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Auteur : Adlene MOHAMMEDI

De Paris à Raqqa : lecture géopolitique profane

Adlene MOHAMMEDI

Article publié le 13 décembre 2015 dans l’hebdomadaire économique algérien Crésus. « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. », Karl Marx. « Puisque le monde nous est donné inintelligible, il faut le rendre d’une certaine façon encore plus inintelligible. », Jean Baudrillard.

Des attentats parisiens du 13 novembre dernier à la situation explosive au Moyen-Orient, la tentation de monter sur ses grands chevaux civilisationnels et religieux est grande. Pourtant, tout nous pousse à leur préférer ce que nous appelons une lecture géopolitique profane qu’il convient tout d’abord d’introduire. « Géopolitique » n’exprime ici ni la volonté de tout essentialiser en expliquant la politique par la géographie –travers qui hante la discipline depuis ses débuts – ni cet adjectif galvaudé que l’on utilise pour tout ce qui se rapporte à une question internationale. Nous qualifions ici de géopolitique une analyse qui s’attelle à prendre en compte la dimension territoriale des événements. Quant à l’adjectif « profane », nous nous permettons de l’emprunter à Georges Corm [1] qui lui-même l’a emprunté à Lotfallah Soliman, auteur de Pour une histoire profane de la Palestine [2]. Echapper à la fois au sacré et au viscéral, tel est notre objectif. Frontières, ironie et (…) Lire la suite »

Les failles d’une certaine apologie de l’action

Adlene MOHAMMEDI
« L’action est une brève folie », disait Paul Valéry, et une action en Syrie eût été bien plus qu’une brève folie. Jean-Pierre Chevènement, dans un éloquent discours au Sénat le 4 septembre, s’est adressé dans ces termes à l’actuel ministre des Affaires étrangères : « […] un homme d’Etat comme vous, Monsieur le Ministre, ne peut pas fonder une intervention sur la base du principe "on ne peut pas ne pas"[…] » En effet, davantage qu’une solution, l’idée d’une intervention militaire en Syrie fut présentée comme une sorte de nécessité : la France doit intervenir parce qu’il ne peut en être autrement. Ainsi, l’opportunité d’une intervention semblait dépendre exclusivement des preuves selon lesquelles Damas aurait utilisé des armes chimiques le 21 août, tandis que les conséquences éventuelles de l’intervention brandie ne furent point évoquées : du moment qu’on ne peut pas ne pas intervenir, la question des conséquences de l’intervention ne se pose pas. « Punir » le régime syrien –pour (…) Lire la suite »

Le Moyen-Orient en lambeaux

Adlene MOHAMMEDI

Rappelons-nous ce que disait Lénine des révolutions : c’est quand à la base on ne veut plus et à la tête on ne peut plus qu’elles se produisent. Force est de constater qu’une partie du peuple syrien veut encore, et que le régime peut encore...

Nous avons besoin, en ces temps où la pensée peine à se frayer un chemin entre l’information brute et l’émotion teintée de manichéisme, d’une « lecture profane », pour reprendre la formule de Georges Corm. [1] Pour une lecture profane du conflit syrien Si le « peuple syrien », comme certains médias aiment à le ressasser, s’était soulevé comme un seul homme contre le président Bachar al-Assad, celui-ci aurait sans doute connu le sort de Hosni Moubarak. Rappelons-nous ce que disait Lénine des révolutions : c’est quand à la base on ne veut plus et à la tête on ne peut plus qu’elles se produisent. Force est de constater qu’une partie du peuple syrien veut encore, et que le régime peut encore. Nous avons bien affaire à une guerre civile –ce qui a fini par être admis–, et une guerre civile se distingue d’un soulèvement en ce qu’elle est davantage une lutte pour le pouvoir que pour la satisfaction de revendications politiques ou économiques. Une partie du peuple syrien s’est bien (…) Lire la suite »