Les preneurs d’otage de "Boko Haram" et leur chef, Aboubakar Shekau, sont présentés sur les plateaux français de télévision comme une bande de "fous furieux" et de "drogués". Hélas, ce mouvement terroriste est plus sophistiqué que cette présentation ne le laisse penser. Alain Chouet, ancien chef du "service de renseignement de sécurité" à la DGSE (services français), se penche sur les objectifs de Boko Haram, sur ses soutiens et sur ses modes de financement. François Hollande qui a invité à Paris le Nigeria et ses voisins pour préparer "une riposte régionale" à la prise d’otages du groupe terroriste devrait lire cette contribution fort instructive.
Traité en mode mineur dans les rubriques « pipoles » de la presse occidentale, l’abdication le 25 juin 2013 de l’émir régnant du Qatar, Hamad bin Khalifah, en faveur de son fils Tamim âgé de 33 ans constitue en fait un véritable séisme politique tant à l’intérieur de l’Émirat que dans l’ensemble du monde arabe. Rien ne semblait en effet justifier cette transition brutale et inattendue dans une société où le respect de l’âge est fondamental, où les successions s’opèrent normalement par la voie fraternelle et où l’on ne peut s’affranchir de ces contraintes qu’au prix d’un véritable « coup d’État » comme l’avait fait Hamad bin Khalifah contre son propre père en 1995. Et, de fait, « l’abdication » de l’Émir semble avoir été obtenue au terme d’un conseil de famille houleux où la fronde a été menée par la Cheikha Mozah, mère du prince Tamim, souvent présentée comme le « Père Joseph » du régime qatari. Mais cette bronca privée n’a pas pour seule motivation les appétits de pouvoir de telle ou telle branche de la famille.
Invité de l’Association Régionale Nice Côte d’Azur de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale) le 27 juin 2012, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, reconnu bien au delà de l’Hexagone pour son expertise du monde arabo-musulman, livre ici une vision intéressante et décapante.