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Le dérèglement du monde - Amin Maalouf

Monsieur Amin Maalouf,

J’ai lu à sa sortie "Les Croisades vues par les Arabes". J’avais grandement apprécié cet ouvrage qui remettait en cause la version officielle et, depuis, je l’ai recommandé à de nombreux amis. Je continuerai à le faire tant il est essentiel, à mes yeux, de ne pas prendre ce qui, d’une manière générale, est communément pris pour "argent comptant". Allez savoir pourquoi, j’avais imaginé qu’il ne pouvait avoir été écrit que par un homme de gauche. La pensée peut avoir parfois des cheminements bizarres.

D’où mon étonnement, dès les premières pages de votre nouveau livre "Le dérèglement du monde" dans la mesure où ce titre me paraissait annoncer un regard critique, sur le monde bien sûr, mais plus profondément, sur le système politique et économique qui le sous-tend, le capitalisme. En fait, le monde va mal mais c’est la faute à personne, le système n’est pas en cause. Constat courant, il est vrai, quoique parfaitement insoutenable. Il faut dire que dès la première phrase vous prévenez le lecteur : vous êtes de ceux qui sont entrés dans le nouveau siècle "sans boussole".

Sans grille de lecture, on est effectivement dépourvu des clés qui permettent de voir clair en géopolitique. On a du mal à croire pourtant que ce soit votre cas. Pour lever toute ambiguïté, disons, de façon simple, que ma vision des choses est matérialiste. Ce qui signifie que je me refuse à penser qu’il puisse y avoir une once de morale, d’idéalisme en somme, dans ce qui anime les détenteurs du pouvoir à l’échelle mondiale, en régime capitaliste tout au moins, le moteur du système étant l’argent, le profit, la rentabilité... Les autres n’ont pas, ou n’ont pas eu, que des motivations altruistes bien entendu, chaque pays cherche à préserver ses intérêts, il peut aussi engager des actions qui dépassent les égoïsmes et se situer ainsi sur des positions dites internationalistes. Le terme peut surprendre de nos jours tant nous baignons dans un univers orienté, au point, par exemple, que le commun des mortels ignore totalement que des équipes de médecins cubains sont envoyées en plus grand nombre que ceux de l’OMS partout sur la planète pour venir en aide, bénévolement, insistons : gratuitement, aux populations qui souffrent et elles ne manquent pas... Ils étaient en Haïti depuis plusieurs années avant le tremblement de terre et ils viennent de terminer l’installation d’un centre de traitement du choléra équipé d’une centaine de lits et doté d’une trentaine de médecins et collaborateurs. Que serait-ce si Cuba était un grand pays du premier monde !

J’ai considéré, depuis l’événement lui-même, que ce qu’on appelle ’la chute du mur de Berlin’ était le jour le plus noir du siècle. Non pas seulement du point de vue purement géopolitique mais pour l’avenir des peuples y compris, pour chacun, dans son propre pays. Vous pensez, au contraire, qu’ "un vent d’espoir avait soufflé sur le monde" et, reconnaissons-le, ce fut perçu ainsi par beaucoup de gens, de bonne foi ou trompées par le tapage politico-médiatique orchestré par les vainqueurs. On a même vu certains hommes politiques communistes applaudir en prétendant que, dès lors, on ne subirait plus aucune guerre. La suite démontra à quel point ils se trompaient -ou étaient intoxiqués- vous faites vous-même la liste des conflits qui s’engagèrent dès 1990/91 à un rythme soutenu et quasiment ininterrompu.

Non, la Russie "[ne] peine [pas] à se remettre des soixante-dix ans de communisme" mais de la chute vertigineuse qui suivit sa défaite du fait de la restauration du capitalisme que, pudiquement, on appela alors économie de marché pour apaiser les esprits. Ne pas confondre la cause et l’effet. L’idéologie dominante a réussi à retourner l’événement par ce tour de passe-passe et à en pénétrer l’opinion publique à des fins qui n’ont rien d’innocent. La vérité commence, très péniblement, à se faire jour, on ne doit donc pas, honnêtement, poursuivre son étouffement.

Au moment où j’allais entamer la rédaction de cette correspondance, je découvre un article qui confirme ce qu’on savait depuis déjà plusieurs années (voir notamment Le grand bond en arrière de Henri ALLEG, paru en 1998). Cet article, d’un certain Juan Carlos Argüello, posté sur le site Le Grand Soir, s’appuie sur un rapport des Nations Unies particulièrement édifiant. Je vous invite vraiment à en prendre connaissance. Inutile de reprendre la masse de chiffres qui sont donnés : le bilan est accablant. En vingt ans, l’ensemble des républiques de l’ancienne URSS a subi une paupérisation à grande échelle. On peut parler d’une tiers-mondisation d’une puissance qui se situait au 2ème rang mondial quand ce n’était pas au 1er dans certains domaines tel celui de l’Espace, ce qui en vint, un temps, à inquiéter au plus haut point les Etats-Unis.

