« Où sont les millions d’Arabes ? », ce titre de la célèbre chanson de Julia Boutros, aurait pu être celui de ce texte qui va tenter de donner quelques pistes de réflexion sur l’immobilisme supposé des Arabes à l’égard de leurs frères Palestiniens.
Il n’est nul besoin de faire un retour historique sur les origines du mal qui ronge la Palestine pour comprendre ou, en tout cas, pour entamer une réflexion sur les relations politiques entre les Arabes dans leur ensemble et la Palestine, soit le rapport des Arabes à la colonisation de la Palestine. Comprendre l’« impuissance » des Arabes vis-à-vis des Palestiniens depuis le 7 octobre permet sans aucun doute de mieux cerner les rapports des Arabes à la Palestine depuis plus de 75 ans. Comprendre le présent permet de comprendre le passé. Cela suppose de mettre en évidence les causes centrales et fondamentales qui pourraient éclairer la passivité des Arabes au regard de la violente et meurtrière intervention militaire sioniste à Gaza et en Cisjordanie.
A rebours des prédictions, les massacres de masse de Palestiniens et les bébés éventrés par les missiles n’ont pas décidé les peuples arabes à demander des comptes à leurs propres dirigeants, encore moins à les pendre sur la place (…)Lire la suite »
« Notre erreur est d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques » avait craché Gilles Legendre, pour expliquer le mécontentement populaire contre la politique menée par Emmanuel Macron. Nous étions alors en pleine « crise des gilets jaunes », les prolétaires s’étaient levés comme un seul homme pour dénoncer leurs conditions de vie misérables et exiger la démission du président. Les propos de Gilles Legendre résumaient à eux seuls cette nouvelle conception du monde portée par cette mouvance, La République en Marche, née de la décomposition des partis politiques traditionnels. Elle n’exprime pas seulement l’arrogance et le mépris de la société officielle contre la société réelle, de la bourgeoisie contre les prolétaires. Elle considère que tout est affaire de pédagogie et forcément de communication. Si les décisions politiques n’emportent pas l’adhésion populaire, c’est en raison d’un défaut de pédagogie et de communication. Faire toujours plus dans la (…)Lire la suite »
« Factieux », « séditieux », « casseurs », « antirépublicains », « antisémites », les mots pleuvent comme des balles de LBD dans la grande bataille sémantique pour qualifier et tenter de disqualifier les gilets jaunes. A l’unisson, les médias inféodés aux puissants, les experts propagandistes “ larbinisés ” et une très large partie de la classe politique dépassée et désorientée dénoncent chaque jour la violence des gilets jaunes. Mais tous les samedis avec un sens de l’effort incomparable, les gilets jaunes manifestent. Et tous les samedis les scènes de violence se répètent inlassablement.
Le caractère inédit de ce mouvement a été largement souligné, mais sa force réside à la fois dans sa durée et sa violence intrinsèque, l’une alimentant l’autre. Les cris d’orfraie d’un Macron ou d’un Castaner n’y peuvent rien. Leurs incantations et leurs menaces, parfois la larme à l’œil, face à la violence populaire, sont désormais sans effet. Le glaive du ministère de l’intérieur censé faire (…)Lire la suite »
A tous les grands moments où le devenir de la société est en jeu, il y a une formidable accélération de l’histoire à laquelle personne ne s’attendait. Voilà que des « gueux », méprisés et renvoyés à l’inculture, protestent de manière inédite en occupant les ronds-points et les stations de péage, manifestant chaque samedi depuis plusieurs semaines. Sans montrer le moindre signe de fatigue ni d’essoufflement, la contestation radicale des gilets jaunes est majoritairement soutenue dans la société car toutes les classes sociales, à l’exception de l’infime minorité des grands capitalistes, voient leur niveau de vie se dégrader.
