J’accuse que l’on se réjouisse de la tragédie de Charlie Hebdo. Quel que soit le combat, les journalistes ne peuvent être les cibles. On combat la plume par la plume et avec rien d’autre.
J’accuse que l’on somme la communauté musulmane de se désolidariser de ces hommes qui se revendiquent de l’islam. Ce sont les mêmes qui crient haro au communautarisme. Mon cri du cœur n’est pas scellé d’une identité déchirée.
J’accuse que ceux qui ont dénoncé l’islamophobie de Charlie Hebdo soient considérés comme les ambassadeurs de cette tuerie.
J’accuse cette « unité nationale » qui ne se regroupe que lorsque le combat lui semble récupérable.
J’accuse Marine Le Pen qui a profité de cette tragédie pour suggérer de réinstaurer la peine de mort.
J’accuse que cette tragédie vienne à restreindre les libertés individuelles et à installer un Patriot Act à l’américaine.
J’accuse les agressions islamophobes dont sont victimes les mosquées et les femmes voilées.
J’accuse les personnes qui alimentent des thèses sans en apporter le moindre fait factuel.
J’accuse madame Démocratie d’être devenue une pauvre « Émocratie ».
J’accuse les médias français de n’avoir pas respecté la présomption d’innocence envers les présumés terroristes.
J’accuse les médias français d’avoir privilégié le scoop au détriment du recoupement des sources.
J’accuse les médias français de créer une psychose.
J’accuse les personnes qui voient en ces événements un choc de civilisations.
J’accuse le journaliste Jean-Paul Ney d’avoir jeté en pâture le nom de Mourad Hamyd comme troisième présumé terroriste alors qu’il était au lycée au moment des faits.
J’accuse BFM TV d’avoir eu au téléphone, Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly pour faire de l’audimat.
J’accuse le raid d’avoir tué ces deux présumés terroristes et de ne pas leur avoir permis un jugement équitable.
J’accuse les personnes qui se sont réjouies de la mort des victimes dans le Hyper Casher parce qu’elles étaient juives.
J’accuse aussi les personnes de s’être réjouies de la mort des présumés terroristes. En tant qu’homme, on ne peut se réjouir de la mort de quiconque. Vous ne valez pas plus que les personnes qui se gargarisaient de l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo.
Toutes ces accusations étaient nécessaires. À l’aube de cette société qui se délite, il ne faut pas laisser la place à l’exacerbation des tensions. L’émotion c’est le début de la déraison. Faites qu’on ne perde pas l’once d’humanité qu’il nous reste. Paix.