La dernière fois que j’ai vu des soldats étasuniens en Afghanistan, ils étaient silencieux. Ils se trouvaient dans un état de sidération, provoqué autant par les fusillades, les explosions, qui leur avaient infligé de terribles blessures, que par les médicaments que les médecins leur avaient administrés sur le champ de bataille ; on les descendait d’un hélicoptère sanitaire pour les faire admettre dans un hôpital militaire, où ils seraient branchés à des machines qui mesureraient la quantité de vie à sauver qu’il restait en eux. Ils étaient en sang. Ils étaient des morceaux manquants d’eux-mêmes. Ils se taisaient.