Aujourd’hui, écrit M. Argüello, "la population [qui a la chance d’avoir connu les deux systèmes] oscille entre la déception, la résignation et la colère". Aucun des pays de l’Est, je dis bien aucun, préfère le capitalisme. Les Roumains eux-mêmes, que l’ont dit "libérés" plus encore que les autres, regrettent à 64% la vie sous Ceausescu. Bien sûr, ce sont là des informations que l’on trouve sur Internet et pas dans nos médias. Il s’agit pourtant d’un rapport d’une organisation internationale, l’ONU. Croyez-vous que les échanges sur les plans économique, philosophique, social, dont vous parlez en page 24, soient vraiment sans objet ?

Il faudrait notamment revoir les notions de "système économique performant" opposé à "modèle économique inopérant" . Ne pas trop se rengorger au moment où il apparaît clairement que les performances ne sont plus ce qu’elles donnaient l’illusion d’être et ne pas passer par pertes et profits la réelle performance que fut la remise sur pied en une petite quinzaine d’années d’un immense continent ravagé par une guerre sans quartiers et qui avait perdu vingt et quelques millions de ses citoyens. Les Etats-Unis n’avaient pas subi le moindre dégât sur leur territoire et [ne] déploraient [que] 350 000 morts. Ils eurent beau jeu d’assassiner l’Union soviétique en lui imposant la course aux armements.

Discutons sur d’autres aspects de la question, pour lesquels d’ailleurs le positif et le négatif ne seront pas forcément là où on les attend mais gardons-nous d’en rester à des oppositions aussi tranchées et finalement aussi éloignées de la réalité. Nous ne devrions pas être particulièrement fiers de compter, en France, cinq à six millions de salariés au chômage ou sans réel emploi, 100 à 200 mille SDF, des mendiants à tous les coins de rues, des milliers de travailleurs pauvres -le comble de l’insupportable- et des restos du coeur qui ne désemplissent pas. Belle performance. L’URSS et les pays socialistes ne connaissaient rien de tout cela, ni Cuba qui fait pourtant face à d’énormes difficultés dues, pour l’essentiel, à son isolement économique. L’immense majorité des Cubains, détrompez-vous, conscients de cet état de faits, ne courent aucun risque de succomber à "l’attrait du mode de vie européen ou nord-américain".

Quant à l’Europe dans laquelle vous semblez mettre vos espoirs, elle doit probablement vous décevoir quelque peu ces temps-ci. "... l’Irlande, l’Espagne, le Portugal ou la Grèce..." ont connu, dites-vous, "... les effets miraculeux de la construction européenne...". Cette liste nous dit quelque chose. On sourit en lisant cela et les salariés de ces pays rient jaune. Est-ce un hasard s’ils sont les premiers à en pâtir ? Un seul espoir : celui de l’effondrement de cette Europe et, avec elle, du système lui-même amené à laisser la place à un modèle plus... performant ou moins... inopérant, comme on voudra.

Si, donc, on veut bien observer le monde autrement qu’avec -et seulement avec- les clés de compréhension consensuelles, on ne peut plus écrire, entre autre, que les E.U. voulaient imposer la démocratie en Irak lorsqu’ils l’ont envahi. On ne peut pas avoir cru, et à aucun moment, qu’ils voulaient empêcher ce pays de se servir d’armes de destruction massive. Quel esprit sage pouvait balancer entre cette version -vrai et non pas faux prétexte- et celle qui dénonçait la volonté de "mettre la main sur les ressources pétrolières", comme vous l’écrivez. J’ajouterais : et celle d’éviter à Israël l’ombre gênante d’un voisin en pleine expansion. L’une est la vérité, l’autre un mensonge. Croire à la croisade pour la démocratisation de ce pays (pourquoi l’Irak plutôt que tant d’autres régimes où le peuple n’a pas son mot à dire ?), c’était croire, ce n’est pas vous qui me contredirez, que les Croisés étaient mus, en réalité, par autre chose que le pouvoir temporel. Vous allez jusqu’à "être prêt à admettre, bien qu’un tel cynisme [vous] semble monstrueux, que certains apprentis sorciers à Washington aient pu trouver des avantages à ce bain de sang". Je pense plutôt que vous n’allez pas assez loin. Il ne s’agissait pas d’apprentis sorciers mais de politiciens, affairistes, industriels et autres profiteurs qui se sont dévoilés dans l’entourage immédiat du pouvoir et au sein même de celui-ci dès que l’occupation fut effective. Sans parler des armées privées qui, jusque-là avaient émargé et émargent aujourd’hui encore au budget étasunien abondé par la masse des contribuables. C’est ainsi que les guerres opèrent le transfert des revenus du travail vers les comptes en banque des détenteurs de capitaux. Où peut-on trouver "quelques motivations respectables" ?

