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Auteur : Jean BRICMONT

Pourquoi je ne « crois » pas en Bernie Sanders

Jean BRICMONT
Certains de mes amis me reprochent d’être trop critique de Bernie Sanders. Ce n’est pas le cas : je le suivais déjà dans les années 80 quand je vivais aux Etats-Unis et qu’il défendait les Sandinistes au Nicaragua. J’étais alors totalement d’accord avec lui. Depuis il a évolué dans le sens de l’impérialisme humanitaire, comme presque tout le monde, mais ce n’est pas le fond du problème ni même ses réponses au New York Times. Je souhaite qu’il fasse le meilleur score possible ne serait-ce que pour embêter l’establishment démocrate. Le problème ne vient pas de ses intentions ou de ses idées, mais de la structure de la société américaine, mise en place depuis la guerre, et qui n’est pas simplement « capitaliste » mais bien pire et qui consiste en : – le complexe militaro-industriel. – le complexe de surveillance -CIA, FBI, NSA, ce que certains (mais pas moi) appellent l’état profond. – le lobby pro-israélien qui gouverne la politique US au Moyen Orient. – la (…) Lire la suite »
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Réflexions sur l’importance de la liberté d’expression pour ceux qui ne la comprennent pas.

Jean BRICMONT
D’abord en partant de mon cas personnel puis en généralisant. Depuis que j’ai écrit La République des censeurs (bientôt rééditée en version complétée), et même avant, j’ai été régulièrement censuré ou boycotté, par exemple pour parler de physique (à Nice en mai dernier) ou de philo des sciences (dans un département de physique il y a quelques années) ou à la fête de l’Huma en 2012, sur l’impérialisme humanitaire, sous pression de menaces physiques. Récemment un débat sur les médias en Belgique a été annulé faute de contradicteurs et un autre « débat » sur ce sujet aura lieu en février avec moi seul parce qu'il est impossible de me trouver un contradicteur. Concernant mon séminaire de Physique annulé à Nice, une lettre de protestation a été rédigée par mon ami Alan Sokal et signée par diverses personnalités prestigieuses dont Noam Chomsky, Richard Dawkins, Steven Pinker, Steven Weinberg et, en France, par Gerald Bronner et Peggy Sastre. Sa publication a été refusée par Le Monde, (…) Lire la suite »
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« On subit les conséquences de la naïveté de la gauche face à la soi-disant lutte contre la haine » (al-akhbar)

Jean BRICMONT

Jean Bricmont, essayiste Belge, professeur (émérite) de physique à l’Université catholique Louvain, et membre de l’Académie royale des sciences de Belgique rudement fustigé en France pour ses opinions politiques en rupture avec l’idéologie dominante, analyse dans cet entretien pour al Akhbar les mécanismes et les conséquences redoutables du terrorisme intellectuel.

Dans un article paru le 20 juillet 2017 dans le magazine Le Point, M. Bernard-Henri Lévy, fervent sioniste, vous attaque directement en parlant « du négationniste Jean Bricmont longtemps préposé, dans le journal [Le Monde Diplomatique], au traitement de l’actualité éditoriale antiaméricaine et antisioniste », qu’avez-vous à répondre à cette accusation ? Pour commencer, je n'ai jamais été préposé à quoi que ce soit au Monde Diplomatique. Depuis 2001, outre quelques courts comptes rendus de livres, j’y ai publié quatre articles, dont un sur la « thèse de sociologie » de l'astrologue Elisabeth Tessier (qui était une imposture manifeste), deux articles sur la gauche française et un autre sur la « mauvaise réputation » de Noam Chomsky (1), dans lequel je soulignais, à propos du procès médiatique fait à cet intellectuel lors de l’affaire Faurisson (professeur de littérature française poursuivi et condamné à de nombreuses reprises pour avoir nié l'existence des chambres à gaz pendant la (…) Lire la suite »

De l’exclusion : réponse à Frédéric Lordon

Jean BRICMONT

L’essayiste belge Jean Bricmont, s'interroge sur le mouvement Nuit Debout et les propos de Frédéric Lordon qui a justifié l'expulsion d'Alain Finkielkraut par les organisateurs du mouvement.

