Quand, voici des années, étudiant ce qui se passait à le bourse aux grains de Chicago, je compris soudain de quelle façon ils géraient toutes les céréales du monde - et en même temps ne pus le comprendre et laissant tomber mon livre, alors je sus aussitôt et me dis : te voilà dans une méchante affaire.
Je n'éprouvais nulle amertume, et ce n'était pas l'injustice qui m'effrayait là -dedans, j'étais tout plein d'une seule idée : ce n'est pas possible qu'ils continuent comme ça !
Tous ces gens-là , je le voyais, vivaient du tort qu'ils faisaient, pas du tout de leur utilité. C'était une situation, je le voyais, qui ne pouvait se perpétuer qu'à coups de crimes, parce que trop mauvaise pour le plus grand nombre.
C'est ainsi que toute conquête de la raison, toute invention, ou découverte, ne peut qu'accroître la misère.
Je faisais ces réflexions et d'autres encore, sans colère ni plaintes, en fermant le livre décrivant le marché aux grains et la bourse de Chicago.
Je me (…)Lire la suite »
DISCOURS SUR LA CAPACITE DE RESISTANCE DE LA RAISON
"Elle doit pouvoir courir vite et loin, et revenir au premier coup de sifflet.
Elle doit savoir se siffler elle-même, sévir contre elle-même, se détruire
elle-même"
Bertolt BRECHT - Essais sur le fascisme,
novembre 1937
"D'après la gauche, il est possible de conserver le monde bourgeois sans le
fascisme, donc sans sacrifier la culture bourgeoise, par le biais de réformes.
En réalité, il n'est possible de sauver le monde bourgeois qu'en sacrifiant la
culture bourgeoise."
En regard des mesures excessivement rigoureuses actuellement appliquées contre
la raison humaine dans les Etats fascistes, mesures non moins méthodiques que
violentes, il est permis de se demander si cette raison pourra résister au
puissant assaut qu'elle subit. Les affirmations optimistes de caractère
général, « La raison finit toujours par triompher », ou « L'esprit ne
s'épanouit jamais aussi librement que lorsqu'on lui fait violence », ne (…)Lire la suite »