Si l’on ne regarde pas les choses froidement, ce qui ne veut pas dire de façon manichéenne, on est, ainsi que vous le dites, "déboussolé". Les acteurs internationaux agissent avec une grande intelligence et une compétence stratégique qui ôtent toute ambiguïté. La morale et les bons sentiments n’ont pas leur place dans ce contexte.

On va même souvent jusqu’au machiavélisme. L’Histoire regorge d’événements dramatiques du type incendie du Reichstag ou obus serbe sur Sarajevo qui se révèlent être, effectivement, de monstrueuses machinations. Je ne croirai à la version officielle du 11 septembre, que vous évoquez, le jour où l’on m’expliquera pourquoi la troisième tour de New York, le WTC 7, s’est effondrée de la même manière que les tours jumelles et pourquoi elle n’intéresse généralement pas les commentateurs comme elle a été tout bonnement ignorée de la Commission d’enquête elle-même. Elle abritait pourtant des bureaux de la CIA, ceux de Services secrets, le ’bunker’ du Maire ainsi que le SEC (Securities & Exchange Commis ¬sion), "qui a perdu quelque 3 000 à 4 000 dossiers concernant des fraudes importantes à Wall Street" (Source : Site du Reopen911). On traite vraiment les peuples par le mépris le plus profond.

Les ficelles géopolitiques sont vraiment très grosses et l’on s’obstine à ne pas vouloir les voir. Ou à les imposer comme vérités intangibles à l’opinion publique qui, disposant de plus en plus de moyens pour les réfuter, s’émancipe quitte à subir les traditionnelles accusations de révisionnisme. Partant de là , on est conduit à chercher les causes du dérèglement du monde là où elles ne sont pas. "Est-ce un hasard, écrivez-vous, si c’est de là [des pays arabes] que sont issus les hommes qui commettent, en ce début de siècle, les actes de violence les plus spectaculaires ? " On est littéralement interloqué ! Les E.U. et Israël ne sont-ils pas les premières sources de violence dans les pays arabes. Fauteurs de guerres, coupables de crimes contre l’Humanité, semeurs de troubles en tout genre... et, en définitive, sources de résistances forcément violentes, baptisées : terrorisme.

J’espère que le dérèglement du monde ira jusqu’à son terme et que, sur ses cendres, naîtra une société dans laquelle l’Homme cessera d’être exploité par l’Homme.
Je vous prie de croire en ma parfaite sincérité et en mes meilleurs sentiments.

