « essentialiste », « patriarcale ». » »

Il y a des manipulateurs qui organisent la désorganisation de la pensée, du discernement.

Le temps aboli : dialogues entre J. Krishnamurti et David Bohm
Résumé :
Ces entretiens entre Jiddu Krishnamurti et le physicien David Bohm auteur de La Théorie des quanta, deux hommes aux parcours philosophiques et scientifiques très différents, ont pour point de départ la question suivante : "L’humanité fait-elle fausse route, ce qui entraîne division, conflit et destruction perpétuels ?". Leurs propos éclairent la nature fondamentale de l’existence, explorant les concepts de perception, d’illusion, d’éveil, de transcendance, de renouveau, de spiritualité... Au fil du cheminement de leur pensée, Krishnamurti et Bohm sondent la relation de la personne avec la société qui l’entoure, et offrent une nouvelle approche de l’être humain : la réalisation de sa personne, son éveil, sa mort et le problème d’un esprit fragmenté.
Le Temps aboli est aussi l’occasion d’analyser le mauvais chemin emprunté par l’humanité... Mais tout n’est pas perdu : l’homme doit apprendre à élargir son horizon, en partant de ses intérêts particuliers pour accéder au bien global, en retrouvant les racines de la compassion, de l’amour et de l’intelligence.
Une nouvelle édition, révisée et augmentée, qui permet d’appréhender de nouveaux aspects de la pensée de Krishnamurti.

Il y a urgence de considérer Bernard Friot. La théorie économique......

La Femme, la naissance et l’avortement, c’est tout simplement la vie.
Naissance sans violence, Leboyer contre la coupure prématurée du cordon ombilical
(..... un fantasme médical de castration de la femme,
une castration réelle pour l’enfant)

L’ultime retour des barbares par....
De notre condition humaine

17/04/2023 13:56 par Assimbonanga

La Femme, la naissance et l’avortement, c’est tout simplement la vie.
Ainsi que l’allaitement ! Même si on a inventé des moyens de faire autrement, faudrait pas en faire abstraction. C’est le cycle physiologique des mammifères.

Il vrai qu’on fait beaucoup abstraction des fonctionnements naturels de nos jours. Certaines fermes sont devenues des usines sur matière première vivante. J’en vois une sur le bord de la route qui s’agrandit chaque année d’une unité de production. On ne voit pas ce qu’il y a à l’intérieur des bâtiments tôlés, probablement de la volaille, label rouge bien sûr. Et un bâtiment pour des chèvres blanches qui sortent parfois prendre un peu l’air. Tout autour, tout est propre comme une plate-forme Amazon. Ni bouses, ni crottins, ni matériel dépareillé. C’est stérilisé !

Ainsi va l’agriculture moderne, rationalisée, secrète derrière ses murs. On ne passe pas le tambour pour annoncer qu’on a drainé une zone trop humide pour les tracteurs, on ne claironne pas qu’on a fait un forage pour capter l’eau plus profond ce qui, à terme, tarira les sources des autres gens sur lesquelles ils comptaient depuis des siècles.

Oups. Rien à voir avec le schmilblick par contre... Je ferais mieux d’envoyer ce com sous l’article concernant Sainte-Soline et sa fameuse bassine.

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