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Auteur : Ahouansou SÉYIVÉ

Christian Estrosi : défaite de la pensée et triomphe de la peur.

Ahouansou SÉYIVÉ
Fini l'esprit du 11 janvier, ce vert pâturage où le troupeau devait désormais se sustenter. Oubliés, serments et engagements rassembleurs. Le ciment nouveau, censé solidifier les bases de la patrie ébranlée par les sicaires d'un Islam réduit à l'obscurantisme, a semble-t-il, été mal coulé. Pour reprendre la vulgate chère au Front National et distillée insidieusement par les médias mainstream (La Une de Valeurs Actuelles du 6 mai 2015 en est un exemple parfait), cette entreprise de terrassement s'est révélée un "travail d'arabe". Les fissures décelées en filigrane, lors d'un rassemblement relevant à parts égales du sursaut citoyen et du réflexe ovin, se sont transformées en béances dans lesquelles s'engouffrent avec entrain nombre de responsables de droite, notamment proches de Nicolas Sarkozy. Ses communicants s'étaient donnés du mal. Ils avaient soigné son image, lissé ses premières prises de parole. Tout avait changé, il s'était calmé,assagi. Las, les hommes ne changent (…) Lire la suite »

Eduardo Galeano : ballon, crampons et révolution.

Ahouansou SÉYIVÉ

C’est avec brio qu’il maniait la syntaxe, se jouait des figures de styles et jonglait avec les mots, à l’image de ces artistes qu’il adulait et qui, eux, tripotaient le ballon rond.
Il avouait avec humour et sincérité :« Comme tous les Uruguayens, j’ai voulu être footballeur. Je jouais très bien, j’étais une vraie merveille, mais seulement la nuit, quand je dormais : pendant la journée, j’étais la pire jambe de bois qu’on ait vu sur les terrains de mon pays. ». (1)

Son approche de l'agilité sémantique n'était cependant pas d'essence ludique. Contrairement au football auquel il vouait une admiration proche de la dévotion, autrement plus sérieux et dramatiques étaient les enjeux du match auquel il participait, et qui avait fini par les définir, lui et son œuvre. Il s'était fait défenseur des peuples sud-américains, attaquant d'une formation portant le maillot d'une histoire écrite et lue du point de vue des perdants. Victimes silencieuses des génocides résultant de la Conquista, bouches muselées par une traite négrière ayant optimisé la mise en valeur de terres et d'un continent volé à ses légitimes occupants, paysanneries et prolétariat écrasés par l'impérialisme et son inhumaine division capitaliste du travail, ils avaient trouvé une plume, et non des moindres, pour les décrire, pour les écrire. Un buteur martyrisant le goal adverse... Sorti à la 74ème année du match de sa vie, le 13 avril 2015, Eduardo Galeano n'aura pas assisté, (…) Lire la suite »

La valise ou le cercueil.

Ahouansou SÉYIVÉ

L’affaire fut, dès le départ, cousue de fil blanc.
Il y eu d’abord l’opération Serval lancée en janvier 2013, sensée sauver les Maliens des islamistes, puis vint le temps de l’opération Barkhane déclenchée cet été en vue de sécuriser le Sahel, mais dont l’objectif véritable visait évidemment à repositionner la France dans cette région d’Afrique et de pérenniser sa présence militaire.

Aussi, comme au bon vieux temps du partage de la Conférence de Berlin et des conquêtes coloniales, le souci du bien-être des populations locales avait été mis au centre d'une rhétorique justifiant l'incongrue présence de militaires français sur le sol africain, en ce début de XXIème siècle. Malgré quelques réticences d'un exécutif malien faiblard, sans forces de défense dignes de ce nom, et ne devant sa bonne fortune qu'à l'interventionnisme du gouvernement français, l'ouverture d'une base française à Tessalit avait été entérinée par un accord de « Partenariat de défense » signé à la mi-juillet 2014 (Lire ici). Lisant entre les lignes, nous annoncions un retour en force et durable d'une France, à genoux économiquement, sur le sol africain. Les dialectiques de la lutte contre le terrorisme, de celle de l'aide au développement et de la lutte contre le trafic de drogue nous apparaissaient alors comme le minuscule cache-sexe d'ambitions néocoloniales. Les dernières décisions et (…) Lire la suite »

France-Mali : désaccord de défense et nouvelles clôtures pour enclos coloniaux

Ahouansou SÉYIVÉ

La signature du nouvel accord de défense, ou accord de partenariat militaire selon une nouvelle nomenclature plus « politiquement correcte », liant le Mali à la puissance impérialiste française, et prévu pour le 16 juillet 2014, marque une nouvelle étape de la remilitarisation de l’Afrique par la France.

Prise pour ce qu'elle est, cette remilitarisation n'est qu'un des aspects de la remise au pas des anciens enclos coloniaux par les puissances occidentales. Tout s'imbriquant pour former un tout cohérent, il est important de souligner le caractère protéiforme de ce que certains, de façon générique, appellent le néocolonialisme, et qui n'est en définitive qu'une des déclinaisons de l’impérialisme économique. On ne peut comprendre et analyser sereinement le militarisme français en Afrique, le Mali étant loin d'être un cas isolé, si on ne le replace pas dans le cadre de dynamiques économiques plus larges, liées à la fin d'un monde occidento-centré économiquement lesté d'économies vacillantes, « challengé » par l'émergence de forces concurrentes et menaçantes que sont notamment les BRICS. Le lancement par ces derniers, lors du sommet de Fortaleza, d'une banque de développement disposant de fonds de réserve d'urgence et appelé à concurrencer le FMI, en est la manifestation récente la (…) Lire la suite »