Une première version de ce texte parut dans la Kievskaïa Mysl, dont Trotsky était le correspondant parisien en 1915. il sera réédité plusieurs fois. Nous utilisons ici le texte de la réédition russe de 1917.
Trois années ont passé depuis la mort du plus grand homme de la Troisième République. Le torrent furieux des événements qui ont suivi immédiatement cette mort n'a pas pu submerger la mémoire de Jaurès et n'a réussi que partiellement à détourner de lui l'attention. Il y a maintenant dans la vie politique française un grand vide. Les nouveaux chefs du prolétariat, répondant au caractère de la nouvelle période révolutionnaire, ne sont pas encore apparus. Les anciens ne font que rappeler plus vivement que Jaurès n'est plus…
La guerre a rejeté à l'arrière-plan, non seulement des figures individuelles, mais une époque toute entière : celle pendant laquelle a grandi et s'est formée la génération dirigeante actuelle. Cette époque, qui appartient déjà au passé, attire l'esprit par le perfectionnement de sa civilisation, le développement ininterrompu de sa technique, de la science, des organisations ouvrières, et paraît en même temps mesquine dans le conservatisme de sa vie politique, dans (…)Lire la suite »