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Auteur : Olivier MOTTINT

Les « compétences du XXIe siècle » à l’épreuve de la psychologie cognitive…

Olivier MOTTINT

Résoudre des problèmes, faire preuve de pensée critique, créative ou encore innovante, collaborer, communiquer... voilà donc des compétences dont nul n’aimerait être privé. Ça tombe bien : il se fait que leur développement est vaillamment promu par les milieux économiques et quelques pédagogues avides de modernité. Rassemblées sous le vocable de « compétences du XXIe siècle », elles constituent le point paroxystique de l’approche par compétences. Guère étonnant dès lors qu’Andreas Schleicher, patron de la branche « éducation » de l’OCDE, fasse de leur acquisition la condition sine qua none de la prospérité des individus et des nations. Mais que dit donc la recherche scientifique de ce graal pédagogique dont il faudrait se mettre en quête séance tenante ? Ces compétences correspondent-elles à une « réalité cognitive » objective ? Et comment faudrait-il alors les stimuler ?

Un article initialement publié dans L’École démocratique, n°92, décembre 2022, pp. 30-33

Le sempiternel refrain de l’approche par compétences (APC) est connu : dans un « monde en constante évolution », il ne s’agit surtout plus d’acquérir des « connaissances figées » qui, comme chacun sait, (1) seront « rapidement dépassées », (2) sont par ailleurs « trop nombreuses » pour qu’on puisse en acquérir une part significative, ou (3) sont de toute façon « disponibles sur internet » [1]. A en croire les promoteurs zélés de l’APC, c’est au contraire de compétences dont les élèves auront besoin pour « relever les défis de demain », dans un monde où les connaissances doivent désormais être considérées en termes de « flux » plutôt que de « stocks », selon la formule de Schleicher (s.d.). Traduction en termes économiques : ce que les grandes entreprises attendent de leur main-d’œuvre, ce sont essentiellement des compétences, car celles-ci sont censées garantir la flexibilité et l’adaptabilité des travailleurs dans une économie toujours plus concurrentielle, incertaine et (…) Lire la suite »

Les influences nazies du New Public Management

Olivier MOTTINT
On serait volontiers portés à penser que le totalitarisme nazi glorifiait la verticalité et l’autorité en matière de « commandement » des hommes ; ce présupposé est pourtant battu en brèche par Johann Chapoutot, historien français spécialiste du nazisme, dans un petit livre (169 p.) étayé mais facile d’accès. Un ouvrage qui apporte un éclairage neuf sur les conditions d’apparition du management contemporain et interroge les fondements idéologiques du « pilotage par les résultats » [1] que l’on voit se déployer jusque dans le secteur public, enseignement compris. Dans la première partie de son analyse, Chapoutot met en évidence le fait que l’idéologie nazie exaltait la vitalité, le dynamisme, la nature, et à ce titre abhorrait la structure étatique, considérée comme statique, rigide, et donc inapte à réagir de façon flexible et « agile » aux flux continus des événements et des décisions à prendre. Dès lors, les architectes du management nazi (« Menschenführung »), dont Reinhard (…) Lire la suite »

La culture générale pour tous, une ambition scolaire dépassée ?

Olivier MOTTINT
Pour l’Aped, l’acquisition par tous les jeunes d’une « culture classique » constitue l’un des éléments constitutifs d’une Ecole véritablement démocratique. Pourtant bon nombre de discours, dont certains tenus par des voix se réclamant du progressisme, tendent à mettre en cause — ou du moins à relativiser — l’opportunité d’un tel objectif. La culture générale est ainsi suspectée d’être un simple instrument de domination, de reproduction ou de distinction sociale. Ou encore un encombrant bagage pour naviguer dans un « monde moderne en perpétuel changement », qui réclamerait bien davantage des « têtes bien faites » aptes à s’adapter plutôt que des têtes trop pleines de lourds savoirs invariablement présentés comme inertes... Alors, la démocratisation de la culture générale par l’Ecole... une ambition surannée ? La culture... Un élitisme excluant au service des dominants ? Ardent défenseur de la culture populaire, Claude Duneton (1979) écrivait ces lignes, il y a un peu plus de 40 (…) Lire la suite »
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