Pendant que les médias dissertent sur la régularité des élections en Côte d’Ivoire comme ils le firent pour l’Iran, un président élu a été chassé par l’armée au Honduras. Le pays saigne, des citoyens sont arrêtés et disparaissent dans le silence de nos journalistes au grand coeur et à la déontologie tellement insoupçonnable qu’il serait scandaleux de parler de larbins et de laquais.
LGS
6 décembre 2010. -Le Comité des Familles de Détenus - Disparus du Honduras (COFADEH) lance un appel urgent au monde à revoir ses relations avec notre pays pour les motifs et faits suivants :
1. La "normalité" dont la construction supposerait dialogue et réconciliation produit chaque jour davantage de morts et enracine des pustchistes violents au pouvoir, associés progressivement au trafic de drogue et au crime organisé.
2. L’inégalité et la pauvreté ont déséquilibré la gouvernabilité du Honduras ; leur pouvoir déstabilisateur a augmenté la panique de petits secteurs privilégiés et ceux-ci ont mis en danger les autres secteurs.
3. L’institutionnalité postérieure au coup d’État de juin 2009 fonctionne comme facteur de domination et de soumission absolue aux élites violentes contre la citoyenneté rebelle.
4. Le contrôle sans contrepoids des pouvoirs de l’État, les médias privés, les églises et les appareils répressifs - réguliers comme irréguliers - ont installé une forme de terrorisme d’État.
5. De cette structure terroriste qui viole les droits humains et qui criminalise les dissidences, est corresponsable un groupe d’états constitués, en particuliers les États-Unis, la Colombie et au moins deux européens, ainsi que des organismes tels que la Banque Mondiale et le FMI qui fournissent des ressources au régime de facto.
6. Les libres opérations du trafic de drogue et d’autres formes de crime organisé dans les espaces militaires et policiers sont la cause de morts violentes d’enfants, jeunes, hommes et femmes adulte à raison de 70 pour cent mille habitants.
7. Les pouvoirs de facto des agroindustriels et des délinquants qui ont pris le contrôle des forces armées, et qui prennent les décisions stratégiques du pays, comme celle d’augmenter le budget national pour la défense et la sécurité de deux milliards de lempiras (200 millions de dollars), bien au-dessus des budgets de l’éducation et de la santé.
8. L’impunité est totale, on ne perçoit pas d’État de Droit parce qu’il n’existe pas pour les victimes vaincues et très malheureusement, la communauté internationale reste dans l’expectative, attendant inutilement "le retour de la normalité antérieure au coup d’État" .
9. L’élite soutient le pouvoir par la force et émet des lois qui renforcent les petits pouvoirs économiques et criminalise les luttes sociales en faveur du peuple. Elle utilise des civils et des militaires comme porte-paroles agressifs.
10. Les lois de confiscation de biens du crime organisé sont une forme de blanchir les opérations illicites de l’État du régime de facto et son budget sanglant. Les lois antiterroristes - d’intervention financière des associations civiles et des écoutes téléphoniques - sont une autre expression du terrorisme d’État.
11. La militarisation démesurée des zones productives du Rào Aguán au nord du pays, après le massacre de paysans dans le secteur d’El Tumbador, est une stratégie violente de plus pour criminaliser les luttes paysannes et expérimenter une nouvelle voie de sécurité nationale dévastatrice.
Le Cofadeh lance donc un appel à la communauté internationale pour qu’elle intervienne sans délai dans les affaires qui jusqu’ici étaient du ressort du Honduras ; il s’agit en effet d’éviter davantage de morts, de violations d’autres droits de l’homme et de rupture de la paix. Nous vous attendons ici, maintenant. Non sous la forme de paramilitaires ou d’espions mais comme boucliers humains face à la barbarie. Comme internationalistes pour refonder le Honduras avec la résistance nationale.
Pour les faits et pour leurs auteurs, ni oubli ni pardon.
Tegucigalpa, M.D.C., 3 décembre 2010
Traduction française : T. Deronne
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