Gaston PELLET - 15 décembre 2010 -

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COMMENTAIRES  

31/12/2010 12:11 par Abdelkader DEHBI

D’abord un grand merci à M. Gaston Pellet pour cette analyse, d’une rare sagacité.
Amin Maalouf est sans doute l’un des spécimens contemporains les plus représentatifs de la double appartenance culturelle et des terribles tiraillements - schizophréniques ? - que cette double appartenance culturelle et linguistique entraîne parfois. En particulier lorsque les langues de cette double culture sont, si j("˜ose dire, asymétriques au plan civilisationnel, avec toutes les connotations historiques, religieuses ou idéologiques que ce terme pourrait suggérer. Lire dans le texte, indifféremment, le poème révolté sur le « Désastre de Lisbonne » ou les envoûtantes harangues apocalyptiques de « Nahj al balagha, est une belle mais terrible épreuve pour l’esprit. A fortiori quand de telles lectures interviennent si on ose dire, hors cadre, géographiquement ou hors atmosphère, hors contexte, psychologiquement.… Essayez donc de lire dans le texte les poèmes austères de Abou-l-"˜Atahyya, en prenant un café sur le Boulevard des Capucines. Ou à l’inverse, tentez de relire Madame Bovary dans votre chambre d’hôtel mecquoise où vous êtes de passage pour une "˜Omra ! - Il me revient d’ailleurs à l’esprit, cette curieuse citation que Henry de Montherlant, « victime » de sa double culture française et hispanique, met dans la bouche d’un des protagonistes de sa célèbre pièce « La reine morte ». Voici la citation : « L’oiseau rare, quand il est pris, ne se débat pas ». Or, cette citation qui est originellement de langue arabe est passée naturellement à l’espagnol durant la période historique de l’Andalousie arabe. Mais elle n’a pas d’équivalent en langue française.
Ces brèves considérations pourraient sans doute excuser Monsieur Amin Maalouf. Mais certainement pas l’exonérer ; d’autant qu’il nous donne la désagréable impression, avec « le dérèglement du monde » d’avoir cherché à « rattraper » son excellent ouvrage, « Les Croisades vues par les arabes » en se montrant sensible - et pas nécessairement par mièvrerie - aux chants des sirènes de la « Nouvelle Croisade » de l’Occident en Orient qui continuent cyniquement de psalmodier les psaumes de l’imposture du « processus de paix » pour couvrir les bruits des armes de l’armée d’occupation sioniste fauchant femmes et enfants, ou ceux des pelleteuses rasant par milliers, les humbles maisons palestiniennes ou arrachant par milliers, les oliveraies centenaires.
Il dit qu’il est entré dans le nouveau siècle « sans boussole » ? Où l’aurait-il donc laissée cette boussole, si tant est qu’il en avait une ?
Le noble Clerc - au sens de Julien Benda - serait-il moralement naufragé aujourd’hui, au point de se transformer en vulgaire clairon pour le compte de ceux qu’il fustigeait il n’y a guère ?

31/12/2010 18:22 par D.Benchenouf

J’avoue que j’ai du mal à accepter cette image d’un autre Amine Malouf que celui, lumineux et universel, que j’ai connu à travers tous les romans qu’il a écrits, avec une plume aussi sublime qu’elle fut sans équivoque. J’attendrais donc, pour me faire une opinion sur ce sujet, de lire ce livre dont il est question içi.

Dans cette phrase de Amine Malouf que l’auteur cite, où il est question d’"actes de violence les plus spectaculaires" commis par les hommes issus des pays arabes, je ne vois pas ce qui serait choquant dans ce constat, ô combien réaliste.
Monsieur Malouf n’a dit, en parlant de ces actes, ni qu’ils sont les plus sanguinaires, ni les plus odieux, ni les plus horribles, mais les plus spectaculaires, en ce sens, à mon avis, qu’ils s’offrent en spectacle, à des faiseurs d’opinions qui n’en demandaient pas tant. N’est ce pas l’évidence même ?
Amine Malouf aurait même pu dire, en plus de "spectaculaires", que ces actes de violence étaient bêtes, méchants et suicidaires, puisque c’est leur propre communauté que ces "hommes" déchirent. Dans tous les sens du mot.
Je réserve donc mon opinion, en attendant de m’en forger une sur ce nouveau livre.
Mais je crédite bien volontiers Amine Malouf de n’avoir eu que les intentions que nous lui avons toujours connues, celles que ses livres ont laissé dans nos esprits. La présomption d’innocence vaut pour tout le monde. A fortiori pour un homme qui n’a pas craint de nous faire traverser les marécages dans lesquels s’est enlisé notre passé, et dont la générosité d’âme illumine les sentiers sinueux qui mènent à demain.
A fortiori pour un homme qui a pris position, et qui s’est impliqué, dans une lecture de l’histoire particulièrement à contre-courant du discours ambiant, et de la terrifiante conjoncture que les propres siens vivaient. Lui, le chrétien libanais, en pleine guerre civile, une guerre fratricide qu’on avait revêtu des oripeaux de la religion.

01/01/2011 12:41 par Wils

J’ai lu avec grand intérêt le précédent ouvrage de M Amin Maalouf, dénommé « Les Croisades vues par les Arabes ».

Cet ouvrage apporte un éclairage tout à fait particulier sur une période somme toute extrêmement importante pour la mémoire de cette région du monde.

Permettez moi, de féliciter, M Amin Maalouf, pour sa constance dans la réécriture de l’histoire lorsqu’elle permet un « lien » avec notre époque.

M Amin Maalouf, prend grand soin dans cet ouvrage à qualifier les villes et les habitants, qui sont le cadre de son récit, de « palestiniens ».