En général, j'aime bien les travaux de François Ruffin, de Frédéric Lordon, le journal Fakir et le film Merci Patron. Je connais moins le mouvement Nuit Debout, mais il a au moins le mérite d'exister. On peut le traiter de « bobo » si on veut, mais il vaut mieux que les gens se rassemblent et discutent plutôt que de rester isolés derrière leur ordinateur. Mais apprécier un mouvement ne veut pas dire s'abstenir de toute critique. Les propos, volontairement provocateurs, de Frédéric Lordon lors d'une assemblée générale organisée par le journal Fakir à la Bourse du travail le 20 avril 2016 ont suscité les cris d'orfraie des bien pensants. En effet, dans son discours, Frédéric Lordon a justifié l'expulsion de la Place de la République de l'intellectuel Alain Finkielkraut, survenue quelques jours plus tôt, et qui avait déchaîné l'indignation des « chefferies médiatiques » comme les appelle Lordon. L'argument de Lordon est qu'un mouvement social n'est pas là pour débattre avec tout (…) Lire la suite »
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Cette gauche qui prend ses désirs pour la réalité

Jean BRICMONT

L’article ci-dessous a été écrit pour un public américain et son but était de critiquer une pétition de « solidarité avec le peuple syrien » qui reflète toutes les ambiguïtés de la pensée de la gauche occidentale sur la question de la guerre et de l’impérialisme, ambiguïtés qui ont pour conséquence qu’aucune opposition systématique aux politiques américaines n’émane de la gauche, alors que ces politiques deviennent de plus en plus impopulaires au niveau de l’opinion publique, même en Europe.

La droite dont je parle, libertarienne ou paléo-conservatrice, n'a pas vraiment d'équivalent en Europe : les libertariens défendent la liberté la plus plus absolue du marché, mais aussi les libertés individuelles et sont farouchement opposé au militarisme et aux politiques d'ingérence. Le site http://antiwar.com/ reflète bien leur point de vue. Les paléo-conservateurs sont socialement conservateurs et étaient très anti-communistes pendant la guerre froide, mais n'ont pas suivi les néo-conservateurs dans la politique d'ingérence post guerre froide, politique qui prétend défendre les intérêts américains, mais qui, par le plus grand des hasards, coïncident le plus souvent avec ceux d'Israël. Le site http://www.theamericanconservative.com/ exprime le point de vue paléo-conservateur. L'institut Ron Paul regroupe des libertariens mais aussi Denis Kucinich, l'ex-membre le plus progressiste de la Chambre des Représentants. L'ex-secrétaire au Trésor sous l'administration Reagan, donc « de (…) Lire la suite »

Réponse à la gauche anti-anti-guerre.

Jean BRICMONT
Depuis les années 1990 et en particulier depuis la guerre du Kosovo en 1999, les adversaires des interventions occidentales et de l'OTAN ont dû faire face à ce qu'on pourrait appeler une gauche (et une extrême-gauche) anti-anti-guerre, qui regroupe la social-démocratie, les Verts, et le plus gros de la gauche « radicale » (le Nouveau Parti Anticapitaliste (1), divers groupes antifascistes etc.) (2). Celle-ci ne se déclare pas ouvertement en faveur des interventions militaires occidentales et est parfois critique de celles-ci (en général, uniquement par rapport aux tactiques suivies et aux intentions, pétrolières ou géo-stratégiques, attribuées aux puissances occidentales), mais elle dépense le plus gros de son énergie à « mettre en garde » contre les dérives supposées de la partie de la gauche qui reste fermement opposée à ces interventions. Elle nous appelle à soutenir les « victimes » contre les « bourreaux », à être « solidaires des peuples contre les tyrans », à ne pas céder à (…) Lire la suite »
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Interview de Jean Bricmont par KOUROSH ZIABARI

Sur les interventions humanitaires, l’Iran, Israël et les pays non-alignés. (Counterpunch)

