Louis Ferdinand Destouches est un incontournable qui ronge. Pour ses partisans, l’auteur du Voyage au bout de la nuit est traité comme un chien crevé, et voué aux gémonies par des coteries jalouses et médiocres. Pourtant, force est de constater que ce Saint-Sébastien hérissé de flèches fascine tous les écrivains – et même l’ensemble de la planète littéraire. L’œuvre de Céline est cette ruine sulfureuse à honorer nécessairement, comme un rituel d’encanaillement, pour tous ceux qui, après lui, entendent explorer le rapport de l’écriture au langage, à la parole et au réel. Il est l’éternel absent qu’on lit honteusement, en frissonnant d’excitation. Une ambiguïté dont on raffole, archétype du mauvais garçon et lieu de tous les transferts, de toutes les projections.