Amnesty International a rendu public aujourd’hui un plan d’action censé faire face aux catastrophes humanitaires qui se déroulent aux portes de l’Europe, en pleine Méditerranée.
En s’interdisant de faire référence aux véritables causes qui poussent les migrants à risquer leur vie pour joindre le continent européen, Amnesty International évite d’évoquer les vraies solutions qui permettent de prévenir et de mettre fin à ces drames. L’organisation humanitaire se limite à proposer de s’attaquer aux effets visibles de cette tragédie pour empêcher les « naufrages de la honte », comme elle les qualifie. Pour elle, s’il y a des milliers de morts noyés en Méditerranée, c’est à cause de l’« absence de protection des réfugiés et des migrants en mer », tel que cela figure dans le titre de son rapport. Amnesty International estime que le plus important est lié à l’immédiat, c’est pourquoi elle demande « aux gouvernements européens de prendre des mesures immédiates et efficaces pour mettre un terme à la situation catastrophique s’étant soldée par la mort de milliers de réfugiés et de migrants ».
Le directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International, John Dalhuisen, espère que les dirigeants européens qui se rassemblent demain, jeudi 23 avril, à Bruxelles ne rateront pas « l’occasion historique de mettre fin à cette tragédie humanitaire qui prend des proportions colossales ». Amnesty International critique la décision d’abandonner « Mare Nostrum », l’opération humanitaire de la marine italienne, fin 2014. Elle signale que « les premiers mois de 2015 ont été marqués par l’afflux d’un nombre record de réfugiés et migrants tentant de rallier l’Europe par la mer ». Selon ses estimations, quelque 1 700 personnes ont péri au cours de cette période. Elle rapporte que « le 31 mars 2015, les représentants des principales associations européennes et mondiales de l’industrie du transport maritime et des grands syndicats de marins ont qualifié d’“intenable” la situation actuelle et demandé aux Etats d’augmenter les ressources et le soutien alloués aux opérations de recherche et de sauvetage ». Tournant le dos aux questions de fond posées par un système de relations internationales totalement injuste, marquées par les nouvelles guerres pour le pillage de type colonial déclenchées directement, comme en Libye en 2011, ou à travers le soutien aux groupes terroristes renforcés par des djihadistes venus d’Europe, comme c’est le cas actuellement en Syrie, Amnesty International se résigne à appeler « l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement européens assistant au sommet de jeudi 23 avril à mettre immédiatement sur pied une véritable opération afin de sauver des vies en mer ». Elle leur donne même un mode opératoire : « Autoriser le déploiement immédiat de ressources navales et aériennes suffisantes le long des principaux itinéraires de migration afin de secourir les bateaux en difficulté. » C’est bien, mais nettement insuffisant. Il faut appliquer les remèdes à la source du mal : cesser d’alimenter les guerres qui déchirent les pays du Sud, développer une vraie coopération pour amorcer un processus qui mènera à un peu de prospérité. C’est ce que l’ONU a compris, en le soulignant dans une déclaration de son Conseil de sécurité, que « les fondements de la pauvreté et des conflits qui poussent les gens à prendre les mesures extrêmes pour traverser les mers à la recherche d’un travail, de la paix et de conditions de vie décentes ne vont pas disparaître sans une action concertée de la part des Etats ».