Jean BRICMONT
Dans votre article, « The case for a Non-Interventionist Foreign Policy », vous parlez des justifications que les puissances impériales utilisent pour rationaliser leurs expéditions militaires dans le monde. Une politique étrangère belliciste ne constitue-t-elle pas un avantage pour les politiciens dans le monde occidental, particulièrement aux États-Unis, pour attirer les votes et le soutien des populations ? Les américains peuvent-ils élire un président pacifiste qui s'engage ouvertement à en finir avec les guerres états-uniennes et à s'abstenir d'en mener d'autres ? Je ne suis pas sûr que cela attire les votes. En Europe, certainement pas. Les politiciens les plus bellicistes, Blair et Sarkozy, n'ont pas été populaires, sur le long terme, à cause de leurs politiques étrangères. En Allemagne, la population est systématiquement en faveur d'une politique étrangère de paix. Comme le remarquait le pacifiste américain A. J. Muste, le problème dans toutes les guerres réside chez les (…) Lire la suite »

A propos de l’affaire Balme, du Front de Gauche et de «  qui est pris qui croyait prendre ».

Jean BRICMONT
Pendant des décennies, la gauche, particulièrement la « gauche radicale », a utilisé la « lutte contre le fascisme et l'antisémitisme » (ou la « lutte contre le fascisme, le racisme et l'antisémitisme », pour être plus politiquement correct) comme arme contre l'extrême-droite et, parfois même contre la droite, en faisant fi du fait que, d'une part, cette lutte avait pour fonction essentielle de faire taire les critiques « excessives » de la politique israélienne ou de ceux qui la soutiennent en France, et, d'autre part, violait souvent des principes fondamentaux en ce qui concerne la liberté d'expression [1]. Mais lorsque la même arme a été utilisée par Rue 89 contre René Balme, militant du Parti de gauche, maire de Grigny et candidat du front de gauche aux élections législatives, son parti l'a simplement abandonné, ce qui a entraîné sa démission et un communiqué particulièrement affligeant du Parti de gauche. Que reproche-t-on à René Balme ? D'avoir été l'animateur d'un site (…) Lire la suite »
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«  Quel avenir et quels défis pour l’Unesco ? » - Table ronde du Groupe des 77 et la Chine

Jean BRICMONT
L'acte constitutif de l'Unesco parle de deux concepts, « le maintien de la paix et de la sécurité... en resserrant la collaboration entre nations » et le « respect universel des droits de l'homme », concepts que certains opposent depuis quelque dizaines d'années en Occident en invoquant le « droit d'ingérence humanitaire », unilatéral et militaire, ou la « responsabilité de protéger ». Ils s'opposent, au nom des droits de l'homme, au maintien de la paix et à la collaboration entre nations. Leur cible principale est la notion d'égale souveraineté entre les États, sur laquelle est fondé le droit international contemporain. Les partisans de l'ingérence humanitaire, dont l'un des plus célèbres prétend être à la fois cinéaste, guerrier en chambre et philosophe, stigmatisent ce droit en l'accusant d'autoriser les dictateurs « à tuer leur propre peuple » comme bon leur semble. Une des principales justifications du principe d'égale souveraineté est qu'il fournit une certaine protection (…) Lire la suite »

In memoriam

Jean BRICMONT
Cette année nous ne commémorerons pas le 50ème anniversaire d'un événement qui n'existe pas, du moins dans la conscience collective de l'Occident, ce que Noam Chomsky appelle l'invasion américaine du Sud Vietnam [5]. Pourtant c'est bien en 1962 que les États-Unis ont commencé à bombarder le Sud Vietnam pour tenter de sauver un gouvernement sud-vietnamien installé par eux après la défaite de Diên Biên Phù et les accords de Genève de 1954, qui avaient mis fin à la partie française de la guerre. Le président américain Eisenhower avait refusé à cette époque que soient organisées les élections prévues dans ces accords, élections qui devaient mener à la réunification du Sud et du Nord du pays, pensant que Ho Chi Minh les gagnerait. En 1962, ce gouvernement sud-vietnamien était devenu totalement impopulaire et risquait de s'effondrer face à une insurrection interne. Ce qu'on appelle dans l'histoire officielle la guerre du Vietnam n'a commencé qu'en 1964-1965, avec l'incident du Golfe du (…) Lire la suite »