Il faut imaginer l’état de sidération de la classe politique et de cette armée d’experts médiatiques, convaincus que tout allait bien et que, s’il existait des injustices, elles n’étaient que marginales. Ils étaient persuadés que la fiction économique du ruissellement allait réparer l’injustice. Que le capitalisme avait suffisamment de ressources pour surmonter (…)Lire la suite »
« C’est la goutte qui a fait déborder le vase » est une phrase au style simple et direct dont a le secret le langage populaire. La taxe carburant est cette goutte qui a propulsé au premier plan la question sociale en France alors que la classe dirigeante et ses appareils idéologiques la croyaient enterrée. Elle était tout au plus traitée à la marge par des mesures anti-pauvreté qui agissaient sur les effets et non sur les causes. Or, l’irruption de la question sociale sur la scène politique bouscule les termes du débat en élevant la coalition des prolétaires et des classes moyennes paupérisées au rôle d’acteur central et incontournable. De deux manières. L’une est de nature économico-sociale et indirecte, l’autre de nature politique et directe.
Depuis 40 ans les conditions sociales des classes populaires se dégradaient. A chaque rendez-vous électoral, l’abstentionnisme progressait et faisait apparaitre le vote comme un simulacre démocratique. La classe dirigeante se méprenait en (…)Lire la suite »
« La vérité est la première victime de la guerre » selon Eschyle. L’assertion est vraie dans une guerre classique, mais en situation de résistance populaire à l’oppression coloniale, le mensonge est la première victime. A l’occasion de la grande marche du retour, la propagande mensongère israélienne a volé en éclats. Les médias occidentaux, pourtant sionistes, ont fait le constat unanime qu’Israël a au moins perdu une bataille en réprimant brutalement les Palestiniens : celle de l’image et de la communication. Le droit du retour n’est plus une simple phrase d’une résolution du droit international et connue du seul cercle restreint des militants. Le peuple palestinien a su gagner les cœurs et les esprits, à défaut pour l’instant d’enterrer définitivement le colonialisme israélien. Sa cause a fait son retour sur le devant de la scène alors que presque tous ses soutiens, y compris les plus éclairés et les plus déterminés, étaient gagnés par le désespoir tant la question syrienne a été (…)Lire la suite »
« Libéral », « modéré », « progressiste », « l’imam préféré de la république », les médias et le pouvoir politique ne tarissent pas d’éloges envers Tareq Oubrou le recteur de la mosquée de Bordeaux. Fait chevalier de la Légion d’Honneur en 2013, sur proposition du ministre de l’intérieur Manuel Valls, il a, peu à peu, incarné la figure de l’imam éclairé de la République. Pourquoi tant de démonstration d’affection à l’égard de cet imam dans une société qui transpire, pourtant, par tous ses pores, l’islamophobie et le racisme ?
Militant dans la mouvance islamique radicale dans sa jeunesse, Tarek Oubrou prône aujourd’hui l’adaptation d’un islam « décongelé » à « la couleur de notre époque ». Par un travail d’interprétation, l’imam modéré met toute son énergie au service d’une entreprise théologique d’« intégration de l’islam, comme religion, dans le paysage de la République ». La théorisation de l’adaptabilité de l’islam en terre française est formulée de manière aboutie dans un (…)Lire la suite »
Par la voix du ministre des affaires étrangères, Nasser Boutira, la monarchie marocaine a annoncé le 1er mai la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran. Le motif ? L’Iran et son allié le Hezbollah apporteraient un appui militaire au Front Polisario, mouvement indépendantiste qui conteste la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette accusation intervient cinq jours après la résolution renouvelant le mandat de la Mission des Nations pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Alors que l’Iran a fermement démenti, l’Arabie Saoudite a saisi l’occasion pour rappeler son soutien à l’initiative marocaine en condamnant l’« ingérence iranienne dans les affaires intérieures du Maroc ». Cette réaction saoudienne était écrite d’avance et elle serait comique si l’ingérence au Yémen n’avait fait autant de morts et de ruines. Historiquement alliés et solidement ancrés dans le bloc pro-occidental, le Maroc et l’Arabie Saoudite n’ont jamais manqué de (…)Lire la suite »