Loin de campagnes présidentielles passées qui ont parfois été mornes et ennuyeuses, celle d’aujourd’hui est, sous certains aspects, un vrai régal. En effet, depuis quelques mois, les prétendants au poste convoité nous réservent bien des surprises. La presse fait son boulot. Les médias de masse relaient abondamment. Et d’aucuns se régalent de ces rebondissements incessants, dignes des meilleurs polars.
Mais, que l’on ne s’y trompe pas, pour ce qui est des valeurs démocratiques dont tant se prévalent, c’est un désastre. Pour preuve, la lente mais irrémédiable progression du Front National, qui malgré « les affaires » qui le concernent (lire : https://www.legrandsoir.info/les-accusations-glissent-sur-marine-le-pen-comme-la-pluie-sur-les-ailes-d-un-vautour.html), engrange les intentions de vote de tous les dégoûtés des pratiques du microcosme politique traditionnel.
Cette campagne a aussi un avantage : révéler les côtés les sombres de certains élus. On sait que l’arène politique ne fait pas de cadeau, mais à ce point, les records pourraient être battus.
A commencer par le président sortant qui n’a pas pris le risque de se représenter, tant le bilan de son quinquennat est désastreux, particulièrement au niveau social. A leur tour, ceux qui attendaient (espéraient ?) ce scénario, tapis dans l’ombre, en sont pour leurs frais. Des ténors qui s’y voyaient déjà se sont ramassés. Les partis traditionnels, toujours aussi coupés de la base, pourris de l’intérieur par des manigances sordides et des combines puantes, s’effondrent sur eux-mêmes dans un autisme rare. Et ceux qui en émergent péniblement ne représentent bientôt plus que leur ombre, quand ils ne se prennent pas les pieds dans le tapis. Malgré cela, des abrutis font comme si de rien n’était. Ils ont été trompés, trahis, volés… ils n’en n’ont cure, et en idiots utiles, continuent à les soutenir. Le pompon à ce jour, revenant à François Fillon.
Ce Monsieur Propre autoproclamé, bon chrétien – sans doute trop pour être honnête – , père de famille modèle, châtelain louant ses terres comme au temps des Seigneurs (lire : http://blog.francetvinfo.fr/judge-marie/2017/02/05/veaux-vaches-ble-et-loyer-f-fillon-et-ses-fermiers.html), planqué dans la machine étatique depuis des décennies, se révèle être comme tant d’autres, un délinquant en col blanc. Certes, pas à la manière de Sarkozy ou des Balkany, moins subtils sans doute. Mais si la forme est plus aristocratique, le fond est le même. Ces gens-là ne sont pas au service de l’Etat comme ils le déclarent en chœur, mais se servent de l’Etat pour leur confort personnel, ne reculant devant rien pour arriver à leurs fins. Inutile de reprendre ici tous les griefs qui lui sont reprochés, et pour lesquels la Justice mène ses enquêtes, les médias en font leurs choux gras.
En revanche, ce qu’il faut dénoncer, c’est l’art sournois du candidat Fillon pour détourner la situation en se faisant passer pour victime alors qu’il est coupable, au moins, moralement. En effet, la défense du sieur Fillon est de répéter que rien de ce qu’il a fait n’est illégal, et qu’il n’est pas le seul dans le cas (des noms, svp !), surfant ainsi sur la tangente. N’étant pas « spécialiste » de ces questions, je renvoie à ceux qui peuvent en parler en connaissance de cause. Mais il n’est pas besoin d’être « spécialiste » pour pointer l’aspect immoral des faits. Et là, Fr. Fillon étale en long et en large, le peu de scrupules qui l’anime.
Non content d’interpréter les faits à son avantage, les termes de ses communications à la presse n’ont plus de limites. Et la surenchère à laquelle on assiste au fil des semaines témoigne du désarroi de l’individu et de ses affidés qui, au fond d’eux-mêmes savent bien que leur position est indéfendable. Après avoir parlé de « mépris », de « misogynie », de « coup d’Etat institutionnel », « d’acharnement judiciaire » et j’en passe, ne voilà-t-il pas que cet exemple de probité et ses communicants parlent « d’assassinat politique » !?
Il faudrait vraiment leur conseiller de revisiter l’Histoire récente et d’aller voir du côté de P. Lumumba, S. Allende, H. Chavez, M. Kadhafi, … – exemples parmi bien d’autres – ce que « assassinat politique » signifie réellement.
Non, Mr. Fillon, n’est en rien « victime » de quoi que ce soit, sinon de son égo, pour le coup, surdimensionné. De son avidité du pouvoir et des multiples avantages qu’il permet dans une démocratie assurément malade de ce genre de pratiques. Et à ce stade, l’on ne peut s’empêcher de lui rappeler ses propos : « Qui imagine un seul instant le Général de Gaulle mis en examen ?! »… complétés par ceux d’un éditorialiste se demandant si la mère Yvonne eût été payée comme l’a été Pénélope… ?
Alors, si l’on peut dire que « errare humanum est perseverare diabolicum » ou pour ceux qui ne seraient pas comme lui, biberonnés au latin de messe : l’erreur est humaine, mais persévérer est diabolique… il faudrait conseiller à Fr. Fillon avant qu’il ne soit trop tard pour l’âme pure qui l’habite, de retirer sa candidature et de se repentir de ses fautes, sous peine qu’elle se transforme en cette Bérézina qu’il craignait tant, et l’éloigne définitivement, ô horreur, du paradis qu’il risque de rater à s’entêter de la sorte !
Daniel Vanhove –
02.03.17
Observateur civil
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