Pourtant, dans AUCUNE des sources, si nombreuses par ailleurs, AUCUN ACTEUR QUELCONQUE de ces événements, n’utilise un tel « qualificatif »…

Il nous décrit un Islam divisé par des luttes intestines interminables et la seule constante de son récit, est le passage de ces malheureuses populations du joug du « Sultanat d’Alep », à celui des « roums », à celui des « Francs », à celui des « fatimides » etc…

L’apothéose de cette réécriture est atteinte lorsque M Amin Maalouf, nous parle d’un « petit village de pécheurs palestinien » en mer rouge, qu’il décrit comme situé à l’emplacement actuel de la ville d’Eilat. Nous n’en saurons pas plus et pour cause.

Ce prétendu « village de pêcheurs palestiniens » était composé de TROIS structures en boue séchée, utilisées par des bédouins, datant de l’exploitation des mines de Timna par le Royaume Juif et par les égyptiens. Son nom était « Oum Elrashrash » et dénommait une station de police égyptienne investie par les forces israéliennes sans aucune violence en mars 1949.

Gageons que M Amin Maalouf, restera tout aussi « fidèle » aux faits dans son nouvel ouvrage que j’aurais grand plaisir à lire.

03/01/2011 23:44 par Marie TC

Avant de lire votre commentaire, M. Pellet, j’étais mal à l’aise en ne comprenant pas pourquoi je n’étais pas convaincue par ce livre d’Amin Maalouf alors que je partais avec un très bon préjugé.

Merci d’avoir si bien souligné en quoi il nous entraîne à nous laisser berner, après s’être laissé berner lui-même peut-être par ses bons sentiments, finalement, à l’égard de notre occident qu’il critique à peine.
Croire que notre système politico-économique est vivable ou simplement honnête est un aveuglement.
Et de la part d’Amin Maalouf c’est difficile à comprendre...

J’apprécie énormément votre grande clarté et souhaiterais lire d’autres de vos analyses si vous en produisez.

05/01/2011 04:23 par Byblos

Amin Maalouf est un historien (et il fait oeuvre d’historien avec « Les croisades vues par les Arabes »). Mais c’est surtout un romancier et un conteur sans pareil. Et il l’a prouvé tout au long de son oeuvre romanesque depuis Léon l’Africain jusqu’au Rocher de Tanios.

Avec « Le dérèglement du monde », il s’est aventuré sur un terrain miné qu’il connaissait mal, et sans s’être doté de l’équipement nécessaire, à savoir une grille d’analyse même rudimentaire.

Merci mille fois à Gaston Pellet pour cet article rigoureux. Il m’a permis de comprendre pourquoi, alors que j’ai littéralement dévoré tous et chacun des ouvrages de Maalouf, j’ai abandonné la lecture du « Dérèglement... » dès les premières pages, saisi d’un malaise que je ne m’expliquais pas. C’est Gaston Pellet qui m’a permis de comprendre que cet ouvrage est truffé de poncifs et de lieux communs. Certes, Amin Maalouf le voit ce dérèglement du monde comme nous tous. Mais il n’a pas su voir que la chute du mur de Berlin a été une catastrophe, non seulement pour le communisme ou les communistes, mais bel et bien et surtout, surtout pour l’équilibre du monde.

Il y a eu non pas « dérèglement », mais « basculement » du monde pour la simple raison que, tout à coup, il n’y a plus eu de contrepoids à la toute puissance des USA.

06/03/2015 04:07 par Virginie

Bonjour,

Je trouve le propos de cet article et les commentaires qui s’en suivent, profondément injustes et plein de parti pris.
Non Amin Maalouf n’écrit pas que ce qui nous arrive est de la faute à personne. Relisez bien et vous verrez qu’il dit au contraire que c’est de notre faute à tous.
Il écrit clairement que nous sommes tous embarqués sur le même bateau, dont nous n’avons pas pris soin et qui se trouve maintenant bien mal en point.
Il écrit clairement qu’il n’est plus l’heure de se rejeter la faute les uns aux autres, mais au contraire de trouver maintenant et de toute urgence des solutions à nos problèmes que nous partageons d’un bout à l’autre de la planète.
Il a raison.
Non seulement, il a raison sur toute la ligne, mais aussi, contrairement à vous, il maîtrise son sujet avec assez d’honnêteté pour justement nous inviter à cesser de nous renvoyer la faute de ceci et de cela.
En clair, il nous raconte que nous avons aujourd’hui tout intérêt à sortir de nos manichéismes, de nos concepts strictement binaires, où il y a toujours 2 camps qui s’affrontent.
A force de nous affronter les uns et les autres, sous prétexte qu’il faudrait toujours dénoncer les méchants et couronner les bons, nous risquons simplement de nous auto-effacer de la planète.
Je soupçonne que certains d’entre nous soient devenus si aigris, qu’ils en viennent précisément à l’espérer.
Allons, du cran, relevez-vous !

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