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A bas Sarkozy ! Brève analyse et perspectives aprés le vote du 22 avril, Vincent Présumey.








Mardi 24 avril 2007.


La participation.

Ce dimanche 22 avril, les différentes classes et couches sociales ayant le droit de vote en France se sont toutes fortement mobilisées, engendrant le taux de participation le plus élevé de l’histoire de la V° République.

Celui-ci est pour partie du à la mobilisation de la classe ouvrière (les salariés, actifs, chômeurs, retraités) et des jeunes qui se sont inscrits sur les listes électorales aprés les émeutes des banlieues de l’automne 2005 et le mouvement contre le CPE du printemps 2006. Mais il est aussi causé par la mobilisation du ban et de l’arrière-ban de l’électorat bourgeois et de l’électorat populaire de la droite, de l’extrême-droite et du "centre".


Deux voies ...

Toutes les classes, toutes les couches de la population, sentent que les enchères montent, que les enjeux sont lourds, qu’il va falloir trancher, en France, dans un sens ou dans l’autre :

- dans le sens des intérêts de la majorité, le sens de la démocratie, abrogeant les lois antisociales des dernières décennies : cette direction a été indiquée par les grèves de 2003, par les élections de 2004, par la victoire du Non à la constitution capitaliste européenne en 2005, par le mouvement contre le CPE en 2006 : s’y engager signifierait rompre avec le capitalisme. C’est la voie de l’intérêt réel de la majorité, la voie du réalisme et de la vraie rupture !

- ou alors on va dans le sens des besoins de l’ordre capitaliste existant, en brisant le code du travail par le contrat précaire et le licenciement tout au long de la vie, brisant ce qui demeure debout des régimes de retraites par répartition, de la fonction publique et des services publics, maniant la matraque, l’expulsion et le racisme pour constituer des couches surexploitées et effrayer les autres couches de salariés.


... mais une seule clairement formulée : celle du capital, celle de la droite.

La seconde voie, à "droite", la voie de Bush et de Thatcher, a été clairement indiquée par Nicolas Sarkozy, donnant ainsi une perspective à sa classe, la classe capitaliste, malgré une grande inquiétude dans ses propres rangs sur les risques d’affrontement au cas où il serait élu, inquiétude qui a initialement nourri la candidature de F.Bayrou.

Par contre, à "gauche" la première voie, celle de l’issue pour la majorité, allant vers un gouvernement qui représente réellement celle-ci, n’a pas été dessinée ni par S.Royal, candidate investie par le Parti socialiste mais sur une orientation d’union nationale proche de celle de F.Bayrou, ni par les autres candidats de la LCR, du PCF, de LO, de la Gauche antilibérale ou du PT.

Dans ces conditions, la confusion entretenue a favorisé un transfert de voix vers F.Bayrou de secteurs de l’électorat du PS et même de la "gauche de la gauche". Ces électeurs plongés dans la confusion peuvent constater qu’ils ont involontairement fait le jeu de N.Sarkozy qu’ils croyait contrecarrer : en effet, la faiblesse du total "gauche" apparaît comme le principal facteur susceptible de faire gagner celui-ci (précisons que nous ne confondons naturellement pas ces électeurs qui ont été, en somme, trompés, avec les dirigeants tels que Rocard et compagnie qui recherchent sciemment la coalition PS-Verts-UDF).


La voie de la victoire est tracée malgré tout !

Néanmoins, le fait majeur pour la classe ouvrière, pour l’électorat populaire, pour l’électorat "de gauche", est sa capacité de résistance et de contre-attaque qui s’est manifestée malgré tout avec puissance dans les conditions politiques défavorables de ce premier tour.

En effet, le vote Royal ne correspond pas, ni sociologiquement ni politiquement, à ce que recherchaient à l’origine les promoteurs de sa candidature : ce fut un vote "ouvrier" clair et net, contre Sarkozy, contre Le Pen, contre Bayrou. Alors qu’elle perdait les voix des "bobos" dont l’ "opinion" dans les sondage avait servi à la faire investir par le PS, un regroupement de classe s’opérait qui seul lui a permis et d’être au second tour et de réaliser un score conséquent à plus de 25 % :

- celui de l’électorat socialiste traditionnel, composé de travailleurs, de fonctionnaires, d’enseignants, de retraités ...

- celui d’électeurs qui auraient bien aimé pouvoir voter "plus à gauche" mais qui devant le danger Sarkozy et aussi le danger Bayrou ont voté Royal dés le 1° tour,

- et celui des jeunes et des familles issues de l’immigration, à Argenteuil, dans le 18°, à Clichy, dans le 93 ... qui considérent que voter Royal c’est se défendre contre la brute qui veut matraquer leurs enfants et expulser leurs parents et amis.

A ce mouvement, à ce regroupement, s’ajoute le vote d’une partie de la jeunesse pour O.Besancenot dont le score, en nombre de voix, dépasse nettement celui de 2002.

La voie de la victoire est ainsi dessinée par le comportement du coeur de la classe ouvrière, de la jeunesse anti-CPE, de l’électorat de gauche.


La victoire est possible, en avant !

La victoire contre Sarkozy est naturellement nécessaire : Sarkozy tentera de briser le salariat, de précariser totalement la jeunesse, de rétablir pleintement le régime de la V° République. Sans soutenir le programme de Royal tous les travailleurs qui savent où est leur intérêt doivent élargir le début de regroupement opéré au 1° tour. Au lieu de se rapprocher de Bayrou, comme S.Royal semble essayer de le faire, la voie de la victoire est celle de la confrontation claire et nette, classe contre classe, "gauche" contre "droite". Les électeurs "de gauche" qui ont voté Bayrou au 1° tour, mais aussi d’autres électeurs du même Bayrou et des électeurs de Le Pen, notamment parmi les ouvriers et employés des petites entreprises et les travailleurs indépendants, agriculteurs et petits commerçants, rejoindront ce regroupement si et seulement si ils sentent une force montante.

PAS DE MAIN TENDUE AU CENTRE, PAS DE GRANDE COALITION DEMOCRATE-CHRETIENNE.

La voie de la victoire c’est la voie du combat social : que le 1° mai soit une journée anti-Sarkozy, que les organisations syndicales prennent leur responsabilité en indiquant clairement qui il faut battre : ils nous ont bien dit de voter Chirac en 2002, alors qu’ils s’engagent contre Sarkozy cette fois-ci, explicitement, et il sera battu.

Vincent Présumey




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