Le nouveau Président de la Banque Centrale européenne, Mario Draghi, a été responsable d’une division de Goldman Sachs chargée des fameux risques souverains. Le nouveau Président du Conseil italien, Mario Monti, est depuis 2005 International Advisor de cette Banque d’Affaires américaine, qui symbolise à elle seule les errements et les abus d’un certain capitalisme financier globalisé. Enfin, le nouveau premier Ministre grec était le responsable de la Banque centrale grecque qui a maquillé, grâce aux montages frauduleux de cette même enseigne de Wall Street, les comptes de la Grèce pour l’aider à entrer dans la zone euro.
On comprend dès lors que les marchés financiers soient contents de ces nominations.
Les pyromanes responsables de l’incendie de la crise de la dette prennent le pouvoir en revêtant les habits avantageux du pompier. L’imposture est totale comme lorsque Pétain prétendait protéger les Français face à l’occupant allemand en signant la reddition.
Leur plan est clair : réduire toujours plus les dépenses des Etats pour pouvoir payer les intérêts d’emprunt de la dette et maintenir ainsi les bénéfices d’un système financier prédateur, voire parasitaire.
Cette politique est bien sûr inique, mais elle est tout autant contre-productive.
Contre-productive, car si tous les pays de zone euro, au même moment, freinent sur la plaque de verglas de la crise des dettes souveraines, le carambolage sera dévastateur. Comme pour la Grèce au cours des deux dernières années, les recettes fiscales et sociales vont s’effondrer, le déficit va continuer de croître, le PIB va reculer et la dette, aussi bien en proportion qu’en valeur absolue, va continuer à exploser...
Une seule solution existe. Elle est simple mais bien sûr l’Union européenne, l’Allemagne et le système financier la refuseront : le financement des Etats surendettés par les Banques centrales à taux zéro pour se dégager de l’emprise des marchés financiers.
Voilà pourquoi la sortie de l’euro est inéluctable. L’Italie ne pourra pas continuer longtemps à se financer sur les marchés à un taux d’intérêts à 7% et en même temps rationner son Etat, supprimer les enseignants, supprimer la santé publique, supprimer ses forces de police,...
L’Allemagne, si tant est qu’elle en ait les moyens, ne pouvant pas accepter pour des raisons historiques, politiques, constitutionnelles (arrêt de la Cour de Karlsruhe), le refinancement des différents Etats européens par la BCE, la fin de l’euro paraît fatalement toute proche.
Cette politique est aussi totalement inique car comment demander aux gouvernements de supprimer des postes de policiers, de gendarmes, d’enseignants, d’infirmières pour payer des taux d’intérêts exorbitants, alimentant la spéculation et nourrissant les bonus et les salaires extravagants d’une petite minorité ? La lassitude indignée des peuples, soigneusement tenus à l’écart des décisions qui concernent au premier chef leur propre avenir, risque en effet de se transformer brutalement en colère ouverte. D’ores et déjà , l’opposition ouverte des dirigeants d’Europe à l’organisation d’un référendum en Grèce a profondément choqué les citoyens silencieux qui, partout, menacent de se venger dans les urnes en propulsant à des niveaux historiques les partis extrémistes.
On le voit bien, la mise sous tutelle de la Grèce et de l’Italie par une Union européenne au service d’un système politico-financier incestueux n’est pas plus soutenable que les montagnes de dette qu’on prétend faire payer à des peuples nullement coupables de l’incurie de leurs dirigeants. A cet égard, la fable d’un soutien massif qu’apporteraient les populations à la monnaie unique ne tiendra plus longtemps : la propagande de peur et d’intimidation relayée par le Landernau politico-médiatique, selon laquelle l’euro nous protégerait et la disparition de celui-ci provoquerait l’apocalypse, ne pourra pas éternellement obscurcir les consciences.
En Italie et en France les pyromanes ont beau se faire passer pour les pompiers, très vite les peuples vont comprendre l’impasse économique, sociale, politique et morale, dans laquelle ils sont en train d’être plongés.
Le choix est simple : Goldman Sachs va-t-elle imposer sa loi d’airain à l’Europe, ou alors les peuples vont-ils se réveiller et enfin secouer le joug de cette tyrannie des temps modernes ? Ayant foi dans l’Homme et dans la démocratie, je fais le pari d’une sortie par le haut et c’est pour offrir ce choix aux Français que je me présenterai l’année prochaine à leurs suffrages.
Nicolas Dupont-Aignan
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